peuvent être confidérés comme des alimens d’une
certaine reffource.-
ACTIXO TE . Le citoyen Haüy a donné ce nom ,.
qui fïgnifie corps rayonné, à la pierre connue fous
celui de rayonnante de Sauffure. Cette fubftance
a pour forme p r im i t iv e le prifme rhomboidal de
124 degrés & demi, & 55 degrés & demi : elle
eft fufible en-émail grifatre, ce qui la diftingue de
l’ amphibole ou fchorl noir ( voyeç A mphibole) j
enfin , elle eft affez dure pour r a y e r le verre. On
la rencontre ordinairement en prifmes plus ou
moins déliés, fafciculc-s ou croifes, quelquefois
réunis en noeuds. Elle varie, pour la couleur, du
vert de differentes teintes, au gris verdâtre, au
noirâtre & au blanc ; pour la tranfparence, elle
eft tantôt tranflucide, tantôt opaque.
L ’aétinote (1) appartient au fol primitif, fur-
tout à celui dans lequel la magnéfie domiije 5 il y !
exifte comme partie conftituante de beaucoup de 1
roches d’efpèces différentes, parmi lefquelles il
en eft plufieurs dont il forme la bafe. Le plus pur,
celui dont les criftaux font te mieux prononcés
& ont la plus grande longueur, a pour enveloppe
un talc feuilleté blanc ou v.ert : telle-eit l ’aélinote
qui vient du Zillerthal. Ailleurs, cette fubftance
eft engagée dans la chaux carbohatée aluminifère
ou ( dolomie) , dans les roches micacées & dans
le pétrofilex.
Sauffure (2) a trouvé cette pierre à peu de dif-
tance de Zumloch, au bord de l'Egina ou Aigeffe,
torrent qui vient du glacier de Gries 5 elle étoit
enveloppée d’une couche de mica pur en grandes
lames, d’un brun noirâtre & brillant 5 la roche qui
la contenoit, étoit un gneiff à feuillets très-fins.
Ce voyageur a encore rencontré Yaclinote au
Saint-Gothard, un peu au deffus du pont Tre-
mola, fur le Teflin 5 il y étoit mélangé de pierres
.calcaires. Sauffure dit qu’on a depuis trouvé Yafti-
note dans plufieurs autres endroits du mont Saint-
Gothard;
; Le citoyen Brochant (3), d’après les Catalogues
de Leske,.indiqueil’i<zflinore,
A Rafchau, près .Schwarz enberg en Saxe.
Aux environs de Bareith & dans le Brnnat.
D ’après Emmerling, il indique cette, fubftance,
A Schneeberg, près Stérzingen en Tirol.
L’aélinote de Pvafchau eft mélangé de cuivre
carbonaté & de fer fulfuré ; il fe trouve au milieu
d'une couche toute pyriteufe. Celui de Bareith
gît au milieu des ferpentines & des ftéatites.
Il dit encore que cette fubftance fe rencontre
à Erhenfriederfdorf & à Gieshubel en Saxe.
( 1 ) Traité de Minéralogie du citoyen Haüy, tom. 3,
p. 7 7 - \ : . ■
(z) Voyages dans les Alpes, n°. 1728.
. (3))Traite élémentaire de Minéralogie, totp. 1,
g; i o6r. A; >v. ; : ’ . - , .1 ' â f j l
On affûte qu’elle exifte dans le pays de Salz-
bourg & en Norwège.
<e En général ( 1 ) , Ya&inote eft crmmun dans
» les Alpes piémontaifes, lombardes & tirolaifes,
»j & il abonde fùrtout dans la vallée de Zillerthal
» en Tirol. »
ADAM ( pic d’ ). La plus haute montagne de
Ceilan eft le pic d3Adam , qui peut avoir environ
quinze à feize cents toifes d’élévation. Vers le
fommet eft un lac d’où foitent plufi .urs ruiffeaux
qui s’écoulent par torrens le long des croupes de
la montagne, & qui, après un certain trajet dans
lequel ils ramaffenc deautres eaux courantes, forment
trois rivières confidérables, lefquelles fervent
à l’arrofement & à la fertililâron des pLines.
La maffe qui fert de bafe au pic d’Adam , fépare
l’île de Ceilan en deu-xv qui préfentent un con-
trafte de faifons fort fingulier, & dont ailleurs,
& fur les côtes de Coromandel & de Maabar,
nous avons cité des exemples de femblables phénomènes
très-connus.
Quand les vents d’oiuft foufflent, toutes les
parties occidentales de l’î'e reçoivent de fréquentes
pluies j c’ eft alors la faifon propre à la culture
de la terre : pendant ce tems toutes les contrées
dont l’expofition eft au levant, jouilfent d’ un ciel
découvert & fans nuages, & l'on y éprouve une
grande féchereffe : c ’eft pour elles le tems de la
récolte. Quand au contraire ce font les vents
! d’ eft qui y régnent, on a la pluie dans la partie
orientale de l’île , qui par - là devient propre à
j h culture, tandis-que les contrées occidentales,
joüiffant de la belle faifon, voient mûrir leurs
grains & peuvent faire leurs récoltes. Ce qu’il y
a de remarquable, c’ eft que les pluies d’une part,
le beau tems de l’autre, ont des limites très-pré-
cifes & déterminées par les chaînes de montagnes
qui occupent le milieu de l’île. En fortant d’une
contrée bien trempée, on paffe, fans faire un
grand trajet, fur un terrain fec & même brûlant}
& cette différente conftitution de l’atmofphère,
& ces divers états du fol dépendent, comme on
voit, des vents, foit d’oueft j foit d’eft, qui régnent
fucceffivement pendant fix mois, & fe partagent
ainfi l’année dans toutes ces vaftes contrées de
l’Inde renfermées entre les tropiques.
ADAMIQUE ( terre ) , Adamica terra.
Le fond de la mer eft enduit d’un limon falé ,
gluant, gras, & femblable à de la gelée : on le
découvre aifément après le reflux de l’Océan j ce
limon rend les plages que les eaux de la mer ont
abandonnées, fi gliffantes, qu’on n’y marche qu a-
vec peine. Il paroît que c’eft un dépôt des principes
mucilagineux & huileux dont font chargées les
eaux de la'mer, & qui, fe précipitant continuelle-
(1) Haüy, Traité de Minéralogie,, tom. 3, p. 77.
ment
ment comme ceux que les eaux douces biffent
tomber dans les vaifleaux qui les contiennent,
forment une efpèce de Vafe qu’on appelle terra
adamica.,On conjecture que la grande quantité de
poiffons & de plantes qui meurent continuellement,
& qui poürriffent dans la mer, contribue
à la formation de cette terre & de cette vafe glaire
ufe. Mémoires de VAcadémie, an. 1700, p. 29*
A D D A , rivière du pays des Grifons j elle
prend fa fource en partie dans le val de Fréel, au
comté de'Bormio, & en partie aux amas de glace
qui'fe trouvent fur le mont Braglio lui-même. Malgré
la réunion de ces eaux, l’Adda eft encore bien
fbible ; mais infenfiblement dans fon cours, tant
a travers le comté dé Bormio, que le long de la
belle vallée de la Valteline, il groflit par la jonction
de plufieurs ruiffeaux gtands & petits, au
point qu’ il devient confidérable. Cette rivière
procure de grands avantages au pays qu’elle parcourt
; mais aufli quelquefois elle caufe de grands
dégâts par fes débordemens. La droite de la vallee
de l’Adda, depuisSondrio jufqu’ à Morbegno, eft,
de même que la gauche, bordée de vignobles qui
commencent dès le village de Leprèfe, à l’entrée
de la Valteline. L ’Adda n’eft pas navigable au
defftis de Nigola, parce que beaucoup de rochers
embarraffent fon l i t> mais à .fon entrée dans le lac
de Corne il eft fi rapide, qu’on peut en obferver
le cours dans le lac pendant trois à quatre milles
d’Italie j il'en reffort près de Lecco, fous le même
nom, & fe jette dans le P ô , au deffus de Crémone,
après avoir parcouru les dépôts immenfes de cailloux
roulés qui fervent de digue au lac de Corne ,
& les avoir coupés par des vallées affez profondes,
où ces amas de cailloux font à découvert, & où
je les ai obfervés avec le plus grand foin.
Au deffus du lac de Corne, où fe jette l’Adda,
on voit un autre fyftème d’eaux courantes, qui
mérite les mêmes détails que nous avons expofés
pour l’Adda & la Valteline. On trouve d’ abord
deux vallées : ce font celles de la Mdira. La première,
qui a le nom de Chiavenne, eft abreuvée
par la Maïra, qui prend fa fource dans les culs-de-
fac de Cafaccio & de i’Ofteria. Après ces deux
embranchemem premiers, la vallée offre onze cou-
rans d’eau latéraux, dont fix à droite & cinq a
gauche, qui fe rendent dans le tronc principal de
la Maïra.
La fécondé vallée, celle de San-Giacomo, eft
occupée par la Lora, qui reçoit à drôite les eaux
de deux vallons, & à gauche celles d’ un grand
embranchement de ruiffeaux.
Après la réunion de ces deux vallées, la Maïra
continue fon cours au fond d’une feule vallée qui
fe trouve abreuvée par les eaux de trois vallees à droite, & par celles d’une vallée arrondie à
gauche.
C ’eft à la fuite de toutes ces eaux courantes
que fe trouve le lac de Chiavenney qui a deux milles
Géographie-Phyfîque. Tome H*
de diamètre, & dont le baffm, placé dans le lit
de la Maïra, m’a toujours paru digué par les dépôts
fablonneux de l’Adda, qui font au deffous du
lac j-outre cela, je dois dire que fon trop plein fe
jette, par un canal peu large, dans le lac de Corne.
J’ai remarqué depuis long-tems toutes ces cir-
conftânces, parce qu'elles font une confirmation
bien importante de mes principes fur la formation
des baflins des lacs & de leurs digues} car les
premières cartes que j’ai confultées à ce fujet,
avoient tout confondu dans ce qui concerne le lac
de Chiavenne, & le cours de l’Adda qui a contribué
à le diguer ÿ mais j’ ai eu foin de tout refti-
tuer dans les deferiptions précédentes & dans les
cartes de l'Atlas, où font repréfentés, & la Valteline,
& les baflins des lacs de Chiavenne & de
Corne, avec autant de foin que de précifion.
Proye[ les cartes de Danville & d*Albe. Au refte,
tous ceux qui examineront avec ces dernières
cartes, les eaux courantes de la Maïra & de
Y Adda, doivent diriger leurs obfervations fur les
confi lérations que nous avons expofées, furtoue
relativement à la formation des digues des lacs.
Voye[ C hiavenne (/fle), C ome ( lac).
ADDITIONS fucceflives faites au globe de la
terre.
J’ai vu plufieurs perfonnes q ui, fans trop approfondir
leurs idées, penfent que le globe de la
terre eft maintenant dans l’état où il a été formé
d’abord & créé fuivant eux •, ils ne croient pas
aux révolutions qu’ il a éprouvées, auxYuperfé-
tationsqu’il a reçues, & dont les preuves fe trouvent
cependant partout. Pour difliper leurs préjugés
, en agrandiffant leurs vues courtes, il fuffit
de leur montrer que les affemblages de couches
qu’on trouve à la furface de certaines parties de
nos continens, font formés de matériaux immenfes
qui ont paffé par la vie animale, & que le
Créateur du’globe n’a pas employé, dans l’état primitif
de fon ouvrage, les dépouilles des animaux
qui 11’avoient pas encore exifté. Ainfi le globe de
la terre n’eft pas forti, avec ces fuperfétations, des
mains du Créateur î mais comme la vie animale &
fon organifation Î lh î antérieures à la formatioti
de la partie de nos continens, qui eft organifée par
couches, il s’enfuit que cet état ne date point ée
la première époque. Qu’oppofera-t-on aux faits
que nous avons cités? Ceux qui veulent s’étourdir
fur la vieilleffe du Monde, ne peuvent fe les
diflimuler j car qui doutera qu'il ait fallu des fiè-
cles pour que les animaux qui ont fait des dépôts
immenfes de leurs dépouilles, exiftaffent dans nos
mers ?
Les chronologiftes font des enfans qui croient
que leur grand-père eft le premier homme qui ait
exifté, qui penfent que les livres doivent tout
dire , comme fi la furface du globe n’étoit pas un
autre livre où les opérations de l’eau & des autres
agens de la Nature font écrites Ôc confignées en