
Atlas , to-us les détails, précéderas fur le plateau de
la ville d'Angoulême. Nous revenons ici au tableau
inftru&if que" la pofiùon & Angoulême doit pré-
fenter au naturalifte, & à cette belle & interef-
fante perfpeéfcive que lui offrira la vallée de la
Charente y car il découvrira à fes pieds un badin
confîdérabie atrofé par cette rivière, bafifin cir-
confcrit à gauches , comme nous rayons dit , par
les efcarpemens du plateau fur lequel la ville
à? Angoulême eft fitué© , & à droite par un plan
incliné qui forme une croupe tïès-alongée, dont
j’ai donné ei-deiîus les principales formes rai-
lonnées.
Le plateau d'Angoulême eft ifolé au nord 3 a
î’oueft & au midi. Sur ce dernier aipeét il eft terminé
par le vallon de la petite rivière d An- j
guienne, mais il tient à l’eft à la terre ferme &
au fommet des collines prolongées dans ce fens.
Quant à l’oueft, il fait partie des efcarpemens de
la vallée de la Charente, qui a continué fes ofcil-
lations contre ce dernier afpeéh Ainfi toutes ces
formes font bien déterminées y & leurs eau fes bien
déduites, de l’aéfcion des eaux courantes, aux yeux
de ceux qui ont- étudié leurs differens effets à la
furface du globe.
L’élévation du, plateau d’Angoulême ne doit
étonner que ceux qui ne lavent pas remonter aux
premiers tems où les torrens de la Charente ont
commencé l’approfondiflemént de la grande vallée
, pendant que les eaux ~de la petite rivière
d’Ànguienne excavoient de leur coté. A cette
époque la furface de la terre étoit de plaimpied
aux~environs du plateau , dont le Commet ne s’eft
détaché qu’à mefure que l î s deux vallées ont été
creufées par le travail: des eiwx, qui doit s’être
foutenu a {fez long-tems. pour que leur fond de
cuve fe fpit abaitfe à peu près au point où il fe
trouve avec les dépôts dont il eft formé.
Maintenant „ pour fuivre tout ce beau travail ,.
il n’eft queftion que de confidérer une maffe d’eau
ofciliante dans ion .lit , & fe balançant entre les
bords efearpés qu’elle démoliffoit d’un cô té , & le
plan incliné qu’elle abandonnait de l’autre. Effectivement,
ces efcarpemens font. naturellement les
produits d’ un coûtant qui venoit fap-per la bafe
des rochers contre lefquels il fe portok , à mefure
que le plan incliné & fes dépôts le pouflbient vers
çeii obftacle.. Il eft inconteftable que les eaux courantes
ont été obligées, par les dépôts qu’elles
füifoien.t& qu’ on peut reconnokre, de fe replier
continuellement contre les bords efearpésg qui fe
font éloignés à mefure que les fablies 8c‘ les terres
qu’elles charioient pour y former dês aterriife-
mens: corrfïdérables, fe font prolongés en pentes
douces.
Dans le même tems les eaux de l’Anguie-nr.e fui-
voient de leur côïë une marche particulière, &
comme la force de ces eaux n’étoit pas auftl con-
fidérâBle , il n’ eft pas- étonnant que les efearpe -
mens ne foient pas au(Sétendus, aufti profonds,,
auffi rapides dans cette vallée. D’ailleurs, les dépôts
qui s’y font faits fur fon fond de cuve n’ont
pas à beaucoup près la même épaiffeur que ceux
de la grande vallée de la Charente.
ANGOUMOIS. Cette grande contrée, inté-
reflante par plufieurs objets de géographie-phy-
fique très- imporcans, fe trouve maintement renfermée
dans le département de la Charente. C'eft
aufli fous cette double dénomination que je vais
eflayer de la faire connoître. Je commencerai d’abord
par la description de fon fol.
Sol de 1'Angoumois.
J’ai parcouru T Angoumois, & je vais décrire fûc-
• ci nullement ce que fon fol m'a offert depuis les !i~
| mites du Poitou jufqn’au Petit-Angoumois, & depuis
Chabanois jufqu’à Sainte-Barbe. J’indiquerai
j d’abord, à une lieue des Maifons-Blanches , une
’ carrière de marbre qu’on a fouillée près de h Bo-
nardelière : cette carrière offre des bancs horizontaux
qui varient dans leur épa fïeur, & qui font
! recouverts de dix à douze pieds de tufs en forme
de moëlon.
La eeuleiiï de ce marbre eft le plus fouvent d’ un
■ jaune-clair, mais plus ordinairement d’ un g vis-cend
ré, relevé par des herborifations noires_& délicates.
J’en ai vu des échantillons où fe rroavoient
figurés des groupes d’herborifations fymmétri-
ques, & où l’on pouvoit imaginer des payfages
1 deffinés fur des fonds d’unt jaune-clair, gris-cen-
: d té , & c . Il ferok à dcfiier que ce marbré^ ex-
; ploité à une plus grande profondeur, fût fufeep-
tible de prendre un poli plus net & plus vif.
A melure qu’on pénètre dans Y Angoumois, on
y trouve les mêmes moèlons calcaires par couches
horizontales, an milieu defquelles on remarque
: des peignes & des cornes d'ammon : outre cel-à, iîeS‘
fil ex en -pierres, perdues , pofées fans ordre & fans
1 arrangement à la furface de la terre 5 ce qui prouve
que les bancs-pierreux où ces filex réfidoient, ont
été détruits, & qu’ il n’en eft refté que leurs débris y
qui étoient plus durs & plus folides. Quelques-uns
de ces filex font arrondis j ce qui prouveroit qu’ils'
ont éprouvé un certain frottement lors de la def-
truétion de la partie fuperficieile du fol.
Le coteau de Château-Roi termine la plaine de
Limalonge. C ’ eft une colline dont le développement
eft fort alongé, & compofée de terres argi-
leufes colorées, dans lefquelles font difperfés fans
ordre les filex dont il. a été parlé ci-devant. On
obferve à la furface de cette colline, des châtaigniers
entés & fauvages , dont les premiers font à
hautes tiges, & les autres réunis en taillis5. ils
fournirent des cercles. .
La plaine des. Agents eft couverte d’ arbres à
fruits 5 les noyers & les châtaigniers y dominent ::
elle donne des marrons de différentes efpècesfelle
eft encore abondante en mines de fer ,, en grain»
détachés Sc arrondis. Quelquefois ces grains font
réunis en petites maifes ; Us fe trouvent par veines
& filons dans les terres, depuis cinq ou fix pieds
de profondeur, jufqu’à vingt. Cette mine donne
un fer d’une qualité excellente. On n apperçoit
aucun mélangé de pierres dans ces filons, qui font
d'ailleurs inclinés en tous fens.
Nous 11e parlerons de la foret de R-uffec, qui
vient énfuite , que pour dire que le chêne y _domine
1 après quoi viennent le charme, le châtaignier
fauvage, le tremble , le hêtre & le certfier.
A deux cent cinquante toifes au-delà de 'la rorec,
reparoiffent les pierres & lès terres calcaires, qui
fendaient di fputer le terrain aux argiles & aux filex.
Ces différentes fubftauces fe perdent Sr fe montrent
pat intervalles, jufqifàu vallon qui fixe a là
ville de Ruffec les limites des argiles & des filer.
Les carrières de la Croix-Pinaut donnent des
pierres de taille & des moèlons fort bonne
qualité : on y trouve auiïi des cames & des carnes
d'atntnon. r
■ Avant d'arriver à la ville de Ruffec, on traverfe
le vallon de la Pérufe. En Confiderartt le fond dil
vallon , on le trouve tapiffë de prairies mats on
n'y voit pas une goutte d’eau pendant liplus grande
patrie de l'année. Néanmoins on y^apperçott une
trace du courant d'eau de la Pérufe , qui n'y parent
qu'aptes les pluies les plus abondantes, foute-
nues un certain tems. Cette rivière, abreuvée par
des fources temporaires , n a de cours fuiviSc réglé
que dans les hivers pluvieux^ elle fertiufe «ors
le fond du vallon qu'elle àrrofe. J'en parlerai
plus au long en traitant des eaux courantes qui fe
^ L e d iâ te a u de Ruffec eft fitué fur Une terfaffe
renfermée dans le badin du vallon du Liain , di -
vifé en deux branches qui enveloppent cette plateforme.
d’examiner jufqu’aux abords ci’Angonlêmë, qu on
n’en trouve pas des débris remarquables. ,
Le parc de la Ttemblaye eft fitué en partie fur
le fommet d'un coteau légèrement incline, avant
la porte des Nègres : ce parc dépend du c-hateau
de Verteuil. Les propriétaires, feigneurs de U
Rochefoucauld, l ’ont peuplé de mûriers^ pour
; introduire dans cette petite ville l’éducation des
1 ve-is à foie. Les paroifles qui l’avoifinent, recueil-
: fent beaucoup de lin > & font commerce de la
: graine, . . '• - ! .
La beauté des é c re v ilfe , & l’excellence
des truites que ces branches produifent, ajoutent
beaucoup aux agrémens du parc de Ruffec. «,
Le fol de Y Angoumois fe montre, à la fortte de
Ruffec, tel qu’il Ce préfente affez généralement
dans toute la province. Dans les efcarpemens qu on
y v o it , on trouve les coteaux compofes de cou- ;
ches horizontales de moëlons calcaires de di ver fes ï
épaiffeurs, 8c féparées les unes des autres par l'in- i
terpofition d’ un intervalle terreux. Les bancs de- ;
viennent plus confidérables à mefure qu’ ils s’ejoi-
gnent de la furface de la terre. On rencontre même ^
dans ces fouilles , à environ douze pieds de profondeur
, quelques blocs de pierres de taule , tandis
que les moëlons qui font plus près des tufs,
font de petits bancs , & un peu en défor dre, parce
qu'ils ont été pénétrés par les eaux pluviales.
Les cornes d’ammon furtout font for ^fréquentes
aux environs de Ruffec 5 mais à mefure qu on
approche d’Angoulême, elles deviennent rares &
dilparoiffent peu à peu, ainfi que lés autres éfpè-
ces de coquillages de leur amas} elles font relle-
inent difperfées dans les couches, qu on a lieu
Depuis le parc de la T remblaye jufquâ Roulet,
i après Angoulême, la culture principale elt celle
t de 1.1 vigne. On doit diftinguer cependant les pa-
roiffes de Manfle, de Bayers & de Fouclairaut ,
! dans lefquelles on cultive avec.un.certain lucce&
beaucoup de fafran. C ’eft aux marches de Champ-
niers, V a fs, Manfle 8e Verteuil- que fe rait le plus
grand débit du fafran-, ,
Autant le moëlon eft commun 8e bien lire dans
-le canton de Manfle, autant la pierre de rai e y
eft rare. On en trouve feulement dans la colline
de Bayers d’ une excellente qualité,; mais Jef efcarpemens
qu’on rencontre à la fbrtie.de Manfle,
montrent lès couches horizontales calcaires, au
milieu defquelles on trouve descentes verticales
qui ont fervi à exploiter les bancs de moëlon eu
petites maffes de différens volumes. .
Le-coteau de la Tou che, entre, les villages de
Touriers 8c de Churêt, développe tous les phénomènes
des couches pierreufes de 1 Angoumois,
On,eft furpris d’ y voir, dans un grand eicarpemenri
des couches horizontales abandonner en certaines
parties leur alfiette pour la reprendre enfuue, en
décrivant dans ces intervalles des courbes p us ou
moins cohcaves, dont lès formes paroiffent dépendantes
desbafes anciennes, qui ont fléchi par le
travail des eaux intérieures. ,
Un peu plus loin, le cerceau de Fontemlles préfente
un amas de petites pierres d’ un trffu ferrp,
& de formes irrégulières. Les pierres y font pla-
cées fans ordre , & renferment des fragmens de
coquillages, qui femblent annoncer le grand amas
des environs d’ Angoulême. |
On arrive enfuite au village du Pontouvre, ou
l’on traverfe la fingulière rivière de Touvre, qui
fe jette dans la Charente, en faifant avec elle un
angle de cinquante-huit degrés. J’en parlerai dans
un irticle particulier. . . .
On trouve dans les terres labourables, au-dela
! de Pôntouvrè, des cornes d’ammon 8c des géodes
de différentes groff.'urs, qui renferment des crif-
taux de fpath blanc, groupés fut la bafe du Contour
de cés géodes. ; - j ■
C ’ eft à quelque diftance du Pontouvre que Ion I atteint, fur un coteau é lè ve , 1 étonnante fit nation
de la ville d’Angoulême. Je renvoie l’expofieiop
de tout ce que cette ficuation offre au naturalifte ,
; à fan article, où tout a été décrit, ainfi qu à notre
! Atlas, où ces objets feront figurés en détail, &
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