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Je me propofe de faire connoître, à l’article
Velleia, la marche de ces caufes par les veftiges
de leurs effets, qui fe montrent encore au milieu
des défordres de la deftrnétion de Cet't'e cité, &
que je rendrai plus fenfibles par une carte figurée
de cette contrée.- Vo'ye^ V elléià.
à f f Ai s s EM'EN s:r ;On a vil un exemple remarquable
de ces effets dans la province de Kent, auprès
de Folkflone. Le Commet des collines environnantes
commença d’abord à baiffer de diftance
en diftance, par un mouvement' infenfible, fans
que cet effet eût été.produit par'ùn tremblement
de terre ; & à la fuite de cet affàïjfemetit-, affez général,
qu’éprouva la- màffe de ces collines, com-
pofée de pierres, il y-eiit un déplacement qui
précipita ces pierres & ! cés terres dans la mer
voifine.
En 1678, il y eut une grande inondation dans
les Pyrénées, caufée par Yajfaijfement de quelques
fragmens de montagnes , qui fit fortir les eaux
contenues dans les cavités foUterraineS de ces
montagnes. En 1680, il en arriva encore une plus
confidéràblé en Irlande, laquelle avoir aufli pour
caufe Yajfaijfement d’une maffe montueufe dans des
cavernes remplies d’eau. On peut concevoir aifé-
ment la calife de ces débordémens. On fait qu’il
y a des eaux fouterrain&s dans un grand nombre
de montagnes furtout ; ces eaux déplacent peu à
peu les fables & les terres à travers lefquels elles
paffent, & par ce travail 3 continué long-terra,
elles détruifent peu -à peu le's couches de terré fur
lefquelles portent les bancs lupérieurs des rochers
; & cetre couche de terre venant à manquer
plutôt d’un côté que de l’autre ,• la montagne fe
renverfe 5 mais fi cette bàfe manqué-également
partout, la montagne s‘ajfaijfe dails toute fa màfl'e :
de là l ’éruption fubite & abondante des eaux
contenues dans'les -vides qu’elle remplit. Voye^s
Folkstône.
Af iAISSEMENS des terrains & des couches de la\
terre. Ces phénomènes ne font pas dé faüfles con-1
fidéïâtions, nous l’avons montré ci-deffus ; mais
on n’en peut faire, Comme StenonTa’prétendu,
une explication générale de l’excavation de toutes
les vallées5 car, comme les vallées àffeélent toutes
des contours & des formes fèmblables à celles
que les eaux courantes ont dû leur donner à la
fuperficie de la-itefrë, il faudroit prouver qu’il y
auroit eu feus la terre dés cavernes répandues
dans la plus grande partie dé'nos contrées^ & qui
auroient affefté aùffi régulièrement ’ces formés.
O r , aucune obfervation ne nous aûtorife à fup-
pofer que les eaux fouterraines aient fuivi la même
marche. On ne peut donc pas dire qu’en général
le vide'dë nos vallées ait été produit par Yaffaiffe-:
ment de toutes les malfes de terrains qui y-mari-'
quent, mais parce que ces terrains ont été fouilles:
& emportés par les eaux oôùrântes ffepërfieîêH^
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q u i, en fillonnant la furface de la terre, ont produit
toutes les formes régulières que nous obfer-
vons dans les bords alternatifs des vallées.
Mais, d’un autre cô té , on ne peut s’empêcher
de reconnoître les effets infiniment variés de ces
ajfaijfe me ns de terrains, dans un grand nombre de
circonftances que nous avons'indiquées & que
nous avons cru devoir rapprocher.' Il nous refte à
fuivre encore dë nouveaux rapprochemens, & à
nous procurer, par ce moyen, la folution de difficultés
affez grandes que nous préfentent fort fou-
vent les inégalités & même les irrégularités de la
fmface du globe : nous adopterons en cela la
marche de Boulanger, qui s’eft cru autorifé à former
une théôrie de ces affaijfemens, dont nous
rendions compte , parce que nous la croyons fort
plaüfible.
Lorfque la fuperficie des continens, qui s’élève
nu deffus des mers, eft d e peu d’étendue, & ne
préfente que des contrées bornées ou des îles en-
tiéremènt détachées de la terre-ferme, leur fommet
n’eft ordinairement qu’un point autour duquel,
comme cèiitre, les eaux des fources & des
pluies s’ écoulent. & fe diftribuent vers les rivages.
Si ces fupêrficies font plus longues que larges,
comme font les îles de Java, de Sumatra, &
comme fe trouve une grande partie de 1 Europe
depuis le Portugal jufqu’en Mofcovie, le fommet
général de la diftribution des eaux forme une
ligne dirigéë à peu près fuivant la longueur du
continent, & alors lès eaux n’ont que deux principales
directions , dont l'une eft entièrement op-
pofée à l’autre. . -
Dans le cas où les parties élevées au deffus des
mers font d’ une étendue trës-confidérable en longueur
& en largeur, pour lors ce qui forme le
fommet n’eft plus une feule ligne , c ’eft une grande
fuperficie de terrains qui, à proportion de leur
étendue, & furtout à la fuite de cette foupleffe
qu’ on peut- fuppofer dans les -différentes couches
des continens payant fléchi & s’étant affaiffés, ont
formé des baffins dont lès> revers, oppofésafix
i pentes des Irivages de la mer, ont déterminé les
eaux verS des centres où elles" fe raffemblent en
lacs ou en marais mediterranés : ces dernières, dif-
pofitiohs font celles que nous offrent les trois
parties du Monde, Y Âfie 3 Y Afrique i & YÀmériqùe
méridionale.
D’abord J ’Afie n’envoie que les eaux >dë ces
bords & de fon contour dans les mers qui les
baignent; mais on-voit toutes fes eauxintérieures
raffemblées dans différens. lacs, dont celui de la
ttier" Càfpienne eft ■ le plus ébnfîdérable: Cette
partie du Monde n’eft pas divifée , comme l’Europe,
par un feul fommet ; mais elle en offre -un
circulaire qui eft marqué par'les montagnes de
l’Arménie,du Caucafe, du Taurus,del’Imaüs,&c.
Ainfi cett& ceinture renferme des baffins particuliers
Srde" très-vaftes contrées1 réparées les-unes
I des autres-par des Commets très-variés. L’ on y
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trouve aufli <fes déferts fablonneux d’ une immenfe
étendue, & des plaines couvertes d’ excellens pâturages
fans eaux courantes^néanmoins , quoique
l'herbe ne cefîe pas d'y croître d’une hauteur extraordinaire.
En général, la plupart des contrées
centrales font fi.élevées au deffus du, niveau de la .
m^r, qq’il n’y a guère de fources abondantes ni
rivières. Ce ne font que des régions mal cônfti-
tuées, qui n’offrent aucunes de ces teffourcès naturelles
propres à y fixer des populations feden-
taires, car elles y font toujours errantes & vagabondes
comme les Tartares, &'c.
Les déferts de la Barbarie, les grandes contrées
de la Nigritie & des autres royaumes de l’intérieur
de l’Afrique offrent les mêmes indices de
la foupleffe des couches de la terre j. car le fommet
de cette partie du Monde, dans fa partie fepten-
trionale furtout, n’eft qu’une enceinte .de montagnes
qui renferment au milieu d'elles de trës-
grandes régions fermées, dont la nature, à la chaleur
près de la zone torride, reflemble • fort a celle
des baffins de l’Afie. Les arêtes de ces baffins diftribuent
, par leur revers extérieur, des eaux dans j
l’Océan atlantique & indien, ainfi que dans la Me- «
diterranée 5 & vers le centré elles les verfent
dans quelques rivières, dans des lacs, dans des
marais ou dans des déferts fablonneux où .elles
difparoiffent. . .
Il y a auffi quelques-uns de ces baffins, mais en
plus petit nombre & fous une plus petite forme,
dans l’Amérique méridionale; mais la feptentrio-
nale en renferme un plus grand nombre & d une
plus grande étendue. j ..
_Lorfque les continens n’ont pojnt ete; allez
larges ni. affez Toupies pour conferver des.baffins
concaves dans leur centre, ni affez.;étroits pour
n’avoir qu’une ligne pour point de partage aux
eaux, on trouve dans leurs parties fup.érieures
des plaines dont les pentes ont été indécifes, ou
qui n’en ont point eu du tout. Les fources de çe$
plaines ont formé une multiplicité de petits lacs
& de vaftes marécages où ont pris naiffance des
rivières & les fleuves qui ont tracé leurs vallées
fur les deux revers. Tels font, en Europe, le§
marais de la Lithuanie & de Mofcovie, d on lé
Borifthène, le Volga & autres rivières tirent Leurs
fources. Tels font, en Canada, ces lacs d’ou le
Miffiffipi & le fleuve Saint-Laurent defcendent,
& ceux du Paraguay, d’où le grand fleuve de la
Plata tire fon oriane.
On v o it, dans les détails précédens, les grands
enfembles fous lefquels on peut confidérer les
irrégularités de la fiirface ffe nps coptinens, &
qui, fuivant Boulanger, font la fuite de Yajfaijfement
des couche?. J’ai jçnvifagé ces irrégularités,
relativement à la .diftribiidoh des eaux & à Leur ■
perte, à l’article Ahfçrbans : on me permettra
d’y renvoyer le ledit ur ; car cette confidération:
eft bie$ propre à compléter la connoiffançe de ces
grands continens, & à nous inftiuire plus parti-
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culiérement des parties de leur géographie qu ou
avoit négligées jufqu’ à préfent.
Je crois devoir ajouter ici encore deux notes
d'affaijfemens remarquables. Les mers de la Chine
ont éprouvé des accidens pareils affez étendus • f
y a des preuves, par exemple, que la Corée a ete
1 . .ieà la Chine, & que l’ouverture du golfe qui l’en
fepare préfentement, eft affez moderne. La, montagne
de Ki-Cherang, qui étoit un promontoire
du territoire d’Yong Ping-Fu, èft aujourdnui a
cinquante lieues en mer. Le Whanzho pafloit au
pied de cette motitagne avant que d’arriver a la
mer, & Yaffaijfètjient qui s’éft fait du nord au
midi pour produire ce grand changement, a^tehe-
ment altéré le cours du fleuve, qu'au lieu de de-
boucher au 140e. degré, comme il faifoft il y a
envïfpn trente fiècles, quand l'empereur y fit travailler
après de grandes inondations qui ravagèrent
la Chine, il fe décharge aujourd'hui dans la
rivière de Whanzo, province de Nanquin, veis
le, 54e. degré. - ■ , ‘ . ,
La fécondé note a pour objet les parties ou
nord jdë FAmérique qui font nouvellement connues
: elles n’offrent que des-baffins rompus, que
dés contrées où font plu fleurs affaijfemens. La multitude
des k c s , le grand nombre de faut s & de
cataraélss dont toutes les rivières & les détroits
des lacs font embarrafies, r ous donnent lieu, de
foupçonner que cette contrée a eu primitivement
une autre difpofîtion, & que des accidens fem-
blables à ceux dont nous avons reconnu les vef-.
tiges dans nos grands continens,. ont eu lieu a
peu près aux mêmes époques.
' Affaissement. Nous ne comprendrons pas
dans ces effets les àjfaijfemcns des'y eûtes-de s prétendues
cavernes qu’on a fuppofé exifter .dans
les maffifs primitifs de la terre, & dont on n’a
donné aucune prèuvé. Les feules raifons de leur
exïftence font lés befoins qu’on a eus dé leur def-
truélion , pour avoir une caufe toujours fublïftantè
& graduellement agiffante de fa dinâjnqfion^es
eaux- de la mér." * Je lé ' répété : oh pê nh'ùs a fait
voir4 dans apcpne partie de l’ancienhe tërrè granitique
j àücunê Torte de grotte ou 4e caserne ;
car celles que nous ccnnoiffons, que iiotis avons
vifité.es, fe trouvent dans U moyenne perre calcaire,
ou plus fouvent encore dans la nouvelle-.
J’ajoute ici que les mouyemens de la mer, dont
l’on prétend nous offrir ^explication par Yàjfaijfe-
ment des. çavernes primitives, n’qtant pas de Amples
retraités , mais ét(àht fujcts à des retours qui
i ne peuvent trouver auffi leur dënqùément ^ans.cës
affaijfemens, toutes ces machines hypothétiqùes ne
dqiyent .être çonfervçes .comme des moyens rai-
fonnables & avoués dès phyficiens paturaliftes inf-
truits. Voyei à! ce fujet la Notice de Leibnit^.
AFF ECTIONS ( AjfcBj.onfs tèjlurïs J . C ’eft ainfi
que le Cavant Vareuiùs défigné les phénomènes de
n Z 1