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Méthode par laquelle on obtient le fe l jnarin quon
tire des fables de la mer.
Le grand ufage que font prefque tous les peuples
du fel commun ou marin , ia différente fitua-
tion des lieux où l’on ,eft à portée do le recueillir
, le plus ou le moins d’induftrie dans les hommes
qui s'occupent de ce travail, ont donné occa-
fion à differentes manières d'extraire lé fel dès eaux
de la mer, & de le rendre propre à nos befoins.
Les falines de YAvranehin n'appartiennent point
à la claffe de celles où la criftallifation a lieu. L'évaporation
de l'eau falée ne s'y fait pas comme
dans beaucoup d'autres falines. L’eau n'y eft falée,
à proprement parler, que d'une manière accidente
le , & parce qu'en filtrant à travers des monceaux
de fable chargés de fe l, elle le diffout &
l'entraîne dans des réfervoirs : ce fel peut être
confidéré comme un fel de lavage.
La côte de Normandie, qui s'étend le long de
YAvranehin & une partie de la Bretagne, forme
par fa courbure une anfe ou baie ;.coniiderable,
dans laquelle les rochers de Saint-Michel & de
Tomblaine fe trouvent placés : la plage y eft fort
plate, 8c le fable baigné par l ’eau de la mer très-
fin. C'eft dans cette anfe favorable que fe forme
le dépôt continuel qui entretient les falines dont
il s'agir. Lorfque la mer eft calme, elle entre dans
cette baie par un mouvement très len t, & n'y
apporte prefqu'aucun corps étranger. Quelques
débris de granits jaunes & rouges y bordent fou-
vent les rochers auxquels ils ont appartenu. .Ce
qye la mer dépofe de plus confidérable fur la
plage, d'ailleurs très-nette, eft une terre glaife
bleuâtre & bien lavée. Il réfulte de ce dépôt des
amas de limon , connus fous le nom de UJfes > &
dangereux pour les voyageurs qui les traverfenç
peu de tems après qu’ ils ont été formés : ces liffes
en effet ont alors fi peu de confittance, qu on
court r-lfque d'y être prefqu'enfeveli, foit à pied,
foit achevai, fi l'on n'üfe pas de quelque précaution.
Outre celle de prendre un guide, ileft effen-
tiel de franchir ces liffes en courant ou au galop,
afin que la glaifè ait moins le tems de fé délayer,
& il eft prudent , par la même raifon, qu'un voyageur
s'écarte un peu de la route qu un autre a
tenue.
L ’eau de la mer, en entrant dans cette b aie ,
s'y étend avec tranquillité-, & y forme une efpèce
d'étang, où le dépôt du fel fe fait avec facilité.
Ôn ramaffe pendant toute l’année le fable qui en
eft chargé, à l'exception de deux ou trois mois
d’hiver, & l'on profite avec raifon d'un tems fec
pour çe travail : les pluies laveroient le fable, &
fe dépouillerojent du fe-î qu'il s'agit de recueillir.
Lorfque le tems eft favorable, deux hommes ,
à l’ aide d'une efpepe.de rateau qui neffemble beaucoup
à bel ni qu'on emploie dafls les grands jardins
pour ratifier les allées , & qui eft conduit de la
piême façon, deux hommes, dis-je, raclent la fu-
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perfide du fable, & en forment peu à peu de petits
monceaux : on les tranfporte en fuite dans les
endroits où ils doivent être réfervés fous la forme
de meule, que les ouvriers nomment moies. Ces
monceaux de fables font élevés de manière que la
petite charette de tranfport peut monter julqu’à
leur fommet, au moyen d'un chemin pratiqué en
iigne fpirale autour de ces moies, & pris iur le
fable même dont elles font compofées. On couvre
ces moies avec des bourées légères, & l’on a foin
d’enduire ce même bois d’une terre atgileufe, afin
que les moies (oient à l'abri des pluies.
Le fable mis ainfi en réferve n'eft découvert
qu'à mefure qu'on le lave , & voici comment on
parvient à le dépouiller du fel dont il eft chargé.;
On confirait d’abord le lavoir, que les ouvriers
nomment la fojfe ; elle confifte dans un maflit de
terre commune, qui a neuf pieds de hauteur ou
environ, & qui eft à peu près carré > il fert de baie
à une. calife que les laulpiers appellent aufli la fojfe._
Cette çaiffe eft compofée de quatre planches qui
ont neuf pieds de hauteur fur quatorze pouces de
largeur, & dont l'affemblage eft fait à tenons &
à mortoifes.. Le .fond de cette caiffe eft formé de
petites foliyeç équarries.ayèc foin, & qui laiffent
entr'élles un peu de jour : leurs extrémités portent
fur des pierres qui les élèvent de quelques
pouces au deffus du maflif. On nomme affez improprement
rouets ces pièces de bois ainfi équar?
ries 5 on les couvre de paille ou de gleux, fuivant
l’expreftion des faulniers, & la paille elle-même
eft couverte de planches, qu’ils appellent guimpes.
Ces planches ne font pas exactement rapprochées
les unes des autres > elles lailfent un palfage libre
à l'eau qui doit laver le fable, & qui, filtrant à
travers la paille , s'écoulera entre les rouets & le
maflif enduit de glaife, fur lequel ils font appuyés.
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La foffe étant ainfi difpofée, on y met cinquante
ou foix^nte boiffeaux de fable, Sf l’on verfe deflus
trente ou trente-cinq féaux d'eau , qui eft communément
faumâtre : les ouvriers fe la procurent
par voie de filtration, en faifant des trous en teirç
auprès des cabanes qu’ils habitent. Au défaut de
cette eau, déjà chargée de parties falines, on emploie
celle qui eft douce :.il faut deux heures pour,
que l’eau, de quelque nature qu'elle fo it, palfe à
travers le fable que contient la foffe.
On a foin de pratiquer une ouverture à l'un des
côtés de la fo fle , & au delfous des rouets. Deux
gouttières., adaptées à cette ouverture, fervent à
conduire l'eau, à mefure qu'elle fe raffemble fur le
lit de la.foffe : l'une de ces gouttières, qui a up
pied ou environ de longueur, aboutit à un tonneau
placé au deffous de la foffe, & dans lequel
s'écoule l'eau.,,qui n'enfile pas la. fçcpnde gouttière
; celle?ci , qwi eft la principale, a quelquefois.
quarante ou cinquante pieds de longueur 5 elle
aboutit i la maifop où l’on extrait lé fel, & y con-
.duit l'eau dans des cuves,., .
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: Lorfqu’elîe y eft raffemblée, on examiné fi elle
eft affez chargée de fel. Les ouvriers jugent de la
quantité qu’elle en contient * au moyen d'un petit
vaiffeau qui leur fert d‘ éprouvette 3 qu’ils rempli f-
feni de cette eau. La forme de cet inftfumen-t eft
un carré long d’un pied ou à peu près , large dé
deux pouces, & qui n’en a qu'un de profondeur.
Deux fils, foiblement tendus dans toute lai longueur
de l'éprouvette , y tiennent, fufpendues
deux petites boules de cire, dont le poids eft
augmenté à un certain point par un morceau de
plomb qu'elles renferment. Lorfque ces boules
furnagent l’eau, on juge qu'elle eft bonne, e ’eft-
à-dire, quelle a drffous fuffifamment de fel : fi
elle eft trop légère, on ôte de la foffe le fable
lavé qu'elle contient, & on y en remet d'autre
affez chargé de fel pour que F eau qui le traverfe
en prenne la quantité qui convient.
Le moment de l’évaporation étant venu, on
établit trois vaiffeaux de plomb fur un fourneau
eompofé de terre glaife, & divifé en trois fourneaux
particuliers : ces vaiffeaux , qu’on nomme
plombs, ne font, à proprement parler, que des
plaques de plomb, dont les bords.font relevés}
ils ont vingt-fix pouces de longueur fur vingt-
deux de largeur , & environ deux pouces de profondeur.
Après avoir rempli les trois plombs d'eau falée,
on la fait évaporer, en donnant d'abord un feu
affez v if, & en le ralentiffant enfuite dès que l ’eau
a été écumée. Cette opération particulière dure
deux heures, & on peut la répéter neuf fois par
jour. Le produit total d’une journée eft de cent
livres de fel ou de deux raches : c'eft le nom d’une
mefure qui contient cinquante livres de fel. L ’é vaporation
de l'eau étant à peu près complète ,
on remue le fel dans le plomb, afin qu’il s’y def-
fèche mieux, & on le verfe dans un panier conique,
où le peu d’eau qu'il peut encore contenir
s’égoutte pendant qu'il fe fait un autre bouillon.
Il faut retirer promptement le fel des plombs lorf-
qu'il eft à peu près fe c , & ne pas différer à les
remplir de nouvelle eau falée. Sans cette activité
de la part des-ouvriers, les plombs feroient expo-
fés à fe fondre, & cet accident arrive affez fou-
vent, quoiqu’on foit bien attentif à le prévenir.
Le fel produit par l'évaporation qui vient d’être
décrite fe vend communément 3 liv. 10 fous 5 -il
eft d’un prix inférieur ou monte plus haut, fuivant
la récolte de fable plus ou moins abondante qu’ il
.a été poflible de faire dans la baie. Elle dépend
toujours du tems fec ou pluvieux qui règne dans
les mois où elle a lieu.
Dans les environs de la baie on fe fert utilement
du fable chargé de fel pour fertilifer les terres, &
même affez fotivenc on l'y vient chercher d’affez
loin. C'eft un objet de commerce pour la vente
qu'on en fait aux laboureurs de ces contrées.
A VRIL LÉ , village du département de la Ven-
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dée il eft à une lieue de la mer, fur les confins
de la plaine du Bocage, dont cette commune tire,
les productions-. On peut d’ailleurs le considérer
comme un entrepôt très-intéreffant pour l'appro-
vifionnement de la ville des Sables , & offrant aux
habitans du pays de très-grandes reffources.
AX , ville du département de l’Arriège, & fur
cette rivière, au ftid-eft deTa-falcon. Cette ville a
des eaux thermales très-renommées pour différent
tes maladies, telles que lés humeurs froides, & c .
dont la cure eft fi difficile. Les principales font
celles de T e ix , celles du Faubourg & celles du
Coulombre : leur chaleur varie entre le 18e. & le
6i e. degré du thermomètre de Réaumur. On ne
petit s'en fervrr pour les bains ; leur extrême chaleur
s'y oppofe. On les emploie feulement pour
toutes les opérations domeftiques, où l'eau bouillante
eft néceffairè. On s'en fert avec avantage
pour blanchir le linge & pétrir la pâte dé la boulangerie.
La fontaine que l'on nomme du Rajfîgn&l
eft conftamment dans un tel degré d'ébullition,
que les bouchers y jettent les porcs qu’ils tuent,
& qu'après- un très-court féjour dans cette eau ,
ils s'y dépouillent de leurs foies avec une facilité
que l'on n’obtient pas de l’eau bouillante ordt-*
naire.
Dans le territoire de cette ville il y a une mine
de plomb, des bancs de fehifte fur la rive gauche
de i’Arriège, qui traverfent la rivière au nord de
la ville. On trouve outre cela, parmi c.s bancs,
des couches d'ardoife & de fehifte qui ne fe <iivirent
point par lames : ces bancs ne s'étendent point
en largeur au-delà d*Ax. Les montagnes fiiuees au
ftrd de la ville font communément compofées de
maffes de granit & de fehiftes.
AYEN , petite ville du département de la Corrèze,
arnJtidiffeme'nf de B rives. On y trouve des
mines de cuivre de tranfport : aufli c’ eft à peu de
diftance d’Ayen, & au nord, que l’on rencontre
les limites de l’ancienne terre du Limoufin, car les
environs de Pompadour offrent des maflîfs de granit
d’une belle qualité.
AZÀMOR ( Golfe d’ ). Il eft ouvert dans la
Barbarie, fur la côte de l’Océan, à l’embouchure
de la rivière Dommiraby , qui l’a formé en partie.
C ’eft le centre d’ une pêche de poiffons fort abondante
: il eft aifé de voir que la rivière agrandit
chaque jour cette anfe.
A Z EM , royaume dans une des plus fertiles
contrées de l’Afie. Il y a dans cette contrée des
mines d’o r , d’argent, de plomb & de fer. La foie
s’y récolte en abondance, mais elle eft d’une qualité
commune. On recueille dans ce pays quantité
de gomme-laque de deux.efpèces , l’une rouge,
,qui fe trouve fur les arbres, & fert à la teinture
des toiles & des étoffes, & que l’on emploie aufli