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tent également dans le Rhône , celle-ci entre le
Pouzin & Baix , & celle-là vers Meylfe : l*une &
l'autre ont tranché fur une grande profondeur les
roches calcaires , & parcourent ce maffif fur un
long efpace.
6°. ÙOuvhçc reçoit vers Privas & à Coux divers
ruiffeaux remarquables : l’un vient de Frefli-
neten Coiron, & , prenant fon origine fous une
mafle bafaltique , il entre dans le fol calcaire j
l'autre vient de Veyras avec plufieurs autres. Au
pont de Coux eft le confluent des ruifleaux qui
defcendent des montagnes granitiques, & l'on
peut y ôbferver que çhaque ruifleau voiture des
cailloux de même nature que le fol qu'il arrofe.
Il me refte à rappeler ici l’Erieux , le Doux &
la Cance , qui parcourent le trajet de terrain depuis
le Mezen jufqu'à la ville d’Annonay : ces rivières
füivent la pente qui les conduit au Rhône.
J’en ai déjà parlé en décrivant les environs d'An-
nonay,
^ A R D ËN N Ë , grande forêt fhr la Meufe, qui
s’étend Beaucoup de l'occident en orient » & dont
les limités feptentrionales fe prolongent jufqu'à
Çharlemont, & les méridionales jufqu'à Rocroi.
Le département des Ardennes tire fon nom de cette
belle & grande forêt, connue des Romains fous
lenom d* Arduenna ou Ardenna. Céfar dit qu’elle
commençoit fur les bords du Rhin, & qu’elle allait
le terminer dans le Remois ; il ajoute même
qu'elle embrafloit le pays de Treves & même celui
des Nerviens, & qu'elle comprenoit non-feulement
le pays” entre fe Rhin & la Meufe/mais
encore celui entre la Meufe & FEfcaut, jufqu'à
la mer. Strabon ne lui donne pour limites que
l'Océan & l'A rtois Effe&ivement, il refte de
cette ancienne forêt de grandes parties, qui occupent
lé pays cbmprfs entre Douzy-les-Prés ,
Sédan & Donchery , & une. forêt qui conferve lé
nom de bois des Ardennes. Sur le chemin de Sainte-
Menehould à Verdun, on trouve une partie de
ce même bois, qu'on nomme la forêt dArdenne.
Ardennes ÇDépartement d e s ) . Pour faire
coîîftôïtcë la. cônftitution phyfique du fol de ce
département, je crois devoir donner ici le précis
dès observations que j'ai faites dans cette contrée,
à mon retour d'un voyage èn Hollande, à Aix-la-
Chapelle, à Veryiers, à Stavelot & à Liège, en
'ij jy ,pour m'inftruiré dans certaines parties des
manufactures de ce-pays, qui depuisce tems eft
devenu le nôtre.1 3ê commence cette defcription
fûcdrt&e par les environs de Rochefort, & je là
terminé à la limité de l'ancienne & de la nouvelle
te r ré , que-j'ai rencbntrée & fui vie a-ux environs
d e Sédan & dé-Charleville'. Depuis Rochéfort juf-
qa'à C iv e t , le- territoire décrit fait partie du dé-
parterftent deSambre & Meufe , auquel je reviendrai
parlaTutte;'J’ai vu dahs- ce trajet deux
bordures intéreffames de maffrfs contigus, des
-Côuehes Calcaixes horizontales & inclinées, &
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des maffifs fchifteux , ces derniers étant enveloppés,
comme on v o it, par les dépôts foufmarins
de différentes époques, les couches calcaires qui
fe trouvent du côté de Liège , étant d'une date
plus ancienne que celles qui réfident au fud, près
de Sédan & de Charleville. C'ett auifi à Charle-
ville & à Fumey quon trouve la bordure d’une
ardoifière confîdérable, & qui doit être diftinguée
parmi les fchiftes de diverfes formas que nous
avons décrits. Nous avons indiqué les principaux
phénomènes que l’économie rurale y a remarqués,
& dont elle a tiré certains avantages qu’on.ne fau-
roit trop étendre. Il eft à defîrer que la réunion
à la France de cette contrée, & que l’adminiftra-
tion qui en furveille l’induftrie, produife ces bons
effets. En attendant on trouvera dans ce précis
de mes obfervations la connoifîance du fol. Les
cultivateurs pourront fuivre le travail ordinaire,
ou le foumettre à de nouvelles expériences.
Après Rochefort, les madrépores à lames &
étoilés de diverfes efpèces fe trouvent en pierres
perdues à la furfaefe dé la terre j les fchiftes s’y
mêlent, &e enfin à Tellin ils régnent & dominent,
acquièrent enfuite une certaine confiftance, &
Continuent jufqu'à treis quarts de lieue à fuivre
la même allure, après quoi on'rencontre de gros
fchiftes durs & quartzeux au milieu de terres jaunes
profondes j enfin, le fehifte continue à Mezen..
Après cette ville & Tellin, les vallées font
plus adoucies î mais on ne voit dans la vallée de
Tellin & de Rochefort, qu'une forme de croupes
finguliérement difpofées. Il y a moins d’eau dans
ce trajet que dans l’ancienne terre du Limofin :
aufli les prairies n'y font pas arrofées ; l'eau même
fe perd dans les paffages des pierres calcaires aux
fchiftes. Il y a aufli une rivière confidérable qui
fe perd deffous une tête de montagne ; c’eft le
Lejfe, lequel , après avoir reparu, fe jette dans
la rivière de Rochefort.
J'ai remarqué qu’il y avoir moins de terres végétales
dans les contrées de pierres calcaires, que
dans les contrées fehifteufes. On brûle les terres
après quelques années de jachères j elles font lourdes
aux labours, car on attèie à la charrue jufqu’à
fix boeufs, qui tirent par des colliers attachés au
poitrail. On cultive des feigles, des fromens, de
i'épautre, des pommes de terre.& quelques trèfles
: il y a d’ ailleurs des pâturages naturels, mais
aufli quelques cantons entièrement incultes.
Les vallons les plus profonds font aux environs de
Rochefort & de Tellin, entre Ochimont& Heure:
il n’y a que des ébauches de vallons, parce qu’on
y luit l'arête de la diftributionvdes eaux vers Liège
d'un c ô té , & vers Givet & Dinant de l’autre ; ils
s'approfondiffenc encore un peu vers Mezen , &
verfent toujours du côté de Givet. Il y a quelques
bouquets de hêtres, au milieu defquels fe, trouvent
des uva urfi.
Cette ancienne terre a pu fournir des matériaux
pour les.dépôts de ia Meufe & du Rhin aux en-
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Entre Bouillon & Sédan on franchit une arête
très-élevée, qui eft entièrement formée de fehifte,
après quoi on dèfcend par une pente fort longue
jufqu’au village deGivônne. Vers le tiers de cette
pente on commence à trouver des dépôts foufma-
rins calcaires, & diftribués par couches horizontales
peu fumes d ’abord, car on remarque dans
les intervalles & les interruptions, quelques fchiftes
enfevelis au milieu de terres rougeâtres. On voit
lurrout ces fchiftes dans le fond du vallon de Gi-
j vonne 5 après quoi, lorfqu’on remonte la croupe
de ce vallon jufqu'à la vallée de la Meufe , où eft
Sedan, on ne voit que des couches de pierres calcaires
horizontales, au milieu defqueîles font des
patelles, des peignes, des cornes-d’ammon, & c .
Outre ce changement dans les matériaux que pré-
fente la furface de la terre, & que je confiaère
comme les limites de l'ancienne & de la nouvelle
terre , il y a encore d'autres caractères affez remarquables
de ces limites : ce font les formes des
croupes alongées & plates des vallées, qui annoncent
une organifation différente. Ce fpe&acle fe
découvre de la hauteur au defliis de Givonne,
ainfï que la difpofltion aètuelle de tout ce terrain;
C'eft la même marche de la nature jufqu’ à Mé-
zières, où fe retrouvent la fuite de pareilles limites
& les mêmes indices apparens de la craie.
Hydrographie du département des Ardennes.
Je trouve d’abord dans ce département une rivière
principale, dont la direction eft de i ’eft à
l’oueft, & q u i, après avoir baigné les murs de
Sédan, de Mézières & de Charleville, dirige fon
cours du fud au nord, paffe à G iv e t, qu’elle fé^
pare en deux villes fortes, qui font Givet^Notre-
Dame & Givet-Saint-Hilaire. Dans ce trajet,
toutes les eaux courantes ont pour centre principal
la rivière de Meufe, & font vifiblement attachées
à fon large & vafte balfin. On pourra s’eft
faire un plan par les détails dans lefquels nous
allons entrer.
La Meufe , au milieu de nombreufes ofcilla-
tions, reçoit à droite & aux environs de Sédan ,
de Donchery & des bois du R o i, plufieurs rtiif-
feaux d’ un cours fort éten d u ,& qui font très-utilement
employés au fervice des forges & des ufl-
mes ordinaires ; enfuite le Semoi, rivière fort confidérable
après qu'elle a traverfé avec un grand
nombre d'ofcillaticns la principauté de Bouillon.
En s'avançant plus au nord, la Meufe reçoit à
Givet-Notre-Dame la rivière de Houille, dont
le lit principal eft parallèle à la Meufe, avec un
embranchement très-étendu dans une partie de
l'ancien duché de Bouillon : ces rivières raffem-
blent les eaux de forêts confidérables. Enfin , le
Leffe, rivière fecondaire qui difparoît deffous une
montagne, & continue enfuite fon cours. Je ne
tiens pas compte d’une infinité de petits ruif-
feaux qui fortent des bois que trayerfe la Meufe,