
font entièrement compofées de maffes calcaires,
affifes fur une bafe de fchifle noir plus ou moins
compacte. On reconnoît que ce banc d’ardoife
règne dans toute l'étendue de ce pays, parce qu'il
fe découvre dans tous les-lieux où les rivières
ont détruit les rochers calcaires jufqu'à leur bafe.
Nous ajouterons ici que la même difpofition fe
remarque dans les montagnes des eaux du Gévau-
dan Sc des Cevennes, qui iont également toutes
calcaires & établies fur un banc de fchifte noir,
& dans quelques endroits fur des veines de charbon
de terre. On trouvera les mêmes obferva-
tions dans les articles Adige , Alais & beaucoup
d'autres, d'après lefquels il nous femble
qu'on pourra en faire une loi générale. Ce phénomène
ne laide aucun doute fur l'origine de
ces bancs calcaires : on voit clairement qu'ils ne
font que le produit de la décompofition des coquillages
marips & des autres fubttances animales,
enfuite pétrifiés fur de vaftes lits de vafes & de
limons argileux que la mer a dépofés de même,
& qui, en fe confondant, ont rormé ces bancs
de fchiftes que nous obièrvons maintenant au
deffous des roches calcaires.
A un quart de lieue de Coudons on commence
à voir les grandes forêts de fapins qui couvrent
la plupart des hautes montagnes du pays de Saule.
On entre ici dans une large plaine bordée par
çes fommets élevés : elle offre des pairies & des
terres labourables d'un modique produit, car il
n'y croît que du. feigle & quelques'légumes de
bonne qualité.
Le fol de cette plaine eft fi élevé, qu'il n'y vient
aucun arbre fruitier, pas même des hêtres ou
des chênes : cela n'empêche pas qu'il ne s’y foit
établi plufieurs villages affez confidérables, tels
que Belvin, Beaucaire, Roquefeuille , Efpefel :
ils font tous adoffé.s aupied des montagnes & des
forêts de fapins dont cette plaine eft entourée.
Lorfqu'on a traverfé la plaine, & qu'on pénètre
dans les gorges de la rivière de Rebenti,
on trouve les villages de Niort, Merial & Lafa-
jo lie , tous trois limés fur les bords de la rivière,
au pied des roches. Tout ce qui peut être cultivé
y eft mis à profit. Les coteaux y font trop
rapides pour que les terres végétales s'y fou-
tiénnent. On ne comprend pas même comment
ces villages ne font chaque année engloutis fous
les avalanches de neiges dont ce pays eft couvert
une grande partie de l’année. Ces accidens
auroient lieu infailliblement fi ces neiges n'étoient
pas retenues par les fapins qui couvrent ces
montagnes.
On voit auprès de ces villages des moulins à
feie , où l'on débite annuellement en planches
neuf cent cinquante pieds de fapins. Ces planches
font portées à dos de mulet jufqu'à Quillan,
d'où elles defeendent par l'Aude dans le Bas-
Languedoc.
O n trouve à la montagne du col 4e Léon-D^-
vid plufieurs belles veines de mines de fe r , dont
cette montagne eft pénétrée de toutes parts, &
qui peut avantageufement alimenter la forge de
Merial. Dans la forêt qui eft au pied de l'étang
de Rebenti il y a une autre mine d'une excellente
qualité. Ces deux minéraux, mêlés enfem-
ble dans des proportions convenables, peuvent
donner un fer d'une qualité excellente. Nous dirons
à cette occafion qu'il y a dans le pays de
Sault, comme dans celui des Fenouillédes ÿ autant
de mines de fer que dans le pays de Foix & dans
le Rouflîllon.
Dans le voifînage du village de Fajolle il y a
un très^beau filon de mine de cuivre de couleur
de gorge de pigeon. Gn voit des indices de pareille
mine dans le vallon appelé le Trou-d‘A>-
geht. ■ 1 t
Au-delà de Merial eft un joli vallon qui ren-*
ferme les trois villages de Camurac, Cornus &
Montaulieu» Le ruiffeau qui arrofè les excellentes
prairies de ce vallon, forme la fource du Lers.
Les terres labourables y font très-bonnes & bien
cultivées : on y entretient beaucoup de beftiaux
& furtout des bêtes à cornes. Les récoltes en
font tardives, mais ordinairement fort bonnes.
On ne recueille ici que des foins, des blés &
furtout des légumes, car il n'eft pas poffible d'obtenir
aucuns fruits dans ces contrées élevées. .
En fe repliant de Camurac vers la plaine de
Sault, on trouve les gros villages de Beaucaire &■ <
de Roquefeuille : ils font l’un & l’autre fitués dans •
un valîon étro it, mais fertile. Les terres labourables
y font bonnes , & lès prairies furtout d'un
grand produit > ce qui eft une grande reffource
dans un pays qui a beaucoup de beftiaux, & qui
eft fix mois de l’année fous la neige.
En fe rendant d'Efpefel au village de Mazuby,
on rencontre un banc de kaolin qui peut fervir
de terre à foulon : cette terre eft très-blanche &
fort favonneufe. De l à , lorfqu'on a paffé le Rebenti,
on arrive à Rodome & à Aunat. Il y a ici
-beaucoup de prairies & des terres labourables
d'un aidez bon produit, dans une terre noire qu'on
peut regarder comme une efpèce de pouzzolane
parce .que tout ce vallon eft rempli de laves : il y
en a beaucoup de blanches parmi les noires, &
le village de Rodome en eft bâti. Toutes ces
laves parojflent être forties de deux volcans ou
centres d'éruption qu'on voit aux fommets des
deux montagnes de Cafels & de Serre-Mcjë> fituées
à l'oppofite l ’une de l'autre, & des deux côtés
du vallon.
D'Aunat on paffe à la Beffède, pauvre village
fitué à l'extrémité des gorges qui vont fe joindre
à la rivière d’Aude, vers le G là t, au bas du Do-
nezan. Il y a auprès de ce village plufieurs filons
de mine de plomb : ce minéral eft de l'efpèce de
ceux qu'on connoît dans le-,pays fous le nom de
vernis, & dont les • potiers font un fi mauvais
ufage dans la couverte des vaiffelles communes.
Un pêu au defilis du village on apperçoit plufieurs
veines^d’un très-beau plâtre. rnS
Lorfqu'on eft parvenu à Axât fur la ri.viere
d'Aude , on commence à voir quelques .petits
vignobles & quelques arbres à fruits près le village
d'Artigues} mais comme le fol y eft fchifteux,
il y eft en conféquence d’ un médiocre produit.
Dans le canton dés environs d Axât font de
beaux bois de hêtres, de pins & de fapins, dont
on tire parti dans des forges & des moulins a
feie. Puis en montant à Pradelles, le vallon,qu on
fuit,, offre de bonnes cultures; dans les fonds, &
des bouquets de bois.- & des friches au pied des
montagnes. • : ; ; • ' : J V
Le village de Pradelles ou plutôt la rivière de
Boulzane qui l'arrofe, fépare le pays de Sault>de
celui des Fenouillédes. C ’eft à cô'point.que finif-
fent les bellés forêts dont nous avons parlé, &|
dont on ne doit la 'confervation qu aux défenfes
rigoureufes d en laiffer .approcher aucune efpèce
de hétail. Ces forêts feront toujours^ peuplées :de
beaux fapins tant qu'on aura les memes précautions
,. & qu'on; fuivra la méthode; raifonnee d’exploitation
qu'on à eue le bon ef^rit d .adopter 8c
de fuivre., Comme les fapins n'acquièrent leur
force ordinaire que dans foixante-dix a quatre-
vingts ans » on a foin de ne couper que ceux qui
ont: acquis c e t âge & toute, leur hauteur. Au lieu
d'exploiterices bois par coupes réglées, comme
on le fait dans les forêts de chênes & de hêtres ,
on choifit les arbres qui font dans l'état que nous
avons dit , & on les abat. Ajors on prend _dans
ces arbres tout ce qui eft propre à être mis en
pièces de charpente ou en planches : le furplus,
c-'eft - à - dire les - cimes & les branchages, eft
coupé fur trois bu quatre pieds de longueur,
dont on fait des meules ouj fourneaux de huit à
dix charges de charbon.
En coupant ainfi ces arbres par choix, il en
poufle.de jeunes à leur place, & la forêt fe,trouve
toujours également peuplée. Outre que 3 par ce,
fyftème d'exploitation, on donne de 1 air aux
jeunes arbres voifins, qui n’en pouffent que
mieux , on obtiendroit un meilleur fuccès fi l’on
faifoit ufage d’ une méthode que j’ ai vu pratiquer
dans les Alpes. Dès qu'on y a coupé des fapins
ou des mélèfes, on arrache les Touches, qui donnent
encore beaucoup de bois, qu'on emploie en-
charbonnage i l'on eft affuré que dansai année
d'après on voit pouffer aux endroits où l'on a
arraché les touches, 8c où la tetre a été remuée,
plufieurs jeunes pieds d’une très-belle venue. De
cette manière ces forêts, loin de s'éclaircir & ^de
fe détruire par la coupe des vieux arbres, n'en
deviennent que plus peuplées par ceux qui viennent
à leur place.
En montant de Pradelles à S.alvefinp$ , on trouve
d'abord le village 8c le petit vallon deiPuy-Lau-
rent, qui eft très-bien cultivé': c'ëftiune; efpece de,
eul-de-fae entouré de hautes roches, la plupart; a
pic. Il y a quelques vignobles, des prairies abon-
dames j & d’aficz bonnes terres labourables.
Près de Salvefines on trouve un grand nombre
de mines de cuivre, qui font la plupart du genre
ides malachites ou terres vertes, qu on peur ex-
Iploiter avec avantage.. - . , \
, De ce village en fe portant àG in d a , on voit
iun martinet & deux forges voifines l'unë rde
'l’autre; outre cela, des prairies & des terres labourables
d'un fort bon produit.
. En defeendant de - ces gorges, & furtout de
celle.de. Montfçrt, on trouve le beau, vallon des
Fenouilledes .- il s’étend, depuis Pradelles jufqu'à
Saint-Paul, fur une longueur de plus de trois
lieues. Lé fol qui forme la.plaide de, ce vallon eft
iprefqu’entiérement fchifteux , c eft -a - dire , de
iterres noires; ardoiiières.- G eft ce;, meme banc
.dont nous àvoris parlé plus haut, 8t fur: lequel
routes ces montagnes de couches calcaires font
affifes. Il y a un grand nombre d’endroits où cés
fchiftes s corrigés par la culture, forment d’ excèl-
jlentes terres labourables. Les environs de G u idiez
8c. de. Saint-Paul font très,-bien cultivés : il
;y a , même beaucoup.de vignobles d ’unbon.pço-
.duit ; ce qui n’empeche pas que de grandes parties
de ce .territoire nefoient eh friche., |
Les montagnes qui bordent au nord & au midi
ce beau vallon, font couvertes de bruyères;, &
l ’on n’y remarque pas.un feul arbre de belle venue.
Ces montagnes étoient ;ci-deyant couvertes de
chèvres qui en ont détruit tous; les bois; mais
depuis quelques années on les. a écartées rigou-
Teufement de ces contrées. . -
Il feroit fort facile de rendre ce pays, riche &:
abondant en y fàifant des plantations de chatai-
gners qui y réuflîroient parfaitement, parce que
ces arbres aiment les terres fehifteufes, & que la
température, du pays y feroit très-propre.: .ces.
fortes d’arbres donneroient dans ce pays la plus
grande , partie de la fubfiftance. du peuple, qui
manque de,cetteireffource. On:a planté près de
Caudiez quelques-uns de ces arbres, qui font. ,
très-beaux 5c fort vigoureux.: . ;
On voit près dé Saint-Paul une très-belle fource
d’eau thermale : elle a quarante degrés dè chaleur
au thermomètre de Réaumur. Cette eau ne dé-
pofe aucun fédiroent 8c laide fur la langue un
léger degré d’acidité.
■ On exploite à.l'Efquerde 8c à Rafiguières de
belles. carrières de plâtre, don,c.la plus.grânde
partie paffe en Rouffillon , 8c particuliérement à
Perpignan.
Lorfqu’on quitte le pays des Fenouilûdes on fe
rend j parle col Saint-Louis, au village de Bugâ-
rach : ce village eft. confidérable : il y a de très-
bonnes terres labourables 8c. des prairies d’un
grand produit. Le fol ,en général eft, calcaire ; mais
cependant, on y remarque beaucoup de cantons
fchifteux. Les ïamateurs de, ;çoquiilages fofliles
pourrQÎent y faire.une abondante récolté, car il