
cageux , & bientôt elles enveloppent le voyageiYr
furpris d’ une plaine d’ eau brillante & unie comme
une glace, & qui réfléchit les images variées des
rivages circonvoifins.,
Nous fufpendons ici ce que nous devons dire
fur la mer <£Allemagne 3c lés côtes du côté, de
l ’Angleterre. & de l'Ecoffe , & nous le renvoyons
aux articles Ecosse & Angleterre,- où nous
décrirons dans ie plus grand détail ces rivages,
relativement à leur conftitution phyfique 3c à la
pêche , 3c nous paffons le détroit de Calais pour
iuivre les côtes qui font en terre ferme.
C ot e s méridionales & orientales de là mer
d‘Allemagne.
Calais eft fitué fur un terrain bas & humide:,
& toute la côte, depuis ce port jufqu’ à l’extré
mité de la Hollande, eft baflê & fablonneufe, &
bordée de collines ^ de fables dans certains endroits
où le pays le plus bas avoit befoin du plus
püiffant rempart contre la fureur des flots.
La côte de Flandre eft dangereufe par le grand
nombre dë bancs de fable difpofës parallèlement à
cette côte.-Il en eft de même des côtes de Hollande
: on trouve dans [leur voifinage de fem-
blables bancs de fable ; mais, entr’eux & la terre,
il y a un canal f o t libre pour la navigation. Depuis
Calais & Dunkerque jufqu’à la Scarp, à
l ’extrémité du Jutland, c’eft une terre baffe qu’on
n’apperçoit au large qu’à une petite diftance,
excepté à Camperden en Hollande, à HeilgeJand,
en face de l'embouchure de l’ Elbe & du Wefer,
3c ï Robfn'ont 8c Hanfshal dans le Jutland. Tandis
que les côtes oppofées de l’Angleterre font3 par
comparaifon, affez -haut..s, & que la mer voilïne
eft allez protonde; celles-ci font baffes 8c en-
fablées prefque partout. Les grands fleuves de
France & -d’Allemagne amènent, dans leurs cours
& leurs inondations, d’ étonnant es quantités de
fables & de limon, qui font arrêtées, vers leurs
embouchures à Ja mer, par la violence des vents
d’oueft & de nord, qui foufflent les deux tiers de
l’année. Ces vents, joints à l’effort de la marée,
arrêtent le progrès des fables en pleine mer, &
forment ces bancs nombreux, qui, tout funeftes
qu’ iis font aux navigateurs, font la fûteté de la
Hollande, 3c la garantiffent des invalïons de la
mer.
A Calais, la marée s’élève à la hauteur de vingt
piedsi à la tête du mole de Douvres, à vingt-
cinq pieds. On attribue la ;caufe de cette variation
à la différence d’éloignement où font les deux
moles de la limite de la baffe marée, qui eft à
Douvres d’un demi-miile, & à Calais de cinquante
toifes.
A Oftende, la marée monte à dix-huit pieds ;
à Fleffingue, elle s’élève de feize pieds & demi ;
à Hellevoet-Sluys 3c au T e x e l, de douze pieds,
Sc fur lés côtes du Ho&ftein 3c du Jutland, cù la
mer s’étérd à une largeur confidérable, les marées
font plus irrégulières, 8c diminuent de force 3c
de hauteur. A l’embouchure de l’ Elbe, les marées
ne: paffent pas iept à huit pieds 5 fur la côte de
Jutland elles montent feulement à deux ou trois
pieds, phénomène finguiier, tandis qu’elles font
fi hautes fur les côtes correfpondantes. de l'An*-
gle:terre. Le fl or, furda côte occidentale dè Hollande,
pouffe au nord dans un fens contraire aux
marées des côtes orientales de l’ Angletewe & de
l’ Ecoffe.
Les rivières principales qu’on trouve fur ces
cotes font l’Efcaut, la Meule, le Rhin & l’Elbe.
U.eft probable que Its deux premières ont très-
peu varié dans leurs embouchures, mais la troi-
fîeme a éprouve des - change me ns très-confidé-
rables. Le bras droit du Rhin cculoit pendant un
certain efpa.ce dans fon ancien lit lorfqu’d for*
moit le lac Flévo, &c qu’ enfuite, reprenant la
forme ,d?un flcaive , il alloit fe décharger à la mer
à l'endroit appelé encore le Flie-Stroom, entre
les îles Flie-Landt 3c Schelling, à l'embouchure
aéhielle du Zuyderzée. On ne connoît pas la fuite
deS événemens qui ont élargi le lac Flévo & qui
en ont fait leZuyderzée,&.ombrifé la côte en ce
grand nombre d’îles qui maintenant font, face
au rivage jufqu’à ia bouche du Wefer. Quelques
auteurs attribuent ces changemens à une inondation
qui eut lieu en 1421 j mais il paro'it qu’ils ont
. été l’ouvrage d’un laps de rems confidérable.
A l'oppofite de l’embouchure du Wefer & de
l’Elbe eft le refte de- 1 \üe Sacrée ou Heilgeland,
: qui fornioit jadis une terre d’une étendue confia
1 dérable ; mais différons coups de mer l’ont réduite
à fa petiteffe actuelle. ( Voye^ïon article. )
La grande île de Nôrd-Strand, qui n’en eft pas
éloignée, fu t , par la même.caufe, réduite à une
p'aroiffe au lieu de vingt qu’elle contenoit. Telles
font les calamités auxquelles font expofées ces
baffes terres.
- Viennent enfuite le Jutland 3c le Holftein, dont
les côtes fe terminent à la baffe pointe appelée
le Skagen, 3c s’étendent en forme de prefqu’ïle
bornée par la mer du Nord & le. Categat. On
préfugie que les inondations maritimes auxquelles
cette cô:e a été fujète de tout tems, ont fort
diminué cette c ô te , & on croit reconnoître les
reftes des terrains détruits dans U Juts-Riff 3c
autres bancs de fable voifins. On. prolonge le
continent depuis l’extrémité du Jutland, qui commence.
à Skagen, jufqu’au midi de Bergen, peu
loin de la terre. Mais nous devons-ajouter ici
que les différentes embouchures de la Baltique,,
dans la mer d’Allemagne, ont dû èncore fort altérer
la forme de ces côtes en différens tems.
( Voye^ Jutland , Holstein, Scandinavie
& Baltique. ); ;
AL L IER , rivière de France, qui a fa foiirce
dans le Géyaudan ; elle traverfe l’Auyergne, le
Bolivbonnois 3c une partie duNivevnois, avant
de fe réunir à la Loire au Bec d‘ Allier.'
Quand ou confidère combien de vallées creufées
profondément concourent à verfer l’eau dans une
grande rivière comme l’Ailier 5 les deplacemens :
immenfes de pierres 3c de terres qu’a exigés l’ap-
vprofoneliftément de ces vallées ; quelle longueur de
tems fiippolent ces enlévemens, on ne peut pas
croire que tous ces canaux foient l’ouvrage de la
mer ; car dans combien de contrées il eft vifible
que la mer n’ a pas laiffé de dépôts, & au milieu
.defqtielles on voit cependant ae grandes vallées
àinfi creufées! C’eft donc une ignorance de toutes
les opérations de la nature en ce genre,qui a présidé
à la prétention de ceux qui ont voulu bous
faire croire que les. vallées ont été, creufées dans
le baflîn de la mer. Tous les raccordemens des
pentes 3c des confluences des vallées latérales aux.
principales font incompatibles avec cette hypo-
thèfe peu raifoonée.
Je puis même dire que je fuis en état d’indiquer
plufteurs vallées creufées avant le féjour de
la mer, & qui ont été vifiblement comblées par
Tes dépôts à la fuite de fon invafion. 11 réfultedonç
de ces faits , qui font inconteftables, i ° . que l’eau
•courante à la fuperficie des continens fe.es a feule
crèufé ces vallées, 3c iorfque le fol par confé-
quenc ne réfidoit pas fous la mer.; 2®. que la mer
s ‘y eft introduite enfuite, & qu’elle a comblé ces
vallées de couches horizontales, circoftfcrites par
les croupes de1 ces vallées. On peut Cuivre ces
couches horizontales comme indiquant , d’ une
manière très-remarquable, les anciens bords du
baffm de la mer i 3c comme démontrant que ce
baffin n’a jamais été propre à l’approfondiffement
des vallées. ' ‘
' Suivant l'hypothèfe de Buffon fur la formation
des vallees, elles auroient été creufées par
les courans ,de la mer au milieu de fes dépôts &
à mefure qu’ils fe formoient. Il s’enfuivroit qu'il
n’y auroit de vallées que dans les contrées où fe
trouvent les dépôts de la mer , parce que fes
courans ont pu y exercer leur aétion. Mais comme
il ÿ a des vallées dans les contrées qui n’offrent
que des maflifs de granits, lefquels ne doivent
point être rangés parmi les dépôts horizontaux
de la mer, il s’enfuit q u e , fuivant cette-hypo-
thèfe, les vallées nombreufes 3c profondes qui.
font dans les pays de granit, ne peuvent être
confédérées comme l’ouvrage de la mer.
" Mais je vais plus loin, 8c j’obferve, i°- que des
vallées creufées primitivement au milieu des granits
ont été comblées fous la mer depuis qu’elle
s’eft introduite dans ces contrées.
2°. Qu’ il eft impoflible qu’un baffin quelconq
ue , rempli par l’eau de la mer, comme il le fe-
rôit à la fuite de for. invafion, pût recevoir, par
le mouvement de fes eaux en maffe, les formes
que nous remarquons fur les croupes de nos vallées
j 3c qu’ainfi ce ne peut ê tre , comme nous
l'avons déjà d it , que dans les contrées qui font
à découvert & à la fuperficie de nos.continens,
que les eaux pluviales ont couru 3c imprimé leur
aétion fur les croupes des vallées qu’elles ont
approfondies. C ’ eft là furtout qu’elles'ont iaiffe
les veftig.es dedeurs ofcillations, dont nous pouvons
obferver les traces dans un grand nombre
de circonftances très-remarquables.
Ce que j’ ai dit ci-deffus des rivières & de leurs
vallées me parole avoir une application bien marquée
à l'époque de la circulation des eaux torrentielles
qui ont ébauché les vallées de tous les
ordres. C ’ eft alors qu j les torrens de la Loire 3c
de l'A lle r , après avoi; creufé la partie fupérieure
ne leurs vallees , fe font réunis à Ja forcie des
montagnes , 3c ont ciîculé îur les fommets des
plaines de la nouvelle terre. .
Ces réflexions font également applicables a
toutes les rivières latérales, qui appartiennent à
leurs baffins particuliers : telles fo n t, pour l’Ailier
, la Dore, la Sioule 3c i’ Alagnon , dont les
vallées font plus ouvertes & plus prolongées que
toutes-les autres latérales ; à quoi il convient d’ajouter
, fur la gauche de la rivière principale ,- la
Clamou^e , puis VAnce, la Verdiangele Suéjois,
la Dcge 3c enfin ia Cronce, avec leurs nombreux
embranchemens qui recueillent les eaux des différent,
s croupes, de, la Margende, & donnent une
certaine force à l’Ailier dans les environs de fa
fourCv- ; car il ne reçoit prefque rien du côté de
la dioite à parei.le hauteur.
J'ai déjà indiqué Y Alagnon, qui reçoit les eaux
Arcueil; o'eft ia première rivière qui vient à la
fuite de celles qui occupent la gauche, à laquelle
je réunis la Coufe, la Croufe t la rivière de Cham-
peix , la. Monne, la Veyre, le Laufon, les ruif-
feaux des environs de Clermont-Ferrand, de
Riom 3c d’Aig-ueperfe.
Je termine cette, fuite de vallées, la plupart
intéreffantes, par la Sioule réunie à la Rouble , qui
coule dans une longue vallée à part, 3c qui a fon
origine même dans hs monts d’Or. Je dois dire,
outre cela, que toutes ces rivières du fécond ordre
offrent la plupart, jufque dans les parties les plus
élevées de leurs cours, des dépôts fous-marins,
femblables à ceux dont nous avons parlé ci-devant
à l’article Alagnon, & que nous rappellerons par
la fuite en dilcutant ce qui concerne ces dépôts
dans la vallée-golfe de l’Allier, 3c c’eft dans ces
vues que nous avons fait l’énumération de ces
rivières.
Si nous paffons maintenant à la droite de l'Allier
nous y trouverons, à une fort grande diftance de
la fouree ,la rivière de Senouire réunie au Boulon, 3c
dont les embranchemens ont une fort grande étendue
; puis les ruiflèaux qui coulent fur l’extrémité
du granit dans des lits qui ont très-peu de profondeur
, depuis Brioude jufqu'à Iffoire. C'eft
après ce trajet que viennent la rivière d‘Ailloux %
qui tlmbe à Parentignac, puis celles de Billom.