
eft expofé très-nettement, furtout d’après la carte
de l'Amazone , rédigée par la Condamine , &
d’après celle de Danville, où l ’on reconnoîc Ton
talent. )
AM B E R T , principale ville d’Auvergne, fituée
dans la vallée de la Dore : c’eft le centre du hi-
vradois. Comme je me propofe de faire connoître
la nature du fol de cette contrée & fon hydrographie
, je renverrai en conféquence aux articles
Livradois & Dor e , où tous ces objets feront
décrits avec le même foin & dans le même détail
qu’ils ont été obfervés.
AMBES ( Bec d3). Il eft queftion ici de la langue
de terre renfermée entre la Garonne & la Dordogne,
laquelle fe termine au point de leur confluence,
& qu’on nomme en général Bec d'Ambés.
Dans la vifite que j’ai faite de la commune d3 Am-
bares & de fes marais ou palus, j’ai reconnu que
la grave régnoit fur la plus grande partie de la
paroiffe, & jufqu’au rideau qui borde le marais
au côté de la Dordogne. Il me parut même que
les hauteurs qui fe prolongeoient jufqu’au-delà
d e là maifon de M. de la Trefne formoient une
pointe élevée, qui formoît dans les premiers tems
l ’ancien Bec d3 Àmb'es , & que ce bec fe trouvoit
maintenant mafqué des deux côtés, & vers la
Garonne , & vers la Dordogne, par un dépôt qui
s'étendait le long des bords aétuels des deux rivières
, & jufqu’au Bec d'Ambes aciuel.
J’ai parcouru d’ abord le marais d’Ambes, après
avoir fuivi le chemin de la Vie, qui eft une chauffée
formée avec la grave tirée du rideau é le v é , &
qui eft fort folide dans la partie fupérieure. Elle
le trouve interrompue par une efpèce d’ excavation
profonde , qui fert à verfer les eaux de la
droite dans le foffé de la gauche. La grave, non-
feulement diminue de hauteur vers fon extrémité
inférieure , mais encore cette chauffée fe rétrécit
beaucoup vers le bourg d3 Ambarés 3 & paroît avoir
été ainfi refferrée par les anticipations des propriétaires
qui y ont creufé des foffés. Ôn attribue ce chemin
aux Romains; mais rien ne prouvecette origine.
11 n’y a là de remarquable que les métairies qui
bordent cette chauffée à droite & à gauche, tant
fur la hauteur dont le fond eft un fable dépofé par
les eaux & mêlé de grave, que dans le marais.
C e marais eft de la même nature que celui de
Saint-Simon & de Saint-Loubès. La partie la plus
baffe & la plus expofée aux inondations eft celle
qui fuit les différentes finuofités du rideau de graves
dont j’ai parlé ci-deffus. On y trouve des joncs
le long du chemin de la Vie & au-delà de Yeftey
principal. Au midi du chemin’ de la Vie il y a des
prairies & des barraifs cultivés en légumes & en
froment ; dans la partie inférieure, en froment &
en vignes de pa usj & tout ce terrain m’a paru
être dans le meilleur rapport, à l’exception du
communal rempli de joncs, & qui fe trouve tant
le long du chemin de la Vie, qu’au-delà de Yeftey
principaly dans la partie qui avoifîne le rideau;
car dans celle qui approche le plus du bord de la
Dordogne, il y a de bonnes métairies.
C ’eft au-delà de tout ce terrain qu’ on rencontre
le grand communal où fe trouve une prairie qui
ne produit aucun jonc, mais une herbe fort touffue.
On y voit toujours la difpofition générale de
tout ce terrain qui s’élève dans la partie voifine
du bord de la rivière, & qui s’abaiffe dans celle
voifine du rideau ; auffi ce grand communal éprouve
t-il une inondation plus ou moins étendue dans
cette dernière partie. Mais le fol eft bien fenfible-
ment élevé au deffus des eaux dans la large bordure
qui s’approche du bord de la Dordogne , &
plus on s’en approche , plus on voit de barrails
cultivés en légumes, en fromens, en avoines & en
vignes. Les bords élevés des foffés qui forment
les ceintures des barrails font mis à profit, étant
plantés en faules & en frênes qui viennent bien.
Le petit communal qui eft le long du chemin de la
Vie a été brûlé dans une partie où il n’y vient plus
déjoues, & particuliérement dans les endroits où
l’ incendie paroît avoir agi fur une couche Riper-
ficielle du terrain, de l’épaiffeur de fix pouces,
l ’herbe y eft bien abondante. Il m’a paru que le
fe u , en détruifant les racines des joncs, avoir
fourni aux autres végétaux qui s’y font fernés depuis
un terrain neuf, dégagé du jonc parafite qui
les étouffoit, & qui ne fervoic d’ailleurs qu’à faire
une mauvaife litière. Ainfi,un moyen fort prompt
de bonifier ce communal feroit d’y mettre le feu
dans les parties où le jonc pourroit donner un aliment
fuflîfant à la flamme.
D’ailleurs, pour achever de mettre ce communal
en valeur, il feroit néceffaire d’y faire un plus
grand nombre de foffés qu’il n’y en a , tant le long
du rideau intérieur, que parallèlement au chemin
de la Vie, & de procurer , par l’approfondiffement
& J’élargiffement de Yeftey principal, qui n’ eft pas
fuflîfant dans l’état où il fe trouve , ainfi que par
l’addition d’autres foffés latéraux, un écoulement
facile aux eaux fupérieures. On auroit foin auffi
d’empêcher le reflux des eaux de la rivière en
tenant exactement les chauffées qui bordent les
efteys bien élevées dans toute leur longueur, &
en s’oppofant à leur dégradation, qui a lieu, foit
par les particuliers, foit par les beftiaux.
L ’autre partie du même communal , fituée au*-
! delà de l ’eftey, demanderoit les mêmes foins & les
| mêmes améliorations ; car elle eft inondée & couverte
de joncs-.:
I Quant au grand communal, il feroit néceffaire
| de faire un foffé de ceinture dans la partie voifine
f du rideau, comme pour les autres communaux
; dont il a été queftion, & de conduire les eaux de
ce foffé par des efteys avec éclufes fi on le jugeoit
j. convenable. Au refte, ce grand communal m’a
paru offrir, dans fa partie élevée au deffus des
eaux, un fol très-propre à la culture.;, ce qui dois
^encourager à tous les travaux dont j ’indique ici
les projets,pour tirer de deffous les eaux la partie
qui fe trouve maintenant-inondée.
J'ai examiné le fond du fol de çes différentes
.parties de-marais, & je l’ ai trouvé parfaitement
femblable à celui du marais de Saint-Simon. La
terre eft un dé-bris de végétaux & de racines de
joncs, dans de grandes parties y qî fi nés des rideaux;
mais deffous on trouve une terre compacte:, argi-
leufe, grife, ardoifee, & qui, nouvellement tirée,
de ce gîte, répand une odeur de gaz hydrogène
fulfuré. A mefure qu’on s’avance vers la Dordogne,
les débris des végétaux font plus fondus
& la terre argileufe plus profonde. Dans les parties
incendiées, deffous le fol qui produit l’herbe
ou les joncs, on voit une couche de terre d’un jauné
ci’ocre allez ioncé, deffous une terre noire & tour-
beufe. Plus loin la terre noire eft plus compaéfce &
plus grife; enfin, plus jaune vers le bord de la
rivière, dont elle paroît être un dépôt & non le
produit de la décompofition des végétaux. Mais,
toujours deffous-ce dépôt, du moins à une certaine
diftance du bord de la rivière, comme vers
l’extrémité du chemin de la Vie, qui ed grevée, la
terre argileufè,Compare reparoît en couches Suivies.
J’ai fait ces obfervations dans plufieurs parties
du grand communal, & même dans celles qui
font les plus élevées.
Dans les parties du communal où la terre noire
tourbeufe eft formée de dépôts mêlés avec les débris
de végétaux bien fondus enfemble, on fème
du froment fans engrais : outre cela, les prairies y
font fort belles, ainfi que les vignes qui donnent
abondamment du bon vin de palus; mais dans ces
parties cultivées on a multiplié avec grand foin
les foffés, pour fe débarraffer des eaux & égouter
ces terrains.
Par ces détails on voit que les communaux d'Am-
barés exigent quelques travaux pour être préfervés
de l’inondation des eaux fupérieures, & qu’ il fuf-
fira d’y fuivre le même fyftème d’amélioration
dont on a fait ufage pour deffécher les autres marais,
je veux dire d’y creufer des foffés de ceinture
& des chenaux avec des foffés latéraux.
J’ajoute ici qu’il feroit avantageux de mettre les
parties des communaux qui font remplis de joncs
en meilleur rapport, en détruifant les joncs par
l’a.élion dü feu.
On peut prendre une première idée de l’hiftoire
naturelle des différentes parties du fol de tous les
marais d3Ambarés, par les deferiptions que nous
avons faites de leurs cultures. Nous compléterons,
au refte, cette hiftoire par notre travail fur
les marais de Saint-Simon & de Saint-Lo.ubes, qui
fe trouvent à peu près dans les mêmes- circonf-
tances ; ainfi nous renvoyons à ces articles, comme
aux réflexions que cet examen nous autoriferà naturellement
à y joindre.
J’ ai fa it, fur le Bec d lAm b e s , plufieurs obfer-
varions particulières que je vais présenter-comme
je les ai recueillies, fans ordre & fans liaifon.
L’air des marais d’Ambarès eft fort mal-fain ,
par plufieurs raifons : i ° . au retour des chaleurs
& pendant leur durée , il s‘élève de certains fonds
des vapeurs qui répandent une odeur de foie de
foufre ; c’eft furtout le banc d’argile qui tient l’eau,
& fur lequel réfide la terre noire tourbeufe, qui
produit cês vapeurs. D’ailleurs, l'eau qui féjourne
fur cette bafe y contrarie une mauvaife qualité ,
furtout lorfqu’élle n’eft pas renouvelée par les
pluies*
Les cultivateurs évitent furtout de pouffer le
travail de la terre jùfqu’à cette argile, parce qu’elle
ne peut fervir de matrice favorable au développement
des racines : outre cela, elle durcit très-
fortement lorfqu’elle eft expofée-à l’aétion de la
chaleur. On laboure avec des boeufs & quelques
chevaux. D’ailleurs, le fyftème de culture eft le
même que celui dés environs de Bordeaux, & dirigé
fur les mêmes principes.
Il y a quelques troupeaux de moutons; & comme
c’eft la même race que celle qu’on a introduite
dans le Médoc, & qu’on y entretient depuis long-
tems fans mélange, la laine qu’ils donnent eft également
eftimée, & employée dans les étoffes qu’on
fabrique à Sainte-Foy & à Bergerac.
Dans les marais qui n’ont pas befoin d’engrais,
on fème alternativement des légumes & du froment.
Sur le rideau & dans la grave on cultive le maïs,
le froment & le feigle, fuivant les différentesqua>
lités du fol ou les engrais.
Les filions font fort petits & élevés fur l’Ados.
Les cailloux roulés font abondans le long du
double rideau qui occupe le centre de ce bec. En
partant de ce rideau le terrain forme deux plans
inclinés, qui vont fe terminer au bord des deux
rivières.
On fait beaucoup de fumier avec les moutons
& les brebis, ainfi qu’ avec les joncs qui viennent
dans les marais.
Les foins m’ont paru de la meilleure qualité
dans les barrails fitués au midi du chemin de la
V ie.
L’eau, dans les puits du marais, ne réfide qu’à
trois pieds de profondeur, & fur le rideau elle.eft
à; douze ou treize pieds.
11 y a des fources le long-du rideau, qui font intermittentes;
elles ne verfent guère que l’eau des
pluies après le retour de l’automne & de l'hiver,
car elles tariffent au milieu de L’été.
Il ne nous refte plus qu’ à parler de la conftitu-
tion du fol des bords de. chacune des deux rivières,
un peu avant la pointe du bec & au bec
même. En un m o t, au - delà de l’ancien rideau
dont j’ ai fait mention ci-devant, on trouve des
dépôts qui font de nouvelle formation- Ainfi les
bords de la droite de la Garonne font très^-efear-
pés, pendant une demi-lieue, au deffous de Lor-
mont > enftiite ils s’abaiffent par un faut affez