
contrées de l’Afie avoient dû paffer encore avant
que l'Euphrate & le Tigre aient pu y avoir chacun
un cours diftingué & féparé 1 un' de l’autre, &
laiflfer entr’eux tous les terrains qui en ont fait
la renommée.
La Loire & le Cher , après avoir eu , depuis
leurs fources jufqu’ aux environs de Tours, des
vallées féparées , commencent à n’en avoir plus
qu’ une à deux lieues au deflûs de cette v ille ,
quoique ces deux rivières y Confervent néanmoins
leurs lits féparément jufqu’à dix lieues au deffous
où elles fe réunifient. Dans cette étendue de douze
lieues, leurs eaux ont chacune un cours, l’une au
pied de la côte méridionale, & l’autre au pied de
la côte feptentrionale^L’entre-deux de leurs cours
eft une vafte'plaine que l ’on peut appeler une
vraie Méfopotamie , dont la fertilité provient aufli
des dépôts étrangers que les -eaux torrentielles y
ont apportés ; mais ces rivières réparées n’ont dû
n’ en former qu’une autrefois, & remplir enfemble
en entier ce vafte baftïn. C ’eft après de grands
accidens, dont on voit les empreintes fur les revers
où les angles fe correfpondent, & après une
longue fuite d’années, que cette belle vallée, d’ un
feul & rapide torrent quelle renfermoit, eft devenue
un pays habitable, ayant été néanmoins
encore , pendant bien des liècles fans doute, un
marais & un bourbier immenfe, plein de vafes &
de terres glaifes, que le tems & la main des hommes
ont deflechés.
Il en eft de même de la véritable Méfopotamie.
Le Tigre & l’Euphrate, qui dans l ’Arménie ont \
des vallées féparées, n’en ont plus qu’ une dans j
cette fameufe contrée, & il a dû de même y avoir
eu des tems, avant cette difpofirion, où les deux
revers qui les renferment, n’étoient que les bords !
du baflîn d’ un ftùl & prodigieux torrent qui,
après fon écoulement, a laififé des dépôts qui n’ont
dû d’abord produire que des marais, où les eaux,
embarraflees & retenues , n’ ont pu que peu à peu
s-’y former les deux fuperbes canaux qui en font
l’ornement depuis tous les fièdes que nous con-
noiflbns. Ce font des conféquences faciles a tirer
de toutes les expreflîons naïves & naturelles du
livre de la Genèfe , & les illuftres traditions, les
plus anciennes & les plus refpeétables qu’il nous
donne , ne nous font point naître d’idées fur la
figure de la terre pour ces tems-là, autres ^ d iffé rentes
de celles que-la difpofiiion préfenre pous
offre encore aujourd’hui, & que nos obferva'tions
démontrent quelle devoit avoir été dèi-lorsi On
peut donc dire que tous les événemens dont cetté
figure étoit néceflairement la fuite , avoient eu
lieu , & que les continens anciens , & que tous les
êtres dont la deftrudtion avoit formé ce féjour de
leurs débris, avoient aufii exifté, & dès-lors n’étoient
plus. ( Voyè% les articles DÉLUGE, C O N F
LU EN T , T em s ( Anecdotes fur le-), -M é s o p o t
a m i e , T r a d i t i o n s , C o q u i l l e s > F o s s i l
e s , & ç . )
ANTEQ UERA , ville d’Efpagne , au royaume
de Grenade, à douze lieues nord de Malagâ, & à
vingt-une oueft de Grenade. On trouve dans la
montagne au pied de laquelle cette ville eft fituée,
une grande quantité de fel qui fe cuit lui-même
par l’ ardeur du foleil. Il y a de même aux environs
des carrières de plâtre, & à deux lieues de la ville
eft une fontaine dont les eaux guériffent de la
gravelle.
ANTÉRIORITÉ ( Caraftère d’ ) . J’ en ai trouvé
plufieurs dans l’étude des différentes parties de
l’hiftoire du Globe, qui nous offrent des époques.
On fait que ce qui conftitue une époque eft d’être
diftin&e de toutes les autres avec lefquelles elle
peut avoir une certaine correfpondance : ainfi X. antériorité
doit être confidérée, dans ce qui précède
une époque quelconque, & de même cette époque
peut etre défignée comme formant antériorité a la
fomme des faits qui fuivent dans une autre époque.
J’ai toujours envifagé, par exemple, I* antériorité de
la formation des couches qui appartiennent à la
moyenne terre, & qui fervent de bafe aux couches
de la nouvelle, celles-ci recouvrant toujours
les premières.
Je confidère enfuite comme des caractères £ antériorité
inconteftables, les vallées creufées dans
les maffifs de la moyenne terre , & comblées par
des dépôts que l ’invafion de la mer y a faits, dépôts
qui nous offrent à découvert de grandes parties
de la nouvelle terre, mifes à découvert depuis
la dernière retraite de l’Océan. (Voye^ V a l l o n s ,
G o l f e s / É p o q u e s , C o u c h e s , U zès (Environs
£ ) ) .
AN T IC AU CA SE , montagne de Seleücié,dont
parle Strabon : elle court au nord du Pont-Euxin,
& à l’ oppofite du Caucafe. ( Voy'e\ /’article C A U C
A S E , où tout ce qui peut faire connoître la marc
h e de ces deux chaînes fera décrit en détail, &
furrout relativement à la diftrîbùtion des eaux que
; leurs croupes verfent dans'les vallées tirconvoi-
| finés. )
ANTILIBAN; Cette chaîne de montâgbes,ainfi
j nommée à caufe dé f i firuation oppofée à celle du
Liban , commence fon coùrs auprès des ruines de
'Sid.ori, & va fe réunir à d’autres chaînes de l’A rabie
vers! là TràéhÔriitide , fous fe trenté-qua-
; trième degré. fV à y e ^ L i^ N. )
| ANTILLES1, îles diftribuées dans une nier inté-
1 rieicre'que nous ôffrë là côte dè l’ Amérique, depuis
) le onzième degré de latitude nord , jufqu’au dix-
? neuvième éft-nord-eft.
Cet article renfermera plufieurs divifions déterminées
par des objets dépendans de ces îles &
de cette mer intérieure, lefquels m’ont paru égalc-
j ment intéreffans & mériter d’être traités à part.
\ -La première diYÎfion offrira la mer intérieure des
Antilles, dont j’indique les phénomènes qui font
la fuite de fa fuperficie, de fa profondeur & de
-fes limites.
La fécondé divifîon fait connoître les difpofi-
tions des îles diftribuées dans les divers parages
de cette mer, leurs formes particulières, & même
celles dépendantes de la marche des eaux de l’Océan
atlantique.
La troifième divifion préfente ces îles fous les
points de vue qui font relatifs à la nature de leur
f o l , à leur température, & à quelques-unes de
leurs produ&ions.
Dans la quatrième', on s’occupe de deux courons
qui ont des rapports fort importans avec la
mer intérieure des Antilles. Le premier a pour origine
le trop plein de la mer des Antilles, & fa
marche a été reconnue par les tranfports des bois
flottés depuis l’ Amérique jufqu’aux îles feptentrio-
nales de l’Europe ; le fécond, qui a fon origine
dans les eaux courantes des fleuves de la Guiane,
fe termine dans la mer intérieure des Antilles, &
m a toujours paru avoir contribué, pour la plus
grande partie, à l’approfondiffement de cette mer
intérieure, comme il coopère à fon approvifion-
nement attuel.
I. A n t i l l e s ( Mer intérieure des). Nous -nommerons
ainfi le grand baflin à l’entrée duquel les
Antilles ou lies du Vent forment une ligne fort
remarquable, & à côté defquelles, & le long du
bord méridional de cette mer intérieure, eft une
fèmblàble chaîne connue par la dénomination d'Iles
fous le Vent, & dans le nord, aufli fous le vent, fe
voient les grandes îles de Cuba, de la Jamaïque,
ûë Saint-Domingue & de P orto-Rico, avec un groupe
dîles d’ une très-petite étendue, qu’on nomme les
Vierges.
La diftribution des îles fur ces différentes lignes
annonce les différens progrès de l’approfondifle-
ment de ce baflin, à quoi la conftitution primitive
des différentes parties de la terre ferme , dont
il a pris la place, doit avoir contribué.
Cette mer intérieure renferme trois fortes de
golles d’une étendue confidérable , celui du Mexique
dznsl e nord-oueft , dans le fud-eft le golfe de
Honduras, & dans le fud-eft de ce dernier celui ;
de Terre-Ferme.
; Comme j’ ai étudié la mer des Antilles, que j’en
ai connu tous les détails, tant en fuperficie qu’en
profondeur, en examinant fes côtes ou baflins , *•
tant .ceux figurés par Dan ville que ceux déterminés
par le dépouillement des fondes , je décrirai,
d’après ces confidérations, ies divers golfes ;
que je viens d’y diftinguer.
Le golfe du Mexique eft celui qui a le plus :
grand enfoncement en fuperficie & en profondeur
: outre cela, fon baflin, & furtout les bords
de 1 Yucatan, font remplis de plufieurs pointes dè
-montagnes foufmarines ; ce qui prouve que cette .
terre a perdu depuis peu de tems, & perd encore
a&ueliement fur fes deux rivages j & d’ailleurs,
les terres de plufieurs île s , tant du côté de la
Baie de Campêche , qu’aux envirops de la Baie de
iAfcenfion & du golfe de Higueras, prouvent cet
ancien & continuel travail des eaux.
Le baflin de ce même golfe eft fermé à l’eft par
une efpèce d’arête ou de barre fous l’eau , qui fe
prolonge de la côte de la Louifiane jufqu’à celle
de l’Yucatan. Malgré ce la , & quoique ce golfe
occupe, comme je l’ai déjà d it, la partie la plus
enfoncée de la mer des Antilles, il n’en a pas moins
un débouché particulier & bien apparent vers
l’Océan atlantique, le long des côtes de la Louifiane
& de la Floride, lequel fe termine au canal
de Bahama, qui eft également approfondi. Ce qui
! prouve cette marche des eaux du g o lfe , ce font
les courans qui fe remarquent dans une ligne fui-
v ie , jufqu’ à ce qu’ ils foient parvenus aux îles de
Bahama, & l’état de ces îles hachées & coupéei
par les débouquemens très-fenfibles que fuivent
‘ nos navigateurs.
Le baflin du golfe de Honduras eft aufli fort
profond : c’eft le long de fes bords que j’indiquerai
de nouveau les baies, les golfes & le's îles qui
bordent la terre de l’Yucatan j à quoi il faut ajouter
trois îles diftribuées le long de la côte de Honduras
, lefquelles font Utila , Ruatan & Guanaja,
Outre cela, c’eft au fond du golfe de Honduras
que fe trouve le golfe Dulcé, qui paroît abreuvé
& devoir fon approfondiflement par les rivières de
Coban, de Saint- Chrifiovaf de Rabinal & d’Acafa-
Baftian, & d'ailleurs toutes les autres inégalités
de la côte méridionale de ce grand golfe font dues
en partie à l ’aétion des eaux courantes de l’intérieur
des terres.
Le débouché du golfe de Honduras, à en juger
par la forme du fond que donnent les fondes ,
paroît avoir une direélion fuivie & marquée entr.e
Cuba & la Jamaïque, &■ entre Cuba & Saint-
Domingue j ce qui peut réunir les eaux de fon trop
plein au courant général du Mexique.
Le troifième golfe, celui de Terre-Termet mérite
la plus grande attention. On remarque d’abord ,
dans la partie occidentale de ce golfe, trois.fuites
d’ïles, dont la première gît dans le voifinage de
la c ô te , & les deux autres font difperfées en pleine
mer. Que le commerce en ait fait ufage ou non ,
notre obfervation n’en établira pas moins le travail
'des eaux qui ont contribué à l ’approfondifîe-
ment dè ce golfe, & dont ces îles font les reftes.
Au milieu des rivages méridionaux qui ont attiré
notre attention, on diftingué le golfe de Darient
vifiblement abreuvé & approfondi par les eaux
courantes de l’intérieur des terres : il peut être
çonfidéré comme la limite du troifième golfe qui
nous a occupé.
Mais maintenant je dois confidérer la côte
comprife entre le golfe de Darien & celui de
Pdria3 comme très-tourmentée, d’abord par l'action
des eaux courantes, au milieu defquelles on