
caraétérifer les animaux des Pyrénées, quand on
les compare à ceux des Alpes.
Par une bizarrerie fingulière, au refte, fi les
Alpes ont plus de dangers pour celui qui les parcourt
, les Pyrénées oppofent plus d'obftacles à
Cw, . Q-u* ne k i t <îue l£s traverfer. Auffitôt qu'on
s éloigné des deux mers, on trouve la‘ chaîne fermée
j car à peine ofe-t-on qualifier de paffage des
rentiers mal tracés, où l'homme n’a rien fait pour
mettre a profit les indications & même les difpo-
fitions de la Nature. L’infoùciance des deux peu—
pies fur ces communications intermédiaires, fait
le plus fingulier contrafte avec la perfévérance
qu’ont montrée les habitans des Alpes , quand il
8 d’ouvrir, en dépit de la Nature ellemême
, celles qui facilitent leur commerce intérieur
& extérieur. Ainfi le montagnard des Pyrénées
, plein de fe u , d’adUvité & de génie, mais ‘
accoutumé par les longues inimitiés qui ont régné
entre les deux états, à ne déployer que dans l’art j
de nuire à fes yoifïns, le courage & l’adreffe dont
il eft doué, n’a vu dans cette chaîne que des défiles
& des remparts, & n’en a pu prendre encore ,
après une longue paix, une idée différente, quand
celui des Alpes , foumettant tous motifs de divi-
lïon a ta communication fraternelle des peuples
cju’un même intérêt anime, a voulu qu’ils cédaflent
à l’alliance que contractaient des hommes libres.
Il eft vrai que les coupures & les paffages qui
féparent les parties différentes des arêtes de la
chaîne des Pyrénées, font infiniment moins profondes,
& préfentent des ouvertures moins faciles
que n’offrent les A lp e s , parce que les agens
qui put ereufé ces vallées, ont moins de force &
d’aélivité dans les Pyrénées que dans les Alpes.
La c rê te , dans ces dernières chaînes, eft plus
varié e, plus interrompue, foit en conféquence
de ta di vifion des matières pierreufes , que dans les
Pyrénées, ou toutes ces maffes font plus homogènes,
furtout vers 1a crête principale, où l’on
ne trouve que quelques ports d’ un accès peu facile
& peu ouvert.
A C C L IV IT É , pente d’ un plan incliné à l’horizon
, confîdérée de bas en haut. Ainfi, l’on peut
dire l’déclivité de cette montagne ou de ces co teaux
eft plus ou moins rapide lorfqu’on s’élève.
L ’acclivité des angles faillans dans une vallée eft
d’autant plus douce, que ces angles font prelon-
gés davantage } & cette acclivité devient d’autant
plus roide, que l ’on s’ approche plus des parties
des bords de la vallée qui fe trouvent au deffus
ou au deffous de 1a pointe de l’angle faillant &
incliné. ' ' J
Les acclivités des collines & des montagnes ont
des formes d’autant plus douces, que les matériaux
des parties fupérieures fe font démolis plus
facilement, & précipités plus abondamment dans i
les parties inférieures. Si nous voulions fuivre ces J
effets & leurs progrès, il faudroit les confidérèr
fous le rapport de 1a pente prife de haut en bas,
& par conféquent fous celui de ta déclivité, Foyer
ce mot, x
ACCORE ( côte). C ’eft une côte dont le fond
augmente confîdérablement dès qu’on s’en éloigne
, ou dont l’élévation eft prefque perpendiculaire
au deffus de l’eau , & 1a rend d’un accès fort
hafardeux pour ceux qui voudroient y defcendre.
11 eft difficile d’ailleurs de fe fauver lorfqu’on s’échoue
à une côte accorc : outre ta difficulté de^s’y
accrocher & de ta franchir pour peu qu’il y ait de
mer, les vagues pouffent & brifent les bâtimens
des naufragés contre les rochers, qui toujours forment
une pareille cote. Ce nom d’ accore lui vient
du rapport que lui donne fon efcarpement & fa
pofition perpendiculaire , avec les pièces de bois
nommées accores, léfquelles entrent dans l’ échafaudage
qui fert à 1a conflru&ion d’un bâtiment }
&nous croyons qu’il convient d’adopter cetteex-
preffion dans la Géographie-Phyfique, & même
qu’il feroit fort avantageux de les faire figurer fur
les cartes marines, où l’on néglige toujours les
formes des côtes de ta mer.
ACCRUES. On appelle ainfi les augmentations
ou prolongemens qui fe font faits à certaines parties
des berges des rivières, en conféquence du
mouvement vermiculaire des eaux courantes. Ce
font vifiblement les produits des éboulemens fuc-
ceffifs qui fe font du côté des berges efcarpées, &
qui vont fe dépofèr auffi fucceffivement dans les
parties oppofées des plans inclinés de ces berges.
Ces nouveaux terrains, ces additions aux bords
des rivières, ont des progrès d’autant plus rapides,
que les rivières éprouvent des crues plus fréquentes
: dans les grandes crues, les graviers mêmes
avec les limons fe meuvent du fond, & vont continuer
des envafemens, des alluvions considérables
dans les parties du canal où l’eau jouit d’un certain
repos, fo it, comme nous l’ avons d i t , à ta
pointe des plans inclinés, Toit au deflus & au deffous
des bancs de fables déjà ébauchés 8c ifolés.
Les matériaux détachés des bords par les éboulemens
dont nous avons parlé, fe joignent à ceux
ui viennent d ’amont, & les réfultats de tous ces
éplacemens font les accrues qui, par 1a fuite , fe
garniffent de faules, de vergnes, d’ofiers, & c . c’eft
même^ à des productions de ce genre qu’on reconnaît
les accrues fur les bords de 1a Marne , de .
1a Seine & de beaucoup d’autres rivières. Foyer
Berges ; voye% Mouvement vermiculaire >
des rivières j voyo[ auffi l'Atlas 3 où tous ces
mouvemens feront figurés de manière à en faire
connoître les caufes & les progrès. Il y a eu beaucoup
de reglemens fur ces accrues ; mais nous ne
nous occuperons pas à difcuter ici ce qui peut
fervir à décider 1a propriété de ces terrains factices,
relativement aux riverains.*
ACIDE. Des acides en général.
Nous croyons ne pouvoir donner une définition
des acides plus claire 8c p.'us précife, que celle du
citoyen Fourcroy. « On nomme acides des corps
» brûlés ou oxygénés, caraétérifés par la faveur
»3 aigre, ta propriété de rougir certaines couleurs
» bleues végétales, l’attraétion forte pour 1a plu-
» part des corps, & par 1a formation des fels
» quand on les combine avec des bafes terreufes,
» alcalines ou métalliques. »
Les acides, de quelque nature qu’ ils foient, fe
trouvent purs ou fe retirent des fubftances animales^
végétales ou minérales dans la compofition
defquels ils entrent. Cette confidération a fait distinguer
trois fortes d’acides : T°. les acides minéraux}
20. les acides végétaux} 30. les acides animaux.
Nous entendons par acides animaux , ceux qui
n’appartiennent qu’aux matières animales, tels que
les acides fébacique, laétique, & c . } ils font formés
d’un radical binaire ou ternaire uni à l’oxygène.
Les acides de cette forte n’étant pas fufcep-
tibles d’indications géographiques, nous nous abf-
tiendrons d’ en parler.
Nous défignens par les mots acides végétaux,
ceux dont l’exiftence n’eft encore reconnue que
dans les fubftances végétales. Ils font tous com-
pofés d’ un radical binaire uni à l’oxygène. De
cette claffe font les acides benzoïque , oxalique,
camphorique, citrique, &c .Nou s en dirons deux :
mots à l’article Végétal» ( Foyeç Végétal.) ,
Les acides minéraux font les feuls qui fe rencontrent
quelquefois purs dans 1a nature ; ils font tous
formés d’un radical indécompofable, uni à l’oxygène.
Ces acides appartiennent plus aux corps fof-
files qu’aux corps organifés , dans la compofition
defquels ils pntrent cependant quelquefois.
Les acides minéraux peuvent être partagés en
trois ordres : i° . celui des» acides5minéraux non
métalliques, à radical connu. Il renferme les acides
carbonique, phofphorique, phofphoreux, fulfu-
rique, fulfureux, nitrique & nitreux, félon que
l’oxygène, en plus ou moins grande quantité, fe
trouve uni au carbone, au phofphore, au foufre
& à l’azote. Cinq de ces fept acides exiftent dans
1a nature, ou purs ou combinés avec différentes
bafes. Ces acides font : le carbonique, le phofphorique,
le fulfurique, le fulfureux & le nitrique.
20. Les acides minéraux du fécond ordre ou
ceux dont les radicaux font inconnus, fe rapprochent
beaucoup des premiers , & quelques obfer-
vations femblent prouver qu’ils n’ en font que des
modifications. Ces acides n’ont pas encore été dé-
compofés par l’ànalyfe ni formés par la fynthèfe}
fis font au nombre de quatre & trois feulement
fe rencontrent dyis la nature, l’un à l’état pur &
à celui de combinaifon, c’eft l’acide boracique >
les autres fe trouvent feulement dans ce dernier
état, 8c ce font les acides muriatique & fluorique.
L ’acide muriatique oxygéné ne s’eft encore trouvé
ni à l’état pur ni à celui de combinaifon : on le
forme dans les laboratoires, en oxygénant l’acide
muriatique.
30. Enfin les acides minéraux du troifième ordre
font ceux compofés d’un radical métallique,
uni à l’oxygène. Des vingt-un métaux connus ,
quatre feulement ont 1a propriété de s’emparer
d’une affez grande quantité d’oxygène pour parvenir
à l’etat d’acide^Ces quatre métaux fontl’ar-
fenic, le molybdène, le fchéelin ou tungftein &:
le chrome. Us forment, par leur combinaifon avec
l’oxygène en certaine quantité, des oxydes, &:
avec une quantité plus confidétable, les acides
arfenieux , arfenique, molybdique, fchéelique &
chromique, lefquels fe trouvent, dans 1a nature,
à l’état de combinaifon.
Les acides minéraux} de quelque ordre qu’ils
foient, jouent un grand rôle à ta furface de la
terre } ils y font abondamment répandus, foit purs,
foit combinés avec des bafes quelconques, 8c dans
1 ce dernier état ils forment des maffes confidérables.
Pour donner une idée de l’immenfité d’étendue
de quelques-unes de ces maffes, nous citerons,
pour l’acide carbonique, fa combinaifon
avec 1a chaux, laquelle conftitue tout ce qui porte
le nom de calcaire} pour l ’acide fulfurique, les
contrées gypfeufes, dont les maffes font formées
par 1a combinaifon de cet acide avec 1a chaux}
pour l’acide muriatique, nous citerons l’eau falée
de la mer, les maffes énormes de fel gemne, ré-
fultat de la combinaifon de cet acide avec ta
foude. Sec.
Nous pourrions encore rappeler une multitude
de combinaifons falines, fînon auffi répandues que
celles dont nous venons de parler, au moins en
quantité affez confidérable pour former des collines,
des montagnes} pour couvrir des pays entiers
d’efflorefcençes falines, pour communiquer
une faveur particulière aux eaux de certains tacs ,
à celles de certaines fontaines q u i, depuis le moment
qu’elles commencèrent de couler, en furent
imprégnées, & qui les diffolvent depuis des fiè-
cles fans en tarir le dépôt.
Dans cet article, nous nous propofons.d’ indiquer
tous les lieux de la terre (qui font à notre
connoiffance) où fe trouvent les acides à l’état
pur ou à celui de combinaifon} car ici nous ne
confidérerons les combinaifons que comme une
manière d’ être, comme une gangue ou enveloppe
des acides. Nous allons donc paffer en revue les
différens acides & leurs combinaifons. Pour les
premiers, nous fuivronsl’ordre étab’i par le cit.
Fourcroy, & pour les derniers, celui adopté par
le cit. Haüy dans fon Traité de Minéralogie.