Le quatrième climat eft chaud fans aucun retour
de froid > il règne dans tous les pays.& lui tout
dans toutes les plaines qui font inférieures à celles
du climat précédent, & dans tous les lieux bas qui
fe terminent au bord de la mer. Les productions
qui y croiffent ne fe trouvent pas dans les climats
tempérés.
M i n e s d’or du Pérou.
En fuivant les différentes parties des plans inclinés
qui fe trouvent entre les fommets efcarpés
de la Cordillière, les plaines qui bordent, foit les
côtes de lJOcéan atlantique , foit celks de la
grande mer du fud , on y trouve d’abord les vol-;
cans & les courans de laves qui font fortis de leurs
cratères encore fuavans ou éteints depuis peu de
tems : c’eft furtout à lafurface de ces courans que
font ces paramos ou fommets applatis de laves dilatées,
q u i, par leur polïtion, font condamnées à
un froid continuel-qui s'oppofe à toute production
dans ces vaftes plaines. Voilà le premier climat
dont nous avons fait mention ci-devant.
Enfuite on rencontre à un niveau un peu infé-,
rieur des dépôts & des transports de matières volcaniques,
formés par les eaux pluviales ou par la
fonte des neiges, & alors tout ce qui eft ainfi
produit par les eaux .torrentielles n'a aucune dif-
pofition régulière par lits & par couches.
Un peu plus bas l'on trouve les limites des diffé-
rens' amas des -débris de montagnes de. tous les
ordres , fous forme de pierres arrondies par le
roulement & le frottement continuel des eaux de
la mer, qui fe font élevées vifiblement jufque-là.
Ainfi l’on reconnoît aifément que toute l'étendue
des deux derniers climats que nous avons distingués
ci-deffus a été foumife aux vagues dè.l'Océan, qui
ont ofcillé dans des lignes fuivies, & ont ftradfie
par lits & par couches les matières qu'elles avoienr
tourmentées pendant de .longues années. C tft
ainfi que les collines des deux derniers climats
ont:éjé formées.
On peut ajouter à ces produits du travail des
eaux de l'Océan, & à.leur organisation fouma-
rine., les deft ru étions qui font la fuite de l’appro-
fondiffement des vallées par les eaux courantes
dans ces contrées,, plus ou moins éloignées des
bords de la mer j car ces opérations fecondaires
ont dû fuccéder à la retraite de l’Océan.
C ’eft dans ces deux derniers climats., dans ces
deux ordres de terrains, que Pon rencontre l'or
le platine, & particuliérement dans le quatrième
climat, où l'or, eft très-abondant, non-feulement
au milieu des collines, mais encore a une
certaine profondeur des plaines. C ’eft là que les
orpailleurs en font,la recherche & la cueillette*
Ainfi les mines qu’on travaille- dans l’Amérique
méridionale, au milieu des contrées_voifines.<de
l ’équateur, font toutes des mines de tranfport, qui
naturellement font les débris des montagnes du
climat de la première claffe.
Il eft vraifemblable que c’eft dans le fein de ces
montagnes que réfidoient primitivement les filons
qui ont fourni les matières métalliques, des mines
de-tranfport, comme c'eft de la même matrice
que les fables & les pierres roulées enfuite ont
été détachés. •• -1 ■
Les volcans qu'on rencontre partout dans la
Cordillière peuvent avoir fondu, dans une infinité
d’endroits, l’or en paillettes & les métaux de ces
mêmes montagnes. Quelques naturaliftes prétu-
ment aufii qu'il peut être réfulté de cette.; fufion
ces morceaux d'or plus ou moins volumineux , qui
fe trouvent renfermés dans les matières environnantes,
comme dans autant de creufets.Ç’ eft ainfi
que ces morceaux d'or , fous forme de,:cespepites ÿ
telles qu'on les rencontre à chaqué pas dans;h s'
mines des pays chauds, & furtout dans les endroits
les plus bas des mines de traniport, fe trouvent
toujours plus ou moins mêlés d'alliage.
Le platine, ce métal fi fingulier, qui a occupé
les favans depuis un certain nombre d'années, &
qui a tant de qualités communes avec l’or , le
trouve aufii dans les mêmes mines de tranfport,
& demande les mêmes procédés pour être exploité.
C'eft au Choco que fe manifeftent les différens
lits de pierres roulées & de terres entafiTées, au
milieu defquels fe trouvent les . mines de tranfport.
Ce pays doit être^confidéré comme le réservoir
où viennent aboutir toutes les eaux qui def—
cendent ail nord de la province de; Paftos, de
Patia , &c. & par conféquent renfermer les lieux
les plus bas, qui font le plus abondamment pour-:
vus des matières métalliques, détachées * comrné
nous l’avons dit, & entraînées par les eaux des
lieux les plus élevés.
Effectivement, on trouve l?or affez communément
au Ckoco3 dans toutes les terres tranfpor-
tëes que l’on fouille. Mais c'eft uniquement à peu
près au nord de cette province, dans deux dif-
triCts appelés Citara & Novita , qu’on ramaffe
l'or toujours plus ou moins mêlé avec le platine-,
& jamais ailleurs. 11 peur y avoir du platine dans
d’autres diftriéts, & même on peut préfumer qu’il
y en a; mais on n’en a pas découvert ni ramafié
dans d’autres endroits de l’Amérique méridior
nale.
On peutdiftinguer les mines de tranfport, quant
au travail de leur exploitation & quant à leur po-
fition , en trois claffes : la première comprend les
mines des collines & des montagnes fecoridaires ;
la fécondé, celles des vallées & des plaines, &
Ja troifième celles qui fe trouvent dans le lit des
ruiffèaux $c des rivières.
Les mines des collines & des montagnes fecondaires
fe trouvent, ainfi que nous l’avons dit, au
milieu des amas de pierres roulées & arrondies
par le frottement des vagues , & difpofées par
couches alternativement avec des terres glaifes,
rouges, jaunes, blanches, noires} des fables, &ç.
qui forment la maffe de ces montagnes fecondaires
; 8c c’eft au milieu de fubftances pulvérulentes
que fe ramaffent l'or & le platine » confondus
de manière à faire croire que les matières métalliques
ont été entraînées & dépofées avec les
pierres roulées, les fables & les argiles, fans ordre
& fans régularité.
Pour reconnoître l’or & le platine au milieu de
ces amas, on fe fert d’un plat de bois en forme
d'entonnoir, d’un pied de diamètre, & au milieu
duquel eft un ’enfoncement pour y raffembler les
matières pefantes : on remplit le plat avec la terre
dont on veut faire le lavage, & on la délaie dans
l’eau en agitant circulairement le plat. Ce mouvement
fait échapper, par les bords du vafe, les
argiles avec le fable, les pierres & toute autre
matière moins pefante que l'or 8c le platine : ces
fubftances métalliques tombent au fond du p lat,
& l'on juge , par la quantité qu’en donnent d-ffé-
rens effais, fi l’on peut travailler un amas avec
profit.
On voit d’abord qu’on peut, avant tout, diriger
un courant d’eau le long d’une mine qu’on fe
propofe d’exploiter par le lavage, ou bien faire,
en quelque lieu de la montagne , un réfervoir
qui, avec la pluie ou autrement, puiffe fournir
affez d’eau pour ce travail. ; * J
On fait enfuite une rigole par laquelle on détermine
un courant d’ eau fur les amas : cette eau
entraîne les terres, les fables & les pierres les
moins groffes, tandis que les nègres font, dans le
ruiffeau, occupés à délayer la mine avec leurs
pieds, pendant que d autres ne ceffent de faire
tomber, avec des barres de fe r , de nouvelles ma-
tièresqui s’éboulent aifément. On a foin de mettre,
à travers du courant d’e a u , des planches, des
branchages, des morceaux de bois pour retenir
les parties les plus légères des échantillons de
métal : outre cela, quand on eft embarraffé des
pierres qui s’accumulent dans la rigole, on a foin
de les enlever 8c de les dépofer dans quelque enJ
droit écarté de la marche des eaux. Dix livres de
fables ainfi lavés peuvent donner dix onces d’or
& même davantage.
Un grand* nombre d’ateliers ainfi montés dé-
truifent, par des progrès affez rapides, certaines
parties des collines du Choco, qui s ’applaniffent
chaque jour. Les monceaux de pierres qui leur
fuccèdent, bientôt diffous en grande partie par
l’aCtion de l’ air & des pluies, fe.réduifent affez
promptement en terres, où la végétation fe déploie
avec la plus grande énergie, après la plus
im p ie culture.
Les mines des vallées & des plaines manquent
affez généralement d’eau : ainfi on,les travaille
difficilement, quoiqu’ elles foient plus riches que
celles des montagnes ; car on eft obligé de tranf-
portér la terre qu’ on a reconnue propre à donner
quelques produits, près de quelque marre où on
Géographie-P hyjique. Tome II.
la lave à l’ordinaire. Mais on eft affez Souvent
dédommagé des frais du tranfport.
Enfin les mines des ruiffèaux & des rivières
s’exploitent plus facilement que celles qui précèdent
, parce que leur lavage s’exécute fans aucune
difficulté. On attend ordinairement, pour les travailler,
la faifon des pluies & des grands déborde-
mens qui en font la fuite : on tâche d’ arreter les
paillettes d’or à leur paffage avec des planches &
autres obftacles propres à en arrêter la marche ;
ce qui s’exécute pour lors avec avantage. Mais
quand les ruiffèaux & les rivières n’ont que très-
peu d’eau, on lave les matières à l’ordinaire.
C ;eft dans Es rivières que fe fait la récolte de
l’or en paillettes fines : fa légèreté favorife fon
tranfport à de grandes diftances, pour peu que les
eaux courantes aient de force & de viteffe.
Tels font les procédés qu’on fuit dans le Ckoco
pour faire la cueillète de l’or & du platine, au
milieu des amas de terres & de pierres qui forment
la plus grande partie du fol de cette province : on
fépare enfuite l ’o r , grain par grain, fur une planche
bien unie ou fur du papier , & il faut, pour
accélérer ce nouveau triage, avoir la vue bonne
& l’habitude de faire ce travail.
S’il refte quelques paillettes d’or mêlées avec
le platine, dont la féparation emporteroit trop de
tems, on les amalgame avec le mercure à l’aide
dés mains, mais jamais dans un mortier ^ comme
quelquels voyageurs l’ont cru. C ’eft ce même
amalgame qui Iaifte quelquefois après lui des
gouttes de vif-argent , qui a fait croire que ce dernier
métal fe trouvoit naturellement mêlé au platine
y ce qui eft une grande erreur.
Tout l’or du Choco fe porte aux Hôtels des
monnaies de Santa-F e 8c de Popayan : on. y fait
un fécond triage du platine qui fe trouve mêlé
avec l’or } & lorfqu’on en avoit recueilli une certaine
quantité, on le jetoit dans les rivières de
Bagota & de Cuenfa; mais à préfent on le confervé
avec quelque foin.
Le platine fe trouve toujours avec l’or dans la
proportion de deux ou quatre onces par livre d’or.
D’aiileurs, les grains de ces deux métaux, lorf-
qu’ils font mêlés, font à peu près de même groffeur
j ce qui eft fort remarquable.
Lorfque la proportion du platine avec l’or étoit
plus confidérable, on abandonnoit le lavage des
mines, parce que l’ on ne faifoic aucun cas de^ce
métal.
Le platine, ainfi que l ’or qui Raccompagne, fe
trouve de toute groflèur, depuis celle d une fine
pouffière, jufqu’à celle d’un gros pois. Les morceaux
d’ or d’ une groffeur extraordinaire, comme
les pepites, font rares, & ceux du platine ne vont
guère au-delà de la groffeur d un oe uf de pigeon.
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Plus les morceaux du platine & de l’or ont de
groffeur, plus ils fembient être près du lieu d’où
iis tirent leur origine j plus ils font atténués, au
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