
des grandes vallées qui y ont leur origine, vallées
qui font très-nombreufes, & qui renferment les
lources des fleuves les plus conh durables de l’Afie
feptentrionale, comme on peut le voir dans la
carte particulière de notre Atlas. ,
L’Afie nous offre, outre cela, plufieurs de ces
baflins couverts de terre, & où fe trouvent des
plaines immenfes qui donnent d’excellens pâturages.
Comme ces grandes contrées ne préfentent
aucunes deftru&ions par les eaux courantes, 3c
que d’ailleurs, comme celles de l’Afrique, elles
n’ont aucun débouché vers l’Océan , il y a grande
apparence que., dans ces deux parties du Monde,
les eaux n’ont difparu qu’infenfiblement & par
une longue fuccefiion de tems.
Au refte, nous n’avons aucunes obfervations
fur les circonftances qui ont concouru à la formation
primitive de ces vaftes plaines & au defle-
chement qui a du fuccéder à leur inondation;
enfin, à l’état ou elles fe trouvent aujourd’hui,
ç’eft-à-dire, fur ce qui a donné naiflance à d’im-
menfes contrées fertiles & très-unies, mais où
l’on ne voit aucune de ces formes qui carafté-
rifent les autres contrées de la terre plus communes,
& d’où il paroît que les eaux ont fait une
retraite plus fubite fans doute, foit par une marche
fuperficielle, foit autrement.
Ainfi l’on eft porté à croire que les baflins qui
fe trouvent fur les limites de l’Ane & de l’Afrique,
fe font defféchés par un écoulement fuperficiel,
attendu que les obftacles qui s’oppofoient à cet
écoulement étoient peu confidérables, & pou-
voient céder à l’aétion des eaux & être entraînés
par ces eaux, lefquelles, dans certaines crues ou
accès, fe rendoient en maffes dans les mers voi-
fines.
On pourroit croire aufli que ces accidens ont
pu arriver de même à quelques-uns des baflins du
centre des deux continens qui nous occupent,
parce que quelques-uns de ces baflins ayant rompu
leurs digues, qui étoient fort foibles, ont verfé
les unes dans les autres, 3c par cettë gradation^
Chutes fucceffives les eaux de plufieurs baflins
•auront pu fe réunir dans ceux qui fe trouvoient,
aux niveaux les plus bas, en forcer les digues, 8c
fe creufer alors des vallées latérales jufqu’à la mer.
Ç’eft ainfi que les veftiges de plufieurs contrées
d’Afrique nous autoriferoient à fuppofer que s’eft
opérée la dernière évacuation des eaux de l’Océan.
Enfin, on eft tenté de croire que c’eft à quelques
uns de ces accidens que nous devons des lacs
qui èxiftent dans certaines contrées 3c ceux qu’on
fait y avoir exifté autrefois, quoiqu’il ne fûbfifte
plus que des parties de leurs baflins allez récemment
comblées.
Toutes ces différentes opérations de la Nature,
tant générales que particulières dans la retraite de
la mer, ont été confidérées aufli comme ayant
in flu é beaucoup fur la formation des principales
vallées que bous trouvons à la fwface de la terre,
ainfi que fur celle des efcarpemens réguliers que
nous y remarquons, fans fe borner, comme nous
l’avons fait dans plufieurs de nos articles, a la feule
action des eaux courantes *des fleuves qui y coulent
a&uellement.
On peut objeéter contre ces fuppofitions, qu’il
n’eft pas poflible d’imaginer que, dans des malfifs
récemment fortis des eaux, la mer eût pu, par fa
retraite, entamer tous les rochers tranchés à
plomb, 3c tous les bords efcarpés de nos vallées
3c des montagnes ; car on doit dirtinguer ici les
anciens dépôts, les dépôts confolidés, ou les roaf-
fifs graniteux & fchifteux qui ont dû réfifter à
l’aétion des eaux de la mer abandonnant nos continens,
3c qui auroient pu s’efcarper ou bien
même qui l’étoient, de manière que ces eaux ont
fuivi, dans plufieurs golfes, les anciens lits des
fleuves & un certain frayé qui exiftoit lors de l’in-
vafion de la mer. On Voit que, dans bien des circonftances,
elle n’a fait qu’augmenter, élargir &
approfondir les anciennes vallées lorsqu’elle les
occupoit ; qu’elle les a alongées en réunifiant à
un feul cours les vallées de différens baflins ; enfin ,
en enlevant par fes flots les matériaux les plus
mobiles.
Mais, nous le répétons, en vain voudroit-on
fe borner au feul écoulement des eaux «ie la mer
pour creufer les vallons ; car il faut définitivement
avoir recours à la marche plus ou moins abondante
, plus ou moins confiante des eaux pluviales
I qui ont fuccédé à la retraite de la mer, & qui ont
élargi une ancienne vallée qui étoit l’ouvrage d’une
ancienne eau courante lorfqus cette partie du
continent étoit libre & à fec avant l’invafion de
l’Océan. Nous développerons tous ces moyens 8c
toutes ces circonftances loffque nous décrirons
les différentes vallées-golfes de la France. Voyeç
Vallees-Golfes.
Nous reprendrons d’ailleurs toutes ces difeuf-
fions fur l’Afrique dans notre Atlas, où nous fe--
rons une defeription fuivie & raifpnnée de tous
ces objets, qui recevront des éclairciflemens particuliers
, par une application nette & précife, aux
cartes les plus modernes, que nous comparerons
1 à celles du favant Buache, fur la géographie-phy-
fique de l’Afrique. Voye[ l’article A frique dans
l’Atlas.
AGATHE. C’eft une pierre ignefeeftte, vi-
treufe & plus ou moins tranfparente. Elle a pris
fon nom du fleuve Achates en Sicile, fur les bords
duquel les premières agatlïes furent trouvées. On
la rencontre en morceaux ronds, ifolés 3c détachés
dans les vallées & dans les champs ; mais elle
a toutes fortes de formes au milieu des couches.
L’agathe ne diffère du filex, connu fous le nom
de pierre a fufil, que par fa couleur & fon degré
de demi-tranfparence ; car d’ailleurs fa fubftance
eft la mémo. Ainfi lorfque la pâte ou matière du
filex a un certain degré de fineife, de pureté 3c
de
de tranfparence ou des couleurs marquées, on lui j
donne le nom d‘agathe, 3c cette pâte prend-un î
plus beau poli que le filex ordinaire.
On diftingue deux fortes d’agathes par rapport
à la netteté, à la tranfparence , à la dureté & à la
beauté de fon poli; favoir : 1 agathe orientale 3c
Y agathe occidentalei _ l ' ‘
°Lz première réunit prefque toujours les plus
belles qualités. Cependant on en trouve quelquefois
d'occidentales qui le difputenc pour la beauté
AUX orientales.
L’agathe orientale vient ordinairement des pays
orientaux, comme fon nom le défigne. On trouve
l’occidentale dans les contrées occidentales , en
Allemagne, en Bohême, Sec. On reconnoit l agathe
orientale , comme nous l’avons dit , à la netteté,
à la tranfparence 3c à la beauté du poli* Au contraire,
l’agathe occidentale eft obfcure , fa tranfparence
eft terne, 3c fon poliment n’eft pas aufli égal
que celui des agathes orientales. Au refte, les agathe
s que l’on trouve en Orient n’ont pas toujours
les qualités qu’on leur attribue ordinairement.
Si la couleur naturelle du caillou eit laiteufe 3c
mêlée de jaune ou de bleu, c’eft une chalcédoine.:
fi le caillou eft de couleur orangée, c’eft unefar-
doine; s’il eft rouge, c’eft une cornaline.
' On voit par cette diftinétion, qu’il y .a peu de
Variétés dans la couleur des agathes orientales :
ellês font blanches, ou plutôt elles n’ont-point de
couleur. Au contraire, l’agathe occidentale a plufieurs
couleurs & différentes nuances dans chaque
couleur : il y en a même de jaunes & de rouges ✓
que l’on ne peut pas confondre avec les fardoines
& les cornalines, parce que le jaune de" l'agathe
occidentale, quoique mêlé de rouge, n’eft jamais
aufli vif ni aufli net que l’orangé de la fardoine.
De même le rouge de l’agathe-occidentale fémble
être lavé & éteint, en comparaifon du rouge de
la cornaline. '
On voit fouvent la matière demi- tranfparente
de l’agathe mêlée, dans un même morceau dê
pierre, avec une matière opaque, telle que le
jafpe ; & dans ce cas on donne à la pierre le nom
de jafpe-agathe fi c'eft le jafpe qui domine ; & on
l’appelle agathe jafpée fi la matière de l’agathe en
fait la plus grande partie. 'j
L’arrangement des taches & l oppofition des
couleurs dans les couches dont l’agathe eft com-
pofée, font des cara&ères pour en dift nguer différentes
efpèces : ce font d’abord \agathe pro-
prement ditet Y agathe onyxy Y agathe oeillée & Y agathe ,
herborifée. -
L’agathe fimplen^ent dite eft d’une feule couleur
ou de plufieurs j qui ne forment que des taches
irréguliers, pofées fans ordre 3c confondues les
unes avec les autres. Les teintes les nuances
des. couleurs peuvent varier prefqù a 1 infini j de-
forte que, dans ces mélanges & aansxétte con-
fufion, .il s’y rencontre des hafards aufli finguliers
que. bizarres : il femble même quelquefois qu on
Géographie-Phyfiquc. Tome II.
V voit des ruiffeaux 8c des payfages, des terraffes,
des animaux & derfigures d'h’ommes. Mais îF iauc
en cela ne point fe li vret à l'imagination, qui poul-
feroit le merveilleux au-delà des bornes que la
nature s’eft preferites dans ces fortes de jeux. Un
ne voit fur les- agathes que quelques traits toujours
trop imparfaits pour être confidérés comme la
moindre efquiffe du plus petit tableau.
L‘agathe onyx eft de plufieurs couleurs ; usais ces
couleurs, au lieu de former des taches irregulieres
comme dans l'agathe finalement dite, offrent des
I bandes ou des zones qui repréfententles differentescouches
dont l'agathe a été compofée, chacune
de ces couleurs étant terminée par un trait net oc
■ diftinét. . il ' , : a ’ \ Vagathe oeillée eft une efpècë d agathe onyx, dont
i les couches font circulaires. Ces couches forment
quelquefois plufieurs cercles concentriques a la
lurface de la pierre : elles peuvent être plus epailles
les unes que les autres j mais l'épaiffeur ac chacuner
d’elles en particulier eft ordinairement égalé dans
toute fon étendue. Ces-couches on plutôt ces cercles
ont quelquefois une tache à leur centre commun.
Alors la pierre reffemble en quelque façon a
un oeil; c'eft- pourquoi on les a nommées agathes
milices. Il y a fouvent plufieurs de ces yeux fur une
même pierre. C'eft vifiblement un affemblage de
plufieurs cailloux qui fe font formés les uns contre
les autres 8c réunis enfemble en groffiffant. On
monte en-bague les agathes oeillées, 8c le plus fouvent
on les travaille pour tes rendre plus renem-
bïantes à des yeux. Pour cela on diminue I épaïf--
feur de la pierre dans certains endroits; on met:
deflbus ulit feuille couleur d'or. On ne manque
pas auffi d é faire une tache noire au centre de la
pierre en deffous, pour reprqfenter la prunelle de
l'oeil fi la nature n'a pas fait cette tache. - ;
On donne à l’agathe le nom herboriféeeu. de
dendrite, lorfqu'on y voit des ramifications qui re-:
préfentent des moufles 8c même. des. buiffons 8c
dés arbres. Les traits font fi délicats, le deflîn
eft quelquefois fi bien conduit, qu'un peintre
pourroit à peine copier une beile^agathe kerhofiféé; .
mais elles'ne font pas toutes aufli parfaites. Les
belles agathes herborifées préfentent des images
qui imitent parfaitement les moufles 8cles plantes:;
auffi a-t-on découvert que ces images étoient dues
à ces corps naturels enveloppés dans l'agathe her-
boriféé.1 ' 1 ’ ’ J ' ’ ’ .
-Les ramifications de ces agathes font d une couleur
brune ou noire, fur un fond dont la couleur
dépend de la: qualité dê la p;erre.>
Les agathes 8c Xes jafpes fe peuvent facilement
teindre; mais nous ne nous occuperons pas ici de
ces procédés, quelqu’ingënieux qu’ils foient 8c
quelqu’agréables que foient leurs-réfultats. Nous
paffons à l’indiCîitiâh'des différens endroits où fe
trouvent les'agathes. ' | . '
C'eft àiHadramôiit, contrée d'A fie dans 1 Ara-
i bie beureufe , que fe trouvent: les plus beaux
B b