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le contraire pour la ligne qui paffe par* la- Chine >
mais.à l’ égard de celle de la mer du fud, la décli-
naifon eft nord-eft des deux côtés. Cette différence
leur donne.à chacune un caractère q u i, s’ il eft invariable
, fervira très - utilement à le.s diftinguer
toujours, quelque çhemin qu’ elles faffent.
En recherchant ayeç, foin à démêler quelques;
traces du mouvement que doivent avoir eu les trois
lignes pour parvenir à la pofition qu’elles ont,!
on eft tenté de croire que celle qui palîe par les'
Bermudes, eft la même qui , vers.1600, paffoit
par le Cap des Aiguilles , par la Morée & par le
. Cap -Nbrdj mais ; depuis-ice tems jufqu’en 1712
elle a,fait quatorze cents lieues par fa partie fep-
tentrionaîe , & cinq cents feulement par fa partie
méridionale,, de forte qu'elle fe trouvoit, en cette
dernière année , fort inclinée à fon ancienne poli
tion.
Sa partie feptentrionale paffa parvienne en Autriche,
en 1638 > par Paris en 1666 3 par Londres
. en 1667 5 car ces.lieux-là furent exempts de de-
clinaifon dans ces années : on croit même que la
ligne qui, en 17 10 , étoit à-cent lieues de Canton,
eft celle q u i, en 1700, paffoit par cette ville : d’où
il fuit qu’elle a cheminé d’occident en orient. Au
contraire de l’autre, & fo.t lentement par rapport
à e lle , ces deux lignes ont continué leur route.
Comme on n’ a pas d’obfervations anciennes de
la mer du fud , on n’a rien dit ni foupçonné fur la
ligne qui y pafle. On ne fait pas lï c’eft la même qui
paffoit autrefois par les Açores , & qui fe feroit
. mue d’orient en occident On a trouvé qu’en dif-
férens lieux les différences en déclinaifon ne font
pas propoitionnelles aux diftances de ces lieux à
leur ligne exempte de déilinaiion , où ( ce qui eft
la même chofe ) , à un degré de différence de déclinaifon
de I aiguille, répondent des diftances très-
différentes fur la furface du globe de la terre.
Dans un .même lieu la déclinaifon ne varie pas
, également. Malgré tomes ces anomalies, on apper-
çoit cependant quelque progreffion & quelque régularité
dans les mouvemens de la force magnétique
, & tous ces apperçus ont fuffi pour encourager
les phyficiens à fuivre la marche fyftématique
de l ’aimant, & à s’attacher avec le plus grand foin
à la bafe que le favant doéteur Halîey leur a laifTé'
- comme le meilleur moyen qu’ ils euffent de ,faifir
les irrégularités, pour les rapprocher des mouvemens
qui annonçoient plus de fuite & plus d’ordre
apparens. C ’eft dans ces vues que nous avons comparé,
dans notre Atlas, la carte du doéteur Halley
avec les réfultats que les obfervations poftérieures
nous ont donnés.
En réfumant ce que nous donne une partie de
ces réfultats.., nous dirons que depuis plus d'un
fïècle l’aiguille aimantée décline à Paris , tous le
ans , du même fens, d’environ dix minutes 3 car
en 1610 , elle déclinoit de huit degrés vers l’eft
& en 1760 de dix - huit degrés vingt minutes vers
. l’oueft 3 en forte qu’ elle a varié de vingt-fix degré:
vingt minutes dans l’intervalle de cent cinquante
ans j & cela paroîtfurtout remarquable depuis 1740,
car la même aiguille dont Maraldi s’ eft toujours
fervi, eft plus avancée de trois degrés vers l’oueft,
qu’elle ne l’étoit alors 5 ce qui fait neuf minutes
par année. On trouve dans les Tranfoftions philo-
fophiques, an 1757., une table générale des décli-
naifons de l’aiguille aimantée , qui donne auffi un
progrès de dix minutes par an. ( Voye^ Déclinaifon. )
Albert Euler a traité; amplement cette matière
dans YHiftoire de l'Académie de Berlin , année 1757*
En fuppofa'nt deux pôles magnétiques , mobiles ,
placés à la furface du globe, il prétend rendre raifon
de la déclinaifon de l’aiguille aimantée, telle qu’il
l’avoit déduite des obfervations : effectivement,
depuis le travail de Halley & fes fuccès , il n’y a
pas d’autres moyens de fuivre ces phénomènes Sc
de les expliquer.
AIMÉ ( Mont-Aimé ) , colline ifolée au département
de la Marne , dans la ci-devant province
de Champagne. Cette colline eft féparée de la
chaîne de Vertus d’environ un quart de lieue 3 elle
a environ cinq cents pieds de hauteur, & cinq cents
roifes de longueur fur quatre cenrs de largeur :
elle paroît avoir fait partie de la montagne de
Vertus , & avoir été ainfi détachée par un travail
de la nature, qu’ il fera facile de joindre aux opérations
générales des eaux qui ontcreuE les vallées
de ces contrées, lorfqu’on faura bien en recon-
noître la marche.
La terre calcaire qui domine dans une marne
jaune , forme la terre végétale à la fuperficie de
cette colline 3 enfuite vient un lit de pierre calcaire
, tendre, renfermant un amas de coquilles
fort nombreufes. Sous ce lit fe trouvent aiftri-
bués par couches fuivies & diftinétes , l’argile ,
la marne, le fable, le grès & des débris de pierres
calcaires. Enfin , on rencontre , après cet affem-
blage de bancs , le maffif de craie , qui fe trouve
ainfi à quarante-cinq pieds au deffous de la terre
végétale, & au même niveau où la craies’obferve
dans prefque toutes les collines de la chaîne de
Vertus.
Je dois ajouter ici que le Mont-Aimé y île ter-
reftre, détachée, comme je l’ ai d it, de toutes les
mafifes voifines auxquelles il étoit lié & contigu,
eft au centre de la diftribufon des eaux qui fe
portent vers trois afpe&s de l’horizon , & que
c’ eft en conféquence de cette aftion des eaux courantes,
fuivant ces différentes pentes, qu’on trouve
autour du marais de Saint-Gond un grand nombre
de femblables îles terreftres. J’ en ai compté & distingué
jufqu’ à treize de différentes formes & grandeurs.
On voit d’abord , à la hauteur de Mont-Aimé &
autour d’Étrechy, trois îles terreftres, puis celles
,de Charmont, de Loify , de Vert & de Toulon
fur le bord fepcentrional du marais de Saint-Gond.
En parcourant enfuite le bord oriental & méri-
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dional de ce marais, on rencontre les îles terreftres
d'Oye , de Mondement , de Reuvre , du petit
Brouffy, du grand Brouffy, où eft le moulin d'Aouft.
On doit remarquer que ces îles terreftres font
les reftes des deftruétions opérées pat les eaux torrentielles
tout autour de leurs points de partage.
C’ eft à ces deftruâions qu’ a fuccédé le vafte marais
de Saint-Gond., digue, parles tranfpojts des terres
qui occupoient les intervalles de ces îles. ( Voye^
Vertus , Les terreftres, Murais de Saint-Gond. )
A IN , rivière qui a fa fource au Val-de-Neige,
dans le Mont-Jura, & à l’ancien bailliage de Salins,
dans la ci-devant Franche-Comté, & qui a donne
fon nom à un département qui a Bourg pour chef-
lieu. Cette fource de i’Ain le trouve à une demi-
lieue au deffus de la célèbre fontaine de Siros.
Après avoir recueilli les eaux de cette fontaine
& de plufieurs autres ruiffeaux affez confidérables,
diftribués autour de Nozeroi, cette rivière paffe
à Sirod, Château-Villain, Lachaux, Monfaugeon,
Coudes, Conftans, Poncin, Pont-d'Ain, Varem-
bon & Loyettes, où. elle fe jette dans le Rhône.
On pêche dans cette rivière dexceliens petits
poiffons appelés ombres. . I
Nous allons maintenant remonter vers la fource
de XAin, pour faire connoître les détails qui peuvent
nous intéreffer, & nous y joindrons enfuite
ce qui concerne la célèbre fontaine de Siros, qui
fe trouve dans la même contrée.
La fource de U rivière d’Ain fe trouve dans une
anfe ou un eul-de-fae d’une montagne coupée a
p ic , & au pied de laquelle fe voient des^ baffins
profonds, remplis d’une eau claire 8c limpide, 8c
qui en fort abondamment dans certains tems. Outre
cela plufieurs fources ou filets d'eau 1e montrent
le long des bords latéraux du eul-de-fae, & four-
niffent avec celle des baffins une eau courante,
affez confidérable pour porter des canots Sc cou-
vrir un lit fort large. Plufieurs de ces fources,
qui ont fillonné les bords de l’anfe, font abfor-
bées par des amas terreux, mais qui n’en interceptent
cependant pas le cours fouterrain ; car
elles fe rendent au lit commun par plufieurs débouchés
qui fe fuivent aifément. Tiil eft 1 affem-
blage des eaux qui forment la fource de l Ain.
x Dans l’état habituel de cette rivière, toutes ces
eaux refluent vers les baffins; Sc à juger de leur
hauteur par les bords de l’anfe, il paroît qu elles
s’élèvent de neuf à dix pieds au deffus de la fur-
face des baffins dans le tems de féchereffe. C ’eft
alois que la fource débouche des puits d'une
grande ouverture, qui font au fond des badins.
C ’ eft là enfin que les rochers, bafes des croupes
du cul-de-Jac, patoiffent creufés à plufieurs pieds
de profondeur dans tout le pourtour de fa concavité.
. . „ .
Lorfqu’ on s’ élève fur la plame qui domine 1 anfe
au fond de laquelle on a reconnu & obfervé la
fource de l'Ain, on voit au milieu de ce vafte
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plateau un grand nombre de vallons fecs. Ces val-
Ions Sc ces plateaux, fort étendus, m ont toujours
paru fervir , dans ces parties des fommets du Jura,
à abforber les eaux qui alimentent non-feu'.ement
la belle fource de l’ Ain, mais encore celles, tant
des ruiffeaux qui arrofentles environs de Nozeroi,
que de ceux qui fe rendent dans le bief de la Sène
& dans l’origine de la vallée du Doubs.
A une demi-lieue de la fource de la rivière
d’Ain on voit une papeterie dont les ufines font
mifes en activité par l’eau de la fontaine de Siros.
L’ouverture qui verfe les eaux de cette fource a
' la forme d’un cône renverfé, dont la bafe a foixan^
te-fix pieds de diamètre. C ’ eft un puits creufé na»
turellement, d’où l’ eau s’élance verticalement en
tout tems avec une égale abondance. C e puits
donne environ dix-huit pieds cubes dune eau
trè s -v iv e , qui ne gèle jamais, quoique dans un
pays où les froids font tous les ans fort longs Sc
très rigoureux. Le cours uniformément abondant
de cette fource prouve non-feulement qu’elle eft
alimentée par un réfervoir immenfe & inépuifable,
mais encore que le canal fouterrain par lequel
cette eau fe rend à l’ouverture du puits, eft d’une
capacité toujours égale & bien folide dans toute
fon étendue. Voilà pourquoi dans tous les tems le
puits fournit exa&tment la même quantité d’eau.
! Outre ce la , comme fon jet fait continuellement
le même effort pour remonter par l’ ouverture co nique
d’où on le voit fortir, il eft néceffaire que
l’eau fouterraine defeende d’une certaine hauteur
toujours confiante. Il eft vrai qu’on ne fait pas jnf-
qu’à quel point elle s’éleveroit fi l’on exhaufloit
l ’ouverture & qu’ on refferrât les bords du puits 3
mais on peut prélumer qu’elle, s’éleveroit bien
davantage, comme on en a une preuve dans la
fource âeSoulaine , dont les eaux franchiffent une
enceinte de murs de douze à treize pieds. ( Voye£
cet article.) Ici l’évafement de l’orifice du puits ,
qui facilite la divifion de la maffe d’eau & la dé-»
termine à former un courant dès qu’ elle eft au haut
de cette efpèce d’entonnoir & qu’elle n’a plus
d’appui, fait qu’elle ne peut s’élancer dans l ’air
autrement que par un gros bouillon.
Cette belle fource, qui n’a guère que vingt pieds
au deffus du niveau de Y Ain, ne fort qu’à cent pas
de fon li t , où fes eaux vont fe confondre ave«
celles de cette rivière. J’ai donc cru pouvoir en
parler dans le même article.
Cette rivière, étant fujète à des crues qui la
rendent torrentielle, fe porte d’abord à l’oueft en
débouchant de la montagne du Jura où elle prend
fa fource, & vient frapper le pied des collines
dont la chaîne fe nomme la Cotiére, Sc forme une
bordure qui fuit le Haut - Jura. Entre Pont-d’Ain
& Varembon elle reprend fa direction vers le fud,
en longeant la Cotiére. C ’eft à ce point de fon
cours qu’elle rencontre la plaine du BasBugey ,
laquelle s’étend à l’eft & y dépofe beaucoup de
graviers quelle charie dans fes crues. C ’ eft auffi