
de la Charente que les rochers. & les moelons !
montrent leur affiette ordinaire, & laiffent voir l
des lits de differentes épaiffeurs & parallèles à. I
l ’horizon.
Lès carrières de pierres calcaires font à une
lieue de di(lance d’ un, four à chaux qu’on trouve •
près du village du Maine-Dubos. Ce peut établit-
l'ement fournit aux befoins des villes de Saint-
Junien , de Chabanois &: de Rochechouart. Après
la tuilerie du Maine-Dubos, on rencontre des
fîlex au même état que ceux que nous avons -
indiqués dans le trajet du Poitou à Ruffec. Ils
deviennent plus communs à mefure qu’on avance
dans l’Angoumois.
Le fol de l’Angoumois, tel que nous l’avons fait
connoître, reparôît avec tous fes avantages. Les
bancs horizontaux de pierre calcaire , qui annoncent
un terrain plus chaud & de meilleure qualité,
montrent partout le fainfoin, la vigne & les grains
de première culture.
L# chaîne nombreufe de châtaigniers qu’çn fuit
depuis Fontafi ( Fonsadfines) , fe change à Chaffe-
neuil, en marroniers qui donnent de beaux marrons.
Il en eft de même des noyers, auxquels les
marronniers cèdent un terrain favorable après le
village du Vivier. Cette contrée ell bornée d’un
côté par des prairies excellentes , qu’arrofe la
Bonnieure, & de l'autre par des terres labourables
de bonne qualité.
Après le village du Vivier jufqu’au bourg de
Taponat, on ne trouve plus qu’ un fol ingrat : il
produit plus de feigle que de froment. Les eaux
en font mauvaifes & très-rares en été. C ’eft à côté
de ce trajet que reparôît l’induflrie de X Angoumois-
Limofin, qui çonfifte en éducation de bétail, en
mairin & en cercles de châtaigniers. Les fonds de
campagne de la partie de XAngoumois, où les propriétaires
cultivateurs fuivent la méthode du Limofin
, font plus difficiles à régir que ceux de
l’Angoumois vignoble. Ceux-ci intéreffent principalement
lors des moiffons & des vendanges , qui
fe font dans les plus belles faifons de l’année, au
lieu que, dans les premiers, le menu bétail, l'ën-
grais des boeufs, l’exploitation des bois châtaigniers
& la fabrication du mairia font autant
d’objets de produits annuels , qui occupent les
foins du maître dans des rems peu agréables. La
quantité immenfi? d’engrais qu’exigent les fonds
e terres pour donner de bonnes récoltes, exerce
l ’induftrie des métayers : c’eft en hiver qu’ ils font
pourrir, dans les chemins, les ajoncs, les bruyères
, les fougères, & c . > qu’ils ouvrent de nouveaux
foffés, qu’ils nétoient les anciens , qu’ ils dirigent
les eaux* pour les arrofemens des prés hauts, dans
des rigoles ménagées avec art fur les pentes ; enfin,
qu’ ils travaillent à de nouveaux défrichemens.
Lorfqu’on parvient à la Rochefoucauld , on
trouve les maifons de cette ville difperfées dans la
vallée de la Tardouère, qui, la plupart du tems,
eft à fec. Nous expoferons par la fuite les circonftances
principales de ce finguîief phénomène, en
traitant de l’hydrographie de la Tardouère & de
la conftitution du fol des environs de la Rochefoucauld.
En fortant de cette ville, on rencontre
la vallée latérale de la petite rivière de la Ligone,
qui ne coule & ne fe réunit à la Tardouère qu’a-
près des pluies extraordinaires.
La route ne préfente rien d’important jufqu’au
pont de la Bécaffe, qui eft éloigné de la Rochefoucauld
d’environ une demi-lieue, & qui a été
conftruit fur le Bandiat, que ce qui concerne la
conftitution du fo l, dont il fera parlé dans la def-
cription- hydrographique des deux rivières de la
Tardouère & du Bandiat, & dont nous ferons un
article particulier.
Les objets remarquables que l’on rencontré
après avoir quitté le pont de la Bécaffe 3 font les
maflifs de coraux & de madrépores , qui fe mon-
- trent de tous côtés dans le fol de la route & de la
forêt de la Braconne : ce n’eft qu’à la fortie du bois
que le fol delà province reparôît couvert de vignes
& compofé de couches horizontales. Après avoir
traverféàa rivière de Touvre^ on ne tarde pas à
voir le bourg de lTle & les coteau# élevés, au
milieu defquels font établies des carrières fort
célèbres dans le pays. Cette chaîne de collines eft
liée avec le plateau d’Angoulême, que nous avons
fait connoïtre à l’article A ngouleme.
Nous revenons au faubourg Saint-Cibard. Le fol
de ce canton eft fort productif. C'eft un fable mêlé
de terreau , converti , par la culture , en terre
franche de la première qualité. Cette couche, que
l’on, peut confidérer comme un dépôt de rivière
d’environ trois pieds de profondeur, a pour bafe
un lit de gravier de quinze à dix-huit pieds, qui
eft perméable aux eaux de la Charente ; car il fuffit
de creufer dans la plaine auffi bas que le fleuve ,
pour obtenir de l’eau dans les puits : d’ou il réfulte
que cette terre, qu’on emploie à la culture des
plantes, étant continuellement humeétée par les
eaux fouterraines, n’eft point brûlante : aufli les
jardins* les prés, les terres, les chenevières, y font
d’un très-grand rapport.
En fuivant la route depuis le faubourg iiifqu’ au
bois de la Taille, on trouve un terran produttif
dans la plaine comme dans le bois. Au-delà des
bois de Bardine, on trouve des dépôts très-fér-
tiles, que les eaux delà Charente biffent à chaque
débordement, & qui leur donnent une confîftance
graduée que les fables n’acquièrent que par des
fumiers fecs & chauds.
Le fommet du coteau de Sainte-Barbe eft à peu
près à la même hauteur que l'entrée de la porte
du Palet de la ville d’Àngoulême.. Le point de vue
qu’il préfente, eft fort agréable (voyeç A ngou-
leme) . C ’eft un baffin immenfe, arrofé par un
fleuve, circonfcrit par des efcarpemens de rochers
qui s’offrent d’un côté , & qui fe dégradent de
l ’autre par des plans inclinés très-âdoucis. Il fuffit
de fe rappeler les formes du vallon de la Charente
vis-à-vis
vis-à-vis le plateau d’Àngoulême, pour juger que
le plateau de Sainte-Barbe a préfenté des effets
fembhbles, mais en fens contraire. Le fleuve,
forcé de former un détour vers la gauche, a dé-
pofé un aterriffement confidérable, fur lequel on
voit la produélion végétale la plus vigoureufe de
la Grande-Garenne.
Le bourg de Fle ac,que l’on apperçoit fur le
prolongement du coteau de Sainte-Barbe, y trouve
un grand avantage dans la fécondité des terres qui
recouvrent ce coteau : elles font compofées d ’un
fable de la meilleure qualité, dont la bafe eft rafraîchie
par les eaux fouterraines qui coulent fur
le rocher * & qui font fort abondantes en cet
endroit.
Les maffes d’argile que l’on apperçoit fur les
petits coteaux qui font vis-à-vis les villages de la
Vergne & de Lugeat, procurent les avantages que
•produit cette fubftance terreufe lorfqu’elle a une
médiocre épaiffeur, & que fa bafe eft un tuf pierreux
ou du moëlon. On voit dans les argiles, des
ceps de vigne qui donnent des vins délicieux
depuis long tems. Les blés, les fruits, les légumes
;& toutes les plantes potagères y acquièrent d’excellentes
qualités.
Couches horizontales, & leur difiinftion.
Ç ’eft furtout eh Angoumois, dans le Périgord &
•en Saintonge que j’ai obfervé, avec plus de foin
& plus, avantageusement, ce qui contribue à la
diftinêtipn des.couches horizontales de la nouvelle
terre. Les grands amas de coquilles, dont les débris
ont formé des bancs très-épais dans les dépar-
temens qui ont fuccédé à ces provinces, ont favori
fé cette étude. On trouve ces bancs fenfible-
ment féparés par des lits fort minces d’argile ou
de marnes argileufes mêlées de fables. Dans certaines
contrées, au deffus de ces bancs épais, font
des affemblages de couches beaucoup moins épaif-
fes, formées de débris calcaires réduits à un grand
état de comminution. Ce font, la plupart du tems,
des pierres d’ un grain fort fin. Ces dernières couches
compofent la croûte fuperficielle de la plus
grande partie de XAngoumois. Comme le grain en
eft fort fin., il eft ailé de diftinguer ce qui conf-
titue chaque couche de l’intervalle terreux qui eft
interpole régulièrement entr’e lk s , & qui offre
désalignés fiuvies argilo-fableufés. Je n’infifterai
maintenant que fur cette féparation horizontale
des couches. Je pourrois ici parler des fentes verticales
de defficcation qui s'offrent dans un autre
fens, & qui, combinées avec les intervalles terreux,
ont: réduit affez fouvent les couches voisines
de la fuperfitie en. petits élémens trapézoïdaux
, cubiques, barallélopipèdes de volumes infiniment
variés.,Cp font ces élémens qui ont fait
les bafes de ce qu’on appelle groits : c ’eft en re-
mu2n,t ces groies, c’ eft par leur comminution qui
efr !a. fuite, & par leur ençière décompofition,
Géographie-Phyjîque. Tome IL
qu’une grande partie des terres végétales s’eft formée,
c ’eft le mélange de ce qui refte en groie,
fous forme pierreufe, qui rend très-meuble ce qui
eft réduit en terre fine & pulvérulente.
Il eft vrai qu’en quelques cantons cette terre
végétale eft formée de débris de groies, & furtout
dans ceux où l’on peut obferver les couches de
pierres calcaires à grain fin ou cos : il y a auffi des
lits d'argiles rougeâtres & ocreufes, foit fournies
par des couches Superficielles & élevées de la plus
ancienne terre, foit tirées des intervalles terreux
interpofés entre les couches horizontales pierreù-
(es délitées, foit enfin tirées des lits marneux qui
réparent les bancs les plus épais.
Telle eft la conftitution du fol de l’Angoumois,
qui fe montre fur les croupes des vallons plus ou
moins approfondis que le travail d~s eaux qui
ont creufé ces valions a mis à découvert fous les
yeux des haturaîifles obfervateurs. O’eft là que
j’ai vu avec la plus grande fatisfaélion les dépôts
foufmarins de différons ordres, tant de la moyenne
que de la nouvelle terre, que l’Océan a formés à
côté de l’ancienne terre du Limofin & du Poitou.
On voit cette fuperfide du fol de VAngoumois
beaucoup plus chargée de ces arg:Ls ocreufes,
à mefiire qu’on approche plus de Givra & de Lu-
fignan, parce que la contre-pente de l’arête du
eul-de-fae de la Charente, qui eft affujettie à cette
ligne, & qui eft voifine des bords de l’ancienne
terre du Poitou, en fournit beaucoup. Les amas
d’argile, difperfés à la furface de cette contrée,
paroifient être des dépôts formés vers la limite de
l’ancienne terre, ou même un dépôt torrentiel
entraîné le long de cette limite.
Dans la partie orientale de 1 Angoumois on peu g
fuivre égaleraient une jolie bordure de l’ancienne
terre du Limofin, qu’il eft facile de lier avec a lie
de l’ancienne terre du Bas-Poitou. Il paroît certain
que la fuperficie du Limofin, aux environs
de Cnaronnat, où la Charente prend fa fource,
que dans le plateau du Bas-Poitou, où les riviert s
de Vonne, de Boivre, d’Auza-ce & de Thoué
prennent leurs fmrees , on peut à ce plateau en
joindre un autre plus étendu, qui fe prëfente en
avant de ce fécond, & qui offre les fources de la
Boutonne, de la Béronne , de la Sevré, 8f d’ un
affez grand embranchement fur la droite, puis la
Dive &, le Bouleur.
En comparant la marche de toutes ces eaux cou*
rantes , on voit d’abord que h Charente fuit une
pente fort confidérable qu’avant d’epnniv, r
un détour très-fenftble , ell s’approche de l'ancienne
terre du Poitou, que nous annoncent les
deux plateaux défignés ci drffus.
En fecôr.d lieu, la V ie n n e q u i fort du Limofin
avec affez de viteffe, gagne rapidement les dépôts
foufmarins de la tjouvelieLterre, fuit ces dé.rôt* ,
& retrouvé avant Nantes une-pariie de l'ancL Ope
terre du Poitou, qui f-. réunit à t. IL: de la Bretagne;
car lapente de là Vienne eft trèw-«'-ffidérable
I i i l