
de fort petits , quelques autres de moyenne grandeur
, & d'autres fort grands ; ce qui annonce
tous les divers degrés d’accroiffement que prennent
les dails dans la pierre, & nous indique un fé-
jour de la mer, prolongé dans les diverfes contrées
ui ont fourni ces fortes de pierres. Ce ne font
onc pas des effets du déluge univerfei ,qui n’ont
pu être que paffagers s’ils ont exifté dans ces contrées.
On voit auffi dans ce même canton des
amas considérables de lithofites, de porites, de
fungites , de débris d’étoiles marines , connus
fous le nom d’entroques & d’aftéries „ d’alcions,
de dents de chien de mer, 4e vertèbres autres
os d’animaux, qui font probablement des poiffons
de mer.
Au milieu de ces foffiles on trouve dans des
fentes le plus fouvent verticales, des criftaux de
gypfe, qui prennent différentes formes, fuivant
que les çirconftances favorifent l’affemblage des
molécules criftallines élémentaires , & ces criftaux
font allez abondans : il en eft de même des
tnorceaux de charbon folïile qu’on rencontre particuliérement
dans les lits de tufs. Il faut bien les
diftinguer des bois foffiles bitumineux qu’on y
yoit ayffi, qui font intéreffans, non-feulement
parce qu’ils rendent, lorfqu’on les brûle, une
odeur de bitume bien marquée, mais encore parce
que certains morceaux font recouverts d’enduits
de bitume fort épais , qui fe fondent & coulent
comme l’huile pendant leur combuftion.
Qn ne trouve que très-rarement des fources
dans les traftus argileux : celles qui s’y montrent,
ne fourdiffent jamais que des endroits où. régnent
les couches d’un tuf dur & compare; & dans ce
cas les eaux de ces fources font dures, pelantes,
faumâtres. Ce défaut d’eaux falubres&r abondantes
eft un des grands inconvéniens de ces cantons
.argiLtuX} qui reçoivent l’eau pluviale fans l’admettre,
fans, fe prêter à fa circulation intérieure , &
par conséquent à fa dépuration : celle même qui
fort des couches de tuf, conferve encore toutes,
les mauvaifes qualités que les argiles lui ont communiquées
en circulant à leur furface,. avant de
pénétrer dans les tufs.
. Après cette defcription du trait us argileux des
envirops de Sienne, pour faire connoitre ce que
laTofcane renferme dans ce genre de phénomè^
nés, je vais rappeler ici les principaux faits concernant
les collines à*argile, que j’ai raffemblés
dans la; notice de Targioni, & l’on pourra reçon-
npître par ces détails, quelle ell l’étendue de ces
maffifs , partie inréreflfante de la Géographie-Pky-
fique.de la. Tofcane.
“ Dans chacune des contrées où les collines d’ar-
MËl fe préfentent, l’afpt# du pays change. Ces
qrgiles différentedu, tufo, tant par la couleur, lé
grain;& la formecprimitive des couches, que par
l'état, de deftruélion que çes maffifs. ont éprouvé
par-les; eaux , comme nous l’avons, vu, çi-deftii?..
4e%4.1ffirens principes, de Y argile fonttrès-peu.li.is.
enfemble; maïs malgré cela, comme les moléctî-
les qui la conftituent, font unies très-intimement
entr’elles par une certaine force d’adhérence,
cette conftitution phyfique empêche que les racines
des plantes ne s’y faffent jour : il en eft donc
réfulté que les fommets des collines, qui font recouverts
de couches argileufes3 n’offrent qu’un très-
petit nombre de plantes fpontanées, & encore
ces plantes font-elles très-foibles. Auffi les fe-
mences n’y produifem-elles des grains que dans
les parties des collines qu’on a cultivées &c ameublies
avec foin.
L’abaiffement de tous les fommets des collines
argileuses3 & les dégradations qui s’y trouvent produites
, dans un tems donné, par l’effet des eaux,
font bien plus fenfibles dans les collines d‘argile,
que dans celles de tufo. Targioni en cite des preuves
frappantes dans les environs de Toiano.
Les coupures des couches d’argile produites par
les eaux pluviales ne font point verticales, c’efi-
à-rdire, à pic comme.celles de tufo, à la réferve dé
certaines parties où les fleuves, rongeant les pieds
des efcarpemens, font précipiter dans leurs lits
de groffes maffes d‘argile. C’eft ainfi qu’on peut
fuivre les progrès des deftruâions des croupes de
la vallée de Y AJJiena , dans les collines de Certaldo..
Il eft vrai que les efcarpemens qui reftent à la fuite
de ces chutes, préfentent plulieurs faces obliques
& des bords inclinés.
Chaque année d’ailleurs la fuperficie des collines
d'argile fe dégrade confidérablement. Il fuffit
de jeter les yeux fur ces collines, pour être affuré
que leur niveau eft beaucoup inférieur à celui des
collines de tufo. A Toiano , à Morrona , à San-
Giufio-di-Volterra, il y a de grands traftus de collines
d’argile, où l ’on peut voir toutes les coupures
& les dégradations des eaux dont nous venons
de faire mention, ainfi que cet abaiflTement de
niveau.
L’argiley divifée & féparée de fes grands maffifs,
prend l'eau, & outre cela la retient beaucoup plus
que le tufo. C’eft pour cette raifon que, dans les
pays de collines argUeufes 3,les chemins fe fèchent
plus difficilement,. & font impraticables pendant
tout le tems des pluies.. .
Dans les couches, d’argile il y a plus de corps
marins, teftacées, que dans le tufo ; auffi rencontre-
t-on de grands traitas argileux qui, font entièrement
ftériJes, paçce que les eaux pluviales,;, ayant
entraîné les terres avec elles, n’y ont laifle que
des corps marins.
Nous avons vu auffi que les eaux des fourcës.&
des puits étoient de mauvaife qualité dans tous les
cantons argileux,. & que cet inconvénient nuifoit
infiniment à leur habitation,.
L’<?rg7/e,.au,refte , qui domine dans ces collines,
eft bonne pour les poteries & les tuileries. D’ailleurs.,
fon mélange avec. les débris des coquilles,
le rend propre à modeler des figures dans lès ate,-
ljers.desTculpteurs. Outre c.e.la,Jl y a des. pâmes»
où Y argile eft favoneufe, & propre à dégraifîer &
à.fouler les étoffes de laine.
On a remarqué que les amas d’argile près de
Chianni étoient adoffés à des croupes de montagnes
primitives, & fans aucune matière intermédiaire.
C ’eft-là où I on commence à voir les filons
de ces montagnes, qui offrent des matériaux d’une
nature différente, ainfi qu’un afpeéb & une difpo-
fition dans les fubftances qui diffèrent également j
& ce qui a mis cet ordre de chofes à découvert,
c’eft le travail d’un torrent qui a entraîné de grandes
parties d'argile, & montré que toutes les
couches des collines avoient été dépofées. pofté-
rieurement à l’exiftence des bords d’un baffin qui
les a reçues, & qui en a été en grande partie
rempli & couvert.
On voit la même chofe au val d’Arno-di-Sopra,
qui eft un canton femblable à celui des collines
du val d’Efa. Il eft vifible que, dans tous les cas,
les matériaux qui font entrés dans la compofition
des collines, ont été amenés de loin & dépofés
furtout aux environs de la partie inférieure des
croupes des montagnes de l’ancienne terre.
U eft donc prouvé que ces. montagnes ont formé,
à une certaine époque & par leurs faces latérales
ou leurs croupes, différentes vallées ou baf-
fins plus ou moins étendus, où l’eau, chargée des
principes du tufo ou de l’argile, a pu dépofer une
quantité confidérable de fables & de terre, & les
dépofer en couches horizontales, comme fait l’eau
trouble. Sur un lit affermi déjà un peu, il s’en eft
établi un autre fucceffivement par le concours des
mêmes cirçonftances, & enfuite plufieurs autres,
chacun defquels a été plus étendu à mefure qu’il
couvroit une plus grande fuperficie de montagnes
.& une plus grande circonférence. La nature a
continué ces fortes de dépôts jufqu’à un certain
tems déterminé, & jufqu’à ce qu’ ils aient acquis
une épaiffeur égale à celle que nous pouvons ob-
ferver j qu’ enfuite , à mefure que les caufes ont
Varié & qu’il s’eft établi un plan différent de travail
, la nature a céfie de former lès collines} en
forte qu’à la fuite des révolutions qui ont eu lieu
dans ces mêmes contrées, elle détruit maintenant
fon propre ouvrage. Ainfi donc tous les fyltèmes
de collines qui ont été indiquées , de quelque
nature de matériaux qu'elles aient été; compofées,
ont éprouvé & éprouvent chaque jour .des def-
tru&ions cojnfidérables & fui vies ; & s’il fe .forma
de pareils dépôts,. ce ne peut être que fur le fond
du baffin de la mer aéluelle.
On trouve de femblables dépôts faits par les
eaux dans beaucoup d’autres contrées de la Tofcane
, mais furtout au milieu des montagnes de ;
ParlaScio, où tous les maffifs de l’ancienne, terre
ïéfident deffous les couches horizontales de tufo'
d’ argile .-.ce’fo;nt des filons d’albarèCe; de
pierre férène d’un grain fin. Ces filons paroitfent
; compofés de débris de coquilles marines ,, telles-
que les. huîtres^ les peignes, le&folens lês.lejiciculaires
& lés numifmales . Les couches qui en font
inclinées du midi au nord ont différentes épaif-
feurs, & varient quant à la dureté & à l'inclinai1-
fon. Ces mêmes phénomènes fe retrouvent dans
plufieurs autres contrées de laTofcane, où la bafe
& les limites des collines font également formées
par les maffifs des montagnes de la moyenne terre,
compofées de fubftances de différentes natures.
Le petit traitas de collines qui eft au midi de
Morrona, eft fitué au pied d'une vafte chaîne de
montagnes, qui commence à Cafciana & s'étend
jufqu’à Cafiellina. Il eft compofé, pour la plus
grande partie, d’argile, & offre le commencement
de la vallée de Cafcina, fleuve qui a fa fource un
mille environ au deffus de Morrona , près dé
Chianni. Cet amas d’argile eft pofé fur les flancs
des montagnes qui forment cette chaîne, de ma^
nière que là où fe termine le dernier lit d'argile >
qui paroît à l’oeil décrire une ligne droite horizontale
, on commence à voir les filons des montagnes,
& depuis cette ligne on obferve un fol
d’une nature & d’une forme toute différente.
Comme nous l'avons déjà remarqué chdeflus^
quelques torrens , en fe précipitant des montagnes
, ayant entamé les mafljfs d’argile , font voir
outre cela que cette argile eft un terrain adventice
formé de couches horizontales , dépofé fur les
flancs des montagnes, & fous lequel une grande
partie de la bafe des montagnes eft enfevelie. La
même difpofîtion s’obf. rve dans les collines du
val d’Arno-di‘Sopra y comme nous l’avons fait con-
noître ci deffus. ( Voyelles articles Arno (fleuve)
& C ollines d’argile.)
Réflexions far la compofition & far la ftrufture
des couches d’argile.
A la fuite des détails qui concernent les collines-
d’ argile } on ne peut fe difpenfer d’y joindre ceux:
qui peuvent donner une idée précife de la compofition
& de la ftruéfcure des couches d’argile en
Tofcane.
. En allant de Monte-Fofcoli à Palaia-, on rencontre
une grande plaine recouverte.d’un fyftème
fuivi de couches d’ argile. C’eft là que j’ai examiné
leur compofition & leur ftruélure. On voit que îes=
grands lits d’ argile font partout divifés en plufieurs
rognons (ço//o/ii) ou maffes, qui approchent beaucoup
de la figure.,parallélépipède obliquangle, &
dont les faces font revêtues d’une croûte mince,,
de couleur jaunâtre. Ces rognons font intérieurement
de la cduleur ordinaire de l’argile, & ce rï’eft
que fur les faces fupérieures ou latérales qu’on y
rvoit une teinte de couleur jaunâtre & encore eft-
elle diftEihuée. fur les contours de ces faces; car^
comme les rognons font très-ferrés les uns à-côté
des autres, les 'contours de leurs faces fe itou;-
. ehent fonten comaét les uns contre les autres.-
Ainfi. la fuperfici.e. dlun lit d’ argile offre un plans
divifé en: forme de r é fe a u & très-artiftemenédeft