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chaleur. Il eft à propos de remarquer qu'à deux
ou trois lieues de Lima* ces vapeurs fê divifent
beaucoup plus que dans la ville même. On y voit
entièrement le folei-1 qui modère le froid de ces
contrées par fon action. Voila pourquoi l’hiver eft
plus doux & le tems plus ferein au Callao* qui
n’eft qu’à deux lieues & demie de Lima.
Cependant il arrive , comme on l’a déjà dit , que
çes brouillards fe convextiffènt en bruines qui humectent
la terre. Alors les croupes des montagnes
& des vallées , qui dans les autres faifons paroif-
fent arides & ftériles , fe couvrent de toutes fortes
de plantes. Ces bruines ne font jamais affez éparffes
pour empêcher de fe mettre en route : elles font fî
fines, que les habits mêmes les plus légers n’en font
pénétrés qu’après un tems affez long. Mais comme
elles durent tout l’hiver fans que le foleil puifie
percer à travers, elles humettent afiez le fol pour
le rendre fofceptible de donner le branle à la v égétation
dans des contrées de (léchées en d’autres
tems, & *p i d’ailleurs fans ces cirçonftances fîn-
gulières n offriraient aucune plante.
A ir ou A y r , ville d ’Ecofie3 à l ’embouchure
de la rivière de .ce nom : il y a une barre qui eft
fort dangereufe pour les batimens qui s’y intro-
duifent.
AIROLE , village au pied du mont Saint-Go-
thard. Nous prendrons ce point pour le centre de
plufieurs routes ou trajets, dont nous nous pro-
pofons de faire connaître rhiftoire naturelle :
d ’abord cçlle d’Obergeftelen ÏAirele, enfuite celle
SAirolz au haut du mont Saint-Gothard.
A un quart de lieue d’Obergeftelen on prend
1$ vallon à gauche, & l’on commence à monter la
montagne de Lauffen. Des nappes, des chutes
d’eauAfeprécipitent de tous côtés. Ç eft le torrent
du Laigeflê qui defcend de cette montagne. Les
rochers qui la compofent»font toujours des fehiftes
mêlés de micas & de quartz, dont les couches
font fouvent perpendiculaires. Plus loin le feld-
fpath s’y trouve difperfé. C e font, comme on feu,
tpytes ces parties qui compofent le granit proprement
dit. Cette forte de rocher n’en difiere que
pat fon arrangement par bandes. Ce n’ eft au rèfte
que dans ces grandes maffes , qui fe préfentent
fôus différens afpetts , qu’on peut faire cette re- j
marque. Danî» le granit ordinaire, Je quartz, le
feld-Xpath & le mica font mêlés & confondus exac-
cernent: on n’y voit aucune couche, mais plufieurs
fënres en plufieurs fens : dfpù il ré<e qu’il s’eh
détache plufieurs morceaux irréguliers, & que le
tems le détruit fans qu’ il çonfeijve de formes décidées..
Ici on voit des lits & des couches, dedife
férenres épaiffeure, qui fuiyepit une même direc-
üpn dans leurs fentes & dans leurs cafihr.es. Des
énormes & régulières dans leurs fratt.ures^
4e forme cubique3) parallélépipède ou très-approt-
remplirent des fonds 4ède p^tit^ valjpnsr;
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elles font tombées de rochers à pic d’ une hauteur
effrayante.
Ce canton ne produit que des mélèzes $ ce qui
n’eft pas étonnant, car on eft plus élevé qu’Ober-
geftelen , pays déjà fort haut. La végétation commence
à ecre moins attive, & après cinq quarts
d’heures de marche toujours en montant., on ne
trouve plus d’arbres j ce font encore, comme
nous l ’avons remarqué, des buiffons d’ aunes rabougris
, qui fini lient par être la production végétale
en arbres qu’on rencontre aux plus grandes
hauteurs.
La nature des maffes pierreufes a également
changé? elles font micacées, argileufes, fans mélange
de quartz & feuilletées très-minces. On
parvient à une efpèoe de plate-forme produite par
une quantité de fable & de gravier amenés par des
torrens Sc par différentes chutes d’eau. L’ égalité du
terrain, qui eft auffi plus abrité , a permis à quelques
bouquets d’aunes de s’élever & de croître
plus vigoureufement : ils font d’ailleurs au bord
des eaux dont c e terrain eft abreuvé. Les rochers,
qui dominent à de grandes hauteurs dans les environs,
font des mêmes fehiftes qui viennent d’être
décrits. Après avoir pafte un pont de pierres, on
apperçoit un beau glacier qui eft entre la montagne
de Gries à droite, -dont le glacier a pris le nom ,
& le Blint-rHom à gauche. Il s’en précipite une
fiiperbe cafeade qui tombe d’une très-grande hauteur.
Ce glacier defcend entre ces deux montagnes
fur un terrain fort en pente J ce qui eft caufe qu’il
n’a pas d’enceinte ou de mareme en avant. Le haut
du glacier eft en amphithéâtre & par gradins, ôt
(iir fa pente il eft entrecoupé de larges fentes, &
il eft fort uni dans le haut, où fe trouve un paf-
fage ordinaire pour les mulets qui vont au Val-
Levantine : il a une demi-lieue de large dans cet
endroit. Un pic fort élevé le domine.
Sur la gauche on voit un autre glacier, Imrhot-
Thaï, , & dans les fonds on voit des pâturages
entre les montagnes. Cette route, toute fauvage
& déferte qu’ elle eft, offre une quantité de belles
cafcades & des chutes d'eau fournies par les glacière.
Cette partie de montagnes eft compofée de
fehiftes argileux, micacés, dont les couches font
fort minces & de couleur bleu-foncé, & quelquefois
d’un beau vert.
Après avoir monté trois heures , on arrive fur
le haut de cette montagne,c’eft-à-dire, à rentrée
daine efpèce de vallon où eft le pafiàge-, car le
haut de cette montagne eft encore futmonté de
pyramides & de maffes de rochers qui paroi fient
avoir plus de cent toifes d'élévation, dont la plupart
font à pic. La neige eft permanente toute
l’ année dans ce vallon *& fur les maffes efcarpèes.
qui le dominent. C e qu’ii y a de remarquable ,.c’eft
que tout ce haut de montagne eft compofé de
fehifte argileuxnoirâtre au premier afpett,- dedans
une grande décompofition t. les feuillets en font
trés/WÇÇs , f e l&v$nr &; fe défichent, fens effoifo:
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En fesi regardant de plus près , en y apperçon' un
mica argentin, très-fin, entre les feuillets- Sur les
faces expo fées» à l’ air il; y a une grande quantité de
mamelons & de rugo fîtes, comme de petits pois ou
des lentilles : il y en a de plats-, de ronds , d’autres
aloiïgé's, & une grande partie font ochreux;
Après avoir bien examiné:,, dans différentendroits*
tous ces fehiftes , & les avoir trouvés partout
conformes , & couverts plus ou moins de: Ges parties
protubérantes , il fut aifé de recônnoître
qu’ ils étoient ochreux & ferrugineux dans l’intérieur
, & qu’originairement' ils- étoient fous forme
pyriteufe r l’humidité qui a décompofé la pyrite, a
diftendu les parties ferrugineufes, & a occaffonné
le renflement des petits mamelons.
Outre cela-, on n’y apperçoit point les couches
& les lits auflitôe qu’on e(b parvenu au;point où
il rr’y a plus de décompofîtion. De plus-,, cette
roche fehifteufe fait»beaucoup d’effervefGe’nce avec
les acides ,, au point qu'elle paroït mi-partie calcaire
& mi-partie argileufe.
La forte ae fehifte1 que nou^venoirs; de décrire
eft celle qui compcrfe les* pics élevés-& le: haut de
cette montagne. Elle étoit couverte d'une grande
quantité de neige glacée & comme battue , & fi
taffée, que les fers des chevaux n’y- ma'rquoient
pas; d’empreintes j- elle étoit glacée; & grenue1,
mais n.’avoir pas la tranfparence de la glace,, comme
fur les glaciers- Les- autres fobftanGes minérales
que l’on trouve fur cette montagne,, maisqui-font
ifolées , & dont &ai n& rencontre pas de' maffes
faifanr corps ,- font r
it®. Une1 pierre fehifteufe, brunâtre & ' fablon-
neufe',. qui fait effervefeence , entre les couches
de laquelle font inrerpofées d-aurres couches; de
mica , dont les feuillets font d’une belle- couleur
gris deperie chatoyante.
2tt.. Autre-,; par feuillets très-minces’, toute mi*
cacée ,. jaunâtre ,. & faifant effeTvefcence.
3?. Schifte feuilleté', mince’,.peu dur, lüifànr,
rayé & ondulé. Entre les couches il y. a dèsnoyaux
ou mamelons, donrle fehifte pteuff la forme j ils
font fort durs,- noirs- & duifans dans là' fratture,
comme le jayer,-& font feu au; briquet?.
40. Pierre fehifteufe, argileufe’,. d’ un gris1 verdâtre,
avec des'micas qui y fôrmentdès rfiamelons1
ou petites élévations en ; long , q u i, au-premier
coumdfoôili paroiffent être des fchorls' verts.
50. Dès-blocs parallélépipèdes d?une pierre blanche
d?un granit fort fin âc un peu’riide’au toucheri
médiocrement dure,. mê:éê de parties micacées-,
blanches, très-petites-, ne faifant point feu au briquet
, & faifant peu dfeffervefcence.
La-defcenrede ce^te montagne eft' b ru (que &•
difficile' parmi un amas’ étonnant de pierres- roulantes
&' de rocs détachés. Il y* a eu de grands’
éboulemens de ce c ô té , Sc l’abondance: des; eaux
de neiges fondues a* entraîné les terres’& les fables;
qui pou voient fervit dé liaifon'à tous ces; matériaux
détachés;
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On voit partout de belles-chutes d'eau. Quand
on arrive un; peu pius dans le fond , des- maffes
énormes-de rochers le" couvrent, & ils font eux-
mêmes couverts de pâturages. Le premier petit
arbriffeau qu’ort y trouve,- eft le rofier des-Alpes1.
Les côcés( du vallon font de roch:s fchifteu{e‘s:<i
micacées, quelques-unes'- fablonneufes & mêlées
de beaucoup de quarté. Plus loin font des fehiftes
Ou;il-y a-beaucoup dé mica bleuâtre. A une' demi-
lieue , où lfon a commencé à voir le rofier des
Alpes, on trouve des mélèzes-. On;apperçoit des
eauK abondantes-partout, de belles cafcades qui
tombent de deux lacs quf font à droite. Après fix
bonnes heures de marche poui paffer^cette mon -
tagné, on arrive à un bofpice dépendant du Val-
Lëvantine , pays» fujet dir canton d’Uri1.
On apperçoit différent glaciers fur les hauteurs.
Celui qui eff dircôté du Vallais-fe' nomme Avilla ;
il eftr fort élevé , entouré de hautes aiguillés dé
rochers , & il y a une ma-rème ou- enceinte cortfi*
dérable. A; droite eft celui de Valkoià,- qui eft
couvert de' hautes pyramides dé glacés-: fer urf dé
fes-côtés il préfente un mur de glace fort él'evéj
des granits ordinaires- dfefcertdertt d’un;tôi¥ent entretenu
par un- glacier qu’on» ne1 voit pas dé cë
fond , & appelé Imbrune ; ce torrent a fo'rmé di‘-
verfes’petitesmonticuies dès débris qü’îlia amèrtés i
ils font actuellement couverts de pâturages. Après
avoir laiffé le- petit village- d'Âvili'a à gauche, ort
rencontre urf autre torrent qui ne charie que dès
pierres fchifteufes, micacées, mêlées debealieou p
dé quart«'.
A une lieue euvirOn-dé l’hofpice', on trouve lé
village de Fontutia\ Après avoir paffé le torrent,
on trouve du beau gypfe blanc mêlé dé mica
jaune1: omne voit que des- torrens-dë s :ravins- &?
dès monriculès-formées des décombres du-mont
Saint-Gothard’j-on paffè un vallon fort étrbit, ou
il n’y a* de placé que pour le Tefliri’. Le chemin
eft; à? mi-côte fur des rochers;micaeéls-, remplis
de quartz. Le Tefiin' roulé fes éaux dans uù lit
dè rochés calcaires qui s’élèvent à environ un’
tiers de la montagne : cette pierre calcaire régné
des; deux; côtés à même hauteur, & n’ eft' réellement
qu’adoffëe contre la» roche'fehifteufe1, micacée
, qui forme le- noyau18& le' centre dë cette1
montagne’. ©rl: peut préfumer' que cette roche dë?
pierre calcaire correfpond', par rapport à'iâ hau^'
teur , avec celle que nous avons vue fe: trouve?
entre Obergeftekn»&-ObétVald, dans lé Hâut-
Vallais , à - f article du Glacier du- Rhône St dit
Vallais\ D-ailleurs , 1‘ identité des produirions1 vé-
gétalesquife’trouvent'aux deux:endroits, peuvent
faire pré fumer qü’elles-fe; trouvent à là même hauteur;
Ces1 hauteurs ,- conftatées dans différens1 endroits
où fe trouvent? les'dermets1 lits dè pierres»
calcaires , feroient à peu près1 des-itidices pour lès^
hauteurs- où la »mer a- féjourné : je dis1 à peu près ,
caf lès1 lits - de pierres' calcaires1 peuvent avoir été;
détruits en partie & dégradés par les eaux 5- mate»