
cienne mer , les eaux courantes ont entamé cette
croûte peu épaiffe , l'ont détruite dans une grande
partie de Ton étendue, & ont îaiffé à découvert la
bafe fur laquelle ces légers dépôts étoient établis.
Ce dénoûment paroîtra très-vraifemblabie fi
l’on envilage la pointe ifolée d'un dépôt calcaire
qui fe prolonge jufqu au-delà de Rennes, & que
l’on rencontre fur le chemin de Lamballe 8c de
Dînant à cette ville. Gn trouvera une grande
différence de niveau entre cette efpèce de filon
calcaire 8c les parties de Y a n c ie n n e terre que la
Loire traverfe , comme entre les parties de Y a n c
ie n n e terre qui environnent ce filon , & celles
que traverfe ce fleuve, en même tems que le
filon calcaire nous indique les bords où s’éten-
doient les dépôts de la mer. 11 faut donc fup-
pofer, ou que ces dépôts ont été interrompus, ou
qu'il s'eft opéré des deftruétions faciles dans l'étendue
de Y a n c ien n e terre qui fe trouve à l'extrémité
du cours de la Loire ? que cette a n c ien n e
te rr e aura été recouverte de vafes & de terres qui
auront été enlevées facilement par les eaux torrentielles
, tant celles qui fe font portées d'abord
des parties les plus élevées de la Bretagne, que
des différentes parties du baffin de la Loire.
Sans ces circonftances la Loire auroit tourné
les côtes de la Bretagne, comme femblent l’avoir
fait la rivière d'Alençon & les autres qui s'y
jettent. La Loire auroit éprouvé dans fon cours
un dérangement comme la Charente, qui, après
avoir fuivi la pente dé Y a n c ie n n e te rr e -d n Limou- j
fin, depuis le pont de Sigoulant jufqu'à Civrai j
en Poitou, change rapidement fon cours à l’approche
de Y a n c ien n e te*re du Bas-Poitou qui tient
a la Bretagne , & fuit la pente que les terrains .
de cette nouvelle côte lui préfentent. La marche
de fes eaux efl pour lors aflujettie à la direétion
qu'ont prife" les rivières qui fortent de Y a n c ien n e
te rr e du Bas-Poitou, & , lorfqu'elle eft parvenue
aux environs d'Angoulême , elle fe trouve entraînée
fur le plan incliné que lui offrent les bords
de Y a n c ie n n e terre des environs de Marton & de
Montbron. ( V o y e [ CHARENTE.)
Maintenant, pour expliquer les phénomènes
hydrographiques que nous préfentent les diffé-
rens paffages ae Y a n c ie n n e terre à la n o u v e l le , il faut
fuivre les différentes circonftances que nous-avons
expofées ci-deffus, relativement aux changetnens
des niveaux de ces deux maflifs,
U a n c ie n n e te rr e nous offre, O U dans fon état
primitif, ou à la fuite de dégradations poftérieu-
*es, des inégalités très-grandes à fa furface. Il
fuffit de parcourir ce maflif pour découvrir ces
inégalités dans les parties apparentes, & fes bords
pour les remarquer dans les parties recouvertes.
O r , dès qu’on fuppofe, comme on doit le faire,
que Y a n c ie n n e terre a toutes fortes de niveaux, la
mer» qui s’eft répandue fur cette furface inégale,
y a formé des dépôts qui ont pu avoir des fur-
laces inégales. Les maffirs de granit* formant des
baffins 8c des golfes fur les côtes de la mer, ont
pu être couverts à moitié ou entièrement, fui-
vant l'abondance des matériaux qui s'y font trouvés
ou formés ou entraînés, & par conféquent ?
après la retraite de la mer, des parties de granit
ont paru à découvert à côté des dépôts calcaires,
& par la fuite des tems certaines parties' de ces
dépôts, établies fur des granits plus profonds,
ayant' été entamées par les eaux, auront laiffé voir
cette bafe qui s'eft trouvée liée, & au maflif de
l'ile , 8c à celui des bords de la mer.
Il réfulte dé là que le lit d’un fleuve qui aura
traverfé ces cantons, aura paffé fucceffivement
fur le granit à découvert, enfuite fur les couches
horizontales? qu’il fera revenu fur le granit, &
en parcourant cette portion de fon canal on verra
ces paffages fucceflîrs de Y a n c ien n n e à la n o u v e lle
terre , & de celle-ci à Y a n c ien n e . Ainfi, en prenant
de T a n c ien n e 8c de la n o u v e lle te rr e , relativement à
Ja fuperficie de la terre dans les continens, l’idée
que les obfervations nous autorifent à en prendre,
on n’aura aucune difficulté à adopter le dénomment
que j'ai propofé ? on l'envifagera même
comme la fuite de circonftances qui peuvent fe
rencontrer affez fréquemment.
De là je crois devoir diftinguer Y a n c ien n e terre
île & enfuite bord de mer, d’avec Y a n cien ne terre
fond du baffin de la mer : ayec ces diftinétions
tous les phénomènes s’expliquent aifément, tout
fe Amplifie & fe réduit à l’ordre commun.
L * a n c ien n e terre proprement dite ëft celle aux
bords de laquelle je vois finir la n o u v e lle , 8 c .des
fleuves former des dépôts littoraux : plus loin, fi
; je fuis Y a n c ie n n e te r r e , c'eft Je fond du baffin de la
mer plus ou moins bas, foit rempli de récifs ou
d'îles vagues.
S e p t i è m e c o n s i d é r a t i o n f u r le s d i j t in i t io n s de
Y a n c ien n e & d e la n o u v e lle te rre .
D'un examen très-détaillé & très-étendu des
limites de Y a n c ie n n e & de la n o u v e lle te r r e , je tire
deux exceptions générales 8c fort importantes,
qui doivent guider dans la difeuffion des monu-
mens de l'hiftoire phyfique du globe.
La première eft qu'il ne faut pas décider que
l'intérieur d'une maffe montueufe, qui préfente
dans toutes fes coupures des couches horizontale
s, appartienne entièrement à la n o u v e lle terre ,
car on trouve fouvent que le noyau peut appartenir
à.une époque antérieure.
J'ai vu plufieurs naturaliftes qui , faute de
connoître ces exceptions locales, tomboient dans
cette méprife, en décidant qu'une mine apparte-
noit à la n o u v e lle te r r e , parce qu'on avoir creufé
lés galeries dans une montagne dont les environs
8c les parties apparentes annonçoient des matières
calcaires 8 c ftratifiées par lits horizontaux. S’ils
euffent fait attention à ces ajflociations fréquentes’
des matériaux de deux époques, ils auroiçnt aifément
reconnu, 8c la nature des matières au milieu
de (quelles fe trouvoient les filons, 8c leur organi-
fation.
La fécondé exception confifte en ce que fouvent
des couches horizontales qui ont peu de profondeur
, recouvrent des maflifs de Yancienne terre ;
en forte que, fi l’on jugeoit fans examen, on rap-
porteroit à la nouvelle terre des phénomènes qui
ne conviennent qu’à Y ancienne. Ainfi, la plaine de
Vichi ne préfente partout que des couches horizontales
8c calcaires. Si l’on décidoit, d’après
cela , que les eaux chaudes appartiennent à la nouvelle
d’après cette apparence, on fe tromperoit
groffiérement, puifque Y ancienne,^, à très-peu de
profondeur deflous cette croûte calcaire, 8c que
c’eft dans cette ancienne terre que font formées &
entretenues les fourçes des eaux chaudes. -
De même on décideroit qu’on ne peut pas trouver
des charbons de terre deflfous des couches horizontales
? mais cependant, en Flandre, on a fait
des exploitations confidérables de mines de charbon
après avoir creufé de (fous une trentaine de
pieds d’argile 8c de marne ftratifiées par couches
horizontales. On en voit la preuve entre Condé
& Campère, à Valenciennes & ailleurs.
On doit s'abftenir de décider l'état d’ un fol
pour l’ intérieur ou la profondeur, furtout lorf-
qu'on eft placé fur les limites de Y ancienne & de
la nouvelle terre, car alors Y ancienne n'y eft pas fort
profonde, & peut s’élever par des inégalités dans
certaines parties. Les phénomènes qui font de nature
à fe rendre fenfibles à travers la croûte fu-
perficielle, percent 8c s’annoncent au dehors.
On n’a rien à craindre de pareil pour Y ancienne
terre , car la nouvelle n'eft jamais deffous, 8c elle
eft dans l'intérieur tout ce qu'elle montre au dehors.
La moyenne eft dans le cas de la nouvelle ; elle
fe trouve , comme e lle, au defîiis de Y ancienne, 8c
établie de fins affez fouvent? mais jamais Y ancienne
n’eft établie fur la moyenne ou fur la nouvelle.
H u i t i è m e c o n s i d é r a t i o n fur les bordures de
Vancienne & de la nouvelle terre.
Dans les recherches qu'on peut faire pour fuivre
la ligne de féparation de Y ancienne & de la
nouvelle terre, il eft fouvent difficile de déterminer
avec précifion l'extrémité des couches de la nouvelle
s établies fur Y ancienne : plufieurs raifons s’y
oppofent. Premièrement, cette féparation 8c ces
limites ne font pas toujours fi exaêtes, fi précifes,
8c d'ailleurs les eaux courantes ont défiguré la
furface du terrain , l'ont.recouverte par des dépôts
fouvent fort épais, deffous lefquels on ne peut pas
aifément parvenir à trouver la ligne de féparation
& la fuivre. Il eft vrai que fouvent de grands 8c larges
vallons ont mis à découvert ce contrafte inté-
reffant d'un affemblage de fubftances difpofées par
lits établis fur une bafe qui forme une feule maffe.
Au refte, ces couches, comme je l'ai déjà remarqué
, furtout dans leurs bordures, font affez interrompues,
foit que les eaux courantes , qui ont
dû voiturer des matériaux d’une manière indécife,
aient par cela même troublé & défiguré ces dépôts,
foit parce que les coquillages marins, dont
les dépouilles ont fourni la matière de ces dépôts,
n'ont pas été abondans dans ce s parages. On trouve
fort fouvent, quand on parcourt ces cantons, des
limites de petites portions de couches calcaires ,
enfuite des pierres de fable; après cela reviennent
ces couches, & ce n'eft qu’après qu'on a pénétré
affez avant dans la nouvelle terre, comme après une
ou deux lieues, que la continuité des couches
calcaires fe décide^ qu'elles deviennent plus profondes
au lieu de fe montrer fur des hauteurs en
maffes fortuites, & de paroître établies, ou fur
du granit, ou fur des débris de granit en forme
de brafier , & même de couches horizontales.
Après deux ou trois interruptions, l'épaiffeur des
couches eft confidérable, & l'on ne trouve plus
même aucun veftige de la pierre de fable ou brafier.
Par exemple, j’ ai remarqué, en allant du Fay
à Argenton , fur la route de Limoges à Paris, que
les pierres calcaires fe trouvoient fur les hauteurs
avant le village de Salon, mais fans être en bancs
cbntinus.On les retrouve vers Salon, toujours fur
le brafier ? enfuite le brafier revient, 8c continue
jufqu'à ce qu’on defeende à Argenton. Pour lors
les couches de matières calcaires fur les deux bords
de la Creufe font bien décidées, 8c à une grande
profondeur. En remontant la Creufe au deffus
d’Argenton, on verroit fur les coupures de la rivière
tout le progrès de cette difpofition, des matériaux
entraînés d'un côjé par les eaux couran-
, tes , avec des dépôts de coquilles où l’on pour-
i roit démêler la "correfpondance relative de ces
mélanges.
On a lieu d’ être étonné effectivement de voir
ainfi les couches calcaires, qui acquièrent très-
rapidement une grande épaiffeur à la defeente
d'Argenton-jufqu'à la montée qui eft au-delà de
cette ville 8c jufqu'au plateau, où l’on ne trouve
plus que des fables liés par le fe r , lefquels fe réunifient
au fol faCtice & de tranfport de toute la
forêt de Château-Roux. Il femble que ces fuites de
pierres calcaires, près des limites de la nouvelle
terré, affeétenc certaines parties du baffin de l’ancienne
mer, & certains golfes où les coquilles ont
été plus abondantes.
NÔn fent bien d’ailleurs que les matériaux tranf-
portés par les courans, qui fe prolongeoient au-
delà de l’embouchure des rivières de Y ancienne
terre s 8c qui étoient combinés avec les courans
' eux-mêmes du flux & reflux, ont formé des dépôts
de pierres de fable qui ont éloigné les co quillages,,
lefquels fe font réfugiés dans les environs,
& , fuivant les difpoffrions de ces différens
amas de coquilles, il eft néceffaire que nous trouvions
les fuites des couches calcaires.
Je citerai ,encore ici une femblable dilpofition
des matériaux que m’ont offerts certaines parties
S s s 2.