
méridionale de la Guadeloupe proprement dite, au
moins j eft & a été affeélée des différentes explo-
fions & 'allions du volcan ou de la foufrière, qui
y brûle de terris immémorial. Il n'en eft pas de
même de la partie nommée Grande-Terre, dont le
foi annonce des principes très-différens du fragment
d'île appelé Guadeloupe. .
La Grande-Terre offre en general un pays plat, j
& même on y trouve des terres baffes & noyées , j
coüvértes de palétuviers ; cependant on y remarque,
dans quelques endroits , des mornes dont la
hauteur ne paroît pas excéder cent toifes.
L'es couches qui compofent les maftifs de ces
mornes, lefquels ont la plupart les formes de monticules'
ifolés, & d'une étendue peu confîdérable,.
font calcaires, renfermant une grande quantité de
coquilles marines & dé madrépores. Ceci prouve
que cette partie de la Grande-Terre a féjournédans
le baffiri de la mer, 8c qu'elle a été enfuite abandonnée
par l'Océan, comme beaucoup d'autres
terres.
Des obfervateurs modernes*, après avoir donné
■ une defcription exaUe de la Grande-Terre , tout
en reconnoiffant qu'elle eft fortie du fond de la
mer, prétendent enfuite, on ne fait d’après quels
motifs, que cette Île ne doit fon exiftertce aHuelle
au deffus des flots, qu'aux exploitons des volcans-
& à l'altion des tremblemens de terre:
Mais pour peu qu'on obferve cette île & la
conftitutiort générale de fon fo l,-comme celle de
fes mornes, on voit qu'elle n'a fouffert aucun déplacement,
& que la mer, qui l’environne, l ’a
mife à découvert par une Ample retraité, à la fuite
de laquelle la Grande- Terre n’a éprouvé aucun bou-
leverfement, tel que des tremblemens de terre:
violens lesproduifent. Aucun fait pofitif d'ailleurs
ne prouve qu'aucune terre, foit partie de continent,
foit île , dans la mêmefttuation que la Grande-
Terre t ait. été foulevée auÙJeffùs des flots de la
mer, qui les couvroient, 8c y formoient des dépôts
comme ;on en voit dans la Grande-Terre.
IV . A n t i l l e s (’Courant d e s ) , ou du golfe du
Mexique. 1 Les habitans des côtes dé Norvège, des
'rivages des brcades 8c de f ile de’Féroé ont reconnu
depuis long-tems que la mer y apportoit
plufleiirs .fruits exotiques , tels que des noix &
’autres'végéraux, & même des arbres qui croiffent
à la Jamaïque & dans d'autres îles voiflnes. Il faut
donc, pour expliquer ces tranfports, recourir à.
une caufe bien éloignée des lieux où ces produc-
' tions ëtran§'èrés viennent aborder. Leur véhicule
eft le courant qui part dé h mer des Antilles ou gcrlfe
du Mexique,.ft qui a une marche confiante depuis
ce golfe jufqu’aux mers du nord de l'Europe.'
Les vents alifés forcent la malle de l'Océan a t lantique,
.venant de l'eft., à paffer a travers les
Antilles ;*& à pénétrer dans les golfes intérieurs
de cette mer ; enfuite cette m,affe fe trouve contrainte
de-refouler en arrière, le long du rivage
feptentrional du golfe compris depuis l’embouchure
du Miflïflipi jufqu'au cap de la Floride, & ,
après avoir doublé ce cap, de fe porter au nord
par le débouquement du canal de Bahama. Dans
l’étroite mer qu’occupe le courant entre le rivage
de la Louiiîane & la pointe de la Floride d’un
côté , & Cuba de l'autre, il acquiert une a&ivité
conftdérable, en conféquence de laquelle il fe dirige
au nord jufqu'au Gap Canaveral, court à la
diltance de cinq à fept lieues des côtes, 8c s'étend
même fur une largeur de quinze à dix-huit lieues.
Les fondes font régulières depuis la terre jufqu’au
"bord du courant,'où la profondeur eft généralement
de foixante-dix bradés} enfuite on ne trouve
plus de fond. Devant le Cap Canaveral, les fondes
font fort inégales & incertaines : l’eau manque A
brufquément, que de quarante braffes elle faute
immédiatement à quinze , & de quinze à quatre
ou moins encore, en forte que, fans la plus grande
circonfpe&ion, un vaiffeau pourroit en quelques
minutes le trouver à fec. 11 faut remarquer que,
quoique le courant paffe généralement pour commencer
au lieu où les fondes finilfenc, cependant
fon influence fe fait fentir à piufLurs lieues dans
les fondes, & fouvent les vaiffeaux trouvent un
courant conftdérable tendant au nord, tout le long
-délia côte 3 jufqu'à ce qu'ils gagnent huit ou dix
j braffes d'eifû, même dans les endroits où les fondes
i s'étendent jufqu’à^vingt lieues du rivage ; mais
leur courant eft généralement augmenté ou diminué
par les vents dominans, dont cept ndant laforce
ne peut affeéler que très-légèrement le grand &
infondable Océan.
| Du Cap Canaveral au Cap Hatteras , les fondes
commencent à s’élargir dans l’étendue de leur
| cours, depuis le rivage jufqu’au bord intérieur du
| courant, la diftance étant généralement d’environ
[ vingt lieues , 8c les fondes étant très-réguiiéré-
ment de foixante-dix braffes près du bord du courant,
où enfuite on ne peut plus trouver de fond.
Parallèlement à l’embouchure de la rivière Sava-
nakj lë courant coule prefque nord, après quoi,
Comme s’ il fortoit d’ une baie de la cô te , il s’ étend
nord-eft jufq-u’au Cap Hatteras, 8c de là il continue
nord-eft, jufqu’à ce qu’ il ait perdu fa force. Comme
le Cap Hatteras s'avartce confidérablement dans la
mer, le bord du courant n’ eft qu’à la diftance de
cinq à fept lieues de ce cap j & la force & la rapidité
du principal courant ont une A puiffante
influence à cette diftance fur les vaiffeaux naviguant
au fud, que, dans des vents impétueux &
mauvais, ou dans des calmes, ils ont été fréquemment
entraînés au nord ; ce qui a fouvent occa-
flonné de grands mécomptes-& de grands revers
aux bâtimens marchands 8c aux vaiffeaux de ligne,
comme on en a fait plufteurs fois l’expérience dans
la guerre d’Amérique.
En 1754, un vaiffeau^ excellent voilier, allant
de Philadelphie- à Çharles-Tovrn, fe vit tous les
jours, pendant treize jours, gagner jufqu'à la
hauteur
hauteur du Cap Hatteras, quelquefois porté par la
marée, & dans une diftance moyenne entre,le cap
& le bord intérieur du courant, 8c cependant il
éroit régulièrement entraînéftur fes traces, & ne
pouvoit regagner fa route perdue qu'à la brife du
matin, jufqu’à ce qu'enfin, le quinzième jo u r u n
vent frais & v if lui aida à combattre le courant,
8c à gagner le fud du cap, ce qui montre l’impof-
fibilité où eft un vaiffeau 8c un corps qui fe trouve
engagé dans le courant, d'aller en fens contraire
ou de fufpendre fa marche.
A l'autre bord du courant eft un violent reflux
ou courant contraire vers l’Océan, & en-deçà,
près la côte de l’Amérique, une forte marée combat
contre lui.
Lorfqu'il part du Cap Hatteras, il prend un cours
nord-eft, ce qui eft fort remarquable; mais en route
il rencontre un grand courant qui vient du nord,
& probablement de la baie d’Hudfon , le long de
la côte de Labrador, jufqu’à ce qu'il foit divifé
par l’île de Terre-Neuve. Une branche fuit le long
de la côte, à travers Je détroit de BelL-Ifle, &
paffant avec.rapidité au-delà du Gap Breton, croile
obliquement le courant du golfe., 8c lui donne une
direction plus orientale.
Quant à l’autre branche du courant,, qui vient
du nord, on croit qu’elle joint le courant du golfe
par la côte orientale de Terre-Neuve. L’impulfion
de ces courans réunis doit fe faire fentir affez loin
de leurs origines, & pourtant il fe pourroit que
leur effet ne fût pas auflï grand ni refferré dans une
dire&ion auflï circonfcrite, & en auflï droite ligne
qu'avant leur rencontre 8c leur réunion.
Les vents dominans fur toute cette partie de
l’Océan-atlantique font ceux de l'oueft & du nord-
oudt, 8c conféquemment la maffe entière de l'O céan
atlantique, d'après l’impreflïon de ces courans
, paroît avoir une tendance vers l’eft ou vers
le nord-eft par eft. A in A les productions de la Jamaïque
& des autres îles bordant le golfe du Mexique
peuvent être tranfportées d’abord hors du
golfe par le courant, dont nous avons tracé la
marche , enveloppées dans le Sargano ou largue
du golfe autour du Cap de la Floride, & entraînées
par ce même courant le long du rivage de
l'Amérique feptentrionale, ouêcre convoyées par
l'Océan dans, le cours du torrent, 8c enfuite par
l’adlivité du courant 8c les vents dominans qui
loufflent généralement les deux tiers de l'année,
voiturées jufqu’aux rivages de l’Europe , où on
les trouve.
Le mât du vaiffeau de guerre7c Tilbury, brûlé
à la Jamaïque , fut ainft voituré jufqu’à la côte
occidentale du Schetland, 8c parmi l’étonnante
quantité de bois flotté ou de bois de charpente
jeté annuellement fur les côtes de l’Iflande, on en
trouve quelques efpèces qui croiffent dans la Virginie
8c la Caroline. Toutes les rivières de ces contrées
y contribuent pour leur part, 8c envoient
dans la mer des arbres fans nombre. L'Àlatamala,
Géographie-Phyfique. Tome II.
la Santée, le Roanok, & toutes les rivières qui
coulent dans la baie de Chefapeak, voiturent dans
leurs inondations des arbres fans nombre : outre
cëla, l'iflande doit à l'Europe une grande partie
de fon bois flotté j car le pin commun, le fapin , le
tilleul 8c les faules figurent parmi les arbres dont
M. Troil fait l’énumération, 8c tous probable-
mént y font voiturés des côtes de la Norvège. Au
rèfte, nous renvoyons ces notes a l'article Bois
f l o t t é , où nous expoferons dans le pliis grand
détail les différens endroits de l’Amérique qui envoient
les efpèces d’arbres, que leurs rivières abattent
8c entiaînent dans l’Océan, où les courans
leur offrent enfuite des moyens de tranfport fuivis
fans, aucune interruption.
Courant de la Guiàne aux Antilles.
A la fuite de ce que je viens d'expofer fur le
courant du golfe du Mexique 8c fur les tranfports
des bois flottés par ce.courant, depuis ce golfe 8c
beaucoup d’autres parages de l'Amérique , jufque
fur les côtés de pjufleurs îles feptentrionalés d'Eu-
rope , je dois faire mention d’ autres courans qui
méritent une égale attention, tant par leur, march
e , que parce qu'ils m’ ont toujours paru avoir
influé , concurremment avec le vent d’ëll , à l’ap-
profondiffernent de la mer des Antilles. Ces courans,
qui occupent toute l'étendue de là côte, depuis
l’embouchure de la rivière des Amazones,
jufqu'au golfe des Antilles, font A violens, qu On
ne peut les furmonter à l’aide même d’un vent favorable;
car ils coulent par une marché *âufli déterminée
que s'ils defcendoiënt d’un lieu plus
'é le vé , pour arriver à un endroit plus bas. On ne
peut aller des Antilles à la Guiane, tant les courans
contraires font rapides, 8c conftamment dirigés
de la Guiane aux Antilles. Il faut deux mois
pour le retour, tandis qu’une navigation de cinq
ou fix jours fuffit pour aller de Cayenne aux Iles-
du-Vent; mais pour retourner on eft obligé de
prendre le large à une très-grande diftance des côtes
de l'Amérique méridionale.
Comme nous devons confidérer ici les caufes
de ces courans, nous ferons l'énumération des rivières
dont le mouvement nous paroît devoir cau-
fer cette marche des eaux de l’Océan, de Cayenne
au golfe du Mexique.
Ainft les rivières qui concourent à, ces effets
font :
i° . Le grand fleuve dès Amazones, dont l’impë-
tuofité eft très-grande, l ’embouchure large de
foixante-dix lieues, 8c la direllion plus aii nord
qu'au fud.
i ° . La rivière Ouajfa , rapide 8c dirigée de
même, 8c dont l’embouchure a près d’ une lieue
d'étendue.
3®. UOyapok y encore plus rapide que l’Ouajfa,
8c dont le cours eft beaucoup plus long, avec une
embouchure à peu près égale.
• Q q q A ■