
| tagnes ou collines, auxquels le fond de la vallée
où coule la rivière, va Ce réunir} enfin,il finit par
déclarer qu'il eft étonnant qu'on n'ait pas appérçu
avant lui une chofe auflï remarquable. »
on eft embarraffé de trou ve rm ême à peu près, J
une efpèce dont on puiffe prononcer l'identité
avec celles des empreintes, & dont la relTemblance
foit affez décidée pour un naturalise. Toutes ces
empreintes font tournées du même côté ; elles
montrent toutes le dos de l ’animal. Cependant
nous avons vu dans le cabinet de M. Davila, un
coquillage pétrifié, où l'on remarquoit une patte
pliée, & garnie de fes deux ferres ; le refie ref-
lembloit beaucoup à quelques-unes des empreintes
des ardoifes j en forte qu'on y a vu un grand
rapport entre le pou de mer 3c les deux foflîles :
toutes lés autres font dans le cas des cornes d'am-
mon, que l'on regarde comme le type d'animaux
marins, mais dont l'efpèce eft inconnue, 3c peut-
être détruite. Un plus grand nombre d’obferva-
tions & de recherches éclaircira ces doutes.^ On
ne connoît que depuis peu de te ms l'efpèce d’our-
fin, qui porte les pierres judaïques i l'efpèce à‘afle-
rias , qui a produit les entroques. Au refte, nous
renvoyons à l'article -Ar d o i s i è r e s , pour développer
plulïeurs queftions qui concernent ces maf-
fifs de pierres feuilletées, & leurs rapports avec J
les mafGfs de Y ancienne , de la moyenne & de la '
nouvelle terre-
A N G L E S CORRESPOND ANS DES VALLÉES.
M. Bourguec remarque que les montagnes, ou
plutôt les bords des vallées, avaient des configurations
faivies & correfpondantes entr'eiles 3 en
forte que les angles faillans d'une montagne ou
d'un bord de vallee fe trouvôient toujours oppofés
aux angles rentrans de la montagne ou de l'autre
bord qui étoit en face, 3c féparé par un vallon.
Perfonne, avant M. Bourguet, n'avoit obfervé
ni annoncé la furprenante régularité de laftru&ure
extérieure de ces grandes maifes } il crut avoir
trouvé que toutes les montagnes étaient formées
dans leurs contours à peu près comme les ouvrages
de fortification, 8c que ces formes étaient lï
fenfibles , qu'il lui fembla, en voyageant au milieu
des vallons, qu'il marchoit dans un chemin couvert
bien tracé.
ec Si par exemple, dit-il, on parcourt un vallon
dont la direâion foit du nord au fud, on remarque
que les bords qui font à droite, forment des avances
ou des angles laillans-qui regardent l'orient, & que
ceux qui font à gauche regardent l'accident ; de
force néanmoins que les.angle s faillans de chaque
côté répondent réciproquement aux angles rentrans
, qui leur font alternativement oppofés ; il
ajoute même que les angles que les montagnes o ffrent
dans les grandes vallées, font moins aigus,
parce que la pente eft moins roide, & qu'ils font
plus éloignés les. uns-des autres} que, dans Les fonds
des vallées r ces angles alternatifs ne. font fenfibles
3c bien réguliers que dans les canaux des rivières
qui en occupent ordinairement le milieu- Leurs
coudes naturels répondsnt aux avances les plus
marquées 3c aux angles les pUs faijUns des. mon- «
M. Bourguet, en annonçant cette obfervation,
la confidéra comme un fait important pour la théorie
de la terre. Depuis M. de BùfFpn, non-feulement
l’adopta dans ces vues , mais encore le généralisa
, 3c s'efforça de nous en donner le dénomment
& l'explication. «On vo it, dit-il, en jetant
les yeux fur les ruiffeaux, fur les rivières & toutes
les eaux courantes, que les bords qui les contiennent,
forment toujours des bords alternativement
oppofés i de forte que , quand un fleuve fait , un
coudé, l ’un des bords du fleuve forme d'un côté
une avance ou un angle [aillant dans les terres,
pendant que l'autre bord forme un angle rentrant,
& qu'il en réfulte cette correfpondance des anglts
alternativement oppofés. » M. deBuffon cohfidère
ces formes comme fondées fur la loi du mouvement
des eaux, & fur l'égalité de l’aébon des fluides
j il ajoute qu'il feroit facile de démontrer la
caufe de cet effet} mais qu'il fuffit qu’il foit général
3c univerfellement reconnu, & que tout le
monde puiffe s’afl’urer par fes yeux, que toures les
fois qu’un bord d'une rivière fait une avance dans
les terres à main droite, l'autre bord, au conr
traire , rentre dans les terres à main gauche.
Toutes ces configurations étant fuppofées auflï
générales par M. de Buffon, voici comme il nous
en fait envifager les caufes.
Les courans de la mer, qu’on doit, fuivant lui,
regarder comme de grands fleuves ou des eaux
couranres, affujetties aux mêmes lois que les fleuves
de la terre, ont formé de même, dans l'étendue
de leur cours, plufieurs finuofités dont les
avances ou les angles ont été rentrans d'un côté 3c
faillans de l’autre j & comme les bords de ces cou-
rails font les collines & les montagnes qui fe trouvaient
au deffous de la furface des eaux, ces cou-
rans auront donné à ces éminences ces mêmes formes
qu'on remarque aux bords des fleuves. M. de
Buffon penfe qu’on ne doit pas s'étonner que nos
collines 3c nos montagnes, autrefois couvertes des
eaux de la mer, & formées par le fédiment de ces
eaux, aient pris, par le mouvement des courans,
cette figure régulière où tous les angles font alternativement
oppofés. Ainfi nos collines & nos
montagnes ont é té , dans, l'hypothèfe de M. de
Buffon, les bords des courans ou des fleuves de
la mer ; elles- ont donc pris néeeffairement une
figure & des directions femblables à celles é ts
bords des fleuves de la mer, & par eonféquenc
toutes» les fois que le bord à main gauche aura
formé un angle rentrant, Le bord à main droite
aura-formé un angle [aillant, comme on l'obferve
dans toutes les collines oppofées.
M:. de Buffon fuppoüe, comme/ on voit , que
tous ces Gouraos- de la mer avaient wne largeur
déterminée qui ne varioit.pas, & que cette lar geur.
dépendoît de celle qui avoit l’intervalle réfidant
entre les deux éminences qui lui fervoient de lit ;
il croit d’ailleurs que les courans avoient coulé
dans la mer comme les fleuves fur la terre, pour
y produire des effets femblables} qu'ils y avoient
formé leur lit en donnant aux éminences entre lef-
quelles ils coûtaient, une figure régulière, & dont
les angles font correfpondans ; en un mot, que ces
courans ont creufé nos vallées, figuré nos montagnes,
& donné à ta furface de notre terre, lorf-
qu'elleétoit couverte des eaux de la mer, la forme
qu’elle conferve aujourd’hui.
Si quelqu'un doutoit de cette correfpondance des
angles des montagnes, M. deBuffon en appelleroit
à l'obfervation } il veut que tous les hommes,
prévenus par les r'aifons que nous venons d’expo-
fer d’après lui, examinent, en voyageant, la pofi-
tion des collines oppofées, 8c il ne doute pas qu'ils
ne foient convaincus par leurs yeux, que le vallon
étoit le l i t , & les collines les bords des courans
de la mer, vu que les côtés oppofés des collines
fe correfpondent exactement, comme les deux
bords d’ un fleuve ; enfin, il finit par confidérer
que ces collines ont à très-peu près la même élévation
, 8c qu'il eft fort rare de voir une grande
inégalité de hauteur dans deux collines oppofées,
3c réparées par une vallée.
Tel eft le "fond de la doctrine de M. de.Buffon
au fujet du phénomène dont M. Bourguet lui avoit
annoncé la découverte.
Il eft queftion maintenant de la difeuter, en
examinant, i°. fi le phénomène eft auflï généralement
répandu que le prétendent Bourguet & M. de
Buffon} 2®. au cas qu'il ne fe montre que dans,
certaines circonftances, quelles font au jufte ces'
circonftances} $°. fi les courans de la mer peuvent
avoir donné ces formes correfpondantes aux deux
bords des vallées que M. de Buffon fuppofe avoir
été figuréés & approfondies par une grande maffe
d’ eaux courantes dans le baflïn de la mer 54°. en
quoi l’aClïon d’ une eau couvante d’ une rivière à
la'fuperfitïe de la terre, ainfi que fes effets, diffère
de l’aCtion & des effets d’une maffe d’eau fembla-
ble à celle des courans de la mer; yp. quelles font
les vraies formes des angles correfpondans 3c des
angles faillans & rentrans , 3c quels ont été les progrès
de leurs configurations oppofées.
Cette fameufe correfpondance des angles de
nos vallées ne peut avoir lieu que dans les cas où
les eaux courantes des ruiffeaux ou des rivières
circulent entre des terres refferrées, entre des limites
peu étendues, 3c dans un canal dont les bords
font terminés.
Ceux qui ont adopté ou contredit cette lo i ,
n'en ont connu, ni l'étendue, ni les limites, ni les
circonftances où elle a une confiante application.
On voit que fes effets fe manifeftent dans toutes
les ravines ou torrens où l’eau courante fe trouve
contenue entre des bords a fiez peu éloignés pour
recevoir & rendre les différentes impullions d'un
courant; car on conçoit alfément qu’il ne peut
èxifter une correfpondance fenfible aux endroits
où un fleuve a pris une largeur extraordinaire-,
parce que ces influences réciproques ne peuvent
avoir lieu.
On n'obferve ainfi les angles faillans & rentrdns
que dans les cas où les rivières ofciilent, 3c elles
n'ofcillent pas dans tous les cas où elles coulent
fur des pentes très-roides & très-rapides ; mais
dès qu'elles rencontrent les parties de leur lit qui
ont peu de pente, la vitéffe de leur marche diminue,
& pour peu que ce lit foit encombré de matériaux
qui fanent obftacle aux courans, il fe détourne
pour éviter ces obftacles, & il s'éloigne
d’ une des deux rives pour fe jeter fur l’autre , 3c
terminer fon détour au pied de la falaife ou du
bord efearpé.
Telles font les conditions que la nature a mifes
dans la marche des eaux courantes, pour que la
règle de Bourguet fe rencontre dans le lit de nos
rivières, & que les angles correfpondans fe montrent
fur les bords de nos vallées.
Ainfi, au lieu de mettre partout ces formes,
commè le font Bourguet & Buffon, il falloit dif—’
çuter, comme nous venons dé lé faire, les véritables
circonftances où elles doivent s ’offrir dans nos
vallées. On auroit vu d'abord que ces angles correfpondans
ne fe montroient -bien régulièrement
que dans les cas où les rivières ofciilent.
En fécond lieu, quand l'eau courante rencontre
une grande quantité de débris qu'elle entraîne, il
eft néceffaire qu'elle éprouve un détour à mefure
qu'elle quitte le bord où elle fait fes dépôts, &r
qu'elle fe porte au pied du bord oppofé, qu'elle
mine 3c qu'elle détruit. Telles font les circonftances
qui ont pu feules concourir à la formation des.
angles correfpondans.
En troifième lieu, il eft impoflîble de concevoir
nos vallées remplies bord à bord par une maffe
d'eau courante, comme le fuppofe Buffon dans le
travail des vallées, au fond de la mer ; car ce que
nous venons de dire relativement à l'ofcillation
des rivières, exige que le courant, pour éprouver
ces déplacemens, foit terminé de chaque côté
de fon canal, & ne forme pas une maffe illimitée,,
comme elle a dû être dans le baflïn de la mer..
Ainfi les angles faillans & rentrans prouvent >
contre l'hypothèfe de M. de Buffon , que nos vallées
ne fe font pas approfondies au fond du badin
de la mer par les courans qu’il y a mis en oeuvre,,
par des confîdératîons bien nafardées*
Jè dois dire ici que, dans beaucoup de c a s , on
obferve fouvént, 8c particuliérement au milieu,
des fonds de cuve de nos vallées, que la c.orref-
pondance des bords eft réduite à.leurftmpîe parai-
lélifme de. ces bords. Dans ce cas je puis indiquer
cette nouvelle loi comme ayant fon application-
dans les grandes vallées où l’eau eft torrentielle „
comme dans les courans plus paifibles , foit continuels,,
foit périodiques.