
L'immenfe quantité d’ alun employée dans le
commerce fe fait de toutes pièces, ou fe retire
de certains fchiftes argileux qui en contiennent
fetilement les principes. Voye^ Alun.
7 . Sulfate de plomb.
L*acide fulfurique fe trouve combiné avec quatre
oxides métalliques, - & forme avec eux les fulfa-
tes de plomb , de cuivre, de fer 8c de zinc.
Lejulfate de plomb n’eft pas foluble dans l'acide
nitrique , 8c eft réductible à la fimple flamme
d'une bougie^
Cette fubftance, ordinairement limpide ou un
peu jaunâtre , 8c d’une confïftance peu confidé-
lable s fe trouve dans l’île d’Anglefey, où elle
occupe les cavités d ’une ochre ferrugineufe d’un
brun noirâtre ; elle eft fituée au deffus d’une mine
de cuivre pyriteux. Il y en a aufli près de Strôn-
tian en Ecaffe & dans les mines d’Andaloufîe.
8. Sulfate de cuivre.
Le fulfate de cuivre ( vulgairement vitriol bleu ,
vitriol de cuivre , vitriol de Chypre ou couperofe
bleue ) eft d’ une belle couleur bleue : il eft folub
le dans l’eau 5 fa faveur eft ftiptique.Lorfqu’on
trempe un morceau de fer poli dans une diffolu-
tion de ce fel , il fe couvre prompteirSit d’ un enduit
cuivreux.
. Cette fubftance eft prefque toujours en diffolu-
tion dans les eaux des ruiffeaux qui avoifinent les
mines de cuivre | & qui font connues fous le nom
d’eaux cementatoirefîTLIle fe trouve toute formée,
fuivant Soulavie, dans la vallée qui conduit à Lef-
crimet , après avoir paffé Veffaux, département
de l’Ardêche.
9. Sulfate de fer.
Le fulfate de fer (vitriol martial, vitriol vert ,
vitriol de fe r , fer vitriolé , couperofe verte ) eft
d’ une couleur verte-claire ou blanche. Sa faveur
eft aftringente. Une goutte de fa diflolution dans
l ’eau 3 mife fur l’écorce de chêne , y produit en
un inftant une tache noire. Les aftringens végétaux 3
^particuliérement la noix de galle * mêlés à fa
diflolution, en précipitent le fer fous une couleur
noire. C e précipité, tenu en fufpenlion par une
eau gommée , eft l’encre noire ordinaire.
Le fulfate de fer fe trouve partout où il y a des
pyrites ou fulfures de fer en état de décompofition.
L e foufre 3 paffant à l’état d’acide fulfurique, réagit
furie fer & forme le fulfate de fej: : il fe rencontre
par conféquent dans les tourbes 8c dans les fchiftes
pyriteux. Il y a une manufacture de ce fel à Saint-
Paul, près Beauvais rla tourbe dont on le retire,
fert enfuite au chauffage des baffins de raffinage. C e
fel eft d’un grand ufage dans la teinture pour la
ponfe^tion des couleurs noires.
10* Sulfate de %inc.
Le fulfate de %inc (vitriol blanc, vitriol de gof-
lar, couperofe blanche) eft foluble dans l ’eauj
expofé au feu , il répand des flocons blancs j fa
faveur eft ftiptique j il eft limpide dans l’état de
pureté, & difloluble dans l’eau.
Cette fubftance fe trouve attachée aux galeries
des mines de zinc fulfuré, à Goflar en Suiffe, à
Idria en Carinthie, à Schmnitz en Hongrie, 8cc.
&c.
§. i y .
ACIDE SULFUREUX.
C et acide , aïnfî que fa terminaifon en eux
l’indique , réfulte d'une combinaifon de foufre 8c
d’oxygène, dans laquelle l’ oxygène eft en un
moindre rapport avec le foufre que dans l’acide
fulfurique. L’acide fulfureux e ft, à l’état de gaz ,
difloluble dans l’eauj fon odeur, âcre 8c piquante,
eft celle du foufre qui brûle en bleu. Il a d’ailleurs
tous les caractères des autres acides > il détruit
entièrement quelques couleurs bleues végétales.
L’acide fulfureux exifte abondamment dans la
nature : on le trouve furtout aux environs des
volcans. Il fe dégage de quelques laves en fufion
des terrains foufrés 8c chauds. On ne connoït
point encore de fulfites naturels.
A l’état pur, il fe rencontre dans tous les volcans
allumés de l’Europe, 8c dans les terrains en-
vironnans. Le capitaine Cook l’ a reconnu très-
abondant dans l’ile de Tanna 8c dans le fol de fon
volcan.
Nous croyons convenable de donner ici la def-
cription du gîte de l ’acide fulfureux, & peut-être
de l’acide fulfurique à l’état folide dans les environs
de Saint-Philippe en Toscane (1).
Aux environs de Saint-Philippe, dans le territoire
de Sienne, on trouve une grotte creufée
au milieu d’une maffe d’inc.ruftation dépofée par
l’eau thermale des bains. Cette grotte contient
un acide vitriolique pur, naturellement concret
8i fans mélange d’aucunes fubftances étrangères
qui lui fuffent combinées. Nous allons décrire en
peu de mots cette grotte, fes environs, fes eaux
& les dépôts qu’elles ont formés.
A trente milles environ de Sienne, vers le midi,
s’élève une haute montagne appelée Monte Amiato3
8c plus communément encore montagne de Santa-
Fiora3 dont le fommet paroît une ancienne bouche
de volcan j ce que témoignent les laves, les
ponces & autres matières volcaniques que Mi-
cheli y a trouvés le premier. Sur la pente de cette
montagne, au levant, eft placée une autre petite
montagne appelée Zocplino, du flanc de laquelle
(1) Cette note eft tirée du Journal de phyfique.
fort
fort l’eau thermale des bains de Saint-Philippe.
L ’iffue actuelle de cette eau eft beaucoup plus
baffe qu’elle n’étoit autrefois j ce qui eft démontré
par la continuité des incruftations depuis la bouche
ancienne, 8c par celles qui s’amaffent tous
les jours à la nouvelle bouche, laquelle s’obftruant
bientôt aufli, forcera l'eau à fe faire plus bas une
autre ouverture. É k
C ’eft au milieu de cette maffe d’incruftation,
vers le nord, que fe trouve une vafte grotte dans
laquelle on entre par deux endroits, 8c qui pré- j
fente, aux yeux d’un naturalifte, un afpeét très-
agréable. Le fond de la grotte & fes parois , juf-
qu’ à la hauteur environ d’une braffe & demie,
font entièrement recouverts d’une belle croûte
jaune de foufre en petits criftaux , 8c tous les
corps étrangers tranfportés par le vent ou par
quelqu'autre caufe, dans le fond de cette caverne,
y font enduits d’une couche de foufre plus ou
moins épaifle, fuivant le tems qu’ ils y ont fé-
journé;
Au deffus de cette bande de foufre, le refte des
parois 8c la voûte de la grotte font tapiffés d’une
innombrable quantité de concrétions groupées,
qui reffemblent à des choux-fleurs, & qui font recouvertes
d'une efflorefcence dont on ne peut donner
l’idée qu’en les comparant a de petits poils d’une
blancheur éclatante. Ces fleurs, mifes fur la langue,
y laiffent l’impreflion d’une faveur acide, mais d’un
acide parfaitement femblable a celui qu’on retire
du vitriol par la diftillation, & n’ont rien de ce
goût auftère & aftringentdes vitriols & de l’alun..
Si on les obferve à la loupe ou même attentivement
fans aucun fecours étranger, on voit qu’elles
font compofées de fils très-déliés 8c de petits criftaux
falins rameux, tranfparens à plufieurs facettes
j, mais il n’eft pas poflible d’en déterminer
exactement la figure.
Le fond de la grotte exhale une vapeur chaude
cjui répand une forte odeur de foufre, 8c s’élève
à la même hauteur que la bande foufrée, c*eft-à-.
dire, à une braffe 8c demie : cette vapeur paroît
fous la'forme d’une fumée très-fubtile ou d’ un léger
brouillard : elle fuffoque les animaux qui fe
trouvent enveloppés dans cette atmofphère. On y
trouve beaucoup de mouches 8c de papillons morts.
La vapeur qui s’élève du fond de cette grotte, eft
fi forte 8c ii fuffocante, que les perfonnes qui ont
1 imprudence d’aller plonger leur tête dans cette at-
mofphère inüeCte,font obligées de la relever promptement
pour éviter la fuffocation. Cette vapeur
eft plus forte lorfquele vent du midi iouffle, que
par le vend du nord. Dans le voifinage de cette
grotte, il y en a plufieurs petites qui préfentent
les mêmes phénomènes ; mais ce qu’il y a dé plus
remarquable, c’eft une large fente ouverte au I
travers de cette maffe d’incruftations, un peu avant
la bouche de la grande grotte j cette fente a plus
de trente braffes de profondeur, & en regardant
par en haut on voit fes parois entièrement recou-
Géographie - Phyfique. Tome IL
vertes de foufre dans la partie baffe, 8c dans la haute
des efflorefcence* aufli blanches que celles dont
nous avons parlé.
Cet acide fulfureux détruit les couleurs qu’on
y porte avec fo i, tel que le papier, même la foie
cramoifie. L’argent y devient noir 8c nuancé de
taches jaunes.
§. V.
ACIDE NITRIQUE.
Cet acide réfulte de la combinaifon de huit
parties d’oxygène avec deux parties d’azote ; il eft
blanc, liquide, répand même, lorfqu’ileft étendu
d’une affez grande quantité d’eau, une vapeur
blanche d’ une odeur très-âcre, auftère 8c nau-
! féeufe.
L’acide nitrique, très - abondamment répandu
dans la nature, ne s’y rencontre jamais à l’état pur ,
mais toujours combiné avec plufieurs bafes ter-
reufes 8c alcalines', notamment avec la chaux &
la potaffe. Il conftitue , avec ces deux fubftances,
les nitrates de chaux & de potajfe.
1°. Nitrate de chaux.
Le nitrate de chaux eft un fel déliquefcent, fe liquéfiant
au feu , & détonant lentement à mefure
qu’il fe defîèchej il a une faveur amère, & il eft
foluble dans l’eau.
Cette fubftance fe forme journellement & e»
même temps que le nitre ou potaffe nitratée fur les
parois des murs 8c dans les caves, les étables, & c .
en grande quantité : on le retire de la leflïve des
vieux plâtres 8c même de quelques eauxjninérales.
2°. Nitrate de potajfe.
Le nitrate de potajfe ou nitre n’ eft pas deliquef-
cent 5 il détonne fur les charbons ardens : fa faveur
eft fraîche.
Il fe forme continuellement dans les caves, les
écuries, où il fe trouve en filamens, tapiflant les
vieux murs, 8c furtout ceux revêtus de plâtre.
Quant à la pofîtion géographique de ces deux
fels, on peut l’ indiquer en difant qu’ on les rencontre
partout où le trouvent des mafures , des
vieux murs, 8cc.
On fent d’ailleurs qu’on peut les rencontrer dans
tous les lieux, puifque, i ° . leurs bafes font des
fubftances très-répandues > 2°. que l’air atmofphé-
rique eft formé des mêmes principes que l ’acide
nitrique, à la vérité en proportion différente 5
mais il peut arriver que ces proportions changent,
qu’ il y ait abondance d’oxygène ou fouflraêlion
û’azote jufqu’ à ce que ce premier foitau fécond,
comme 8 eft à 2 , 8c alors voilà l’acide nitrique