
voit que l’île de marbre eft très-élevée à I'oueft>,
& fort baffe à l’e ft, car on ne trouve en cette île
que Commets brifés & rochers difperfés çà & là:, }
-comme s'ils euffent été entraînés par quelqu’ écou-
lernént violent. D’ailleurs, on peut remarquer que
les rivières du continent font dirigées fur cette
î le , & qu’elles ont auffi des rivages affreufement
efcarpés. D’après ces obfervations, & particulié- 1
rement fur celles des efcarpemens occidentaux de
nos continens, il me femble qu’on peut en conc
lu re que les côtes en avoient été frappées de; ce
; cô té , & que les contrées baffes des revers orien-
, tauxn etoiént fertiles &alongées que parce qu’elles 1
* n’avoient pas été expofées au choc des eaux de
l ’écoulement général, lefquelles ont dépouillé les
côtes occidentales de leurs terres végétales.
Je remarque ici que l’ infpeétion des différentes
contrées de la terre, furtout quant à leurs forme
s m’a conduit, par rapport au courant général
des mers anciennes, à une conclulîon différente de
celle que nous indique maintenant la nature elle-
même 5 car-en confîdérant la tendance générale ;
des mers d’orient en occident, qui eft confiante, ■
Varénius & M. de Buffon en ont tiré des confé- j
quences toutes oppofées aux miennes & à l’état
des chofes, car ils ont penfé que le cours préfent de
nos mers, qui fè portent contre les rivages orientaux,
de leurs baflins, les a détruits, & les détruit
-encore : au lieu que , félon moi, & l’obfervation
générale des mers , ce font les rivages occidentaux
de ces mêmes baffins qui ont été détruits autrefois
par l’aéfion des eaux, vu que ces rivages
étoient oppofés à cette aétiom h
Partout on a vu qu’ un terrain détruit par les
eaux préfentoit toujours une face efcarpée à l'agent
de fa deftru&ion, & qu’ au contraire un terrain
nouvellement conftruit offroit une pente alon-
gée & oppofée aux âge ns- de fa conftru&ion. Attachés
à ces principes , nous allons rendre raifon
de l ’étaraneien des chofes, comme s’il étoit conforme
aux pré fentes circonftances , en nous attachant
à la tradition des prêtres égyptiens, qui nous
paraît rappeler l’Ordre ancien, malgré les change-
mens de pofition qui font furvenus depuis celui qui
d.Éoit établi avant celui de la tradition.
Si nous rapprochons maintenant les deux grands
faits que nous venons d’expofer, nous verrons que
l ’u n , c’eft-à-dire,, la tradition; des prêtres égyptiens,
peut fervir d’ explication à l ’autre , ç’eft-à-
dire , au raccourciffement des côtes occidentales
& à leurs efcarpemens généraux ; nous verrons
qu’il y a eu un tems où les.revers occidentaux dés
fommets de notre hémifphère terreftre regardoient
lerfoleil levant, comme cette tradition nous l'apprend.
Ce poùïcoitiêtre fans doute lorfque la terré
étoit dans cette pofition, que l’ancien écoulement
des eaux étant a r r ivé , aura été les frapper & les
raccourcir comme on les à indiqués dans le premier
fait, dans la première anecdote; & fi nous les'trouvons
maintenant placés fous un afpeCt qui contref
dit les lois du mouvement préfent de nés mers, ce
.fera parce que les açcidens qui ont occafionné ce
changement d ’ afpeét dans les parties folides & continues
, n’ont jamais pu changer l ’ordre immuable
de la rotation d’occident en orient, & la direction
confiante des fluides d’orient en occident.
D’après ces confidérations, on ne trouvera plus
cette folution du problème, qui a pour objet le
premier fait fi étranger car il elt très-vraifemblable
que, dans telle pofition qu’aient été les différentes
contrées de la terre fous les régions du ciel, la rotation
diurne a toujours été d’occident en orient,
& le cours général des mers d’orient en occident :
d'où il réfulte que les continens, quoiqu’ ayant
changé d’afpeét par les révolutions qui ont eu
lieu , ont toujours dû conferÿer les formes générales
qu’ils avoient reçues dans leurs fituations antérieures.
C ’eft ce que nous.voyons , furtout dans
l’Amérique méridionale , où ces formes font:des
efcarpemens à l'occident, & des pentes, douces &
alongées à l’orient.
Je le répète : en réunifiant le fait de la tradition
des prêtres égyptiens avec la difpofition aéluelle
des efcarpemens occidentaux vers I'oueft, lefquels
n’ ont pu prendre ces formes que dans une fituatioo
à l’e ft, on voit que la tradition offre lé denoû-
ment du fécond fait, parce qu’elle'e.tablit le changement
des pôles & celui des afpeéls du ciely né-
cellaire pour affurer l’explication de l ’état actuel
des chofès. L’ un & l’autre fait Ce fervent réciproquement
de preuves.
A necdotes fur Us dépôts des eaux courantes de nos
vallées.
Après avoir fait connoître comment les formes
générales & la configuration correfpondante des.
deux croupes d’un vallon où coule une rïviè're,
ou même un ruiffeau intermittant, étàbliffoiént
d’une manière inconteftable que ce vallon avoit
été creufé & approfondi par des progrès infenfi-
bles, je crois que, d’après le fyftème des anecdotes >
il eft important de réunir ici plufieurs obfervations
analogues, à la lumière defquelles ileftaifé de dér
montrer quels font les différens effets des eaux
qui ont circulé en maffes plus ou moins confidér
râbles à la furface de nos continens & a différentes
époques. -
:JL°; Les cr.oupes d’un vallon, comprifes depuis
les platèauxqui les dominent, jufqu’ à la plaine fluviale.,
font recouvertes des mêmes matériaux , lavés
& roulés, & qui paroiffent être les débris de
grandes dégradations qui ont eu lieu dans les points
de partage des eaux. O r , comme on ne peut douter,
d’après l’examen des matériaux réfidans, foit
fur les plans: inclinés fort élevés, foit dans lès
plaines .fluviales des.vallées, qu’ils ne foient les
téfultâts. dës tranfports faits par •• l’aétion fucceflive
de l’eau du .torrent ou de la rivière qui coule
i a&uèllemen't dans ces plaines, il s’enfuit qu’on ne
* peut
peut méconnoîcre le même agent, s’étendant fuc-
çeflivement fur les différentes parties des plans in-
.clinés des croupes, & fur les plateaux qui dominent
la tête des vallons. Par la continuité & l’i dentité
de ces dépôts, on fuit de l’oeil les traces
du ^travail des eaux dans les différens progrès de
l ’approfondiffement de la vallée.
Il fuit des mêmes faits, que, dans l’ancien état
de ces contrées, avant la formation du vallon, l’eau
agiffoit comme elle agit maintenant $ qu’elle pro-
venoit des mêmes lieux qui la verfent maintenant,
& qu’elle parcouroit le même trajet.Toutes ces démarches
font prouvées par l’uniformité des dépôts
qu’on peut fuivre & étudier le long des anciens
canaux, comme dans les lits des canaux modernes
& appartenans vifiblement à cette époque. Je pourrons
citer dans ces vues les dépôts de la Seine.
2°. Lorfqu’on parcourt les vallons principaux
fur une certaine longueur pour vérifier les circonftances
précédentes , on a lieu de reconnoïtre
dans les matériaux des dépôts, des variétés qui
font dépendantes des vallons latéraux , lefquels
viennent s’aboucher au vallon principal. Les dépôts
changent pour lors en grande partie de nature,
& fur les croupes, & dans la plaine fluviale.
Si la rivière qui fe réunit à la principale, a parcouru
des contrées dont le fol eft d’une nature
différente du fol que la rivière principale traverfe,
les dépôts' offrent à chaque pas des mélanges de
différentes fubftances, dont les plus abondantes ont
été voiturées par les rivières qui fe font trouvées
dans les circonftances les plus favorables. L’aéfci-
vi,té du courant d’une rivière, la pente de fon li t ,
l’abondance de fes eaux & de fes crues, la facilité
qu’elle a eue d’entamer le terrain dans lequel fon
canal fe trouve creufé : toutes ces circonftances
font indiquées par la proportion des matériaux
qu’elle a dépofés après la confluence & mêlés avec
ceux de la rivière latérale.
3°. Par une fuite de la confédération précédente,
les matériaux dépofés font dans un état de coin-
minution dépendant du trajet qu’ ils ont fait avant
d’ être placés dans le fond de cuve de la plaine fluviale.
Ils font à peine dégroffis lorfqu’ils ont été
tirés du voifinage, & tranfportés par quelque torrent
d’un cours peu étendu.
4°. Les matériaux qui font tombés des bords
efcarpés par une fuite des éboulemens fucceffifs
que l’eau y a opérés & qu’elle opère journellement
, ne font nullement ufés ni arrondis j ils
n'occupent que les parties inférieures du lit des
rivières où les produits de ces éboulemens ont pu,
être tranfportés. Ils s’y trouvent mêlés avec les
matériaux étrangers voiturés de loin , dégroffis,
comminués , ufés , polis, & arrondis plus ou
moins.
ï° . Lorfqu’ on obferve toute la longueur d’une
vallée principale, &: qu’on embrafle dans le même
examen les rivières féconda ires, on reconnoît
que les matériaux accumulés dans les plaines flu->
Géographie-P hyfique. Tome 11*
viales, font d’un volume d’autant plus confidéra-
b le , qu’ils font plus voifins de la naiffance des
vallons & des fources, plus dégroffis, plus commi-
nués à mefure qu’on approche de l’embouchure
générale dans la mer. Cette uniformité ne fer oit
point troublée s’il ne furvenoit quelques irrégu-
ralités, comme je l'ai déjà dit, par la confluence
d’ une rivière torrentielle, dont le cours eft peu
étendu. En général, lorfqu’on eft parvenu aux
embouchures des grandes rivières,.c’eft là où les
matériaux d’ un certain volume difparoiffent, où
les vafes en prennent la place , & augmentent en
certaine proportion. Ces vafes font vifiblement lé
produit de la comminution des matériaux de toutes
fortes : il en eft de même des graviers des pierres fa-
bloneufes & calcaires. On trouve beaucoup moins
de ces vafes fur les plaines élevees, que de matériaux
dégroffis, parce que dans ces contrées l’eau
torrentielle qui s’étendoit en nappes & n’étoitpas
contenue dans un canal, abandonnoit une partie
des matériaux qu’elle voituroit par une marche
vague avant l'ébauche des vallons.
6Q. On trouve toujours le long du lit des rivières
, les matériaux qui font de la même nature que
ceux des pays que traverfent ces rivières \ de n e f l
que dans les parties inférieures des vallees qu on
obferve un mélange des matériaux qui appartiennent
aux parties fupérieuçes , mais non réciproquement.
Cependant fi ces canaux & vallées euffent
été approfondis fous les eaux de la mer, L’ eau
auroit pu, par le mouvement alternatif des cou-
rans, tranfporter les matériaux d’une extrémité'
d’un vallon à l’ autre, fans aucun choix.déterminé
pour une extrémité plutôt que pour l ’autre. Les
courons étant fufceptibles de ce$ mouvemens oppofés,
les matériaux tranfportés par cette double
adiôn auroient pu prendre des routes contraires
à celles auxquelles nous les voyons affujettis fur
nos continens.
7°. Il eft vifible que toutes les circonftances où
fe trouvent les dépôts dont je viens de parler,
font conftamment dépendantes des pentes qu’offre
toute l’étendue d’unp vallée, & qui entraînent
l’eau vers une feule embouchure \ c’eft en confé-
quence que l’approfbndiffement a été fait par la
même eau courante qui y coule maintenant, &
qui eft affujettie aux mêmes lois qui ont donné la
forme à tout le fyftème des canaux dans lefquels
nous la voyons diftribuée & prendre fon écoulement.
Il n’y a qu un travail uniforme opéré a la fu-
perficie des continens fecs, qui ait difpofé toutes ces
parties correfpondantes. C^eft le befoin de 1 écoulement
de l’eau qui l’a déterminée/à creufer les vallées
avec cette marche régulière & affujettie,
comme nous l’avons d i t , aux pentes. On ne peut
pas fuppofer que les vallées aient été ébauchées
en aucune manière dans le balfin de la mer, car
de grandes parties de ces vallées ne fe font pas
trouvées en même tems dans ce baffin. Telles font
celles de l’gncienne terre. Outre cela , nous oUr
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