
dam de cinq degrés environ, quoiqu’autrefois elle
y fût plus grande.
On voir par-là que la déclinaifon n’eft pas toujours
la même, mais qu’elle change par fucceflion
de tems. En 1580, on a trouvé qu’elle é toit,
à Londres , de onze degrés quinze minutes à l’eft;
mais en 1622 elle n'étoit que de fix degrés treize
minutesj 8c en 1654 de quatre degrés fix minutes.
En 1640, on l’obferva, à Paris, de trois
degrés aufii à l’eft, & en 1610 elle avoit été remarquée,
dans la même ville, de huit degrés. De
femblables variations ont été notées dans d’autres
lieux.
Avant qu’on eût découvert que la variation de
l’aiguide aimantée changeoit, ou étoit différente
dans le même lieu en différens tems, quelques
phyficiens avoient fuppofé que la difpofition générale
de l’aiguille vers le nord & vers le fud,
qui cependant n’étoit pas tournée exactement vers
ces points dans tous les endroits, ou plutôt qui
n’étoit telle qu’en bien peu de pays, étoit occa-
fionnée par des veines d’aimant placées dans une
pofition latérale à l’aiguille, &c. Mais cette opinion
fut bientôt détruite quand on eut découvert
que cette variation même n’étoit pas confiante ;
car fi la pofition de l’aiguille, foit directement
au nord & au fud, ou avec quelqu’éloignement
du méridien, que nous nommons déclinaifon, eût
été toujours la même dans un même lieu, on au-
roit été fondé à croire que cette pofition étoit
occafionriée par des rochers , ou de fer ou d’aimant,
placés dans les entrailles de la terre à une
certaine diftance de ces lieux. Mais dès qu’on
trouva que la déclinaifon varioit, il fallut chercher
quelqu’autre caufe de la pofition ou direction
différente de l’aiguille aimantée. Ainfi, pour pouvoir
aller en avant, je placerai ici, au lieu de principes
phyfiques, quelques obfervations authentiques
fur la variation de l'aimant, rangées par ordre
, avec le tems où elles ont été faites, afin de
prouver que, quelqu'irrégulière que paroiffe la
déclinaifon de l’aimant, on peut en quelque forte
la réduire à un mouvement régulier.
On reconnut donc :
En n 80, à Londres... xi d. 17 m. )
l622 ,
i 634.
6
4 1 >à l’eft.
1640, à Paris.......... b H)
1666} à Londres... O 34
1.670, 2 6 >à l’oueft.
1701, dansle canal . '7 Ü fe li)
Cette fuite d’obfervations fur 1la variation de la
direction de l’aiguille aimantée prouve ce que j’ai
déjà dit, que non-feulement fa déclinaifon varioit,
mais que ces changemens fe faifoient avec une
certaine régularité, puifqu’elle a été de plus de
onze degrés à Londres, vers l’efl, en 1580, &
qu’elle a diminué enfuite par degrés à fix, à quatre,
à trois, & enfip a trente-quatre minutes j & fans
doute il y a eu, entre 1640 8c 1666-, un, tems où
il n’y avoit point de déclinaifon à Londres, puif-
qu’en 1666 la déclinaifon s’eft trouvée à l’oueft,
& qu’elle a augmenté depuis affez confidérable-
ment. Il n’y avoit que le tems qui pût nous apprendre
jufqu’à quel point la déclinaifon fe devoit
porter vers l’oueft avant que de parvenir à fon
dernier période. Nous ne favons pas non plus
quelles etoient fes bornes à l’eft avant l’année
1580, ni en quel tems elle les avoit atteintes ; mais
ce qu’il y a de certain, c’eft que ces!mouvemens
fucceffifs nous conduifent naturellement à fuivre
avec la plus grande attention les détails que nous
offre la théorie du célèbre doCteur Halley, au
fujet des pôles de l’aimant, &c. C’eft pour mettre
nos leCteurs en état de faire cette étude, que
nous allons joindre ici les réfultats de toutes fès
obfervations.
Syfieme du doEttur Halley fur la marche des dédi-
naifons de Vaiguille, aimantée.
Le favant doCteur Halley ayant raffemblé les
obfervations les plus exaCtes qu’il put fe procurer
fur la déclinaifon de l’aiguille aimantée, 8c les
ayant examinées & comparées avec foin, en a tiré
les conclufions fuivantes :
Il a vu , id. que dans l’année 1683 la variation
étoit à l’oueft dans toute l’Europe, mais beaucoup
plus forte dans les contrées orientales que dans les
occidentales.
2°. Que fur la côte d’.êjnérique, vers la Virginie,
la Nouvelle-Angleterre & Terre-Neuve, la
déclinaifon s’obfervoit pareillement à l’oueft, 8c
qu’elle augmentoit toujours pour ceux qui voya-
geoient vers le nord, le long de la côte, jufqu’au
point qu’elle étoit de plus de vingt degrés à Terre-
Neuve , de près de trente au détroit d’Hudfon, &
de cinquante-fept dans la baie de Baffin ; mais elle
diminuoit pour ceux qui voyageoient à l’eft de
; cette côte, & il lui fembloit que ces deux fortes
d’obfervations prouvoient qu’il devoit n’y avoir
point de déclinaifon à l’eft quelque part entre
l’Europe & le nord de l’Amérique, & que l’on
pourroit cônje&urer que cela avoit lieu vers la
plus orientale des îles Tercères.
30. Que, fur la côte du Bréfil, il y avoit une
variation à l’eft, qui augmentoit confiaérablement
uand on alloit vers le fud ; jufque-là qu’elle étoit
e douze-degrés au Cap Frio, de vingt & demi
vis-à-vis la rivière de la Plata, & qu’en allant de
là au fud-oueft, au détroit de Magellan, elle diminuoit
jufqu’àdix-fept degrés, & qu’elle n’étoit
plus aue de quatorze degrés à l’embouchure occidentale
de ce détroit.
40. Qu’à l’eft du Bréfil proprement dit, cette
variation à l’eft diminuoit de manière qu’elle n’étoit
plus que fort peu de chofe aux îles de Sainte-
Hélène 8c de l’Afcenfion, & qu’elle difoaroiffoit
entièrement vers les dix-huit degrés à l’oueft du
Cap de Bonne-Efpérance, où l’aiguille étoit dirigée
au nord & an fud plein.
m
y®. Qtfà l’eft de ces lieux on commsnçoit à
découvrir une déclinaifon à l’oueft, qui conti-
nuoit dans tout l’Océan indien, & étoit de quatorze
degrés fous l’équateur vers le méridien de
la par Je feptentrionale de Madagascar. Près du
même méridien, à trente-neuf degrés de latitude
fud, la déclinaifon étoit de vingt-fept degrés 8c
demi. En allant de là à l’eft, on trouvoit que la
Variation à l’oueft diminuoit infenfiblement, de
forte qu’elle étoit à peine de deux degres au Cap
Comorin, de trois feulement fur la côte de Java,
& qu’il n’y en avoit prefque point du tout vers
les Moluques. La même chofe arrivoit prefqu’à
l'oueft de la terre de Van-Diemen.
6°. Qu’à l’eft des Moluques & de la terre de
V àn-D.iemen, fous la latitude fud, on trouvoit
une autre variation à l’eft, qui étoit moindre que
l’autre en degrés & en étendue j car elle étoit
fenfiblement plus petite à l’ile de Roterdam que
fur la côte .orientale de la Nouvelle-Guinée. Pour
obferver la proportion dans laquelle elle décroif-
foit, Halley foupçonnoit qu’elle celfoit à environ
vingt degrés plus loin à l’eft, oji à environ deux
cent vingt-cinq degrés de longitude à l’eft de Londres
, & à vingt degrés de latitude fud, où l’aiguille
commençoit à décliner à l’oueft.
70. Que les variations obfervées à Baldivia &
à l’entrée occidentale du détroit de Magellan,
faifoient voir que la variation à l’eft, développée
dans la troifième obfervation, décroifloit fort
vîte, & ne pouvoit pas railonnablement s’étendre
à beaucoup de degrés dans la mer du fud, depuis
la côte du Pérou & du Chili, 8c qu’elle faifoit
place à une petite variation à l’oueft dans cet ef-
pace du Monde inconnu qui eft entre le Chili 8c
la Nouvelle-Zélande, & entre l’île de Hound &
le Pérou.
8°. Qu’en allant au nord-oueft depuis ■ l’île de
Sainte-Hélène, par l’île de l’Afcenfion, jufqu’à
l’équateur, la variation à l’eft continuoit à être
fort petite, ou qu’elle étoit prefque toujours la
même ; de forte que, dans cette partie de l'Océan
atlantique, le trajet où il ne paroit pas de variation
, ne s’étendoit dans le plan d’aucun méridien,
mais plutôt vers le nord-oüeft.
90. Qu’à l’entrée du détroit d’Hudfon & à
l’embouchure de la rivière de la Plata, quoi<|u a
peu près fous le même méridien, l’aiguille varroit
dans l’un de vingt-neuf degrés,8c demi à l’oueft,
8c de vingt degrés à l’eft dans l’autre : d’où l’on !
voit l’impoflibilité d’expliqùer ces variations, en
fuppofant deux pôles magnétiques 8c un axe incliné
fur l’axe de la terre : d’où il s’enfuivroit que,
fous le même méridien, la variation devroit par-'
tout être la même.
Pour expliquer ces phénomènes, M. Halley
fuppofe avec beaucoup de fagacité, que le globe
de la terre eft un grand aimant qui a quatre pôles
magnétiques, deux du côté du nord, 8c deux au-
Géagraphie-Phyjique. Tome II«
très aux environs du pôle fud de la terre , 8c que
chacun de ces pôles gouverne l’aiguille de manière
que la vertu du pôle le plus proche 1 emporte lur
celle du pôle le plus éloigné.
Mais comme on exigeoit de ce favant bien des
chofes pour déterminer exa&ement ks lieux de
cës pôles, il les a indiqués ainfi par conjeaure; il
place le pôle magnétique du nord le plus proche
de nous auprès ou fous le méridien de la pointe
de l’Angleterre, & à environ fept degrés du pôle
du nord : ce pôle magnétique gouverne principalement
les variations qu’on remarque dans toute
l’Europe , dans la Tartarie 8c dans la mer du
nord. P H| ,
Quoique l’aiguille foit un peu afrectee par cet
autre pôle magnétique du nord, fitue dans un méridien
qui paffe par le milieu de la Californie, &•
à environ quinze degrés du pôle (èptentrional
du Monde, l’aiguille obéit à celui-ci dans toute
l’Amérique feptentrionale,& dans les deux Océans
des deux côtés, depuis les Açores à l’oueft, jufqu’au
Japon & au-delà.
Les deux pôles magnétiques du fud font un peu
plus écartés du pôle méridional du Monde*; 1 un
en eft à environ feize degres dans un méridien, a
vingt degrés à l’oueft du détroit de Magellan, ot\
à quatre-vingt-quinze degrés à l’oueft de Londres >
il commande à l’aiguille dans toute 1 Amérique
méridionale, dans la mer du fud, 8c dans la plus
grande partie de l’Océan ethiopique. b .
Le quatrième pôle eft celui qui paroit avoir le
plus de vertu 8c qui s’étend le plus loin; il eft
auflï le plus'éloigné du pôle du Monde, & à environ
dix degrés, dans un méridien qui pane par
la Nouvelle-Hollande, par Célèbes, à environ
cent vingt degrés du méridien de Londres. Ce
pôle domine au milieu de l’Afrique*, eu Arabie &
dans la Mer-Rouge ; en -Ferle , dans l’Inde & dans
fes îles, & dans tout l’Océan indien, depuis le Cap
de Bonne-Efpérance à l’eft ,.jufquau: milieu, de la
I grande mer du Sud, qui divife l’Aile de l’Amérique.
M , '
Il refte à taire voir que les confequences expo-*
fées ci-devant font déduites de.cette.hypothèfe.
. Pour mieux entendre ceci, il faut avoir.un globe
ou une carte où lés quatre :poles magnétiques
foient placés dans les fituations qu’on vient de
dire. \
Premièrement, il eft clair que notre pôle magnétique
fèptentrional d’Europe étant dans le méridien
qui paffe par la pointe de l’Angleterre, tous
les lieux qui font fitués pîus à l’eft, l’auront plus
à l'oueft de leurs méridiens, & que conféquem-
ment l’aiguille qui y pointe au nord , aura une variation
à l’oueft, qui augmentera toujours pour
ceux qui voyageront à l’eit jufqu’à quelque méridien
de Rullie.où elle fera parvenue à fonplus
haut point, & qu’enfui te elle doit commencer à
d croître. Ainft ia variation n’eft que d’un degré
trois quarts i Bteft, de quatre degrés à Londres »