
différens États où fe trouvent les débris des mofi- 1
tagnes qui forment les enceintes des principales
vallées du baffin de ce fleuve. On a cru jufqu’à
préfent que les gros cailloux roulés qui font aif-
peifés dans les plaines de Vérone , & parmi lef-
quels j’ ai reconnu tous les beaux granits, tous les
porphyres dont les montagnes du Tirol m’avoient
offert de fi précieufes collections, avoient été
tranfportés èc dépofés par les eaux courantes de
l ’Adige , & que, pour arriver où ils repofent, ils
ont évidemment pafle par la même gorge q u i, à
la Chiufa , fert de débouché à cette rivière pour
fe rendre du Tirol en Lombardie ; mais lorfque
j ’ai comparé le poids de ces roches arrondies avec
celui des fables qu’apporte maintenant YAdige ,*
lorfque j’ai reconnu que les eaux des plus grandes
crues de cette rivière ne pouvoient parvenir jusqu'aux
lieux où ces cailloux roulés fe trouvent en
très-grande quantité, il m’a paru certain que leur
arrivée dans les environs de Vérone ne peut être
la fuite que de l’ invafîon de la mer dans le golfe de
la Lombardie & dans une grande partie du baffin
de l’Adige , où l’Océan a opéré de la même manière
que dans la grande & belle vallée-golfe du Pô.
Une obfervation qu’on ne peut omettre, &
qu’on a lieu de faire fouvent, c’eft que les différentes
routes tenues par ces cailloux ont été détruites
depuis le tems de leur dernier dépôt, de
telle forte que c’eft à la fuite des premiers déblais
que ces matériaux étrangers fe font trouvés enta files
fur des plateaux ifolés ; car il eft vifible queîa
defttudtion de toutes les maffes circonvoifines a
fait difparpître les pentes en faveur defquelles ces
matériaux mobiles fe trouvent élevés fur ces
hauteurs.
, L’étendue & la fingularité de ces phénomènes
ne peuvent s’expliquer que par l’introduCtion de
l’Océan dans la vallée de YAdige} & par le prolongement
de fon féjour autant de tems qu’il lui
en a fallu pour former tous les dépôts qui datent
d’une première époque , enfuîte par la fuppofition
de la retraite de la même mer, pendant laquelle
les anciennes rivières ont repris leurs cours , &
ont opéré toutes les excavations dont leurs eaux
courantes étoient capables 5 & c’eft dans cette
nouvelle vallée que l’Océan a fait une fécondé
invafion, & que de féconds dépôts ont recouvert
les premiers dans l’état de deftrudtion où les eaux
courantes les avoient mis pendant l’intervalle de
tems qu’a duré la première retraite. Il ri’ eft' plus
queftion maintenant que de la fécondé 8c dernière
retraite de la mer, & de ce que les eaux courantes
de l’Adige & des autres rivières affluentes ont pu
opérer dans le golfe redevenu vallée pour la fécondé
fois. O r , on ne peut trouver aucune difficulté
à voir les caufes de l’état a&uel dans les
mouvemens continuels de ces eaux courantes dé
l ’Adige & des autres rivières affluentes.
Si nous reprenons maintenant ce qu? concerne
les cailloux rouiésy leur -grand volume les- longs
tranfpôrts qui en ont été faits dans la vallée-golfe
de l’Adige, enfin les amas confidérables que nous
en trouvons aux environs de Vérone 8c fur les
bords-du lac de Garde, nous pourrons facilement
rendre raifon de tous ces phénomènes par le mouvement,
des eaux de l’Adige fupérieur, qui, à la
faveur des pentes fort rapides, ont voituré le long
des bords du golfe les débris des montagnes fer-
vant d’enceinte à fes vallées, enfuite par l’agitation
des flots de la mer le long de ces mêmes
rivages du golfe, lefquels ont pu rouler, arrondir
& tranfporter loin de leurs gîtes primitifs les porphyres,
les granits, les fragmens de marbres, &c.
qu’on -rencontre furtout dans la partie inférieure
de la vallée de YAdige : tout s’explique aifément
en affignant à chaque opération le tems & la caufe
qui lui conviennent. Au refte, nous difeuterons
tous ces faits plus en détail lorfque nous parlerons
de la vallée-golfe du Pd,dont celle de l’Adige doit
être confidérée comme faifant partie ; & ce fera
pour lors que toutes ces opérations de la Nature
offriront un enfcmble raifonné qu’on pourra con-
fidérer comme une théorie de l’niftoire des
fleuves.
C ’eft au milieu des Alpes calcaires ou montagnes
fecondaires que fe trouvent les gros blocs
de granit, de quartz, de porphyre 8c d’autres
pierres qui viennent des montagnes primitives du
Tirol ; on les voit épars dans les champs & für les
plaines desenvirons de Gallio, d’Afagos de Campo
di Rovere & d’autres lieux qui font dépendans de
ce qu’on appelle les Sette communiy tous fitués
beaucoup au deffus du niveau de la mer Adriatique.
Ces mêmes pierres roulées fe rencontrent auffi
en différens endroits des Alpes, comme à Feltrino
dans l’ancien État vénitien : il n’eft féparé des
villages dont nous venons de faire mention , que
par le vallon de la Brenta, & eft placé au même
degré d’élévation. Il y a auffi de ces blocs qui' font
dépofés au milieu des montagnes voifines du côté
du couchant, depuis jufqu’ à YAdige.
C ’eft à Tonnera & dans les environs de Folga-
ria, bourgs fitués dans les États de l’empereur,
qu’on peut voir 8c reconnoïtre le plus grand nombre
de ces blocs de différentes grandeurs, & fem-
blablement épars.
Je remarquerai encore que les montagnes au
milieu defquelles ces pierres adventices fe trouvent,
font formées entièrement de couches calcaires,
& qu'ainfi elles n’ont pu fournir de ces
débris.-
Gomment ces roches détachées peuvent-elles
avoir été tranfponées où on les voit? Elles font
femblabies, il eft vrai, à celles qu’entraînent dans
leurs cours YAdige & la Brenta en traverfant les
montagnes du Tirol ; mais il eft vifible que ces rivières
n’ont pas dépofé ces blocs roulés en des
lieux élevés aujourd’hui de plufieurs toifes au
deffus de leur lit adtuel, parce que toute la violence
de leurs eaux courantes dans les déborde-
niens les plus forts, n’ont pu porter à une hauteur
auffi confidérable des roches d’un fi grand poids.
Il en réfulte donc que YAdige & la Brenta ont eu ■
leurscours au même niveau où l’on voit maintenant <
ces roches, & que c’ eft une des premières circonf- ;
tances qu’fl faut admettre pour rendre raifon de i
ces dépôts. Je dois dire d’ailleurs que beaucoup ’
d’autres circonftances ont concouru aux différens j
tranfpôrts de ces pierres, à leur arrondiflemenr, !
& enfin à leur dépofition dans les lieux- où nous
les voyons; car ce n’eft pas feulement le paifible
courant des rivières qui a pu fuffire à couper, à
approfondir leurs vallées beaucoup au deffous du
niveau de celles qu’elles arrofôient autrefois, il a i
fallu outre cela qu’elles aient été aidées par la 1
mer; qui a fait deux in valions dans ces vallées,
& a favorifé un travail auffi extraordinaire que
celui dont nous pouvons obferver maintenant les
produits & les différens veftiges.
ADIMÀIN. On dit que c’ eft un animal privé
affez femblable à un mouton, à laine courte &
fiae, dont il n’y a que la femelle qui porte des :
cornes, qui a l’oreille longue & pendante : on
ajoute qu’il eft de la groffeur d’un veau; qu’ il fe
laiffe monter par les jeunes enfans qu’ il peut porter
à la diftance d’une lieue ; enfin, qu’il compofe
la plus grande partie des troupeaux qu'entretiennent
les habitans de la Lybie.
ADOS (filions relevés fur'). Cette méthode de
difpofer les champs a fes avantages & fes incon-
véniens; elle empêche le féjour des eaux de l’ hiver
, fi nuifibles aux blés ; elie donne plus de fond
aux terres qui en manquent, 8c en augmentant la
furface du fol elle augmente auffi les influences
de l’atmofphère ; mais d’un autre c ô té , fi les eaux
féjournent dans les raies, il n’y croît abfolument
rien, & d’ ailleurs le blé n’eft pas vigoureux dans
les parties qui bordent immédiatement les raies.
Dans les terres fortes & dans les terrains plats qui
retiennent les eaux, on eft forcé de labourer à
filions relevés, & de facrifier une partie du fol
pour tirer partie du refte; cependant, dans les
terres légères qui âbforbent aifément les eaux,
où il femble qu’on ne dévroit pas avoir recours à
cette méthode, on en trouve I’ufage affez répandu
pour, faire croire qu’il en réfulte quelques avantage^.
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Ados. J’appelle ainfi, dans la defeription des
diffère rntes formes de terrains qu’on obferve fur
les croupes des vallées, les a r ête s du fol, relativement
aux pentes oppofées qui.verfent les eaux; je
m’en fers furtout dan* l’ indication des diverfes
formes des, plans inclinés & des bords efearpés.
J’ai cru qu’il convenoit d’employèr des dénominations
particulières pour faire connoître des formes
confidérées fous de nouveaux points de vue,
& furtout relativement aux caufes dont on développe
la marche. Voy e^ V a l l o n s , P l a n s i n -
j CLINES.
A D O V E S , briques crues chez les anciens Péruviens.
On fe fert de ces matériaux au Pérou ,
parce que l’expérience a prouvé qu’ ils réfiftent en
cet état à toutes les injures du tems pendant des
fiècles. On peut citer à ce fujet les reftes de plufieurs
monumens péruviens.
On peut rapporter^ à cet emploi les tapias pu
murs de terre battue avec de la paille hachée , 8c
placéé entre deux plânches ou deux claies.
Pour‘fabriquer ces adoves, on pétrit de Yicko
haché avec la terre qu'on emploie ; on met ce
mélange dans des moules puis on expofe à l’air
ces briques pour féchër convenablement avant
d’entrer dans les conftruétions auxquelles on les
deftine.
Pline nous apprend qu’on élève en Afrique &
en Efpagne, des murs qu’il •.appelle formaceos y
parce qu’ils font formés de terre qu’on taffe
entre deux tables qui en foutiennent les deux
faces ; il ajoute que ce travail dure des fiècles fafis
.être altéré par les pluies , les vents ni le feu même.
On voit encore en Efpagne les tourelles des fen-
tinelles d’Annibal, élevées & conilruites fuivant
ces principes fur les montagnes.
Frezier rapporte, tome 1er. , page 261* que les
maifons d’Arica ne font là plupart que des affem-
blages de fafeines formées avec une forte de
glayeul appelée totora ; liées debout lés unes contre
les autres avec des lanières de cuir, & maintenues
par des cannes ou bamboux qui fervent de
traverfe : il y en a même qui font conftruites avec
des cannes pofées debout, & dont les intervalles,
font remplis de terre.
L’ ufage des adoves ou briques crues' éft réfervé
pour les églifes ■ & les maifons des habitans les
plus diftînguës. Comme il n’y pleut jamais ,'i l n’y
•a d’autre couverture qu’ une natte ; ce qui donne
à ces édifices l’afpect de bâtimens en ruines.
On trouve dans la vallée de Guachipa, à trois
lieues de Lima, les reftes d’un ancien village d’ indiens
, qui offrent des maifons ou huttes conftruites
en tapias 3 8c qui ont réfîfté depuis très-long-tems
aux injures de l’ air ; elles ne paroiffent même endommagées
que parce que les Indiens les ont
abandonnées,.
ADOUR ( Aturus). Cette rivière a fa fourcé
dans les montagnes de Bigorre, au pied du pic du
Midi & de celui d’Efpade, qui font l’un & l ’autre
deux des plus hautes montagnes des Pyrénées ;
elle paffe par Campan, Bagnères, Mont-Gaillard
& Tarbes^ elle arrofe une partie de la plaine de
Bigorre & une partie de l’Armagnac; elle com-
I mence à être navigable à Grenade, deux lieues
I au deffus de Saint-Sever ; plus bas, elle traverfe
I l’ancienne éledlion des Landes, où elle reçoit U
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