
flambeaux qu'on en approchoit, à moins qu*on
ne mette ces phénomène« dans la même cl a fie
que ceux du rniffeau de Tremolac dans le; Périgord
, aux environs de la Linde-fur-Dordogne,
planche de Bergerac. ( Voyez l’ article de T rçm q-
LAC, ou des effets affez femblables trouvent une explication
très-facile & tiès-curieufe. )
ANC AON ( Serade ) , chaîne de montagne
dans le Beira, province de Portugal, & qui tient
à une autre qu’on appelle Sera d’ Eftrella : elles
paroiffeni détachées d’une autre chaîne qui commence
près de Lamego, & s’étend depuis Porto
jufqu’à Coïmbre-, fans qu’il fe trouve dans cet espace.
plus de trois lieues ou environ de plaines
entre ces montagnes. 11 paroît, fuivant la difpofï-
tions des eaux courantes dans routes ces contrées,
qu’il ne s’en eft pas rencontré qui aient creufé
approfondi de larges vallées, & formé de vaftes
coupures entre les différentes parties de ces
chaînes.
ANCIENNE TERRE. Quoique j’ aie expofé la
doctrine de Rouelle fur Y ancienne terre dans-la notice
que j’ en ai publiée au premier volume, je-crois
devoir en rappeler ici les principaux traits, en
y joignant les nouvelles circonftances que l’obier
va t ion m’a fait connoître depuis ce tems.
L ‘ancienne terre eft félon moi , le premier
mafflf dans l’ ordre fynthétique : il nous offre pour
principaux caractères de grands blocs de granit
fans aucune couche fuivie & diftinéte. On remarque
feulement dans les blocs quelques fentes
qui préfentent des faces fort larges & fort unies
dans tous lés fens. Ces fentes font vifiblement les
effets de la defficcation de la matière lors de fa
criftallifàtion, & par laquelle le granit fe trouve le
plus fouvent divifé en trapézeïdes plus ou moins
réguliers, plus ou moins confidérables.
Un autre caractère diftinCtif de cette ancienne
terre confifte en ce que les trois principes qui com-
pofent les granits, c ’eft-à-dire, le quartz, le feld-
ipath & le mica , y font mêlés en différentes proportions
, & fous des formes très-variées. Affez
fouvent ces principes s’y trouvent diftribués uniformément.
Ailleurs ils y font réduits à deux feulement
, Bc dans ce mélange le quartz domine.
Enfin, ils s’y préfentent dans des proportions
-infiniment variées , foit quant à la quantité, foit
quant aux volumes de ces élémens. Cette ancienne
terre étoit envifagée par Rouelle , comme la bafe
primitive du globe, comme le monde criftallifé,
ainfi que nous l’expliquerons par la fuite , d’après
les vues de cet habile chimifte.
Le plus fouvent les maflifs apparens de cette
ancienne terre> & qui fe montrent à découyert dans
différentes contrées de4a France & de l’Europe,
occupent des niveaux plus élevés que ceux de la
nouvelle terre , & la dominent $ mais auffi affez fou-
vent il paroît fervir de bafe à ce dernier mgffif 3
après en avoir tracé les limites, en s’élevant fn-
fenfiblement au deffus j ce qui donne lieu-de pen-
fer qu’ il s’étend à une certaine profondeur au
deffous, & qu’il foutient partout l’affemblage des
couches horizontales qui compofent la nouvelle
terre, mais à une profondeur qu’on n’a encore
reconnue que dans cerrains endroits , & particuliérement
aux environs des limites de ces deux
maflifs, dont nous nous occuperons par la fuite.
Rouelle .a non-feulement fu diftinguer Y ancienne
terre de la nouvelle, & nous développer tous les
caractères les plus propres à les faire re connoître
dans l’étude & l ’examen qu’on en pourroit faire
d’après fes principes, mais encore il nous a montré
furtout lanéceflité d’en fixer les limites, ainfi
que nous venons d’en expofer les diverfes circonftances:
outre cela, ce qui nous paroifloit du
plus grand intérêt, il a cru pouvoir rendre raifort
de l’état & de la conftitution phyfique de cette
ancienne terre ; mais il ne communiquoit qu’à fes
amis ce qu’ il avoit penfé à ce fujet. Voici les principaux
points de fon fyftème , qui paroît avoir
beaucoup de vraifembîance. Il fuppofoit d’abord
que, dans l’origine des chofes, les fubftances qui
compofoient l’ancienne terre, nageoient dans ufï
fluide j que les parties fimilaires s’étoient rapprochées
les unes des autres, & avoient formé au fond
des eaux cescriftallifations immenfes, qui, par desprogrès
infenfibles, avoient compofé des maflifs »
lefquèls renferment ce que nous avons nommé
depuis montagnes du premier ordre '. Il confidéroit
donc tous ces grands affemblages graniteux comme
les amas de ces criftaux qui fe font grouppés en-
femble & réunis à la manière des fels y fuivant
différens fyftèmes d’arrangemens & de proportion
des parties fimilaires. II avoit vu dans laftruCture
des roches .de fon ancienne terre , une forte d’or-
ganifation où il lui fembloit qu’on ne pouvoir
méconnoître la marche de la nature dans la -formation
des criftaux.
Suivant Rouelle , la formation dm granit par
criftallifation pouvoit fe repréfenter par celle qui
.a lieu dans une diffolution de pîufieurs fels qui
criftallifent fouvent enfemble 3 de manière que les
criftaux de nature différente étoient liés les uns aux
autres par adhéfion , & non par combinaifon. Ces
exemples fe préfentent affez fréquemment en
chimie, & c’eft cet état d’aggrégation particulière
que Rouelle trouvoit dans la formation du
granit, foit qu’il y entrât deux, trois & même
quatre élémens, car dans leur compofition il avoit
reconnu depuis long-tems la préfénce de l’argile
& de la fubftance calcaire : une fois que la maffe
entière lui eut préfenté, fous ce point de vue,
cet affemhlage étonnant de criftaux réguliers & irréguliers,
tels qu’ ils pouvoient fe former dansai»
fluide aqueux peu abondant, il fe plaifoit à nous
faire v o ir , dans les circonftances de ce grand travail
»pourquoi il n’y avoit pas-de couchés dans ce
maflif, maisfeulçment des lames qui fe montroient
%
dans différentes directions au milieu des blocs ‘
graniteux.
C ’eft ainfi qu’il concevoit la formation de ces
maffes primordiales, toutes antérieures aux amas
de la nouvelle terre dont elles font partout la
bafe & l’appui. C’eft: ainfi qu’ il concevoit pourquoi
rien, dans leurs formes extérieures, ne rappel
oit l’idée d’un dépôt fait par l’eau en grand
volume, comme elle fe trouve dans l ’Océan, ni
d’une matière brute , comme certains fchiftes ,
mais feulement d’un affemblage de criftaux formés
au milieu d’un fluide fuffifant pour fournir
l’eau de la criftallifation avec très - peu d’eau
furabondante. Tout ce qui l’avoit intéreffé dans
ces maffes, étoit la ftru&ure intérieure, & la
la belle diftribution de ces affemblages énormes
de criftaux. Quant à la figure extérieure, il n’a
jamais penfé que la criftallifation en grand y eût
influé le moins du monde , ou bien eût mérité
de fa part la moindre attention ? & quelques- uns
de fes difciples, qui ont v u , en Limoufin & en
Auvergne, les maflifs de Y ancienne terre d’après'ces
principes, n’ont trouvé que des fuppofitions hafar-
dées & même allez peu réfléchies dans l'hypothèfe
de certains naturalises des Alpes, qui ont cru y voir
des criftaux gros comme des montagnes, & dans
.ces pyramides en forme d’artichaux. Rouelle n’y
pouvoit reconnoître, ainfi que fes difciples, que
la fuite de deftruCfcidns opérées par les eaux, qui
ont enlevé dei. parties confidérables de certains
affemblages naturels de criftaux, & ont agi ainfi
fuivant les circonftances particulières propres à
déterminer leur aéiion.
En s’ attachant à la fimple criftallifation intérieure
des roches primitives, il étoit bien éloigné j
de fuppofer une étroite liaifon dans les maflifs de •
nature différente, comme une fuite du travail de !
la même mer & des précipités du même fluide,
q u i, fans aucune interruption remarquable, au-
roit paffé des maflifs primitifs aux fecondaires.
Le granit fimple, celui qui renferme les trois
principes, le quartz, le feld-fpath & le mica,
étoit pour Rouelle comme pour nous, le plus ancien
ouvrage de la nature : c’étoit le produit de la
çrijtallifation uniforme , du moins nous l’appelions
ainfi à Limoges, mais il y comprenoit auffi les
produits d’ une autre criftallifation par raies , par
veines &.par bandés. On voit qu’il embraffoit dans
fon explication , non-feulement les granits , mais
encore les gneifs & les talcites $ & je dois dire
qu’ il devoit tous ces éclairciffemens à ceux de fes
difciples qui habitoient le Limoufin, M. Turgot
& moi, où tous ces phénomènes s’offrent aux na-
-turaliftes dans des maffes particulières bien propres
à autorifer des conféquences générales fur ces
. criftallifations primitives.
A quelque principe que les eaux duffent la puif-
fance diffolvante qu'elles avoient alors, il eft vi-
fible que les matières les moins diffolubles formèrent
les premières concrétions , & prirent les
premières places dans l’ordre des précipités qui
s’exécutèrent alors. Nous ne favons pas de quelles
fubftances furent ces premiers criftaux , car il eft
à croire qu’ils font bien enfoncés fous ceux qui
leur ont fuccédé , & qui font maintenant fous les
yeux des obiervateurs les plus inftruits.
En fuivant ce même ordre de travail, je dois
dire qu’il eft très-probable que, dans certaines parties
de la fürface du'globe , les matières diffoutes
& précipitées furent plus abondantes que dans
d’autres , & c’eft précifément cette raifon qui
fit que les dernières maffes criftallifées furent
plus confidérables fous l’équateur que vers les
pôles.
Je paffe maintenant à un autre ordre de chofes ,
qui peut être diftingué de Yancienne terre que je
viens de décrire, fous deux points de vue différens,
& quant aux matériaux qu’ il nous pre-
fente de toutes parts, & quant à l’arrangement &
; à l’organifation que la criftallifation nous offre éga-
i lement.
Après les différentes fortes de granit, l’argile
| en maffe & la fubftance calcaire , non-feulement
par amas fous forme de criftaux , mais encore
comme matières brutes fur des bafes graniteufes,
c’eft alors que des concrétions plus mélangées ,
des granits moins fimples, des marbres moins
purs , des fchiftesxde diverfes compofitions fe
formèrent peut-être dans une première mer, &
1 c’eft là où Rouelle a vu les premières ébauches de
dépôts. C'eft cela enfin que fes deux difciples cités
ci - deffus lui préfentèrent comme un travail
intermédiaire entre Y ancienne & la nouvelle terre ,
& qu’ il adopta fans difficulté , parce que ces comportions
rempliffoient des vides qui fe trouvoient
dans les produits naturels entre ces deux extrêmes.
Ses difciples , dans ces affemblages de diverfes
fubftances i lui indiquèrent des marbres d’ancit nne
formation, c'eft-à-dire> des matières calcaires.,
criftallifées affez régulièrement avec des lames de
- fchiftes finguliérement configurées 8e infiltrées par
l'eau chargée de principes quartzeux : c’eft ainfi
qu’ ils avoient vu ces mélanges à Carara, à Sera-
v e z za , dans le marbre de Paros , 8e particuliérement
dans les cipolins. Ils lui citèrent auffi unb
variété très-curieufe de ces marbres , dont ils
avoient examiné une variété dans le Limoufin.
Tous ces réfultats du travail intermédiaire de
la nature pourroient être expofés plus en détail?
mais il fuffit de dire ici qu’il eft toujours très-
1 facile de les diftinguer de ceux que renferme la
nouvelle terre , car les ébauches des dépôts de
l’Océan, malaffuréès , ayant éprouvé partout des
dérangemens confidérables , il n’eft pas étonnant
que .l’école de Rouelle y ait remarqué toujours,
d’après fes vues fur la diftinétion des deux maflifs
fuperficjels., des efpèces de lits affaiffés dans certaines
parties de leurs allures, des débris confondus
8c agglutinés de nouveau ? en un m o t, des1
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