
amas de marnes *, quelques-uns de ces cailloux
roulés forment des poudingues liés affez folide-
Inent par une infiltration ferrugineufe.
A Aubigny on rencontre, à la fuperficie de la
terre, une couche de pierres d'un grain fin, qui a
dix pieds d'épaifféur. Ènfuite viennent trois couches
de moëlon , puis cinq couches de belle
pierre de taille un peu infiltrée, avec boulin def-
fus & deffous. J’ai été étonné que l’infiltration
n'ait pu s'opérer qu'au centre de ces couches.
A Saint-Quentin-la-Roche on trouve un rocher
femblable à celui qu'on voit à la place publique de
Falaife & à la Brêche-au*Diable. Je le répète ici : ces
fortes de rochers ne forment proprement que des
îles : il eft vrai femblable qu'ils fe prolongent aux
monts d’Erames, 8c par la vallée . Anglois-Cheville,
Vignots y Brleux, Nécy. Cela préfente une
pointe très-fingulière fi l'on y joint les bruyères
de la Maifon - Rouge & la forêt de Cordey. Quoi
qu'il en foit, ces rochers font environnés de tous
côtés de couches calcaires , qui paroiffent recouvrir
une partie de leurs bafes. Ils ne font même
bien à découvert que dans des vallons où les
eaux ont creufé les couches calcaires environnantes,
& entamé leurs bafes très-étendues. Pour
faire connoître d'une manière particulière la
conftitution intérieure de ces rochers, nous donnerons
dans notre Atlas les dèffms & la defcrip-
tion raifonnée du rocher de la place publique ae
Falaife , & de la Brêche-au-Diable près de Bons*
( Voyerces articles. )
Je reprendrai quelque jour les notes que j’ai
fupprimées, & qui ont pour objet les différentes
induftriesdes diverfes contrées, 8c leurs cultures.
Pour lors je préfenterai une defcription raifonnée
de ce département.
Je joindrai aux détails qui précèdent fur la géo-
graphie-phyfique de ce département de Y Orne , la
defcription du plateau très - remarquable, qui fe
trouve aux environs d'Alençon , de Mortagne ,
d 'Argentan 8c de Sééz. C'eft là qu’on peut obfer-
ver l'origine des baffins de toutes les rivières principales
de la Baffe - Normandie, du Maine, du
Perthe & de l’Anjou, & qui, comme on le voit
fur les. cartes topographiques dè la France, ver-
fént leurs eaux vers tous les points de l'horizon.
J’y trouve d’abord à l'eft l’origine de YEure &
de Y Aire y & un peu en remontant au nord, VI ton;
au noid-eft, hRi/le, & enfuite la Touque 8c Y Orne,
& plus à l'oueft la Vilaine 8c la Mayenne, & enfin
la Sarthe & YHuine. .
J’indique ici les baflins originaires de ces riviè-*
res, que je confidère comme leurs véritables fources.
Suivant ce nouveau plaiL 8c cette nouvelle
confédération fur la diftribution des eaux courantes
, il eft aifé de voir quelle eft l’étendue des
fources de ces rivières : ainfi l'on ne bornera pas
ces origines à de fimples filets d’eau, qui ne contribuent
que pour peu de chofe à la marche de
«es premières eaux. D'ailleurs, fuivant ces nou~
velles vues que j'ai cru devoir adopter dans la
defcription des plateaux , je préfente une efquiffe
naturelle de leur hydrographie phyfique, en cela
bien différente de celle qu’on en a donnée & reçue
jufqu'à préfent, 8c qui fe réduifoit à celle d'une
arête 8c d’un Commet plat 8c élevé à un certain
point au deffus des terrains environnans fous tous
les afpedls de l’horizon. _Çe que je propofe eft un
fyftème de diftribution des eaux courantes, offrant
la réunion de tous les embranchemens de ruiffeaux
qui fe portent vers le tronc principal. Dans la confédération
de ces baflins originaires, je ne comprends
pas tous les embranchemens qui fe joignent
au tronc, à moins qu'ils ne s'étendent eux-mêmes
jufqu'au Commet du plateau, & pour lors je crois
devoir diftingner ces embranchemens comme rir
vières particulières, en plaçant leurs vallées dans
l'ordre qu'ils occupent aux environs du Commet
général. Il arrive affez Couvent que c’eft par ces
embranchemens que la rivière inférieure appartient
au plateau, & qu’elle s’y réunit au moyen
de pentes qui affurent fon prolongement jufqu'au
Commet.
Quoique le plateau dont il eft ici queftion ne
foit pas remarquable .par fon élévation au deflus
.du niveau de la mer, cependant il fait incontefta-
blement partie de l'ancienne terre de Rouelle,
non-feulement par une chaîne de collines grani-
teufes qu'on peut fuivre de Séez à Alençon, & où
l’ancienne terre eft à découvert, mais encore par
des maflîfs de grès ou de rocs, vifs, qui font, ou
faillans , .ou recouverts par des dépôts , très-peu
épais, de couches horizontales qui appartiennent
à la nouvelle terre, & dont une partie eft de la
mine de fer dilatée en géodes ou en grain.
On rencontre aufli, aux environs de ce plateau,
les phénomènes de la difparution & de la réap-?
parution des eaux courantes, comme j'ai eu occa-?
fion de les obferver dans d'autres polirions fem-
blables, c'eft-à-dire , à une certaine diftance des
limites de l'ancienne terre du Limofin, & de la
nouvelle terre de l’Angoumois : telles font les deux
rivières du Bandiat 8c de la Tardouêre, ainfi que
plufieurs autres rivières des Cévennes, & c . qu'on
peut voir dans les planches d’Angoulême, de Limoges
, de Nant, 8cc.
Je finirai par renvoyer aux planches d’Alençon
, d'Argentan, 8cc. où l'on.voit des rivières qui
fe perdent, & qu’on rencontre à mefure qu'on
fuit les embranchemens des baflins originaires de
plufieurs autres rivières qui forcent du plateau 8c
qui!'entourent. ( Voye% notre Atlas, où fe trouve
une .carte particulière de ce plateau, dans laquelle
font figurés tous les détails intéreffans que je viens
d'indiquer ci-deffus. )
ARGENTEU1L , gros bourg fur la Seine, entre
Saint-Denis & Saint-Germain. Nous allons faire
connoître la conftitution phyfique du fol des environs,
ainfi que les différentes formes du terrain,
dépendantes de la circulation des eaux pluviales
ou des fources qui i'abreuvent.
Avant d’arriver à Anières, on rencontre des
dépôts fort confidérables de la Seine : la pente
adoucie entre Montmartre & Anières en offre
aufli de différentes natures. Enfin, le canal même
de la rivière nous montra des matériaux de la plus
grande variété , voiturés la plupart d’amont.
Après avoir traverfé la rivière, on.voit la face du
plan incliné qui s’abaiffe de Courbevoie à Anie-
r-es., tranchée net & arrondie au deffus de la plaine
fluviale. Le terrain gagne cette plaine par une
pente bien fenfible, tant dans le fens de l’arête du
plan incliné, que dans celui de fon revers. Les
cailloux roulés 8c les débris devfilex ne fe rencontrent
guère que dans le voifinage d’Anières $ car
à mefure qu'on approche d’Argenteuil, la vafe ar-
gileüfe y forme une bordure fort large le long du
canal de la rivière.
Au-delà d'Argenteuil, fur, toute la partie des
plans inclinés qui dominent le territoire de ce
bourg, on trouve des dépôts de la rivière, avec
des terres remuées & tranfportées des croupes
fupérieures.
En montant fur le plateau du moulin à vent de
Sannois, on voit les couches qui renferment les
rangées de bancs de pierre à plâtre, parmi lefquels
font les hauts piliers de la première maffe, tels
que je les ai décrits & fait'figurer dans les coupes
qui accompagnent mon Mémoire fur Montmartre
( vol. V de l’ Inftitut). On y voit partout les blocs
prifmatiques, qui fe délitent par couches 8c même
par lames , 8c au deffus les lits de marnes j 8c
comme , dans l’intervalle d’Argenteuil à Epinay,
les bancs qui recouvrent la première maffe font
détruits, les prifmes des différentes couches de„
cette maffe s’y trouvent à découvert, & peuvent
être obfervés avec intérêt, parce qu’ ils fe préfen-
•tent par blocs ifolés.
Dans ce même fyftème des couches de pierre à
plâtre qui renferment des lits de marnes , on y remarque
des épanchemens d’eau au deffus des marnes
qui corréfpondent aux eaux fupérieures de
Montmartre, 8c plus haut fe trouvent, comme à
Montmartre, les lits de fables dans lefquels font
enfevelis les fragmens de grès & de meulières 5 &
dans ces lits de meulières eft un dernier niveau
d’eau qui manque à Montmartre, parce que cette
butte eft trop peu élevée pour l’offrir comme on
le trouvé ailleurs.
| Ces deux niveaux d’eau s’obfervent aufli fur les
croupes feptentrionales de la vallée de Montmorency.
Il n’-y a que le premier niveau d’eau dans
le maflif de la première butte qu’on rencontre
après Argenteuil) comme il fe voit au deffus de BeL* ;
leville.
J’ai remarqué qu’ un des plus grands détours du
canal de la Seine fe trouvoit correfpondre à l’embouchure
de cinq rivières fecondaires, dont quatre
fe réunifient à la Seine au deffous de Saint-Denis,
[ & la cinquième, qui vient de la vallée de Mont-
I morency, s’y jette un peu plus bas. Mais deux
! autres circonftances dont je dois ici tenir compte,
relativement aux ofcillations des rivières, font la
deftru&ion d’une grande partie du bord de la
rivière ', qui fe trouve réduit à une épaiffeur de
cinq à fix pieds de couches naturelles qui four-
niffent quelques fources, dont les eaux fë précipitent
dans la Seine : c’e ft, comme on v o it , un
troifième niveau d’eau. Ces deftru&ions font en
raifon de la force des rivières latérales fecondaires,
8c des déblais qu’ elles ont pu faire fuivant la direction
dé leurs confluences avec la rivière, principale.
Elles ont beaucoup de déblais, parce qu’elles
ont coulé primitivement fur des pentes différentes,
& même oppofées.
La troifième circonftance eft celle de la grande
île de Saint-Denis 3 qui probablement eft le produit
des dépôts formés par les rivières affluentes, à la
fuite de leurs derniers accès torrentiels, & dans
le même tems où elles ont comblé les parties inférieures
de leurs vallées , remblais qu’ on peut
fuivre aifément aux environs de Saint-Denis 8c
d’Epinay.
Il faut voir toute la croupe feptentrionale de la
vallée de Montmorency, & la comparer à celle de
la colline du moulin de Sannois, pour reconnoître
quels font l’ordre 8c la fuite des couches dont elles
font l’uDè 8c l’autre compofées depuis les bancs
les plus élevés jufqu'au fond de la plaine, 8c tenir
compte des couches de plâtre qui s'y montrent à
découvert.
Je dois remarquer ici à cette occafîon, que les
amas de-fables qui fe trouvent au fommet de la
butte de Montmartre, font des reftes des couches
primitives, q u i, à des époques éloignées, fai-
foient partie de cette colline, bien loin d’être des
fables d'alluvion, comme on l'a prétendu. Il fuffit,
pour s'en convaincre, de jeter les yeux fur 1rs
collines correfpondantes de Belleville 8c de Sannois
3 qui font plus élevées f on y trouvera des
couches de fables de même nature, avec le banc
de meulières au deffus, bien fuivi, & fans aucune
altération ou commencement de deftruétion , comme
on le voit à Montmartre, car on n’y rencontre
que des fragmens de grès & des débris de meulières
en pierres perdues. Ce font vifiblement les
reftes de la couche détruite des meulières que l’on
trouve bien'entièVe à Sannois, 8c qui , fous ce
point de v u e , mérite toute l'attention des natu-
raliftes de la capitale. Ces blocs de meulières de
Montmartre y font reftés, n'ayant pu être entraînés
par les eaux torrentielles & pluviales de la
plaine des environs de Paris, qui ont détruit les
autres parties des croupes de la vallée de la Seine.
C'eft au deffous de ces fables que peut s’obfer-
ver le fyftème de couches alternatives de marnes
8c de fables, fyftème qui a contribué à la diftinc-
tion 8c à la féparation de toutes les matières par
couches 8c par bancs.