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s'il y en a dans les î ’es Canaries ni dans celle de
Madère. .
Cet oifeau s’eft fort multiplié à Saint-Domingue
& à rîîe de Juan-Fernandez ; il eft même devenu
fauvage dans ce dernier lieu.
Le dindon.
Le dindon ou coq-d'inde n'eft pas originaire des
Indes, ainfi que Ion nom femble l'indiquer. Tout
concourt à prouver que l'Amérique eft le pays
natal des dindons,; & , comme ces fortes d'oifeaux
font pefans, qu'ils n'ont pas le vol élevé, & qu'ils
ne nagent point, ils n'ont pu en aucune manière
traverfer l'efpate qui fépare les deux çontinens
pour aborder en Afrique, en Èurope ou en A fie 5
ils fe trouvent donc dans le cas des quadrupèdes,
qui, n’ayant pu, fans le fecours de l ’homme, paffer
d'un continent à l’autre, appartiennent exclufive-
ment à l'un des deux ; & cette confidération donne
une nouvelle force au témoignage de tant de
voyageurs, qui affurent n’avoir jamais vu de dindons
fauvages, foit en A fie , foit en-Afrique, &
n'y en avoir vu de domeftiques que ceux qui y
avoient été apportés d'ailleurs.
Une tradition populaire fixe dans le feizième
fiècle , fous François 1er, l’époque de leur apparition
en France. Les auteurs de la Zoologie britannique
avancent comme un fait notoire, qu'ils
ont été apportés en Angleterre fous le règne de
Henri V I I I , contemporain de François T*.
On trouve encore le dindon fauvage dans les
forêts de la Caroline du fud.
A climatés . (; pois sons ). !
La lifte -de ces poilfons nous paroît réduite à
trois e fp è c e s q u e nous trouvons indiquées ainfi
par la Cépède :
ce C ’eft avec beaucoup de précautions que, dès
»s le feizième fiècle, on a répandu, dans plufieurs
» contrées de l'Europe, des efpèces préciéufes de
99 poiflon dont on étoit privé. C ’eft. en employant
99 ces précautions, qu'il paroît que Mafchal a in-
99 troduit la carpe en Angleterre en. i j 145 que
=9 Pierre Oxe l'a donnée au Dannemarck en 1550;
99 qu’à une époque plus rapprochée on a natura-
» lifé Yacipensere flerlet en Suède , ainfi qu'en Po-
99 méranie , & qu'on a peuplé de cyprins dorés de
99 la Chine les eaux, non-feulement delà France,
99 mais encore d’Angleterre, de Hollande & d’Al-
99 lemagne.-99
AÇORES ( îles). Les Açores furent découvertes
pour la première fois , en 1439., par des
vaiffeaux flamands. Plufieurs familles des Pays-
Bas s’établirent à l’île de Payai,. & une des pa-
roififes porte encore- le nom de Flamingos.; c'eft
pour cela que quelques-uns des anciens géogra-.
phes les ont appelées îles flamandes. En 1447, les
Portugais découvrirent l’ île de Sainte-Marie, qui
eft la plus orientale de ce grouppe, enfuite Saint-
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Michel & Tercère. On reconnut fucceflîvement
les îles de Saint-Georges, de Graciofa, du Pic &
de Fayal, & on y fit des établiffemens. Enfin, on
découvrit les deux plus occidentales du grouppe >
& on les appela Flores & Corvo, à caufe de la
grande quantité de fleurs qu'il y avoit fur l'une ,
& de corneilles qui fe trouvoient fur l’autre.
On croit devoir offrir fous un même tableau la
defeription de toutes les îles qui compofent Te
grouppe des Afores. Le leèteur faifira mieux l’en-
fernble de toutes ces terres, que de les clafler fuir
vant la marche ordinaire des dictionnaires 5 mais
on trouvera.à chacun des noms quelles portent,
le renvoi au titre de cet article.
L'île de Fayal eft une des plus grandes du grouppe
j elle a neuf lieues de long de l'eft à l’oueft, 8c
environ quatre lieues de large. La baie ou la rade
de même nom g ît , à fon extrémité eft, devant la
ville de Horta & en face de l'extrémité occidentale
du Pico ; elle a deux milles de large, trois
quarts de mille de profondeur, & une forme demi-
circulaire. 11 y a de vingt à dix & fix brafles d'eau,
fond de fable, excepté près de la cô te , & en particulier
près du Cap fud-oueft, en travers duquel
le fond eft de roche j il l'eft également en dehdrs
de la ligne qui joint les deux pointes de la baie ,
de forte qu'il, n’eft pas fur de mouiller fort avant
au large. Malgré cela, ce n’eft point du tout une
mauvaife rade 5 mais les vents les plus à craindre
font ceux qui foufflent entre le fud-fud-oueft &
le fud-eft} le premier n’eft pas fi dangereux
que' Je dernier , parce qu’avec celui-là on peut
toujours mettre en mer. Outre cette rade, il y
a une petite anfe. autour, de la pointe fud-oueft ,
appelée Porto-Pierre, dans laquelle un ou deux
vaifleaux font en fureté. A une demi-lieue de la
rade, au fud-eft, fur une même ligne, entre cette
direction & la côte fud du Pic , on aifure qu’il y
a un rocher fubmergé, couvert de vingt-deux
pieds d’eau, & fur lequel la mer brife dans les
coups de vent qui viennent du fud.
La marée eft rorte entre Fayal & Pico. Le flot
porte au nord eft, & le jufant au fud-oueft. Au
large, la marée eft eft & oueft. La mer eft haute
dans les pleines & nouvelles lunes, à douze heures
, 8c l’eau s’élève de quatre ou cinq pieds.
La ville de Horta, chef-lieu de l’île de Fayal,
eft fituée au fond de la baie, près des bords de la
mer : fon aïpeét éft affez beau quand on l'examine
de la rade. Elle eft pavée de grandes pierres affez
propres, parce qu'on y marche peu. Les maifons
font conftruites exactement comme celles de Madère,
avec des balcons avancés, couvertes d’un
toit au fommet, & garnies de jaloufies.r
Les collines qui font derrière la v ille, font remplies
de belles maifons, de jardins, de bocages, &
de différées bâtimens qui annoncent une grande
population & donnent l'idée de l'abondance. On
aperçojt des champs bien cultivés & en bon état.
Le blé que fèment les infulaires eft furtout de l'ef-
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pèce barbue. Près des maifons on aperçoit des
champs de concombres, de gourdes , de melons
ordinaires | | de melons d'eau. Les vergers tour-
niffent des citrons, des oranges, & leurs fleurs
odoriférantes embaument 1 au de leur parfum délicieux.
On y voit aufli des prunes, des abricots,
des figues, des poires & des pommes : il y a peu
de choux, & les carotes dégénèrent & deviennent
blanches} ce qui oblige les habitans de faire venir
chaque année des graines d'Europe. Ils plantent une
grande quantité de patates qu'ils vendent à bon
marché, parce qu'ils ne les aiment pas. Les oignons
&r l’ail, dont les Portugais font grand cas, font abon-
dans fur cette île , ainfi que les frai Es & le folanum
lyçoperflcon, dont ils appellent le fruit tomatos.
Du haut de ces collines on jouit d’un charmant
coup-d'oeil : on voit à fes pieds la ville & la rade,
& devant foi l'île du Pic, éloignée de deux ou
trois lieues. On entend de toutes parts le chant
harmonieux des canaris & d'autres oifeaux. On
fe promène dans des bocages délicieux & parmi
des arbrifllaux de plufieurs efpèces. On y aperçoit
une grande quantité de myrtes au milieu des trembles,
des bouleaux ou des hêtres, qui, étant ap-
peléfaya [f'agus') qn langue portugaife, ont, a
ce qu'on d it, donné à l’île le nom de Fayal.
Près du village de Notre-Dame de la L u z, d autres
collines offrent un fite aufli varié qu agréable.
A quelque diftance un ruiffeau embellit le payfage
& vivifie les plantes.'On traverfe, pour aller examiner
fon cours, des collines & des bocages pit-
torefques : bientôt on découvre une belle plaine
de champs de blé & de pâturages, au mil.eu de
laquelle fe trouve le village dont on vient de parle
r , & qui eft entouré de trembles & de hetres.
Parvenu enfin auprès du ruiffeau , on eft un peu
étonné de voir le lit large & profond d un torrent
prefqu’entiérement fec , excepte à un endroit ou
le ruiffeau, peu confidérable femble rouler fes
eaux parmi les rochers 8c les pierres. Le lit de ce
ruiffeau, à ce qu’ on d it, eft plein jufqu au bord en
hiver, tems ordinaire des pluies dans cette île.
Au nord de la ville , les collines prélèntent de
chàrmans points de vue : tous les chemins fontbordés
de grands arbres touffus, 8cdes deux cotés on
eft environné de champs de blé, de jardi: s & de
vergers. Au fommet d’une des collines, a environ
neuf milles de la v ille, il y a une profonde vallée
circulaire. Cette cavité a environ deux lieues de
circonférence : la pentè de fes flancs eft uniforme
partout, & couverte d’herbes abondantes : on y
voit paître des moutons, qui font prefque Cuvages
quoiqu'ils appartiennent à des particuliers.
Il y a un lac d'eau douce, rempli de canards : on
dit que l’eau y a partout quatre ou cinq pieds de
profondeur. Cette excavation, eft appelée la cal-
deîra' ou la chaudière, à caufe de fa figure. La montagne
remarquable, qui s’éleva en 1638 tout près
des îles de Saint-Michel, à^ la furface de la mer,
en formant une nouvelle île , a fans doute, été
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\ produite par un volcan confidérable 3 8c quoiqu'elle
foie retombée dans .les entrailles de la terre
I peu de tems après fa formation, fon apparition
momentanée prouve queles pics les plus élevés du
monde ne renferment pas feuls des feux intérieurs.
L’ île qui fe montra tout à coup entre Tercère &
Saint-Mi ch- 1, au mois de novembre 1720, éto:t
exactement de la même nature queles autres volcans..
Le fommet élevé de Pico vomit confiant
ment de la fumée, & quand le ciel eft très-clair on
aperçoit de grand matin cette fumée de Fayal
même. Les tremhlemens de terre font auffi très-
communs fur toutes les Açores. 11 paroît donc que
prefque toutes les îles de 1 Océan- atlantique,
comme celles de la mer du fud , cpnfervenc des
traces d'anciens volcans ou contiennent encore
à préfent des montagnes brûlantes.
Fayal, quoique la plus célèbre des îles des
Açores pour le vin , n'en produit pas une quantité
fuffifante pour fa confommation : il s’en fa t beaucoup
plus au Pico où il n’ y a point de rade pour
les bâtimens 5 mais comme on l’amène à la baie
de Horta, & que de là on l’embarque pour les
pays étrangers, furtout pour l’Amérique,, il a
acquis le nom de vin de Fayal.
■ On a vu que les productions végétales & les
fruits font abondans fur cette île. Le règne animal
n'offre pas moins de reifources. On y trouve beaucoup
de boeufs, de cochons & de moutons. Les
deux premières efpèces font très-bonnes ; mais les
moutons font petits & fort maigres.
Des volailles, des canards, un nombre prodigieux
de cailles ordinaires , des bécafifes d’Amérique,
une petite efpèce de faucon, enrichiffent
cette terre, & ajoutent aux jouiffances de fes
habitans.
' Les..cheyaux font petits & paroiffent mauvais ;
mais les ânes & les mules font plus nombreux ,
& peut-être plus utiles dans cette île remplie de
collines. Les chemins font meilleurs qu'à Madère ,
et en général tout y annonce une plus grande in-
duftrie , uns plus grande activité partout on
trouve les infulaires occupés aux travaux de la
campagne, ou livrés dans leurs maifons à différens
ouvrages.
L'île de Pico (ou du P ic) tire fon nom du Pic
ou d'une haute montagne fouvent couverte^ de
nuages, qui, par leur dire&ion & leur quantité,
tiennent prefque lieu de baromètre aux infulaires.
Cette î le , la plus grande 8c la plus peuplée des
Açores, contient trente mille habitans : il n’y a
point de champs de b lé } mais elle eft couverte de
vignes, qui forment un coup-d’oeil enchanteur
fur la pointe des montagnes. Le blé & les autres
denrées de confommation fe tirent de Fayal : la
plupart des principales familles de cette dernière
île ont des poffeflions confidérables fur la partie
occidentale du Pic. La faifon des vendanges eft
celle de la gaieté & de la joie } alors le quart ou
, le tiers des habitans de Fayal fe rendent au Pic :