
qui Ce prolonge au milieu du promontoire de
l'Inde , fous le nom de Montagne des Gates, fépare
la côte de Malabar.de celle de Coromandel, 8c Ce
termine au cap Comorin : une autre chaîne de
rimaiis forme trois nouvelles branches, dont l'une
va jufqu’à 1 extrémité de l’île de Malaye ; l'autre
fe porte jufcju'au royaume de Camboye, & la troi-
fième, après avoir partagé la Cochinchine dans
toute fa longueur, va finir au royaume de Ciampa,
fur le bord de la mer.
Le Junnan & d'autres provinces de la Chine
font fi tués au milieu des branches de cette chaîne.
Le Tangut, là Tartane chinoife, toute laTartarie
ruffe, y compris la grande prefqu’ île de Kamtz-
chatka, la Sibérie 8c toute la côte de la Mer-
Blanche, font hériffés de plufieurs chaînes d'un
autre ordre de montagnes, qui font fort élevées
& bien fuivies , en partant furtout du plateau de
la Tartarie, & Ce rejoignant à l'Imaüs. ( Voyei
A r m é n i e , M é s o p o t a m i e , E u p h r a t e , 6*c .)
■ Les plus grands fleuves de Y J fie font le Hoanho
de la Chine, qui a hnit cent cinquante lieues de
cours en prenant fa fonrce à Raja-Ribrou, 8c qui;
tombe dans la mer de la Chine, au midi du golfe'
de. Changi ; le Jenifei de la Tartarie, qui a huit
cents lieues environ d’étendue , depuis le' lac Se~
linga jufqu’à la mer Glaciale ; Ie fleuve Oby, qui a
environ fix cents lieues depuis le lac Kila jufqu'à
la mer Glaciale, au-delà du détroit de Waygats;
Je fleuve Amour dans la Tartarie orientale, qui a
environ cinq cent foixante - quinze lieues , en,
c,°mPtant depuis Ja fource du fleuve Kerlon, qui
s y jette | jufqu’à la mér de Kamtzchatka , où il a
fon embouchure ; le fleuve Menanfon, qui a fon
embouchure à Pulo-Condor, & qu'on peut me-;
furer depuis la fource dü longmu, qui s'y jettes
le fleuve K ian, dont le cours eft d'environ cinq
cent cinquante lieues, en le mefurant depuis la
lourCe de la rivière Kinxa, qui le reçoit jufqu'à.
Ion embouchure dans la mer de la Chine ; Le
*fange, qui a aufti environ cinq cent cinquante
Leues de cours; l'Euphrate , qui en a cinq cents
en le prenant depuis la fource de la rivière lrma3
Ain! reçoit ; V Indus 3 qui a environ quatre cents
Leues de cours, 8c qui tombe dans la mer d’Arabie,
à la partie occidentale de Guzarat ; le fleuve
Sirderoias, qui a un cours de quatre cents lieues ,
«u environ, & qui fe jette dans le lac Aral. .
A SPE, vallée du département des Baffes-Pyre-,
nées ,- dans le voifinage d’Ol.eron. Elle [commence,
à la fource du G ave, comme beaucoup d’autres;
vallées, & à la montagne d'A f p e 3 qui lui donne fon i
nom. Elle, eft firuée à la, frontière >, c.omrhe tous les
pendans des eaux. Je dois indiquer ici comme uné<
découverte remarquable , celle qui s’efl faite depuis
peu près de la montagne A 'A f p e t d'une fcar- !
rière d’a lb â tr e d o n t le gifement fou terrain eft]
très-étendu. Les échantillons que l’on a vu à Paris]
font; d'une grande beauté. ;; ,,. .
ASPECTS dis côtes II Ceroit fort utile qu'on
relevât les côtes des différentes îles voifines des
continens, 8c celles des continens eux-mêmes,
•que, dans cette opération, on les figurât de manière
à en faire fàffir les caractères qui défignent
l'ancienne terre , comme la moyenne & liai nouvelle
, même les cantons volcanîfés, les cratères
ou les culots dépouillés, les courans de laves, les
couches horizontales ou inclinées, les côtes telles
qu elles font à l’embouchure des rivières avec
; leurs dépôts; enfin, les dunes, les lacs des bords
: de la mer digués par ces dunes, 8tc.
Un pareil travail , fuivi avec foin & à très-peu
de diftance des bords de la mer, pourroit contribuer
aux progrès de l'hiftojre naturelle de ces
côtes, furtout fi on les décrivoit toutes, & qu'on
les figurât en même terns fous ces différens points
de vue, quand même on n'y comprendroit qu'une
certaine lifière à partir des bords de la mer ; car
une fimple î-econnoiffance fufliroit, ce me femble,
fi l’on ne pouvoit pas examiner plus en détail le
fol & la nature des foffiles dans l’ intérieur des
terres.
Les formes des montagnes &. dés collines fe-
roîent des objets très-intéreffans : une fois bien
déterminées, elles nous feroient connôître la dif-
tribution des pentes qui s’abailfent infenfiblenient
depuis les fommets les plus élevés jufqu’ aux plages.
Ces obfervations, faites d’après un plan bien rai -
Tonné, donneroienr des réfultats très-intéreftaus ,
furtout lorfqu’elles viendroient fe réunir à des
centres communs.
Les terres baffes que peuvent offrir les bords de
la mer ne doivent pas être négligées telles qu’elles
fe trouvent aux embouchures des rivières; mais il
eft rare qu’on n’y voie pas des dunes, ou éboulées,
ou encore fous forme d’amas de fables réguliers
& refoulés par les flots de la mer.
Il eft à croire que l’étendue de certaines côtes
efearpées nous mettroit fous les yeux toutes les
natures de fols 8c de maftifs fous toutes’ les formes
poflîbles.
On pourroit ainfî mettre à profit les courfes des
navigateurs , en n’exigeant d’eux que des détails
fi fimples , qu’ils ne pourroient manquer d’être
ttèsrexafts, & par.conféquent d’une grande utilité.
Les obfervations deviendroient à mefure plus fa-
vantes 8c fufceptibles d’applications importantes.
■ Jufqu’à préfent les marins ont relevé ,& figuré
les côtes de la mer, 8^ ils l’ont fait dans les vues
de diriger la marche des navigateurs, pour atteindre
les ports 8c occuper les bons mouillages ; mais
on s’ eft borné à ces:.ieuls objets, q u i, quoiqu’im-
portans, pourroient encore admettre d’autres vues,
même toutes celles que nous avons expofées eide
{fus > & qui font'.également propres, â, perfectionner
la;connoiftançe des pays maritimes.. ?
Il conyiendroit, furtout à mefure qu’on auroit
recueilli ,Ies>connoiffances. les plus précifes.fur les
côtes, .d’en rédiger des coupes & dès caites figu,-
rées, où feroient indiqués les matériaux 8c leurs
formes. Une mappemonde fur ce plan donneroit
une idée générale 8c -très-étendue des différens
maftifs, de leurs gifemens, de leur allure, 8c ce>:
i travail;, qui paraît immenfe, ferait terminé plus
tôt qu’on, ne penfe. Mais il feroit n.éceffàire: de
charger un naturalifte aétif de fuivre cette be-
fogne, 8c d’en afiurer l’exécution^ On pourroit
attacher cette place au dépôt de la marine, à Paris.
C'eft là que les échantillons des terres 8c des pie.r-
res feroient dépofés , avec la note des côtes d’où
ils auroient été tirés par.les marins. Tout ceci étant
bien claffé, bien- étiqueté, avec les figures des
côtes bien nettes, feroit nais à.part, pourfervir
quand des obfervations correfpondantes viendraient
fe placer à côté 8c compléter les premières.
C ’eft par ces moyens qu’on parviendroit à
établir, de grands enfembles, 8c à circonfcrire les
maftifs particuliers. Allez fouyent les cartes n’of-
friroient guère qu’ un trajet,de huit à dix lieues de
longueur, fuivant que les maftifs de l’ancienne ou
de la nouvelle terre femble raient l’exiger. Lorfque
le travail des marins feroit plus, confidérable que;
ne comportent, ces apperçus des côtes , il feroitj
publié à parc, outre,celui;<jescê?tes, qui figureroit.
toujours feuj fur les cartes., ,
Jufqu'à préfent les vues des côtes,ont été ré-j
duit§s a la fimple confidératiqn des formes prifesî
fous te^ angfes ou à telles diftances : il s'en faut;
bien qu’elles aient été difeutées ou réduites à des!
principes raifonnés, comme on auroit pu le faire!
fi .ij'An ^ût, joint, à la confidération de l'afpeél des!
côtes , ;îa connoiflançe de la nature des mafles 8cl
des . çitrçonfiances qui ont concouru aux formes;
qu’ il préfente* .
Par confé.quent, èn réunifiant au premier objet
les recherches qui peuvent contribuer aux progrès
de l’ hiftoire du Globe, ,& que j’ai fouveptv
défi ré d’y. voir réunies,, on auroit, ce me femble,
perfectionné la méthode; des navigateurs ;, car il
eft difficile,que.deux çon.fidérations 8^deux points
de vues raifonnés j comme je le propofe , fe -réu-l
niften.t faas que les deux -méthodes ne fe perfec^
tiennent réciproquement, & n’acquièrent des:
dévejoppemens également intérefîans de partjjpa
d’autre. .
, ASPHALTE. On donne ce nom à un^bitnme
de Judée., parce qu’on le tire du lac Afpbaltide ,
& par;analogie on noipme aufti afphdlte tout bitume
fplide.
;N°. I. Afphalte, bitume de Judée.
I Effectivement, le bitume de Judée eft folide,
friable , d’ une couleur, tirant [fur, le noir 3 8ç,d ’tuie
odeur forte ; il s'enflamme aifémentt; ij s’élèyeîdti
fond des, eaux du là,c piï'Mer Mette] D'abord il efl
mou 8ô vifqueùx.; maisiavec d é - i l s’épaiffit,
& acquiert plus de dureté; que la poix fèche,,Les
Arabes ramâffent ce bitume lorfqu'il eft encore
liquide , pour goudronner leurs vaiffeaux.
Ils lui ont donné le nam de karabé de Scdôme :
le mot-karabé .fignifie la- même chofe que bitume
dans leur langue. .On a aufti donné au bitume du
lac Afphaltide le;nom de gomme de funérailles &
mamie, parce que-, chez Tes Égyptiens, le peuple
employoit ce : bitume. & le • pifTafphalte pour
embaumer les corps morts. Dibfcoride dit que
le vrai bitume de Judée doit être d'une couleur
de pouçpre brillante, & qu'il faut rejeter celui
qui eft noir & mêlé de matières étrangères.
Cependant tout ce que nous en avons aujourd’hui
eft noir; mais fi on le caffe en petits morceaux,
& qu’ on les regarde à l'oppofé du jour, on
apperçoit une petite teinte d’un jaune couleur de
,fa.frah : c’eft>peut.-être là ce que Diofcoride a
voulu dire. Souvent on nous donne du pifTafphalte
durci au feu dans des chaudières de cuivre ou de
fer , pour le vrai bitume de Judée. On pourroit auflt
confondre ce [bitume avec la poix noire de Stockho
lm ,, parce quelle eft d’un noir : fort lui Tant ;
mais elle n'eft pas fi d^re que Je bitumé de Judée,
8c elle a , ainfi que le piffafphalte ,am e odeur
puante qui la fâit aiféraent reconnoître. ■
N°. II. Afphalte de Neufchâtel. ~ : , •
Après avoir fait connoître le bitume de Judée,
j il me refte à parler'des afphaltes de nos.contrées :
t c ’eft ce qu’on trouvera décrit ci-après , dans.le
Mémoire fuivant., où l’on expo fera fucceflîvement
ce qui concerne les mines à'afphaltes deNeuichâ-
tel & de la Baffe-Alface..
La première mine à'afphalte qui ait été exploitée
en Europe eft celle de Neuchâtel en Suifle :
lè bitume en: eft .grenu 8c grifârre il fe trouve
renfermé entre des bancs de pierres calcaires. C e
qu'il faut bien remarquer, c’eft .que cetté matière
a été ftratifiée dans le .baftîn de.la mer en, même
tems que s’eft dépofée la matière des bancs de
pierre.. C ’ eft à M^de la.Sablonniere., ancien tré-
forier des Ligues fuifles, que l’on a eu l’obligation
de là découverte de cette mine. Les bitumes
qu’on en tire , fpnt de même nature que ceüx
qu’on extrait des mines deJa.Sablonnière en Baffe-
Alfacéf, avec cette différence.que ceux de la
mine de Neuchâtel ont filtré au milieu de rochers
propres à faire de la chaux, 8c què ceux d’ Alface
coulent dans un banc de fable fort profond en
/terre-, où il fe trouve entre deux lits d’argile. Le
lit fupérieur de cette mine eft recouvert d’un chapeau
de pierre noire qui a deux pieds d’épailfeur,
& qui fe.fépare par feuillets femblables à ceux de
l’arjdoife. La première glaife qui touche à ce banc
de pierres eft aufti par feuillets ; mais elle durcit
promptement à l’air., & reffemble affez à la fer-
pentine. La mine de Neuchâtel en Suill'e n’a point
: étérapprofondie on s eft contenté de cafter le
i ïoeher apparent & hor^ de terre. Ce rocher fe