
où Ton en fait d’excellente chaux. La hauteur du
promontoire eft très-confidérable, & offre des cavernes
d’une grandeur étonnante, qui s’ouvrent
du côté du nord, & préfentent une augufte &
vafte entrée fous des arcades élevées , par laquelle
on pénètre dans le corps de la montagne : c’eft
dans ces-cavernes que des troupes d’oifeaux voyageurs
viennent faire leur ponte tous les ans. Il n'y
a pas une crevaffe, pas une fente, pas une faillie
dans ces rochers, qui ne foit habitée &qui ne loge
une famille. On en voit une multitude innombrable
qui nagent autour de la bafe des rochers.' Les
mouettes tachetées, les bourgmeftres, les guille-
mots grands & petits, les pingouins, les nigauds
& les cormorans font les efpèces les plus communes
qui fe rendent dans ce fingulier afyle.
Au Cap de Flamborough, commencent les côtes
de rochers très-durs, qui continuent, fans autre
interruption que quelques baies fabloneufes &
quelques baffes terres , jufqu’ à l’extrémité du
royaume. Souvent il arrive que le fond de la mer
eft de la même nature que les rochers qui régnent
le long de cette côte : aufti les écreviffes & les
autres cruftacées s’établifTent-elles dans les réduits
de ces rochers.
Enfuite on trouve un grand amas de fable fin,
qui a depuis un mille jufqu’à cinq milles de largeur,
& s’étend à l’eft depuis fes bords jufqu’ à ceux
de Dogger-Banc. La mer préfente un fond inégal,
hériffé de rochers caverneux, avec de grandes
profondeurs : ce fond eft prefque partout revêtu
de coralines & autres plantes marines.
Cette difpofition du rivage procure aux habi-
tans de la côte une pêche très-avantageufe ; car
d’un côté le rivage, & de l’autre les bords du
Dogger-Banc, fervent à diriger la marche de cette
multitude de morues qui viennent de l’Océan fep-
tentrional dépofer leur frai dans ces parages : elles
trouvent une nourriture abondante dans les plantes
qui croiffent fur les rochers, dans les vérs qui recherchent
les fables, & un abri pour leur frai dans
Tes creux & les réduits de ce fond rocailleux. C ’eft
là qu’on les prend, ou bien entre les bancs Dogger
& Well ; car elles évitent une mer agitée & profonde.
De leur c ô té , les raies à peau dure, les
holibutes, les carrelets & autres poiffons plats
s’enfeveliffent dans le fable, & fe mettent à couvert
des vagues tumultueufes.
D’ailleurs, une multitude de merlus vifitent
cette côte à des tems marqués : ils arrivent vers
décembre, & occupent une largeur de trois milles,
à partir du rivage, & une longueur depuis le Cap
Flamborough jufqu’au château de Tinmouth. Une
armée d’une petite efpèce de goulus circule autour
de ce banc de merlus, pour en faire un grand butin
, car quand les pêcheurs jettent leurs lignes plus
loin qu’à trois milles de la terre, ils ne prennent
que ce poiffon vorace.
Entre le Cap Flamborough & Scarbourough
s’étendent, fort loin dans la mer, une fuitg de
rochers & d’écueils qui occafionnent de fréquens
naufrages. Les marées, dans les équinoxes, s’élèvent
de vingt-quatre pieds en ces parages} dans
les autres tems de l’année feulement de vingt, &
les baffes marées depuis douze jufqu’à feize.
Plus loin fe trouve Whitby, connu par fon beau
porc. L’entrée eft un canal étroit entre dedx collines,
qui s’élargit dans l’intérieur, & que la rivière
d’eft fert à nétoyer. De là jufqu’à l’embouchure
de la T e e s , qui fert de limite entre ce comté
& celui de Durham , on voit une côte haute,
efcarpée, dentelée par plufieurs baies, femée de
petits villages finguliérement bâtis parmi çes fa-
laifes.
La Tees , limite feptentrionale de ce grand
comté, ouvre dans la mer une large embouchure
fur un fond fangeux : il eft vrai que l’entrée qu’elle
procure dans l’ intérieur du pays ne s’étend pas
j tort avant. Prefque toutes les rivières du nord
defcendent, par une pente rapide, de leurs four-
çes fituées au milieu des montagnes, & , n’ayant
qu’un cours très-borné, n’ offrent des fecours que
pour une navigation fort peu étendue. Dans le
limon de cette embouchure on trouve particuliérement
& abondamment la myrine glutinofa de
Linné} c’ eft un ver qui s’infinue dans la bouche
du poiffon pris à l’hameçon, & qui le dévore en
entier s’ il relie pendant une marée fous l’eau, &
ne lui laiffe que les arêtes & les écailles. C ’eft ce
même ver qui charge l’eau de la mer d’une efpèce
de colle.
De Seaton-Snook jufqu’à Hartlepool on ne trouve
qu’une fuite de bancs de fable le long du rivage,
& de la pointe du nez de Hartlepool jufqu’à Black-
halls, c’eft une côte formée de bancs de pierres
à chaux, entrecoupés par de fréquens bancs de
fable } mais Seham & Hartlepool offrent un front
de rochers 11 efcarpés, qu’on ne peut aborder la
côte fans un danger imminent : aufti la mer vient-
elle s’y brifer contre les rochers ou les bancs de
fables cachés fous l’eau. De Seham à Sunderland,
ce font des collines de fable & des berges fabloneufes
, avec une mer peu profonde.
De Weiemôuth jufqu’aux environs de Cleadon,
des rochers fort bas de pierre calcaire forment la
côte, qui offre çà & là des montagnes de fable & des
berges de pierres. En fuiva.nc la côte jufqu’à l’embouchure
de la Tyne & d’Unftambrough dans le
Northumberland, le rivage n’offre que des fables,
& la terre des rochers par intervalles } mais en-
fuite la côte s’élève, & offre des rochers q u i, en
en plufieurs endroits, s’avancent au loin dans la
mer, & montrent, dans les baffes marées, une
infinité d’écueils au deffus des eaux.
Le château de Bamborough eft fitué fur une
chaîne de falaifes fort efcarpées. Un charitable
prélat, évêque de Durham, a acheté ce domaine,
& en a confacré le produit au foulagement des
malheureux matelots qui font naufrage fur cette
j| côte. Les naufragés trouvés fur cette côte font
tranfportés fur le champ dans Cet hofpiCe t Sc y
reçoivent tous les fecours dont ils ont beloin. Si
le navire eft fufceptible de fecours, on le fauve à
l’aide de machines toujours prêtes à agir au be-
foin. Nous ne connoiffons point de pareil éta-
bliffement fur nos côtes. Puiffe ce trait être lu par
une perfonne fenlïble aux accidens des marins, &
qui ait le pouvoir & la volonté de l’imiter !
Les îles de Farn forment un groupe de rochers
qui n’ eft pas éloigné du riyage. Le plus voifin de
la côte eft à cinq cent trente-quatre toifes, & le
plus éloigné à fept milles. Il fuffir de confidérer la
marée furieufe qui fe précipite dans les canaux qui
féparent ces îles, dont la profondeur n’eft que de
cinq à douze braffes d’eau, pour n’avoir aucun
doute fur la caufe puiffante &. aCtive qui a réparé
du continent toutes ces maffes de rochers. Depuis
plufieurs fiècles, les principaux habitans font un
petit nombre de vaches qu’on y traufporte de la
terre , & des canards à édredon. Outre cela, d’innombrables
oifeaux de mer, d’une grande variété
d’efpèces, font en poffeflîon des rochers les plus
éloignés , où iis trouvent une demeure & une
retraite plus fûres que dans les baffes collines du
rivage. Toute la c ô te , depuis le Cap Flamborough
jufqu’à celui de Saint-Ebb, n’offre aucun
afyle aux oifeaux de mer, qui cherchent les promontoires
les plus élevés. Tels font les becs-de-
rafoir, les guilîemots, les cormorans, les nigauds}
outre cela, ils choifilfent de préférence les lieux
les moins fréquentés & les moins acceflîbles aux
hommes. Les cinq efpèces de pingouins & de
guilîemots paroiffent ici dans le printems, & dif-
paroiffent en automne. Les autres oifeaux y ont
une demeure fixe toute l’année, ou vont chercher
feulement les rivages voifins.
De Bamborough jufqu’ à l’embouchure de la
Tweed, tout le rivage eft fabloneux, qui fe rétrécit
à mefure qu’on approche de l’Ecoffe. L’ Ile-
Sdnre , avec fa cathédrale & fon château ruinés,
eft éloignée du rivage. Il y a grande apparence
que cette île a été féparée du Northumberland
par l’aCtion des flots. Dans les parties où les fables
font abondans le long des côtes , la marée les
pénètre par un progrès infenfible, & ne les couvre
enfin qu’après quelle eft parvenue à fa plus grande
hauteur.
I I I . Rivières 6’ montagnes.
Nous paffons maintenant aux rivières & aux
montagnes, qui font d’autres principaux traits de
la phyfîonomie de cette île intéreffantë. Si le géographe
ne les décrit pas avec exactitude, il ne
peut donner fon tableau pour vrai & reffemblant
a la nature, &r par confequent comme un grand
pays qui fntéreffe la géographie-phyfîque.
Des rivières.
L’Angleterre eft coupée par quatre grandes rivières,
la Severn , la Tamife , l ’Humber & la
Merfey. La Severn naît dans la montagne de Plen-
limmon, fe dirige à l’eft jufqu’à Shrewsbury, puis
tourne vers le fud, paffe à Glocefter, d’où elle
coule au fud-oueft, & fe jette dans le golfe de
Briftol, après un cours de cent cinquante milles.
Elle eft navigable jufqu’à Welchpool. Les principales
rivières fecondaires qui s’y jettent, font les
deux A v o n , celui du nord & celui du fud } la
Terne & la Wye.
La Tamife prend fa fource dans les montagnes
de G otfwold, dans le Gloceftershire, &c court dans
une direction fud-eft, qu’elle conferve jufqu’à fort
embouchure dans la mer d’Allemagne, où elle
porte, avec fes eaux, celles du Cherwel, de la
Terne, du Kenner, d’ une autre W y e , de la Mole
& de la Lée. On rencontre, dans l’embouchure
de la Tamife, la Medway, comme la Wye dans
l’embouchure de la Severn. La Tamife, dans un
cours de cent quarante milles, eft navigable j ufqu’à
Criclude.
L’Humber proprement dit n’eft qu’un vafte
confluent, où viennent fe réunir plufieurs grandes
rivières qui fertilifent les parties du centre de
\‘Angleterre. De ce nombre, la Trente eft la plus
conlidërable} elle a fa fource à Newpool, en Staf-
fordshire, & , courant au nord-eft , fe je tte , après
un cours dire& d’environ cent milles anglais, dans
l’Humber,d’où elle eft navigable jufqu’a Burton.
Les autres grandes rivières affluentes dans l’Hum-
ber, font le Dun, qui eft aufti navigable , & paffe
par Doncafter} l’A ir e , navigable jufqu’à Le eds,
& le Calder, navigable jufqu’ à Halifax , toutes
deux infiniment utiles pour le tranfport des produits
des manufactures de laine } l’Ure ou Oure,
belle rivière qui paffe par Yorck, & forme un grand
bras de l’Humber, &c.
On voit que l’Humber eft comme la tige d’un
chêne vénérable, qui étend au loin fes principales
branches dans une direction horizontale} ce qui
dénote un balfin dont les différens embrsnche-
mens ont très-peu de pente , & confervent chacun
les maffes d’eau qui les rendent navigablèsw
Quoique la M erfey ait une grande embouchure,
fon cours direCt n’a que cinquante milles, & n’eft
plus navigable au deffus de Stockport. Elle a fa
naiffance dansde Weft-Riding de Yorchshire, &
court au fud-oueft. Cependant elle coule vers le
nord à fon embouchure dans la mér d’ Irlande,
où elle porte les eaux de l’ Irwell, navigable juf-
qu’auprès de Manehefter, avec celles de la Wee-
v e r , navigable jufqu’ au v.oifinage de Northwich
& des mines de Tel gemme. .
Nous ne ferons pas ici l’énumération des autres
riyières navigables du royaume} il faudroit reprendre
d’abord une grande partie de celles que
renferment les trois baftins de la Severn, de la
T am ife , de l’Humber, & des intervalles de ces
baftins.^
En général» quand on confidère les rivières de