
ment. Le peu d’efpace que chacun de ces corps
marins biffent entr’eux, eit rempli par un limon qui
en lie les différentes parties : ces coquillages ont
pris la couleur 8c le grain du refte du rocher : on
en reconnoîc d’ ailleurs bien les formes, lefquelles
approchent beaucoup de celles des tellines que
nous trouvons.fur nos côtes.
Il y a une chofe fort remarquable dans ces tellines
pétrifiées, c'eft que, dans prefque toutes, les
valves font deux à deux 8c fe correfpondent, les
unes ouvertes & les autres fermées, de façon
cependant que les unes & les autres fe joignent à
l’endroit de la charnière. Cette pofition feroit
foupçonner, avec raifon , que l’animal renfermé
dans la coquille étoit vivant, ou qu’ il n’ étoit mort
que depuis peu de tems lorfqu’ il fe trouva.engagé
dans le limon ; ce qui fernble prouver que ces coquillages
n’auroient pas paflé par degré de la mer
dans le continent, ou qu’ils n’y auroient pas été
dépofés peu à peu. On peut au moins, dire fur
cette fîtuation des valves, ou que le coquillage
étoit plongé dans l’eau lorfqu'il fut enveloppé du
limon, ou qu’il èn étoit récemment tiré, puifque
tous ceux qu’on trouve fur nos rivages hors de
l’eau, ont leurs valves féparéesles unes des autres,
foit par la pourriture, foit par le defféchempnt
des ligamens de la charnière.
Je dois faire remarquer que la quantité de coquillages
pétrifiés de cettfe chaîne eft fi prodi-
gieufe,au moins dans l’étendue d’ une lieue, qu’on
doit confidérer cet endroit comme étant l’ancien
fond de mer, ou cette noiîïbreufe famille vivoit
raffemblée, de telle forte qu’elle n'a point éprouvé
de déplacement notable. Je ne vois feulement
d’autre déplacement néceffaire que celui de la
mer, à la fuite duquel font furvenues les inégalités
de la furface de la terre dans ces contrées.
Ainfi lorfqu’on v o it , comme dans cette chaîne
8c dans, les fuivantes , des coquillages pétrifiés
fur le fornmet des collines, & feulement dans
quelques-unes de leurs couches inclinées à l’horizon
, on ne peut s’empêcher de reconnoître un
déplacement, non-feulement dans les eaux de la
mer, mais encore dans le terrain de fon ancien
lit.
Il paroît d’ailleurs, en• fuivant toujours les
mêmes vues , qu’à raifon des différens rems où
les coquillages foffiles ont été, dépofés dans leurs
premiers gîtes, & ont été mis à découvert par
la retraite de la mer, on pourroit en faire deux
ordres, 8c les divifer en anciens & en modernes :
les premiers feraient ceux qui font partie de certains
rochers dont le grain eft très ferré | & les
féconds font ceux qui font engagés dans des couches
dont le grain eft fort gros, 8c dont la pétrification
n’eft pas perfectionnée au même point
que les rochers de b première claffe. Mais nous
traiterons par la fuite de cette diftin&ion dans les
dépôts de b mer & furtout à l’article U z i s , dont
les terrains offrent de tous côtés les caractères
décififs qui nous autorifent à l’établiffefnent de
ces différens ordres.
Avant de terminer ce qui concerne cette chaîne
, nous devons rappeler qu'elle ne contient
prefque que des tellines. Cette uniformité fe
trouve encore plus marquée dans une veine de
terrain qui traverfe le chemiù d’Alais à Uzès ,
près du petit pont de la Boufqueraffe. Cette veine,
qui n’a environ que deux toifes de largeur, eft
bordée d’un côté par une terre forte d’un limon
gris , 8c de l’autre par des amas de fables. L’un
8c l’autre de ces terrains, d’ une affez vafte étendue
, font d’ ailleurs de niveau & continus avec
1a veine étroite qui les fépare 5 ils forment en-
fernble une même colline, dans laquelle les trois
fortes de terrains font très-diftinéfces. Ce qu’ il y
a de remarquable, comme je l’ ai d it, c’eft que
la feule veine étroite du milieu contient des coquillages
pierreux liés enfemble par une marne
blanchâtre: ils font fort nombreux & de h même
efpèce fort rare.
Ce coquillage a la forme d’une corne un peu
courbe'vers la pointe : on le diroit compofé de
plulieurs godets pofés l’un dans l’autre : plufieurs
de ces coquillages étoient groupés enfemble’ &
collés les uns avec les autres dans toute leur lon-
gueur j de façon que leurs pointes 8c leurs ouvertures
étoient régulièrement tournées du même
fens. Ce coquillage eft.du genre de ceux qui font
chambrés. Au refte, je tâcherai de faire connoître
plus en détail cette efpèce de coquillage à l’article
de l’Angoumois*
Troifieme chaîne►
Cette chaîne n’eft-guère remarquable-que par
les matières bitumineufes qui y abondent : on y
voit d’ailleurs, auprès de Senras, régner, dans une
colline d’une grande étendue, un banc de marbre
qui pofe fur un lit terreux, 8c qui.eft recouvert
par un autre. Ce marbre eft blanc naturellement f
mais fa couleur eft fi fort altérée par l’afphalte
qui le pénètre , qu’ il eft vers fa furface fupérieure
! a un brun clair & enfuite très-foncé, à mefure
que le bitume approche de 1a partie inférieure du
banc : plus bas le terrain n’eft pas pénétré du bT
tume , à 1a réferve des endroits où 1a tranche du
banc eft expofée au foleilj.il en découle en été du
bitume qui a la couleur & la confiftance de la poix
.noire végétale, & il en fumage fur les eaux d’une
fontaine voifine : on l’appelle la fontaine de lu
Pegue,.
Dans le fond de quelques ravines 8c au deffous
du rocher précédent, imprégné de bitume, .on
voit un terrain formé alternativement de lits de
fables & de charbon de terre, tous parallèles à
l’horizon. Les premiers ne font guère liés j les
rognons fe caftent aifément, & renferment dans
leur épaiffeur beaucoup de petits turbinites, qui
font entiers 8c peu altérés. Il ne paroît pas que
ces corps marins aient été pénétrés comme tous
ceux qui fe trouvent au milieu des fables marins,
8c comme je l’indiquerai par la fuite à l’artic e
Damery. - ' s
Les couches de charbon ne font mêlées d aucune
matière étrangère : leur furface eft feulement
couverte d’une légère couche de coquillages tous
écrafés & aplatis, qui ne paroilïent pas différer
des limaçons de terre ordinaires, & qui ont con-
fervé tout le luifant de leur vernis.
Il ne faut pas confondre ce charbon foflile avec
le chat bon de terre 5 ils diffèrent principalement
en ce que le charbon de cette chaîne eft d un
tiffu continu , au lieu que D charbon de terre eft
écailleux, outre qu’ il eft plus pefant 8c plus luifant.
Les chaufourniers s’en fervent comme de
l’autre pour cuire la chaux j mais il en faut le double.
Le charbon de pierre flambe beaucoup plus
que l’autre. -
On doit regarder comme une fuite du terrain
bitumineux la qualité des eaux que donnent les
fontaines minérales d’ Iouzet 8c de Saim-Hippo-
ly te : ces eaux font renommées pour les bons efre ts
qu’elles produifent fur les poitrines foibles &
délabrées.
Quatrième & cinquième chaîne.
Il n’y a aucun coquillage foflile dans le terrain
de ces deux chaînes. La pierre de taille de Me-
janne vient de la première ; elle* eft tendre , calci-
nablè & d’un grain fin : pour peu qu’on la frotte
elle répand une odeur de bitume.
La.pierre de taille de l’autre chaîne, oui eft
connue fous le nom de faUndre, eft bien plus fo-
li.de * c’eft un rocher graveleux , dont les menus
grains arrondis font de marbre; le refte, de caillou
vitrifiable. Tout eft fortement lié , foit par nn
limon qui bouche les vides & dont la pétrification
eft plus tendre que celle des grains particuliers de
la pierre , foit par les fucs pétrifians qui ont pénétré
partout. Ce fuc y eft cependant peu fenfible,
manière dans chaque chaîne j c’ eft ce qu’on peut
remarquer dans beaucoup d'autres collines dont
les maflifs font par couches. On çft tenté de croire
que ces couches fe font affaiffées tout d’ une pièce
8c d’ un lèul cô té , qui a difparu dans le fein de la
terre. . , , . ,
Ceci cependant n eft point general dans toutes
les montagnes ou collines dont les matériaux font
par banc. Il y en a qui femblent s’être pliés &
avoir pris la courbure convexe des croupes : quelquefois
de même que dans les autres pierres compofées
de fable ou de gravier : on n’y voit point de ces
veines blanches oui tranchent fur la couleur de la
pierre, & qui, dans ces rochers de marbre, font
ries produits des épanchemens du fuc pierreux dans
.les gerçures de la matière première, lorfqu’ elle a
éprouvé une certaine déification. (K oye^ Marbre.)
I l ,n’eft pas étonnant que les rochers graveleux
n’ offrent rien de pareil. Un terrain formé de fable
ou de gravier, quelque fec qu’il foit, même après
qu’il aura été humçété par les eaux de la pluie, ne
fe gerce point : les fucs pétrifians peuvent s’y
diftribuer fans former des veines, & également
partout ; ce qui n’ a pas lieu dans une terre dont
les parties font liées entr’elles, comme font les
maffes d'argile.
Les rochers des deux chaînes font difpofés par
bancs un peu inclinés àThorizon a 8c de la même
même des bancs de rochers qui tiennent
a deux croupes, font enfoncés en gondole dans le
fond du ruitfeau qui coule entre deux.
Outre cela on peut faire, fur les deux chaînes
! qui nous occupent, les remarques fuivantes :
! i° . Leurs terrains fetouchent fan* fe confondre,
fi on les examine jufqu’à une certaine profondeur ;
mais il n’eft pas étonnant qu’ il fe foit opéré quelques
mélanges à la furface extérieure, foit par les
eaux des pluies, foit par les travaux de la culture. %
i ° . Dans cet amas de çierres & de terres, qui
renferme une même chaîne, on y découvre un
certain ordre qui fans doute eft un refte de celui
qui y régna autrefois. Les rochers & les terrains
d’ un même grain fe trouvent réunis enfemble fur
une grande étendue, & fi Ton rencontre des rochers
de différente nature, ils font par lits féparés
très-diflinéts 8c confervent toujours le même rang;
& lorfque ces terrains ont éprouvé quelques dé-
rangemens ou déplacemens, ils n'ont point détruit
l’uniformité primitive qui fubfifte encore.
: 30. Les différens terrains élevés ne fe montrent
à découvert que fur les mêmes croupes d’un vallon;
en forte que les maflifs de même nature ou
organifation occupent les mêmes montagnes, les
mêmes collines, l’eau ayant le plus fouvent fuivi
la démarcation des maflifs. ( Voyei Grain des
pierres. )
Sixième ,chaîne.
Cette chaîne, dans le trajet de Montmoira à
Rouffon, lequel forme une étendue de deux lieues,
fe diftingue fenfiblement des autres par la forme
de fes pierres & par leur difpofition générale. Les
rochers qu’offrent fes coteaux & fes collines ne
font point diftribués par lits fuivis; ils font entièrement
formés de rognons nombreux de pierre à
chaux de différentes groffeurs, plus ou moins arrondis
, d’un grain fin, ferré, & fi bien l i é , qu’en
choquant ces pierres elles rendent un certain fon
affez net. Pour peu qu’on creufe , on trouve que
tous les vides qui réparent ces rognons, font exadte-<
ment remplis d’un intervalle terreux j ou s'il a été
pétrifié, fon grain eft plus groflîer que celui du
rognon, & pour lors cétteiterre a été fi bien pétrifiée,
qu’ elle ne fa it , avec les rognons qui forment
le noyau, qu’un même bloc ; en forte qu’on
ne peut fouvent les détacher qu’avec 1a poudre.
. On v o it , à la càffure de ces rognons,.que la