
on peut fe promettre quelque avantage de leur 1
culture.
Au refte, les fuites de terres adventices font
dues à tant de débris entraînés & altérés par les
eaux, qu’ il n’ eft pas facile de les ramener à des
origines précifes. Mais j’ai remarqué fouvent que
c ’eft la bafe & la fituation où le trouvent les matériaux
tranfportés, qui décident de la beautéAc
de l’abondance de leurs productions.
Si l’on eût fuivi la méthode d’analyfe dont je
viens d’ indiquer les principes, pour mettre de
l’ordre dans les terres végétales adventices, on
auroit été en état de déterminer leur nature, &
de juger de ce qu’elles pouvoient produire : fans
ces moyens, on n’aura qu’une faufle nomenclature
qui n’éclairera ni le cultivateur ni le natu-
ràlifte.. Ce n’eft qu’en anaîyfant les événemens qui
ont contribué à la formation de la terre végétale,
qu’ôn fera en état de les clalfer comme il convien
t, furtout en y joignant les productions. Je
renvoie une ébauche de cette nomenclature à
l’ article Terre végétale.
.A D U L A , nom d'une contrée des Alpes,, qui
eft comprife entre les pays des Grifons, des Suiffes
& le Valais } c’ eft là que font les fources du Rhin,
du Teffin, du Rhône, de l’Aar & de la Reuff.
Elle renferme le mont Saint-Gothard, celui de la
Fourche, & le mont Adula qui lui donne fon
nom, & d’où fort la fource la plus méridionale
du Rhin. Ç ’eft le.centre de la diftribution des
eaux par tous ces fleuves vers les principaux af-
peCts de l’horizon 5 e’eft de là que les eaux fuivent
les pentes qui les entraînent vers l’éft, lé nord,
l ’oueft le midi. On en a conclu avec quelque
fondement, que cette contrée étoit une des plus
élevées des Alpes ; mais elje eft dans le cas de
beaucoup de plateaux femblables, & qui ne font
pas les plus, élevés des contrées où ils fe trouvent.
Te l eft le plateau de-Langres, qui n’eft,pas, à
beaucoup près, auflî élevé que le sV o fg e s , ni
même que le Jura. Cependant ceux qui n’ont rien
comparé par les moyens qui donnent des réfultats
précis , ont cru que Je plateau de Langres étoit le
plus élevé de toute la France, & ce font des natu-
raliftes.célèbres, & même des géographes, qui
raifonnent d’après cette faufle fuppofition. Voye%
le mot L angres, où toutes.ces illufions font
difcutées & détruites.
AFFAISSEMENT des terrains & des couches dé
la terre. On obferve un grand nombre de ces
affaiffemens, & furtout des couches de la terre,
dans plufieurs circonftances que je crois devoir
rappeler de manière à en faire connoître lés caufe§
les plus remarquables. J’en ai rencontré, par
exemple, de fort nombreux & de4 très-étendus
aux environs des grandes fourcés & des entonnoirs
où les eaux de certaines rivières fe perdent.
On en voit de même au voifiaage des grottes &
des cavernes dont les voûtes de ces galeries fou*-
terraines s’approchent à un certain point de la
furface de la terre. Voye% Sources, Grottes, 1
C avernes , Rivières qui fe perdent.
Les affaiffemens qu’on obferve aux environs des
rivières qui fe perdent, font indiqués par plu-
fleurs entonnoirs plus ou moins ouvèrts. Il eft
évident que l ’eau qui eft abforbée pour lors, eft
allez abondante pour fe creufer des galeries fou-
terraines, & que pour peu qu’elles S’élargiflent,
les voûtes qui foutiennent les maffifs qui les recouvrent
, & qui font ordinairement d’un grand
poids, ne pouvant fuflire, il en refaite des affdijfe-
mens qui mettent à découvert une épaiffeur de
couches & de lits très-remarquable.
Souvent, comme nous l’avons d it, ces affdijfe-
mens fe bornent à des entonnoirs diftribués fur
une même ligne , & particuliérement le long du
canal des ruiffeaux ou rivières qui fe perdent.
On voit auflî un grand nombre de ces^ parties
de la furface de la terre affaiffées, qui reçoivent
les eaux pluviales, lefquelles s’y rendent de toutes
parts, faivant que les pentes du terrain favorifent
f cette réunion de courans vagues. On fentaifément
que c ’eft par ces points abforbans que s’ alimentent
les réfervoirs des grandes fources..
Mais les affaiffemens les plus confidérables font
ceux qu’on rencontre en plufieurs contrées de la
moyenne terre, où les couches font inclinées. Nous
ferons voir, à cet article, que les déplacemens &
les affaiffemens de certaines parties des couches
fuperficielles n’ont été occafionnés que parce que
les bafes qui lès. foutenoient dans leur fituation
naturelle & primitive, leur ont manqué. Çes phénomènes
annoncent une deftruétion très-étendue
de certains lits intérieurs d’argiles ou de marnes 5
& l’on peut, d’après ces principes, eftimer. les
différens degrés de deftruêtion, par les différens
degrés d’ affaiffemens que les bancs ont éprouvés.
Quoique ces phénomènes foient très-multipliés,
& occupent de grandes parties, de la furface de la
terre, ils n’ont encore été obfervés que d’une
manière fort imparfaite, parce qu’on n’a pas fa
encore comparer ces déplacemens avec les parties
de couches voifines où l’état primitif fabufte 8e
peut fe reçonnoître aifément.
Cependant quoique çes effets foient très-variés,
ils préfentent, malgré cela, des circonftances
qu’on peut ramener, fans difficulté, aux opérations
Amples des eaux qui circulent au milieu des
couches voifines de là fuperficie de la terre.
On y voit d’abord des excavations, ou par des,
eaux courantes intérieures, ou par des eaux courantes
fuperficielles, puis des affaiffemens qui ont
été produits à la fuite des premiers vides occafionnés
par la marche de ces eaux : le refte des
phénomènes fe réduit aux, déplacemens fucceflifs
qu’entraîne néceffairement le défaut d’équilibre
que fuppofent les premiers affaiffemens. Je ne vois
rien que de très-fimple dans ces défor dre s , & je
A F F
fuis porté à croire que tous ces effets, pourvu
qu’ils foient faifis dans l’ordre convenable, peuvent
fatjsfaire à ce que l’on obferve de plus varie
& de plus compliqué dans les contrées à couches
inclinées. Je le répète : il eft vifible que ces affaiffemens
n’on été produits que par l’enlèvement inégal
des bafes qui foutenoient ces couches} ce qui
a formé des vides où de certaines parties de ces
couches fe font précipitées, pendant que d autres
parties des couches font reftées en place, ou bien
ont été foulevées en même rai fon que l’autre extrémité
s’ eft affaiffée, »ƒ
Une fois que l’équilibre a été rompu, les parties
primitivement déplacées & affamées ont
continué à, fe déplacer, & continuent même a fe ,
déplacer de proche en proche, & s affament chaque
jour, non-feulement le long des croupes des
vallées de tous les ordres, mais même fur les ,
Jifières des fommets efcarpés qui dominent ces :
vallées. _
Pour concevoir ces progrès, il fufïjt de^ fuivre
la marche des eaux courantes, foit intérieures,
foit fuperficielles, & d’être à portée de voie ce
qui a lieu à la fuite de certaines pluies abondantes
dans les orages de l’é té , ou de la fonte des neiges
au retour de la belle faifon.
On doit comprendre dans tous ces effets pro-
duits par les affaiffemens, dont nous nous occupons
dans cet article, les couches brifées, rompues,
courbées & pliées de différentes manières} ce
font inconteftablement les produits des deplace-
mens fucceflifs & journaliers en conféquence d un
premier défaut d’ équilibre.
A ffaissemens. Je .les ai reconnus dans les
combes ou les vallons fermé?- du Jura. On auroit
tort de ;confidérer cès combes , & par conféquent
les affaijfemens des couches , comme des effets
rares &\étonnans, 8r dont les eau les fuffent difficiles
à indiquer. Une première circqnflance qui
ni’a fait connôître ces caufës , c’eft que,ces affaiffemens
accompagnent toujours les fources abondantes!.;
& font vifiblement produits par le travail
des eaux intérieures qui fe raffemblènt. dans, les
réfervoirs des fources, foit que ces eaux viennent
de loin en circulant entre les couches, foit que
les pluies ou la fonte des neiges les accumulent
dans les fouterrains, & y occafionnent des vides
que font venus remplir ces terrains affaifféf.
Une fécondé circonftance eft celle des .couches
.inclinées qui s’ offrent de même à la furface dü
Jura, & qui ne .font, à tout*prendre, que des
affjijfemens partiels en conféquence de vides incomplets
produits par l’enlèvement de certaines
bafes terreufes qui foutenoient les bancs folides
de la fuperficie, lefqueîs on fait bafcule : on re-
connoît là le travail,des; eaux intérieures qui ont
occafionné ces affaiffemens, & cès;déplacemens!
dans les bancs primitivement horizontaux.
A la fuite de ces effets, je crois devoir indiquer
Géographie -Phyfique. Tome II*
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les faujfes combes que j’ai eu occafion d’obferver
en Dauphiné, dans le prolongement du Jura,
connu fous le nom de Vercorj ce font des fuites
! de bajftns ou vallons fermés qui n’ont aucune com-
; munication avec les autres vallons ordinaires, &
qui par conféqueftt n’ont pu être creufé$ ni approfondis
par les eaux courantes fuperficielles. Il
eft donc néceflaire que ces excavations aient été
faites, par les eaux intérieures qui ont donné lieu
à ces affaijfemensj lefqueîs annoncent, par leur
forme, les vides que le cours de ces eaux a dû
naturellement produire. Je puis faire connoître
plufieurs, preuves très-remarquables de l’exiftence
de cette càufe aétive fouterraine : d’abord on ob-
ierve le plus fouvent , foit à, l'extrémité des fuites
de ces bajftns3 foit à côté., des fources qui fe montrent,,
& qui don rient naiflance à des ruiffeaux
plus ou moins confidérables 3 il eft vifible qu’alors
la nature décèle fenfiblement fon feçret en montrant
à découvert l’agent qu’elle a mis en oeuvrei
Dans d’autres Contrées voifines au contraire,
plufieurs petits ruiffeaux qui franchiffent les limites
de quelques-uns de ces bajftns ou vallons
fermés 3 viennent s’y perdre, & à côté on dé?-
couvre égalemencdes entonnoirs où les eaux, foi.t
pluviales , foit produites par la fonte dés neiges^
font abforbées : dans cette circonftance on ne
peut méconnoî re l’origine de ce même agent
dont il a été queftion dans cet article. Voye% les
articles Absorbans,, C ombes, V allons i er-
mEjS,.Ve rcor> Ju r a , Rivières qui ,se perdent,
où ces faits feront développés dans toute
leur étendue.
Affaissemens. Je dois indiquer encore quelques
uns de ;ces effets qu’il eft important de connoître,
& qui ont lieu même fous nos yeux par
des progrès fortJents, mais dont les réfultats font
affez remarquables. Nous avons obfervé, dans
Jl’Apennin du Plaifantin, des maffes.de bancs calcaires
portant fur des lits d’argile fort épais, qui
font humeétés par, des filtrations d’eaux foiiter-
raines, de manière que, ramç»lliesi& ,délayées à un
certain point, ces argiles .s'épanchent dans les
vallées qui entourent çes.mafles* &: rempliffent la
plus grande partie, de çes vallées prefque jufqu’au
niveau des lits d’ ârgile. Il réfulte de là que les
maffes furincu.mbantes des...rochers defeendent
& s affaijfent en roêmp raifon que leurs bafes argi-
leufes diminuent, d’épasfleur;} que fouvent elles
perdent leur premier à-plomb, & que, perdant
leur premier équilibçeelles éprouvent des déplacemens
confidérables , & même des chutes fuîmes
& défaftreufes.
Ces grands affaiffemens & déplacemens fe. remarquent
particuliérement dans les montagnes de
.l’Apennin des environs de l’ancienne .ville de
. Velleia , 8c c ’eft par la fuite de ces affaiffemens
& déplacemens que. cette, cité intéreffante, mêm«
par fes ruines, fut abîjuée & détruite*