
cela de remarquable, qu’ils font terminés par trois
fommets fort élevés chargés de glaciers, & dont
les revers méridionaux offrent l'enfemble des eaux
courantes qu’ on peut envifager comme la tête de
YAdda au dfêffus de Bormio. On y voit d’abord
monte Crijlallo , enfuite viennent monte Braglio ,
& enfin la chaîne glacée de YOJèn.
D’ un autre cô té , le baflin de la Taufers a de
même pour limites deux embranchemens qui fè
terminent à deux appendices du mont Brenner, un
„des plus forts glaciers du Tirol.
Au deffous de Glurens, l’Adige, jufqu’ à Méran,
reçoit à droite quatre ruiffeaux qui abreuvent
autant de baflins particuliers , dont le premier, le
troifième & le quatrième ont leur origine dans les
amas de glaces méridionaux du mont Brenner. A
gauche, l’Adige augmente fes eaux par la réunion
de deux ruiffeaux qui ont leur origine entre trois
appendices ou prolongement de monte Forno. A
Méran, l’Adige fe trouve grofli à droite par une
rivière confidérable, dont les embranchemens primitifs
s’étendent d’un c ô té , jufqu’aux glaces du
mont Brenner, & de l’autre jufqu’ à celles de
YHock- Grindle.
Au deffous de Méran, l ’Àdige ne reçoit à gauche
, jufqu’ à Michèle, que le ruiffeau de Velunthal,
ui prend naiffance au pied d’un des appendices
e monte Forno 3 & qui coule enfuite dans un
vallon fort long & fort étroit. Le relte de la vallée
de l’A d ig e , de ce c ô té , eft bordé par une longue
chaîne de montagnes qui la fépare du baflin du
No s, lequel offre la réun on de trois fyftèmes dé
ruiffeaux, dont deux font alimentés par les glaciers
de monte Forno & de monte Tornai.
Si nous remontons à Botxcn, nous trouverons
l ’Adige grofli confidérablement à fa droite par
l ’affluence de l’Eifach, formé lui-même de deux
grandes rivières, l ’une qui fe prolonge au nord
dans une vallée affez étroite ; l’autre, qui eft proprement
l’Eifach, fe termine, après un cours affez
étendu, par deux grands embranchemens, dont
le premier, qui paffe à* Prunecken, reçoit les eaux
de plufieurs baflins qui prennent leur naiffance au
glacier de Zemer, & l’autre, prolongé par Ster-
zing & au-delà, a fon origine dans deux baffins
qui fe terminent au glacier de l’HochrGrindle.
Au deffous de Michaèle, ou l’Adige reçoit la
rivière de Nos à gauche, ainfi que nous l’avons
d it, ce fleuve fe trouve grofli à droite par YAviJto-
Rivo y dont le cours eft fort alongé, & qui occupe
le fond d'uBe vallée affez étroite.
Je remarque que depuis Botzen , en defcend^nt
à Trente & àRoveredo,onobferve à droite, eant
de l’Adige que de l’Eifach, ainfi que des rivières
latérales, des ruiffeaux qui tombent tous à angles
droits ; ce qui annonce une diminution confidérable
dans la pente du terrain de cette contrée.
Après avoir franchi Roveredo, l’Adige eft renfermé
dans une vallée fort refferrée jufqu’à Buffo-
îengo, & ce n’eft qu'au deffous de cet endroit,
& aux environs de Vérone & de Legnago, qu’il
reçoit les rivières de douze vallées étroites & parallèles
entr’èlles, appartenantes aux Baffes-Alpes,
parmi lefquelles on doit diftinguer le val Polifella,
le val Pantana, le val Squaranto, les vallons dei
Lufli, ceux de Prantagna, de l’Alpon, de l’Aldego
& d’Agno. C ’ eft fur les bords de ces vallées que
j’ ai obfervé' les produits des feux fouterrains qui
font recouverts de dépôts fous-marins ; c’ eft dans
ce trajet que le lit de l’Adige, tournant à l’eft,
fe dirige vers le golfe, & qu’ il reçoit toutes
ces eaux fous un angle aigu. C ’eft à Caftel-Balda
& à Badia que ce fleuve fe divife en plufieurs canaux
, & paroît réunir les eaux vagues qui coulent
parallèlement à fon lit. Effectivement, les différentes
branthes de l’Adige, à mefure qu’ il s’approche
du golfe & qu’ il chemine dans une plaine
vafeufe, m’ont paru annoncer l ’ancienne étendue
de la mer Adriatique dans ces contrées, & une
pente infenfible d’un fol nouvellement formé.
Si l’on parcouroit de fuite toute l’enceinte du
golfe de Venife fur la même lifière, on trouveroit
la même marche des eaux courantes aux extrémités
des lits de tous les fl.uves : ces phénomène^
me paroiffent devoir s’étendre jufqu’ a la hauteur
de la ville d’Aquilée & même un peu au-delà.
J’ en parlerai plus en détail à l’ article Adriatique.
II. Adige. Hiftoire naturelle de fon baffin.
La route de Vérone à Infpruck paffe toujours
au travers d’une vallée profonde & étroite, revêtue
des deux côtés de hautes montagnes, & le
chemin fuit conftamment les bords de quelques
rivières & furtout de Y Adige. On ne quitte point
cette dernière rivière de Vérone àBolzano : quelquefois
la chauffée s’élève fur les croupes des montagnes
qui bordent la vallée. Le pays eft plat depuis
Vérone jufqu’ à la montagne de Chiufa3 qui paroît
le débouche généra! des matières roulees qu’on
trouve aux environs de Vérone, comme nous le
verrons par la fuite. -
Au-delà dé Volarni on voit des montagnes calcaires
blanches, enfuite des rouges, dans lefquelles
il y a des fragmens de cornes d’ammon v
c’eft là qu’on trouve le marbre rouge ordinaire du
Véronoisj enfin, des montagnes calcaires grifes,
au nombre defquelles eft le monte Baldo, au travers
& au bas defquelles Y Adige s’eft formé un lit
bien intéreffant; car on trouve le long de cette
rivière, fur la chauffée de Vérone à Neumark,
de grands amas de pierres foulées, telles q ue,
i° . du porphyre tacheté de blanc, pareil à celui
qu’on rencontre aufli en morceaux détachés entre
Bergame, Brefcia & Vérone 3 & qui forment dans
le Bergamafque des montagnes entières j 2°. du
porphyre noir avec des taches blanches oblon-
gues, femblable au ferpentino verde antico; 30. du
granit gris ou granitello } 40. entre San- Michaele
& NeumarkW y a beaucoup de morceaux détachés
d’un porphyre qui compofe les montagnes qui
fout au-delà de Neumark. Immédiatement après
cette ville, bn soit des montagnes de porphyre
qui occupent une étendue confidérable : elles font
formées de porphyre noir ayec des taches blan*
ches îen fécond lieu, de porphyre avec des taches
de fpath dur rougeâtre, en troifième lieu , de
porphyre rouge avec des taches blanches : il y en
a d’un rouge clair, d’un rouge foncé & de couleur
de foie : enfin, le porphyre rouge eft parfaitement
femblable à celui qu’on nomme farres dans
le Bergamafque, avec cette différence cependant
que, dans les morceaux détachés du farres, les
taches du fpath dur font devenues opaques &
couleur de lait par l’a&ion de l’air, tandis que
dans les montagnes de porphyre rouge ces taches
font en partie du fpath dur couleur de chair, &
en partie une efpèce de fchorl vitreux d’une forme
indéterminée. Ces hautes montagnes, qui renferment
du porphyre de différentes couleurs, s’éten^
dent jufqu’ à Brandfol. Je me fuis attaché furtout
à reconnoître le gîte de ces porphyres, parce que,
j’en avois trouvé de grands amas de cailloux roulés
entre Vérone, Brefcia & Bergame, & qu’il m’ira-
portoit de favoir d’où les eaux de la mer avoient
pu en tirer les fragmens primitifs avant de les rouler
& de ks dépofer fous cette forme dans le golfe i
de l’Adige & du Pô. Voye^ Alpes du T irol & I
Vallon-golfe du P ô .
Lesmaffes de porphyre des environs de Brandfol
paroiffent partout divifées en grandes & petites
colonnes, généralement quadrangulaires, a fommet
tronqué & uni ; les faces des colonnes contiguës
fontliffes ; leur figure enfin eft fi régulière, qu’on
ne peut la confidérer comme accidentelle.
J’ai toujours confidéré ces diverfes formes comme
lés effets de la déification. Les angles des fommets
tronqués font pour la plupart inclines,- d ou il
réfulte que le diamètre des colonnes eft communément
rhomboïdalj quelques-unes cependant
ont la forme de vrais parallelîpipèdes rectangles.
Il y a beaucoup de ces colonnes plantées fur la
chauffée : on fuit tous ces refultats finguliers de la
déification, de Neumarck à Brandfol, c eft-a-dire,
fur un trajet de deux à trois lieues.
Près de Brandfol on rencontre des montagnes
dé“ fçhifte, les unes argileufes micacées, & les
autres mêlées de quartz : on y voit aufli du fchifte
de corne compacte d’ une feule couleur foncée?
Viennent enluite des montagnes de quartz gris
mêlé de petits rayons de fchorl noir > après quoi
les différentes hauteurs qui accompagent la route
fpnt toutes formées, jufqu’ à Brixen, de fchifte
argileux micacé, ou bien de fchifte corne, de la
nature du gneijf.
Immédiatement après Brixen y on trouve des !
montagnes de granit gris, de la variété qu’ on
nomme granitello ; il eft compofé de quartz & de
mica taché & rayé par une petite quantité de
fpath dur. Après ce granit, il y a des fchiftes argileux
, du talcite corné micacé, & enfin du granit
gris à taches blanches farineufes de fpath dur :
ces roches fé fuccèdent alternativement jufqu a
Sterling. ■
Au-delà de Sterling on remarque un mélangé
de fubftance calcaire dans le fchifte corné , mélange
qui produit une pierre à chaux fchifteufe
très-duTe, & d’un gris bleuâtre} enfuité vient la
pierre à chaut pure, blanche, fd^fteufej après
quoi on trouve-encore du fçhiffe corné : ces roches
fe fuiyent fans ordre. Je reprends maintenant
tousles’objets que nous avons obfervés & décrits^
Dans la route de la Lombardie, en Allemagne/
par le Tirol & la belle vallée de l ’Adige, on tra-
verfe d’abord des montagnes calcaires, enfuite
des malfes fchifteufes, & enfin des chaînes dè
granit : ces dernières chaînes font les plus élevées}
enfuite on redefcend par des montagnes
fchifteufes, & enfuite par des calcaires.
Je puis faire remarquer à la fuite de ces obfer-*
varions, q.u'on rencontre le même ordré de fubf-
tances én traverfant les autres chaînes de montagnes
confidéfables qu’on trouve en Europe,
comme çela fe voit dans les monts Carpathes, les
montagnes cle la Saxe, du Hartz., de la Siléfie ,
des Pyrénées, de l’.Écoffe & de la Laponie. C ’eft
la même difpofition générale en Auvergne , autour
des monts d'Or} en Vélay, autour du Mézin 5 eu
Lorraine, dans les Vofges, en Limofin, tout autour
de la maffe immenfe du granit qui domine,
dans les départemens de la Haute-Vienne & de la
; Corrèze. On peut en tirer la jufte conféquence
1 que le granit forme les montagnes les plus élevées ,
& en même tems les malfifs les plus anciens & les
plus profonds que l’on a pu obferver en Europe :
de telle forte qu’un très-grand nombre des autre«
maffes montueufes font appuyées & repofent fur
le granit. Il s’enfuit aufli que le fchifte argileux,
foit pur, foit mêlé de quartz & de mica, foie
qu’il exifte fous forme de fchifte corné ou de
gneijf, a été établi fur le granit ou à c ô té } qu’en-
fin les montagnes calcaires &• les affemblages de
couches, ou inclinées, ou horizontales,de pierres
de fables, ont été placés & dépofés deffus les
fchiftes, ou même immédiatement fur les granits,
Voye^ à ce fujet les Notices de Rouelle & de
Lénmann, tom. Ie*. 5 enfin, les articles Ancienne,
Moyenne & Nouvelle terre, où la correfpondance
de ces différens maflifs fera difeutée d’une manière
particulière.
D’après lexpofirion fui vie & raifonné.e de I’hif- \
toire naturelle du baflin de l’Adige, on doit voir
de quelle impprtance il peut être de faire l ’examen
des baflins des rivières & des fleuves, fur les
principes de la géographie phyfique, & le peu de
lumière au contraire qui doit réfulter de la fimple
indication de ces baflins, furtout lorfquecette indication
n’eft pas guidée par leur topographie , ni
précédée par l’hydrographie de ces rivières décrites
fuiyant les vues que j’ai adoptées & fuivies
ci-deffus pour Y Adige.
III. A dige, II me refte à readre compte des