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articles des différentes rivières principales, les limites
des hautes montagnes de l’ancienne 8c delà
moyenne terre, puis celles des collines des diffé-
rens ordres, & furtout des plus baffes, voifines
des bords- de la mer, au milieu delquelles nous
verrons circuler les rivières côtières : au moyen
de ces détails on pourra facilement faifïr un en-
ienible, dont les divers afpeéts fe trouvent expo-
fés dans cet article. Voyt^ Loire, Allier,
Seine, Aube, C reuse, Vienne, Gartampe,
C her, Arno , fleuve de Tofcane. En attendant,
je vais terminer ceci par cette réflexion.
Lorfqu’ on fuit ainfi fur le terrain les ruiffeaux
8c les rivières, & qu’ on remarque que chaque-lit,
chaque canal eft difpofé comme la quantité d’eau
qu’il verfe l’a exigé 8c continue à l’exiger, il ei:
vifible que toutes les configurations & ces petites
fubdivinons de vallons font une fuite du travail
des eaux courantes fur la partie lèche du.globe.
On ne doute plus que ces grands vallons, ces vallées
immenfes ne foient dus à l’eau qui les traverfe
en différens fens, & en quantité plus ou moins
grande. On doit donc trouver très-abfurde l’hypo-
thèfe qui attribue leur formation 8c leur diftribü-
tion aux courans de la mer, qui n’ont pu, étant
en grande maffe, creufer une iffue, un paffage
plus ou moins étroit, plus ou moins profond,
luivant la quantité des eaux qui y circulent, ni
parcourir un trajet plus ou moins étendu, comme
nous l’obfervons partout. Il eft donc évident que
toutes les excavations des vallons, étant afforties
à la force & à la ■ maffe' des eaux courantes, ont
été approfondies par elles & pour elles.
AFFLUENT ES {eaux doubles).
Il y a des contrées'fort étendues, tant dans le
centre de la France, que dans l’Afie feptentrio-
nale, où l’on trouve des rivières principales qui
reçoivent un très-grand nombre de ruiffeaux &
de rivières affluentes qui s’ y réuniffent des deux
côtés fous des angles droits ou aigus. En France,
ce font fur tout les contrées de l’ancienne terre
du Limoufin & de l’Auvergne,'où l’ on voit autant
de ruiffeaux que de petits vàllqns qui ftllonnent
les croupes oppofées des vallées. Je crois devoir
faire remarquer ces affemblages à’ affluentes comme
un des caratières de l’ancienne,terre. J’ajoute ici
que les vallons au fond defquels circulent ces
eaux, fe trouvent creufés conftamment dans un
fond de granit, à la fuperficie duquel l’eau tranf-
fude par une marche bien différente de la circula-
-tion fou terrain© qui fe termine par desfources plus
ou moins abondantes dans la moyenne & la nouvelle
terre. Voye% ces affemblages d’ eaux affluentes
doubles, figurés dans les 'cartes de l’Atlas,
d’après les planches de Limoges 8c de Mauriac. On
pourra juger, par l’ouverture des angles fui vaut
lefquels les affluentes fe réuniffent aux troncs desrivières
principales, de la difpofition des deux
croupes fur lesquelles coulent les deux fyftènaes
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de ruiffeaux affluens. On y remarquera furtout
aufïi que les ruiffeaux les plus courts font c e u x
qui ont le cours le plus rapide.
Si nous paffons en Afie, nous y trouverons de s
fleuves & des rivières qui offrent, dans leurs baf-
fins, un grand nombre d’eaux affluentes doubles,
particuliérement dans la Sibérie, dans la Tartane
ruffe & chinoife.
Je puis citer ici Y Obi 8c le Jenijfeay tant dans
les parties qui avoifitient leurs fources, que dans
le milieu de leurs cours ; puis la Lena avec l‘Al-
dan> le Witim 8c l’ Olekma, trois de fes premiers
embranchemens} la Lana, YOlenek, la Kowina
avec la Bolfzaia, rivières latérales , 8c YAnadyr;
enfin, le fleuve Noir dans la partie de fon cours
qui avôifine fon embouchure, 8c dans celles qui
font aux environs des fources de YAmur. Je finis
par indiquer le petit bàffm de l’ Uda, qui fé jette
dans la mer de Kamfchatka.
Il me refte à parler aufïi des affluences nom*
breufes qui affeélent un feul côté de certaines
rivières principales. Les principales circonftances
que j’ indiquerai aufïi dans l’Atlas, fe réduiront à
certaines contrées fablonneufes & arides, qui-occupent
les côtés des rivières, qui ne reçoivent aucune
eau courante, Sr à des chaînes de montagnes
qui côtoient l’autre partie oppofée du baffin, 8c
qui en verfent beaucoup de plufieurs points de
leurs croupes. Voye£ la troifieme partie de la carte
d’Afie de Danville, 8c la deuxième de l’Amérique
méridionale.
AFRIQUE , Tune des quatre parties de notre
globe, la plus grande après l’Afîe & l’Amérique :
elle a la forme d’une pyramide, dont la bafe fait
face à la Méditerranée & à l’Europe, & dont le
fommet avance dans l’Océan méridional. Ce continent
ne tient aux deux autres, l’Europe & l’ Afie,
que par l’ ifthme de Suez, qui le joint immédiate-
! ment à l’Afîe. Il forme d’ ailleurs une péninfùle
| environnée & bornée de toutes parts par les mers ;
j au nord, par la Méditerranée} à l’occidenty par
la mer Atlantique} au midi, par l’Océan méridional,
8c à l’orient, par la mer des Indes: <& la
Mer-Rouge. Son étendue n’eft pas la même par-
! tout. Il a, depuis Tanger jufqu’à Suez, environ
I huit cents lieues} depuis le Cap-Verd jufqu’au
Cap-Guardafui, fur la côte d’Ajan , quatorze cent
vingt lieues, 8c depuis le Cap de Bonne-Efpé-
rance jufqu’à Bone, quatorze cent cinquante.
L’Afrique a été connue fans contredit des anciens,
mais rien de ce qu’ils y ont fait ne nous
intéreffant, nous fupprimons ces détails. Le tour
ou le périple de l’Afrique n’a jamais été fait avant
Vafco de Gama, portugais, qui, en 1497,' doubla
le Cap de Bonne-Efpérance, ouvrit par ce moyen
une nouvelle route au commerce clés Indes, 8c
anéantie celui qui fe faifoit par Venife 8c Alexandrie.
Cependant cette grande région n’eft encore
guère connue que fur les côtes, & il feroit afïpz
difficile
difficile de déterminer pofitivement quelles font
les parties de l’Afrique moderne qui répondent
aux divîfions Sc aux dénominations des anciens.
L’Egypte étoit le pays de l’Afrique le mieux
connu, 8c celui fur lequel il y avoit moins d’ équivoque.
Nous renvoyons ce que nous avons à en
dire à l'article Egypte.
Les deux plus grands fleuves de l’Afrique font
le Nil & le Niger, & les rivières les .plus confi-
dérables font le Sénégal, le Zaïre, la rivière de
Gambie, celle de Coanza fur la côte Qccidenrale,
8c celles du Saint-Efprit 8c de Zambèze fur la
cote orientale. Par rapport à fon hydrographie,
nous renverrons à l’ article Abforbant, où nous
nou$ fommes plus particuliérement occupés des
eaux qui fe perdent dans cette partie du Monde.
Ses montagnes les plus confidérables 8c les plus
célèbres font le mont Atlas 8c les montagnes de
la Lune. La première chaîne, fort élevée, s’étend
d’occident en orient, depuis l’Océan atlantique
jufqu’ à une certaine diftance de l’Egypte, fervant
de limites à la Barbarie, à foixante 8c quatre-vingts
lieues de la mer Méditerranée. Sa cime eft toujours
couverte de neige. Les montagnes dè la Lune
environnent le Monomotapa, 8c fe prolongent
affez loin au midi : elles font auflï couvertes de
neige, quoique fituées dans la zone torride.
Dans la Guinée on voit celles de Sierra-Leona.
La pointe méridionale de l’Afrique eft aufïi
couverte de longues chaînes de montagnes fort
élevées, dont les plus remarquables font celles de
Lupata ou de Y Epine du Monde, 8c enfuite celles
qui ceignent le Cap de Bonne-Efpérance, nommées
la montagne de la Table, celles du Diable 8c
du Lion, fur les fommets defquelles il fe forme de
fréquens orages.
Quant aux îles de l’Afrique fur les côtes de la
Méditerranée, on en compte quatre : Pantalarée ,
Lampadofa, Linofa & Zerbe.
Dans l’Océan atlantique on trouve Tercère 8c
les Açores, qui font partie de l’Afrique, 8c non
de l’Amérique, comme l’ont prétendu certains
géographes, enfuite les Canaries 8c les jiles du
Cap-Verd} celles de la Guinée, qui font l’île de
Ferdinand-Po} l’île du Prince, de Saint-Thomas
& de Saint-Mathieu} enfin, à une certaine diftance
dans l’Océan atlantique méridional, les îles
de l’Afcenfîon 8c de Sainte-Hélène. Voye% lçs
articles de ces îles. Dans la mer des Indes, vis-à-vis
la côte orientale de l’Afrique, on rencontre Ma-
dagafear, l’Ile-de-France, celle de la Réunion, 8cç.
dont nous parlerons par la fuite.
Quoique l’Afrique foit en grande partie fous la
zone torride, 8c qu’en général le climat y foit partout
fort chaud, la température cependant y eft
telle,qu e, du tropique du cancer à celui du capricorne,
l’intérieur du pays 8c les côtes, furtout
ne laiffent pas d’être affez peuplés. On peut en
conclure de là que cette chaleur excefliye n’eft
pas contraire aux indigènes} qu’elle peut l’être
Géographie-P kyflque, Tome II*
tout au plus pour hs étrangers fatigués d’un long
voyage, 8c dont la fanté fe trouve altérée par
plufieurs caufes.
Le fol de Y Afrique n’ eft pas également bon partout
: i l y a des contrées extrêmement fertiles en
blés, en fruits excellens > en plantes très-utiles,
en vins délicieux, 8c en pâturages où l’on entretient
des animaux dont la chair eft d’un goût exquis.
II y en a d’autres qui ne font que de vàftes
déferts entièrement arides, dont les fables brûlans
défolent l ’avide voyageur à qui la fo if de l’or fait
affronter ces dangers.
Cette partie du Monde nourrit les mêmes animaux
que l’Europe, 8c beaucoup d’autres que-
l’on n’y voit point : tels font les éléphans, les
lions, les tigres, les léopards, les onces, les panthères,
les rhinocéros, les chameaux, les girafes,
les zèbres, les gazelles de différentes efpèces,
des finges,des autruches, des ânes fauvages, descrocodiles,
8c quantité de ferpens, dont quelques-
uns font d’une grandeur extraordinaire. La Barbarie
produit des chevaux excellens, dont nous
eftimons la race au deffus de toutes les races
connues.
L’Afrique eft remplie de mines d’or. C ’eft fur*
tout du Sénégal, du royaume de Galam 8c de la
côte de Guinée, appelée aufli côte d’Or, qu’ on en
tire la plus grande quantité. Les habitans ne font
pas obligés d’aller chercher-l’or dans les montagnes
8c de l’extraire des filons qui peuvent le
contenir : il leur fuffit de gratter la terre ou de
laver le fable des rivières, qui font remplis de
paillettes d’or. Il paroît que ces mines d’oî-one
été formées par les tortens 8c par les rivières
d’un fort long cours qui arrofent les contrées de
Bambouc 8c de Tambaoura, voifines de la rivière
de Gambie, 8c qui ont laiifé ces riches dépôts
dans leurs vallées fort larges 8c fort étendues.
La religion n’y eft pas-partout la même. Il y a
des Chrétiens en Egypte 8c| dans l’Abiflïnie. Le
mahométifme règne en plufieurs contrées} une
autre partie eft idolâtre. Ces peuples ne paroiffent
pas avoir des principes de morale bien raifonnési
On les accufé de i férocité, de cruauté, de perfidie,
de lâcheté 8c d’ indolence, 8c cette accufa-
tion paroît avoir quelque fondement. L’ignorance
profonde où la plupart font enfevelis, l’éducation
barbare 8cmilitaire qu’ils:ont prefque tous reçue,
ont fuffi pour étouffer chez eux les moindres idées
de droit naturel.
Les Européens n’ ont guère commencé le commerce
d‘Afrique que vers le milieu du quatorzième
fiècle : il ne fe fait prefque que fur les côtes,
il y en a peu depuis les royaumes de Maroc 8c de
Fez jufqu’aux environs du Cap-Verd. La plupart
des établiffemens font vers ce cap, & entre la rivière
de Sénégal 8c dé Sierra-Leona. Il n’y a que
les Anglois 8c les Portugais qui foiènt établis fur 11a côte de Sierra-Leona } mais les quatre nations
commerçantes peuvent y aborder. Les Anglois
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