
comptoit feize efpèces , délîgnées par des noms différent.
Nous diftinguerons le dogue d'Angleterre
ou le boule-dogue , que M.Pennant fait de (cendre
du mâtin, comme le plus hardi & le plus vigoureux
de tous les chiens ; enfuite le chien de Terre-Neuve,
qui depuis peu a fupplanté le mâtin , comme plus
utile 4k plus généreux. Le luxe a attaché à fes
équipages le chien dalmate pommelé.
Quant aux autres races, comme elles font connues
dans les autres contrées de l’Europe, nous
ne les rappellerons point ici.
De tous les animaux qui vivent en Angleterre
dans l’état de nature , le chat fauvage eft le plus
féroce 8c le plus deftruéteur ; il n’habite que les
forêts les plus épaifles & les plus montueufes. Si
la race des loups eft détruite depuis long-tems,
celle des renards eft en revanche très-multipliée.
Nous nous contenterons de nommer ici le blaireau,
le chafoin, la martre, le furet, la loutre ,
l ’écureuil, le loir 8c plufieurs efpèces de fouris,
fans oublier le rat. Le rat.du pays ou rat gris-de-
fer a prefqu’entièrement difparu , depuis que l’ef-
pèce brune des rats d’Inde, improprement appelés
rats de Norwège, s’eft fi fort multipliée. Les
phoques fe trouvent principalement fur les côtes
de la principauté de Galles.
On ne voit plus le chevreuil dans les parCs des
grands j ils font peuplés de troupeaux nombreux
de'daims & de cerfs. Les cerfs, plus nuifibles que
les daims, deviennent aufli moins communs.
Cette île produit plufieurs oifeaux de proie,
dont les principaux font l’aigle doré, qu’ on trouve
quelquefois fur le Snowdon, & l’aigle noir, qu’on
a vu dans le Derbyshire. Le faucon voyageur fait
fa couvée dans le pays de Galles, 8c d’autres provinces
no.urriffent plufieurs efpèces du même oi-
feaii. En Supprimant la lifte inutile qui nous feroit
arriver juftju’-au roffignol, nous dirons que cet oi-
feau, un des plus remarquables par fon chant,
n’habité ni' le pays de Galles ni aucune des provinces
féptentrionales de l’ Angleterre, excepté
les environs de Doncafter, où il eft fort nombreux :
du côté de 1'oueft.il ne va jamais jufqu’aux comtés
de Devon 8c de Cornouaille. Ces limites, dans
lefquellës cet oifeau fe renferme, doivent furprèn-
dre, puifqu’il vit fous le climat de la Suède. •
- Les volailles d’Angleterre paroiflent être originaires'
d’Afie, comme les paons le font de l’ Inde,
fes faifans de Colchis, les pintades ou poules de
Guinée, d’Afrique. •
Un des oifeaux aquatiques les plus finguliers,
c’ eft le pluvier à longues jambes. Le canard fauvage
eft le plus utile :’ le plus grand nombre fe
prend dans les marais du Lincolnshire, & la.capi-
tale en confomme un grand nombre. •
La baleine 8c le dauphin s’approchent rarement
des côtes d’Angleterre ; mais le marfouin & quelques
autres du même genre n’y font pas rares. Le
goulu de mer vient fe préfenter à la chaleur du
foleil fur les plages de la principauté de Galles.
Outre cela, il fe rend autour de l’ île un grand
nombre de poiftons eftimés : tels font le turbot, la
dorade, la foie, la merlue , la plie, l’ëperlan, le
mulet, &c. Ce n’eft que fur les côtes de Cornouaille
qu’on troüve lapélamide : on pêche une
grande quantité de harengs & de maquereaux.
Les principaux poiffons de rivière font le fa timon
8c la truite, qu’on prend dans le N o rd , 8c
qu’ on tranfporte dans des bateaux. On affure que,
chaque faifon, une rivière, la Tweed, fournit à
Londres au moins trente mille faumons. La lamproie,
quoique poiffon de mer, fe pêche dans la
Severn. Le hour aux flancs tachetés de rouge fe
trouve le plus communément dans les lacs du Weft-
moreland. Le faumoneau, le plus pëtic poiftbn du
genre de la truite, qu’on a pris à tort' pour un
jeune faumon , 8c qu’ on appelle par en Ecofle , eft
moins gros que la truite. Les carpes ont été portées
en Angleterre de la Pologne & de la P rafle.
Bien des Anglais regardent la tanche 8c la perche
comme des mets très-délicats.
L’écrevifle de mer fe trouve fur prefque toutes
les côtes bordées de rochers, mais furtouc aux
environs de Scarborough. Le crabe'eft une petite
efpèce d’écrèvifîe de mer, qui habite'les bords
argileux des rivières. La rivière de Conway dans
le pays de'Galles, 8c celle d’ I-rt dans le Cumberland,
renfermoient autrefois des moules à perles.
Ce coquillage femble à prêtent reftreint à l’ Irlande
8c à l’Ecofl'e. On fait que ces perles font produites
par la perforation de la coquille, que fait une efpèce
de ver. En conféquence il femble que l’on
pourroit en obtenir artificiellement, en la perçant
foi-même 8c replaçant la moule dans l’eau.
Les huîtres à?Angleterre confervent la réputation
qu’elles avoient du teins des Romains; cependant
elles ont un goût moins agréàble que celles
des pays plus-feptentrionaux. Les huîtres vertes
de Colchefter en Effex", & les blanches intenfes
de Milton, dans le comté de Kent, font les plus
recherchées.
V I I . Minéralogie.
Quoique la minéralogie offre ordinairement peu
de richefles dans les pays où fleurit l’agriculture,
il s’en Faut de beaucoup que Y Angleterre foit dans,
une grande privation à cet égard. Nous avons déjà
. parlé des mines d’ étain du comté de Cornouaille.
Non-feulement leur antiquité les rend en quelque
forte vénérables, mais outre cela ori prétend'
qu’elles font les plus riches du monde entier. On
trouve de l’étain en Bohême, en Saxe, en Hongrie;
& dans l’Orient, à Màlàcca, à Banca , à
Siam , mais non dans une fi grande abondance
que dans les mines de Cornouaille. Cette même
contrée renferme cette efpèce d’argent que les
naturaliftes appellent mine d'argent cornée. Le comté
de Cornouaille a auflî des mines de cuivre ; le
Yorckshire & le Staffordshire en renfermant pardllement,
mais les plus abondantes font celles
de la montagne de Parrys, dans le nord-ouëft
d’Anglefey. Au lieu de-pourfuivre les filons à travers
les couches, la mine s’offre en^ blocs d’ un
volume prodigieux, & on l’exploite à la manière
des carrières. La montagne eft prefqu’entiére-
ment dépouillée d’arbrifleaux 8c même de gazon.
On ne voit à la furface du terrain qu’ iiné ardoife
alumineufe, fous laquelle réfide la mine, dont le
fulfure jaune forme la bafe, 8c qui donne un quart
de cuivre & un quart de foufre ; les deux autres
quarts font des matières de rebut.
Les montagnes de Mendip ën Somerfetshire
donnent du plomb, de la calamine 8c de la man-
ganèfe. On connoît aflez les mines de plomb du
Derbyshire, non-feulement par ce métal, mais
encore par les belles veines dé fpath-fluor qui
l’accompagnent, 8c .dont on fait différëns vafës.
En général , la chaîne centrale du nord abonde
en mines de plomb. A Aldfton , dans la partie
orientale du Cumberland, les mines de ce métal
occupent onze cents hommes. ' ^
Il n’y. a pas de métal plus généralement répandu
fur lé globe que le fer : Y Angleterre en poflede
d’excellentes mines"; les plus remarquables font
Celles de Colebrook-Dale en Shropshire, ou de
Dean-Foreft en Gloceftershire, auxquelles on
petit joindre celle du voifinage d’Ulverfton en
Lancashire. “ ■ , r l
Les comtés de Derby, de Cornouaille’& quelques
autres contrées du royaume donnent des
demi-métaux , tels que le zinc , fous la forme de
calamine, & la bléndé. 0n a quelquefois trouve
le nickel 8c l’ arfenic dans le comté de Cornouaille,
& récemment cette’ fubftance connue fous le nom
de menakànite. Mais le plus important de ces demi-
métaux eft la plombagine ou plomb noir, qu on
exploite dans la montagne de Borrodale, auprès
de Kefwick dans le Cumberland. On n’ ouvre
cette mine que par intervalles.- On fait que c ’eft
avec cette matière qu’on fabrique les crayons
anglais, recherchés à fi jufte titre.
On a découvert de l’or en divers endroits de
l’ iie, nommémènt près de Silfoe en Bedfordshire,
mais les produits n’ont jamais payé les frais d’exploitation
& des autres travaux. Les vraies mines
d’ or de Y Angleterre font fes mines de charbon,
répandues au nord & à i’oueft, 8c particuliérement
aux environs de Newcaftle. Cette fubftance
eft un. mélange de carbone & de" bitume.
Ce dernier principe abonde furtout dans le charbon
de Newcaftle, & eft la caufe qui en rend la
combuftion plus dùrable que~ celle du charbon de
Briftol, fi abondant à Kingfwood. On doit faire
honneur au charbon de terre ; de toute l'opulence
de ce pays ; c’eft en effet Tarn© de fes manufactures
, 8c par cônféquent de fon commerce.
/Les charbons de Whitëhaveri & de Vigan ont
plus de pureté que les autres. Les charbons cannelés,
ainfi que les charbons à oeil de paon que
donne le Lancashire”, font fi beaux, qu on les
foupçonne d’avoir fourni les jais d‘Angleterre3 dont
parlent les Anciens. Il y a dans les landes de
Bovey en Devonshire, une fingulière efpece de
charbon, qui reffemble à du bois imprègne d une
matière bitumineufe. La tourbe eft fort commune
dans le Hampshire 8c dans d autres comtés
du fud.
V I I I . Mines de fe l gemme.
Nous ne devons pas omettre ici la mention des
mines de fel gemme du Cheshire. Il paroît qu elles
furent connues des Romains, puifque le géographe
de Ravenne fait mention, à l’article de 1’A n-
I g let er r e, d’un lieu nommé Salins.. Les plus remarquables
font celles de NorrAwicA,\Nomptwich
SëMiddlewichne fônt que des fources Talées , ainfi
que Droitwich en Worceftershire, & NVefton en
Staffordshire.
C ’eft vers le commencement du dix-huitième
fiècle que furent découvertes les grandes mines
au fud de Northwich. Les carrières dont la voûte
de fel criftallifé eft foutenue par des colonnes de
même matière , 8c qu’on parcourt dans une étendue
de plufieurs acres , préfentent un fpeétacle
aufli magnifique qu’ étonnant. Sous un lit d’argile
blanchâtre, 8c à cént vingt pieds anglais de profondeur
, eft ta première couche de f e l , épaifle
d’environ foixante verges, 8c fi folide q ue, pour
la faire éclater, on emploie la poudre à canon.
Dans cet é ta t , ce fel reflemble au fucre candi
brun. A cette première couche en fucqède une de
pierre fort dure, qui en couvre une fécondé de
fel d’environ dix-huit pieds d’épaiffeur, brune en
quelques endroits, mais en général pure comme
le criftal de roche. Le puits de Witton , de forme
circulaire, a trois cent vingt-quatre pieds anglais
de diamètre. La voûte eft fupportée par vingt-
cinq piliers, contenant chacun fept cent quatre-
vingt-douze pieds cubes de fel gemme, 8c la totalité
embrafle un efpace fouterrain qui a près de
deux acres d’étendue. Les mines de Northwich
rendent annuellement foixante-cinq mille tonneaux
de fe l, dont les deux tiers environ font exportés
en Flandre 8c fur les côtes de la Baltique.
. : Il y a aufli des carrières de marbre & de belles
pierres de taille ou grès calcaires, de couleurs &
de contextures diverfes. Les plus renommées de
celles-ci fe tirent de Portland, de Purbeck, 8cc.
Le Desbyshire donne de l’albâtre, 8c la terre à
foulon, fi précieufe, fi utile, fe trouve dans le
Berkshire 8c autres comtés.
Par fa conftitution phyfique , Y Angleterre renferme
des eaux minérales de différentes efpèces
de diverfes propriétés. Celles de Bath n’ont
point perdu leur célébrité depuis les Romains ;
enfuite viennent les eaux thermales de Briftol, de
Tumbridge , de Buxton 8c de Scarborough. Les
eaux de Cheltenham en Gloceftershire, fontefti-
mées bonnes contre le feorbut,