f f fn
de manière à rendre cet intéreflant fpedtacle également
agréable & inftruCtif.
Je reviens au faubourg de Lhoumeau, établi
fur les bords de la Charente, après lequel on fuit
l ’efcarpement du plateau d’Arigoulême , & enfuite
on traverfe le vallon de la rivière latérale de l’ An-
guienne. C ’eft là qu'on voit les amas des débris de
tous les coquillages inconnus, 8c qui font particuliers
à Y An goumois 8c aux environs d’Angou-
1-ême : ces coquillages pétrifiés font abondans à
chaque côté du vallon du pont des Tables. Ce n'eft
que dans les parties fupérieures des croupes, que
font les débris des coquillages de Y Angaumois, 8c
ce n’eft guère que dans les parties inférieures qu'on
trouve des cornes d’ammon. Les coteaux arides
?ue l'on apperçoit enfuite à gauche de la route,
ourniffent de la pierre de taille calcaire & coquil-
îiè re, & outre cela des meules de moulin.
On voit enfuite, à l'entrée de la forêt de Chardin
, quelques carrières de mauvaifes pierres de
taille. Les abords du village de Petignac offrent un
changement total dans le fol. Les pierres, quoique
calcaires, n'ont plus le même grain j ce que
j'ai toujours attribué aux productions marines ;
car on y trouve une grande quantité d’ourfins, de
crêtes de c o q , d’huîtres, de peignes, de poulettes
ou anomies, de boucardes. Les coquilles y
font très-diftinCtes, les unes filiftées en totalité,
les autres dans quelques parties feulement. Ces
amas de coquilles font les mêmes que ceux de Bar-
belîeux. On peut y ajouter auffi ces huitres-Barbe-
fteux, qu'on trouve Abondamment dans les tufs
qui entourent cette petite ville. Je joins ici un
Mémoire fur ces foAiles-
M émoire fur plufieurs efpeces de fojfiles. inconnus.
Les foffiles dont j’ ai fait une nombreufe collection
en 1764, 1769 & 17 7 1 , dans les provinces de
Saintonge, d'Ângoumois & de Périgord, compo-
fent une famille entière de coquillages, dont les
analogues marins ne font pas plus connus Que les
foffiles eux-mêmes.Ces deux motifs m’ont engagé
à faire une étude fuivie de leur organisation , &:,
malgré la difficulté de les obtenir bien entiers &
totalement dégagés de la fubftance pierreufe qui
les enveloppe, je fuis parvenu à faifir & à réunir
des caraClères diftinCtifs fuffifans ^ foit pour les
claffer entr’ eux, foit pour les rapporter à quelque
claffé de coquillages déjà connus.
Le réfultat de ce.travail m'a donné une fuite de
coquilles foffiles nouvelles, dont la première ef-
pèce fe rapproche des huîtres par quelques-uns de
les caractères, pendant qu'eue s'en éloigne par
les autres. J’e vais donner la defcription de cette
efpèce, en m’ attachant à des caractères (impies &
qui ne peuvent varier, puifqu’ ils font dépendans
de l 'organifation de ces coquilles.
Ces coquilles, qüe je nomme ofiracites-Barbefieux
(petite ville du département de.la.Charente2> du
nom de l’endroit où elles fe trouvent le plus abondamment,
font bivalves i la valve principale 8c
inférieure eft creufe, en forqe de coupe on de
conoïde renverfé : à la bafe du cône, où eft l'ouverture
de la valve inférieure, eft adaptée la valve
fupérieure, que je coniidère comme le couvercle
de la coquille. On trouve quelquefois cette valve
aplatie, mais ce n’eft que la fuite des accidens
qu’elle a efiuyés dans le baffin de la mer. En réu-
nilîanrtout ce que j’ ai pu recueillir relativement
à fa forme naturelle, il paroît que cette valve a
environ le tiers de la profondeur de la valve inférieure.
Ces deux valves (figure A ) font compofées de
lames, dont les extrémités fe diftinguent facilement
à leur face intérieure , parce qu’elles font
aflemblées en recouvrement les unes fur les autres
: ces lames fe prolongent auffi au dehors,
comme dans les huîtres feuilletées, par des feuil-^
Ifits plus ou moins alongés, dont la face fupérieure
eft cannelée fenfiblement.
La difpofition générale, les inflexions & le prolongement
de ces feuillets à l ’extérieur de la valve
principale, paroiffent ;dépendans de Ton point d’appui
ou de l’affiette qu’ elle prend en fe groupant
avec les autres. On ne voit aucun de ces feuillets
dans l’ étendue du point d'appui ; ils ne fe développent
que fur les parties extérieures où ils ont
pu le faire librement, & partout où la coquille n’ a
point d’adhérence avec d’autres corps marins.
En étudiant plus en détail l’arrangement des
différentes lames qui entrent dans la compofitîon
de ces deux valves, on trouve d'abord qüe la partie
des lames qui eft en recouvrement, & qui garnit
la face intérieure de la valve principale ou inférieure,
eft beaucoup plus large vers la pointe
du cône, que vers le milieu de la profondeur, &
plus large encore vers le milieu qu’ à l ’ouverture
de la valve. Ain fi, les trois ou quatre premières
lames ont environ chacune cinq à fix lignes de largeur
à la pointe de la cavité de la valve, puis
celles qui fuivent fe recouvrent ftrcceffivement
avec un rebord moins large de la moitié à peu
près î &vfi la valve a une certaine profondeur, ou
qu’elle ait pris fon dernier accroiffement, les lames
ne présentent plus qu’une très-petite largeur
à mefure qu’on s'approche de l’ouverture, chaque
addition nouvelle n’ayant guère pour lors que l’é-
paiffeur des lames : on en diftingue quatre à. cinq
dans la largeur d’ une ligne.
En fuivant les lames dans leur longueur, il eftaifé
■ de remarquer que l'organisation de l’ intérieur de la
coquille dépend absolument de la difpofition totale
des lames. Si les lames font très-inclinées à l’axe de
la valve-, la partie qui en garnit l’ intérieur doit y
occuper une largeur plus confidérable, & c ’eft ce
qu’on obferve conftamment vers la pointe conique
de la valve dont il eft ici queftionj. mais vers le-
milieu, les lames étant moins inclinées, & préfenr
tant leur e x t r ém ité moins obliquement, le recour
Vrement qui en réfulte, eft moins large ; enfin, vers :
l ’ouverture de la v alve, comme ces lames font I
prefque perpendiculaires à l’ axe, elles ne doivent 1
préfenter que leur fimple épaiffeur. J’ai remarqué
ces différentes pofitions des lames fur le bord de
l’ouverture de la valve dans les différens âges de ;
'la coquille. Si la valve eft peu profonde, la lame
qui garnit le rebord de l’ouverture eft tres-incli- |
née, & le recouvrement qu’elle forme dans l’intérieur
eft fort large, parce qu’il a fallu une très-
petite inflexion pour produire ce recouvrement >
mais fi la coquille eft profonde, les lames qui garnirent
la bordure de l’ouverture font très-plates :
le recouvrement intérieur, qui n’eft que l’ extrémité
de la lame, ainfi que les feuillets qui s’étendent
au dehors, ne forment proprement qu’une
feule & même ligne.
Si nous paffons maintenant à la defcription de
la valve (figures B 6? C ) fupérieure ou du couvercle
, nous y trouverons à peu près le même
fyftème d’organifation.
Le couvercle eft compofé, comme le corps de
la valve inférieure, de lames affemblées autour
d’un point qui n’eft pas le centre de fa figure totale.
Les premières lames, qui font la bafé de tout
le travail du couvercle, occupent ce point : c ’eft
le point où le couvercle a le plus de profondeur j
& comme, fur la fuperficie intérieure du couverc
le , il y a un égal nombre.de lames diftribuées
autour de ce point, elles font beaucoup plus larges
dans certaine partie'de leur contour, que dans
l’autre. j
Les lames fucceffives du couvercle garniüent
par leurs extrémités fa face intérieure, précifé-
ment de la même manière que pour la compofitîon
• de la valve principale , que j’ai décrite. Ainfi ,
celles qui font placées vers le point le plus profond,
font très-obliques à l’axe de la coquille ;
elles font auflî fort larges ; enfuite le recouvrement
a moins de largeur à mefure que l’obliquité
diminué, & que les lames s’éloignent de ce point.
Enfin, vers les bords du couvercle, ce recouvrement
fe réduit prefqu’ à l’épaiffeur des lames, qui
font alors perpendiculaires à l ’axe de la coquille.
Comme, à chaque degré d’accroiffement de la
coquiile, les lames du bord du couvercle dévoient
s’ajufter fur les lames de l’ouverture de la valve
inférieure, parce que, dans tous les cas, la coquille
rie pourroit être fermée fans cela , on voit
aifément que la nature a dû fuivre le. même fyftème
.pour l’arrangement des lames de l’une &c l’autre
valve : on voit auffi queTaccroiffement du couvercle
a dû commencer par le point le plus profond,
& que l’addition de la fécondé lame s’eft faire fur
la première lame; qu’ enfuite chaque nouvelle lame
a recouvert, toujours par-deffous, une largeur
plus ou moins grande, fuivant fon obliquité & fon
éloignement du point le plus profond. D’ un autre
côté, il eft réfulté de là que les feuillets des lames
fe font développés d’autant plus, fur la face extérieure
du couvercle, que les lames dont ite étoient
les appendices, etoient moins obliques a l’axe, 8c
qu’elles approchoient plus d’être perpendiculaires
à cet axe. #
Il faut cependant obferver ici que, comme le
point le plus profond du couvercle qui fert de
centre à l'affemblage des lames n’eft pas le centre
de la figure, chaque lame, dans tout le contour
qu’elle embraffe, a dû éprouver une inclinaison 8c
un développement différens, fuivant qu’elle par-
couroit la partie large ou la partie étroite. Ainfi ,
dans la partie la plus évafée, les lames fe font arrondies
davantage, ont été moins inclinées, &
ont formé un recouvrement plus large, au lieu
eue , dans la partie la plus étroite , les additions
des lames ont été plus ferrées, parce que les lames
fe font placées les unes fur les autres prefque fans
déborder.
C ’eft au milieu de h partie la plus étroite que
fe trouve l’ inflexion des lames, précifément d tr
même côté que celle de la valve inférieure, inflexion
que j’ai nommée arête a charnière. Par cette
correspondance des deux arêtes de là valve infé*
rieure 8c du couvercle , elles s’annoncent comme
les veftiges de l’attache du couvercle avec la valve
inférieure, k-fquds veftiges fe font formés toujours
fur la même , à mefure que la coquille à pris
de l’accroiffement. Ce caractère particulier, egalement
remarquable fur les deux valves de la co quille
que je décris, n’a été obfervé fur aucune
efpèce de coquille connue.
J’ai déjà remarqué ci-deffus que la valve inférieure
portoit les marques'd'un point d’appui qui
avoit fervi à la fixer dans une fituation invariable.
Je dois obferver outre cela que cette fituation
; naturelle eft te lle , que cette coquille fe trouve
couchée fur un de Ses côtés, la pointe'du cône en
’ bas, 8c l’ouyerture de la valve dans la partie fupérieure
du plan incliné : ce côté eft toujours le
même, & c’ eft auffi celui le long duquel règne
intérieurement l’arête. Au moyen de toutes ces
circonftances > l’arête du couvercle étant placée
du même côté que l’ arête de la valve inférieure ,
8c le talon du couvercle tenant à l’arête, il s’enfuit.
que le couvercle s’eft trouvé toujours placé
d’ une manière favorable pour s’ ouvrir & fe fermer
fans obftacle pendant tout le tems que la coquille
a eu une affiette fixe 8c a été groupée avec
d’autres. Par tous ces détails on peut voir quel eft
le plan que la nature a Suivi dans l 'organifation de
cette coquille, quelle eft la fuite & quels font les
progrès dé ce travail , d’après îefqueison peut en
tirer les caractères qui peuvent fervir à la diftin-
.guer des coquilles connues 8c décrites. Je me fuis
étendu dans la defcription que j ’en ai donnée,
non - feulement pour offrir ces caractères d’une
manière claire & précife, mais encore pour jeter
du jour fur les coquilles d’une forme encore plus
Singulière, que j’en rapprocherai dans la fuite de.
ce Mémoire *