
déracinés, d’autres coupés par îa hache, 8r qui
font couchés & confondus enfemble à feize ou
dix-huit pieds au deffus du niveau de la mer, mêlés
de cannes, de ro féaux & de bois façonnés
pour l’ufage , tous amoncelés à cette hauteur par
les vagues d’une mer en courroux.
Rien n’ett plus-commun que ces amas de bois
flottés dans plufieurs parties de ces hautes latitudes,
dans les mers du Groenland, dans le détroit
de Davis, dans celui d’Hudfon, & fur les côtes
de la Nouvelle-Zemble. Je ne vois que deux fortes
de côtes d’où puille venir cette énorme quantité
de bois qui paroît fur les rivages de la Nouvelle-
Zemble & des autres îles voifines : les premières
font les embouchures de l’Oby & des autres grands
fleuves qui verfent leurs eaux dans la mer Glaciale.
Dans le printems, au bris des glaces, une multi- '
tude de glaçons fe répandent fur les terres, abattent
des forêts entières entraînent dans la mer
des arbres préfqu’entiers, qui fe retrouvent en cet
état fur les côtes que nous venons d’indiquer : il
y en a beaucoup qui font marqués par des entailles
qui les divifent de douze en douze pieds, ainfi
que les douves des tonneaux & autres bois façonnés,
& à ces formes confiantes on a reconnu que
ces bois étoient chariés par les rivières de Norvège
, qui détruifent la clôture des chantiers, les
dépôts des moulins à fcie, & tous les ateliers où
le bois fe travaille. Ces bois étant une fois entraînés
par les torrens dans l'Océan, font portés par
les marées & les tempêtes, jufque dans les contrées
du Nord les plus reculées.
Que l’ on ne s’étonne pas de la longueur du trajet
que ces bois font obligés de faire : nous en
avons cité de plus longs encore dans une direétion
contraire,c’eft-à-dire, de l’ouéfiàl’e ft.C’eft ainfi
qu’une grande quantité de femences & de fruits de
la Jamaïque ou des autres contrées chaudes de
l’Amérique font tous les ans amenés de ce continent
fur les côtes occidentales de I’Ecoffe, &
même fur celles de la Norvège & de l’Iflande.
On a trouvé dans l’Océan glacial, au fond de là
mer du Sud, dans le détroit de Bering, deux îles,
celle de Bering & celle de Mednoi, autour def- .
quelles font de grands amas de bois flottés, mais à
un niveau bien Supérieur à celui de la mer : on y
a vu même des bois de camphrier, qui n’ont pu
être fournis que par l’île du Japon. Ce qui indique
les rivages d’où ces convois dé bois font partis,
& confirme d’ailleurs la longueur de ces tranfports,
c’eft l’érat ou l’on a trouvé deux arbres flottans
qui avoient trois pieds de tour & leurs racines,
mais qui étoient dépouillés de leurs branches &
de leurs écorces par les glaçons qu’ils avoient rencontrés,
particuliérement à l’extrémité de leur
foute*
Jean Davis fut le premier qui examina la côte
occidentale du Groënland. Il y-trouva des arbres
flottés à la latitude de foixante-cinq degrés, & un
arbre entier, de foixante pieds de longueur, avec I
fes racines. Les efpèces de ces bois étoient des
lapins , des fpruces & des genièvres, qui étoient
defcendus, de lieux fort éloignés , fur les bords
des rivières de la baie d’Hudfon. Des voyageurs
modernes affurent même qu’aujourd’hui, dans certaines
années, une grande quantité de bois de
charpente eft apportée dans ces golfes, avec les
glaçons, à l’embouchure des rivières, 5cque c’eft
de là que ces arbres font difperfés dans l’Océan
atlantique à la merci des courans, dont la marche
fe dirige vers le Groenland & l’Iflande..
N otes fur les convois d'arbres par les rivières
& par la mer.
Plus les pays feront habités, moins il y aura de
ces convois d’abord par les rivières, & moins par
conféquent de tranfports par les mers. Les torrens
qui traverfent dans leurs crues les contrées où les
forêts occupent de grandes étendues de terrain,
arrachent les arbres qui fe trouvent diftribués fur
leurs rives, & les portent'dans les fleuves qui les
voiturent jufqu’à leurs embouchures dans la mer.
C ’eft ainfi que les premiers convois à'arbres fe
forment lors des crues des grands fleuves & des
rivières principales.
On a remarqué d’ailleurs que plufieurs de ces
arbres tombent de vieillefle dans ces rivières, qui
les reçoivent fans qu’aucun débordement contribue
à les arracher Sc à les tranfporter dans leurs
lits. ..
Lorfque ces trains confidérables de troncs d'arbres
font parvenus dans la mer, ils y deviennent le
jouet des vents & des flots. Souvent ils font entraînés
par des courans, comme nous l’avons fait
v o ir , mais fouvent ils font envafés le long des
côtes voifines des embouchures, & y forment des
aterriffemens confidérables. Ces arbres enfouis
dans les dépôts des fleuves compofent quelquefois
plus dè la moitié de ces aterriflemens.
C ’eft particuliérement le long des bords du
fleuve Miflïffipi, ainfi que vers fon embouchure,
que l’on a remarqué de nombreux amas d'arbres ,•
mais rien n’ égale les dépôts immenfes formés entre
l’embouchure du fleuve des Amazones & Cayenne.
Ce font des forêts d'arbres enfevelies dans la-vafe,
l’un & 'l’autre ayant été voiturés par l’eau du
fleuve au deflous de fon embouchure, entraînée
par la direétion du courant dont nous avons fait
connoître la force & l’énergie à l’article A nt
i l l e s .
Ces convois & les dépôts qui ont eu lieu à la
fuite des tranfports, font fort anciens. C ’eft à des
époques très-reculées que l’eau des fleuves, plus
aétive dans les parties fupérieures de leurs vallées,
entraînoit les terres & les arbres, qui, par une
fuite d’accès, fe font trouvés fouvent à une très-
grande profondeur au deffous des vafes accumulées
à plufieurs reprifes.
On ne doit pas être étonné de voir ces convois
d'arbres dans le s p a r tie s fe p te n tr io n a le s du g ran d
O c é a n é q u in o x ia l, c a r le c a p ita in e C o o k ( troi-
fletne Voyage ) a r em a rq u é a u to u r d es île s de c e t t e
me r, o ù il y a v o i t d es b o is & d es r iv iè r e s , d e c e s
amas d’arbres flottans ,* & d ’ ailleu r s on en a o b fe r v e
de femb la b les le lo n g d es c ô t e s o r ien ta le s d e l ’A f ie ,
où la v io le n c e d u v e n t d’ e ft o c c a fio n n e d e s c o u rans
a lle z fu iv is & fo r t a é tifs . ( Voyt[ C o u r a n s
DE LA MER & CON VO IS D’ A R B R E S .)
Arbres tranfportês & dépofés par la mer.
On trouve fur la côte en Iflande, & particuliérement
dans la partie feptentrionale vers le nord-
eft & le nord-oueft, beaucoup de bois apportés
& abandonnés par la mer. Le pin de Norvège en
forme la plus grande partie. Il y a outre cela des
fapins, des tilleuls, des faules, du liège & d’autres
efpèces de bois durs , propres à l’ébénifterie.
( Voyei T ro il, pag. 28.) Tous ces bois, entraînés
d’abord par les rivières du Miffiflipi, de Saint-
Laurent & d’autres rivières de la Virginie & de
la Caroline feptentrionale, font enfuite voiturés
par les courans, & viennent échouer fur les côtes
des pays du Nord.
On trouve quelquefois fur celles de la Norvège
, de Feroë & d’Iflande, des fruits aux arbres
qui font venus du golfe du Mexique, en traver-
fant l’Océan atlantique dans la direétion du nord-
eft. Nous en avons décrit la marche à l’article
C o u r a n t d e s A n t i l l e s .
M. Boffu, dans fon Voyage de l'Amérique feptentrionale
, vol. 1 , p^g. 19 , parle des arbres flottés
qui defcendent par la rivière du Miffiflïpi.
La côte de Groënland n’en eft pas moins couverte
que celles de Flflande. ( Voye% VHifioire de
Groenland, par Crantz, tome I , pag. 37.)
Ces arbres font auffi abondans dans la partie
feptentrionale de la Sibérie. ( V o l . i l , pag. 4 15 ,
par Gmelin. ) On en voit auffi fur la côte de
Kamtzchatka. ( Voyez Voyages desRuffes, vol. I I I ,
pag. 6 7 , par Muller. )
Arbres tranfportês par les rivières, & depofés a leurs
embouchures ou verfés dans la mer.
Ces arbres forment des convois confidérables,
qui font retferrés par des maffes de glaçons &
dirigés vers différentes côtes. Ce n’eft qu’au bout
de plufieurs mois, & même après des années
entières, que la mer les pouffe fur les côtes de
Ces régions glaciales, dont les habitans en tirent
un très-grand profit. Ces convois fortuits fup-
pléent aux bois que la dureté du climat leur s
refufés.
L’Iflande reçoit ces bois par un vent fore d’ ouefi
& de nord , qui. fouflent alternativement avec un
vent de fud ; ce qui confirme l’opinion qu’ils viennent
de l ’Amérique feptentrionale.
Gates by , dans fon Hifloire naturelle de I41 Caroline
& de la Virginie, nous apprend que plufieurs
efpèces d’arbres defcendent ces rivières. Nous en
ferons mention dans ces articles.
Les grandes rivières de Sibérie, telles que la
Lena, le Kolima, le Jenifey , entraînent, furtout
au printems & dans leurs débordemens, une grande
quantité d'arbres de l’intérieur des terres. Nous
avons déjà fait mention ci-devant des dépôts qui
s’en formoient fur les bords de la mer Glaciale.
Nous expliquerons, aux articles de ces rivières ,
les diverfes circonftances qui favorifent ces convois
d'arbres fort nombreux.
Flottaifon des arbres dans le détroit de Magellan.
On trouve le long des côtes du détroit de Magellan,
& particuliérement aux environs du pore
Famine & de l’embouchure de la Sedger qui fe
décharge dans le détroit, une quantité confidé-
rable d'arbres qui flottent le long des côtes. Les
bords des rivières y font garnis d’arbres, dont les
troncs ont jufqu’ à huit pieds de diamètre, &
d’une .grande élévation, qui donne prife aux vents
qui les renverfent dans les rivières ; ce qui embar-
raffe leur canal de manière à en gêner la navigation
} mais la plupart font entraînés par le courant
dans le détroit. ( Capitaine Byron , pag. 45^
Ces arbres, après avoir long-tems flotté le long
des côtes du détroit, font portés dehors, & l’on
en trouve même qui flottent le long des côtes des
îles de Falkland. ( Voyeç même Voyage.) Beau coup
d’embouchures de ruifleaux & de rivières font
embarraffées par les troncs d'arbres nombreux qui
s’y trouvent fubmergés & arrêtés.
ARC ( I le de 1’ ) ou Bow - I sla nd . W e de
l'Arc ou Bow-lfland, dans la mer du Sud,eft fituée
par 18 deg. 23 min. latitude fud, & par 141 deg.
12 min. de longitude oueft (1). 6'
Cette terre eft baffe & affez étendue ; elle a dix
ou douze lieues de circonférence fa figure eft
extraordinaire j elle reffemble exactement à un arc.
Le contour de l’arc & la corde font formés par la
terre, & l’eau remplit l'efpace compris entre les
deux. La corde eft une grève plate, où l ’on ne
reconnoît aucun ligne de végétation : on n’y voir
rien que des tas de plantes marines, dépofees en
difféientes couches, fuivant que les marées plus
ou moinsjiautes les y ont portées & dépofées.
L’ île paroît avoir trois ou quatre lieues de long *
& deux cents verges au plus de largeur ; mais elle
oft fuiement beaucoup plus large, parce qu’une
plaine horizontale fe voit toujours en perfpec-
ti ve ; ce qui en raccourcit l’étendue. Deux grandes
touffes de cocotiers compofent les pointes ou extrémités
de 1 arc, & la plus grande partie de c e
C1) Méridien de Greenwich.,