
comme le Manîcongo, Angola, &rc. depuis le
deuxième degré de latitude nord, jufqu’au tropique
du capricorne ; car le royaume de Congo
commence au fécond degré de latitude fud. L’hiver
y eft à peu près comme le printems en Italie,
d’une chaleur tempérée : on n’y change point d’habits,
& il fait chaud même fur le fommet des
montagnes. L’hiver pluvieux y arrive avec le mois
d’avril, & dure jufqu’au milieu de feptembre ;
alors l’été commence & dure jufqu’au iy mars,
& pendant tout cet intervalle l'air y eft toujours,
ferein ; mais en hiver on voit rarement le foleil,
parce que cette faifon des pluies amaffe continuellement
des nuages. Il n’y pleut pas néanmoins
tout le jour, mais feulement deux heures avant &
deux heures après midi.
Dans la province de Loango, qui borde la mer
& n’eft pas loin du Congo, à 4 degrés de latitude
fud, il y a aufii des mois d hiver pluvieux &
des mois d’été fort clairs ; mais ce qui eft fin gu -
lier, c’eft que les pluies arrivent en des mois dif-
férens dans ces deux contrées voifines.
Quand on tourne autour du Cap de Bonne-Ef-
pérance, & qu’on parcourt la côte orientale de
la langue de terre d’Afrique où font fitués Sofala,
Mozambique & Quiloa, jufqu’à l’équateur, on
trouve que l’hiver y duie depuis le premier fep-
rembre jufqu’au premier^février, & que l’été y
règne pendant tout Je refte de l’année.
Les autres pays fitués depuis cette côte jufqu’à
Fembouchiire de la Mer-Rouge, & de là jufqu’au
tropique du cancer, nous font trop inconnus pour
expofer en détail l’arrangement de leurs faifons :
nous favons feulement que cet efpace de terre eft
ftérile, fablonneux, extrêmement chaud, & fans
prefqu’aucune rivière qui l’arrofe.
Dans prefque toute la Barbarie ( c?eft ainfi qu’on
nomme les pays d’Afrique fitués fur la Méditerranée)
il commence à régner, après le milieu
d’oétobre, un froid afféz vif, & des pluies auxquelles
fuccède, aux mois de décembre & de janvier,
un froid plus,violent encore, comme partout
ailleurs fous la zone tempérée ; mais ce n’eft que
le matin. Au mois de février, la plus grande partie
de l’hiver eft paflee, quoique le tems refte inconf-
tant. Au mois de mars, les vents de nord & d’oueft
foufflent fortement, & les arbres font alors chargés
de fleurs. En avril les fruits font formés; de
forte qu’à la fin de ces mois on a des cerifes. Au
milieu de mai on commence à cueillir des figues
fur les arbres, & l’on trouve des raifins mûrs,
dans les endrois abrités, vers la mi-juin. Enfin, la
récolte, des figues eft en état d’être faite!au mois
d’août.
Le printems terreftre commence! le tf. février
& finit le 18 m^i, & pendant cette faifon on
éprouve toujours les avantages d’un vent frais.,
S’il ne tombe pas de pluie entre‘lê 124 avril &'le
y mai, on regarde cet état de féchereffe comme
un mauvais préfage. On compte aufli que l’été
dure jufqu'au 1 f août : le tems eft alors fort chaud
& ferein. On place l’automne entre le 17 août &
le 16 novembre : aufli néprouve-t-on pas une
fort grande chaleur dans ces deux mois. Cependant
les anciens comptoient que le tems le plus
chaud fe trouvoit entre le 15 août & le 15 Septembre,
parce que c’étoit celui où les figues, les
coings & les autres fruits mûriffoient, & ils pla-
çoient leur hiver depuis le 15 novembre jufqu’au
15 février, qu’ils s’occupoientde la culture des
plaines. Ils étoient perfuadés qu’il y avoir toujours
dans l’année quarante jours de grandes chaleurs
qui commençoient le 12 juin, & autant de
jours de froid qui commençoient le 12 décembre.
Les 16 de mars & de feptembre font les jours de
leurs équinoxes, & par la même raifon ceux des
folftices arrivent les 16 juin & 16 décembre.
Sur le mont Atlas, qui eft à 3.0 degrés. 20 minutes
de latitude nord, <on ne divife l’année qu’en
deux parties ; car on a un hiver confiant depuis
oétobre jufqu’en avril, & l’été y dure depuis avril
jufqu’au mois d’oélobre : cependant il n’y a pas
un feul jour où le fommet de l’Atlas ne foit couvert
de neige.
Les faifons de l’année paffent aufli fort vite en
Numidie : on y recueille le blé en mai & les dattes
en octobre. Le froid commence au milieu de feptembre
& dure jufqu’en janvier. Quand il ne
tombe pas de pluies en o&obre, les cultivateurs
perdent l’efpérance de pouvoir femer. Il en eft de
même quand il ne pleut pas en avril. Léon [’Africain
nous allure que, dans le voifinage du tropique
du cancer, il y a beaucoup de montagnes
chargées de neige, qui contribuent à modifier les
faifons de ce pays.
Quant à ce qui concerne l’Abilfinie, l’Egypte
& l’Arabie, nous en ferons connoître les faifons
à leurs articles. Voye^ A bissinie & Egypte.
Par les détails qui iuivent, fur les pays placés
au fud de l’Egypte, & qui renferment la Nubie
turque, le pays de Barabra, les royaumes de
Dongala, de Sennaar & de l’Habefch, on pourra
juger de leurs productions & de leur commerce
aétuel.
Nous commencerons par faire oblerver que ces
pays formoient l’ancienne Ethiopie. D’ailleurs,
on croit communément que les Egyptiens font
fortis de l’Habefch. En fui van t le cours du Nil,
cette nation a lailTé des traces de fon paffage par
la conftruétion des temples qui fubfiftent depuis
la cataraCte de Gemmades jusqu’aux bords de la
Méditerranée. Le Nil.feul & fes bords offroient à
ces effains furabondans les moyens d’exiftence fi
néceffaires dans les grandes tranfmigrations : ils
fuivirent le cours du fleuve jufqu’à remplacement
1 de Memphis.
Les barques remontent la cataraCte de Sienne
dans le tems de l’inondation du Nil : on les fait
féjourner dans le havre de Morrade, d’où on les
tire dans l’occafioa, pour les employer à la navication
de la partie du fleuve qui s’étend entre les I
deux cataiaCtes. Cette navigation offre cb_s difficultés.
Dans certains endroits, comme à Giefche,
on rencontre des écueils nombreux; dans d’autres,
î>es paffes. font à peine a (fez larges pour une feule
barque, quoiqu’on ait foin de les conftruire plus
petites qu’en Egypte ; ailleurs , les détours obligent
de.faire ufage de la cordelle. Les vents manquent
fouvent, & des calmes fréquens interrompent
la marcfie des voyageurs : il paroît que, dans
cette paYtie, l’efcarpement des bords rend le chemin
difficile pour les gens de pied. Les barques
s’arrêtent à la cataraâe de Gemmades : on en
trouve extrêmement peu au deffus.
Le pays qui s’étend des deux côtés du N il,
entre Sienne & Mofcho, au-delà de la cataraCte
dè Gemmades, eft connu fous le nom du pays de
Barabra : une portion de cette contrée eft défi-
gnée, par les géographes, fous le nom de Nubie
turque. >
La largeur moyenne des terres cultivables n’eft
pas, dans toute cgtte étendue, de plus de cinq
cents toifes fur les deux rives du fleuve. La datte
& le doura font les feules nourritures des habi
tans : ils font fort miférables; aufli émigrent-ils
continuellement en Egypte, où ils fervent les
Turcs en qualité de portiers. La couleur de leur
peau eft maron foncé; elle forme la nuance entre
celle des Cophtes, qui eft olivâtre, & celle des
Nègres de l’intérieur de l’Afrique. On peut remarquer
ici à cette occafion, d’un manière franche &
diftinCte, la différence des teintes qu’offrent les
peuples établis fur les bords du Nil. Ce fleuve
eft un de ceux qui préfentenr, dans les peuples,
des échantillons de toutes les nuances qui carac-
térifent les ind vidus des deux couleurs.
Les traits des Barbarins ne reffemblent point à
ceux des Nègres : ils font plus fins & plus doux.
Leurs cheveux ne font point crépus; ils les laiffent
croître, & les nattent avec beaucoup de foin : au
furplus, ces hommes ont encore les ufages & les
habitudes que leurs ancêtres avoient du tems de
Strabon.
La montagne qui borde le Nil jufqu’à Genna-
del, fe termine à trois ou quatre lieues au deffus
de Philé, & n’eft plus granitique comme aux environs
de la cataracte de Sienne.
On peut évaluer à fix journées la diftance qui
fépare la catara&e du village de Mofcho, qui fert
de limite au pays de Barabra, dont l’étendue en
longueur eft de vingt-deux journées.'
La largeur des terres cultivables eft d’une demi-
lieue. Le terrain eft fertile en doura, efpèce de
millet qui fournit aux habitans des bords du Nil
le pain qui leur eft néceffaire.
De Takaki ou Napata au confluent du Tâcazé,
autrefois Artaboras, & du Nil, il y a cinq journées
de marche. Ces deux fleuves, avant de fe joindre,
renferment uhe grande prefqu’ïle que les anciens
appeloient Mcroë. Pline rapporte que quatre phi-
Iofophes y ont féjourné, & y ont r.-çn les leçons
des prêtres. Une partie de cette prefqu'île s appelle
maintenant 1 Atbura i elle eft habitée par de
nombreufes tribus d'Arabes : elles font paître
leurs troupeaux dans l'immenfe plaine de l'Atbu-
ra, qui faute de culture ne paroît pas différer
beaucoup du défert. 1res chevaux qu'on y élève
font les plus beaux de l'Afrique pour la taille &
les formes, ils ne le cèdent en rien aux chevaux
de l'Arabie, d'où ils defcendent, & qu'ils furpaf-
fent de beaucoup pour la grandeur.
Un peu au fud de Gerry fe trouve le confluent
du Bahr-el-Ablad ou du Fleuve-Blanc & du Nil.
La.prefqu'île qu’ils forment entr'eux eft la partie
la plus riche & la plus fertile rlunoyaume de Sennaar
: fa largeur moyenne eft d'environ dix lieues ;
elle eft coupée en tout fens par un grand nombre
de petits canaux toujours couverts de barques :
on y voit une grande quantité de villages, au milieu
defquels fe diftingue la ville de Sennaar.
Le climat eft défavorable à la population de ces
contrées : les animaux même y périffent fi on uë
l;s envoie pas chaque année paner plulîeurs mois
dans le défert, qui, auprès de Sennaar, n'eft pas
totalement ftérile.
La culture principale eft celle du doura ou millet :
celle du riz & du froment y eft connue, quoique
moins répandue. Les chameaux, les boeufs, les
moutons, la volaille, s’y trouvent en quantité &
à un prix modique.
Le commerce de Sennaar confifte principalement
en dents d'éléphant, en plumes d'autruche j
tamarin, civette, gommes, poudre d'or & efcla-
ves ; la plus grande partie de ces objets eft conduite
en Egypte, d'où l’on rapporte en échange
des épiceries, du laiton, du fer, des armes, de la
verroterie, des cifeaux, du favon & des miroirs.
Les Sennaris font grands & robuftes, mais ils
vivent peu. Leur couleur eft entièrement noire:
leurs traits diffèrent des noirs occidentaux,en ce
que la lèvre fupérieure eft plus faillante que l'inférieure.
L'été commence eff janvier & finit en avril, &
la faifon des pluies lui fuccède dans les mois fui-
vans : pendant fa durée la mortalité eft très-con-
fidérable. Le thermomètre de Réaumur, dans cette
dernière faifon, s'élève jufqu'â 39 degrés.
La longueur totale de cet Etat eft d'environ trois
cent trente lieues, & fa largeur moyenne peut
être évaluée à dix lieues ; ce qui donne une fur-
face de trois mille trois cents lieues carrées de
terres cultivables, non compris l'Atbura, qui diffère
très-peu du défert. En fixant la population à
cinq cents hommes par lieue carrée, on peut en
conclure qu’elle s'élève en entier à un million fix
cent cinquante mille habitans.
A douze journées au fud de Sennaar le Nil tra-
verfe une chaîne de montagnes qui s'étendent, de
l’eft à l’oueft, dans une longueur inconnue, & fur
une largeur de vingt-cinq lieues environ. La nav»-