
tion générale eft du nord au fud. Il eft entouré de
tous cô*és de hautes montagnes, excepté dans le
voifînage d'Annecy. C ’eft U que fe terminent celles
qui font liées avec la chaîne des Alpes-, & que
commencent les collines qui Ven détachent. Toutes
ces malles font calcaires.
A peu près au milieu de la longueur du lac eft
une péninfule, jointe <fu continent par une chaufè'
fée 5 elle a le nom de Château-Vieux. Elle eft allez
grande pour renfermer un château, des jardins
& de beaux vergers.
La hauteur du lac d'Annecy eft de trente-cinq
toifes au delfus de celui de Genève, ou de deux
cent vingt-huit au deffus*de la mer. C ’eft à M. de
Saulibre que nous devons ces mefures précifes.
C ’ eff auffi lui qui a déterminé la température du lac,
que ce phyficien a trouvée de quatre à cinq degrés.
Par cette expérience, il a reconnu qu'il eft auffi
froid que le lac de Genève à cent foixanre-trois
pieds , où descendit le thermomètre qui fervic à
cette épreuve.
En fortant d'Annecy , on fe trouve dans une
petite plaine horizontale, qui eft la continuation
de celle que l'on traverfe eh fe rendant du pont
de Brogny dans cette petite ville. Plulîeurs per-
fonnes préfument que cette plaine a été abandonnée
par le la c , & que celui-ci s'étendoit anciennement
beaucoup plus loin qu'il ne fait aujourd'hui.
On traverfe enfuire des collines,, dont la bafe
eft un grès tendre argileux , diftribué par couches
peu inclinées, & couvert de cailloux roulés de
tout genre. Mais à une lieue & demie d'Annecy
en approchant du village d'Albie, & en defcen-
dantvers le ruifieau nommé le Ckéran, qu'il faut
traverfer pouraller à Albie, on v o it , fur la droite
du chemin, des couches de grès, dont la fituation
eft parfaitement verticale. On eft d’autant plus
étonné de trouver un grès dans cette fituation,
que fes premières couches font entre-mêlées d'un
gravier, dont les grains arrondis ont un pouce &
plus de diamètre : en forte qu’il eft certain que
ces couches n’ont point été formées dans la fituation
qu'elles ont actuellement, mais qu’elles ont
été dépofées dans une fituation horizontale ou à
peu près telle, & redreflfées en fuite par une caufe
poftérieure à leur formation. Ces premières couches
ont même ceci de remarquable, qu’elles ont
été recouvertes, fur le haut de la colline, par un
banc horizontal de fable &. de cailloux, dont le
mélange forme un poudingue groflier. Il eft vifible
que ce fable & ces cailloux ont été dépofés , par
les eaux, après le redrefiement des couches du
grès' fur lefquelles ils repofent.
En continuant de marcher .yers A lb ie , on côtoie
ces mêmes couches toujours verticales, dont
les plans font dans la même direction du nord au
fud. Lorfqu’ on arrive au bord du Ckéran , qui a
creufé fon lit très-profondément dans ces mêmes
grès, on v o it , à travers lés eaux tranquilles &
tranfpafc-ntes de ce ruifieau, ces mêmes couches
traverfer fon lit & reparoître fur la rive oppofée,
en confervant la régularité la plus parfaite. D'ailleurs
, ces couches font à découvert dans une
haùteur verticale d'environ cent foixante & dix
pieds.
Elles continuent toujours d’être verticales dans
un efpace d’environ cent toifes en ligne droite,
après quoi elles s'inclinent graduellement, à me-
fure qu’elles defcendent du côté de l'oueft. Auprès
du pont fur lequel on pafTe le Ckéran, avant c en trer
à Albie, leur inclinaifon eft de cinquante-deux
degrés. On voit là une chofe 'très-remarquable.
Sur la gauche du chemin , tout près du pont, ori
a été obligé de couper la bafe de ces couches pour
donner au chemin une largeur convenable j &
comme il y avoit lieu de craindre que la partie
fupérieure de ces couches, tronquées par le bas,
ne vînt à gliffer & ne comblât le chemin, on a
fiché, de place en ^’ace, dans le corps du rocher;
des pieux de bois qui traverfent plufieurs couches
, les lient entr’ elles, & les empêchent de
glifïer.
Après avoir paffé le pont, on s’élève, par un
chemin très-rapide, à travers le village d’Albie;
& vers le haut de la montée on rencontre des
couches du même grès, inclinées dans !e même
fens que les précédentes , mais qui approchent
beaucoup plus de la fituation horizontale.
Second voyage de Genève a Annecy & à Albie.
Après qu’on a quitté Genève pour fe rendre à
Annecy, on fuit d’abord une rampe fillonée par
différens ruiffeaux très-fréquens, depuis Carrouge
jufqu’à Chablé. On rencontre fur cette rampe très-
abondamment des pierres roulées, dont les noyaux
-font calcaires, ou des granits rayés & à criftalli-
j fation uniforme, ou même des fragmens de fem-
blable natiire non arrondis.
Vers Saint-Blaife on voit des poudingues & des
brèches de deux fortes, ainfi que des pierres de
fable, tendres, dont quelques-unes font infiltrées
| par des principes ferrugineux qui en ont confolidé
le tififu.
Il y a , dans beaucoup de collines, des pierres
calcaires avec des fentes qui font remplies de
veines fpathiques. Outre cela, quelques-unes des
pierres de fables ou de grès offrent auffi des fentes
de defficcation , au milieu defquelles font des religatures
quartzeufes qui ne fe laiffent point entamer
avec l’acier trempé. -
Plus loin une quantité immenfe de fragmens
calcaires forment des poudingues, dont le s é lé -
mens font liés enfemble par un ciment moitié
calcaire & moitié débris de granits.
En defcendant à Croifille, on trouve de la pierre
de fable ou mollaffe, comme à la Bonneville.
De deffus la hauteur de Saint-Blaife, on découvre,
d’ un côté , le lac de Genève, &: de l’ autre,
les arêtes diftribuées fur le plan incliné du Pays
de Vaud. C e plan incliné eft formé par la mollaffe,
& là ville de Laufanne eft fituée deffus cette arête.
Ce font vifiblement dés parties de l’ancienne or-
gauifation de la vallée primitive du Rhône, lorf-
qu'elle s'approfondiffoit pendant le cours libre de
ce fleuve. C ’eft aux bords de ce canal qu ont fuc-
cédé les rivages du lac ou le lit même du baffin
du lac.
On découvre, vers l’oueft, le Credo, le Mont-
aux-Vaches & fes appendices ou dépendances. En
continuation de la montagne qui domine à l’oueft
de Châtillon, eft une chaïne.qui fuit les bords du
Rhône d'un c ô té , & parallèlement une femblable
chaîne de l’autre. Plus loin font des maffes de
couches inclinées, & d’ autres fommets fort ef-
çarpés.
Entre le Mont-aux Vaches & ces montagnes &
collines, il y a une vallée fecondaire, au fond de
laquelle coule la rivière du F ie r , dont l’eau pa-
roiffoit chargée comme l’tft celle de l ’A r v e , qui
fort des glaciers.
Toutes ces maffes montueufes dont j’ai parlé,
toutes ces collines, font taillées dans du grès ou
de la pierre de fable , & les hauteurs dominantes
du côté de Croifille, font de pierres calcaires d’ un
grain affez fin , & paroiffent être les appendices
du mont Sion & du Salève, en couches un peu
inclinées.
En fortant de Croifille, & fuivant la dire&ion
de l'eft au fud, on rencontre fur la hauteur Une
montagne du fécond ordre, dont le couronnement
eft en couches calcaires, & dont la bafe e ft, dans
la plus grande partieg compofée de pierres de
fable. Cependant ces maffes ne font pas exactement
féparées entr’elles, & il y a parmi les pierres
de fable quelques veines de pierres calcaires dans
le trajet de la Roche à Annecy. Ces différens fommets
offrent des maffes efcarpées, coupées à pic,
& d’une grande élévation.
On voit bien nettement, dans ce trajet & dans j
ces différens points de vue vers la Roche, que les
couches font inclinées de l’eft au fud-oueft , avec
des couronnemens horizontaux. Dans 1 intervalle
on remarque auffi d'autres inclinaifons de l'oueft :
à l’eft & du fud au nord, & ces derniers fyftèmes j
de couches régnent aux environs du lac d'Annecy.
Ces détails, qui font les réfultats des obier va-';
tions de grandes mafîës ÿ prouvent que l'on doit
rapporter ces différentes diftributions de couches,
,& quant aux maffes, & quant aux formes , un
même agent , & particuliérement à la même
époque.
Outre ces couronnemens & ces maffes élevées
de pierres calcaires groupées, on voit en avant
.un ordre inférieur de montagnes du fécond ordre.,
couronnées également par des fuites de couches
calcaires & à bafe de pi.rres de fable au mollaffe,
qui fait effervefcence avec les acides» -
Ou y trouve auffi, fur les .croupes des deux
grands vallons, des cailloux roulés, donj. les noyaux
font des pierres calcaires à grain fin, femb.abie a
celui du marbré, ou bien des granits ou fchiites
micacés , & parmi ces cailloux arrondis font de
gros blocs , des fragmens brutes de ces granits de
deux efpèces. Ces dépôts, ces pierres perdues,
fe.préfentent dans des circonftances où il eft tort
difficile de fixer l’origine & le dénouaient de ces
affociations fingulières. _
On defcend affez rapidement jufqu au pont qui
eft avant le village de la Caille. Le ruiffeau qui
coule au fond de cette vallée ne fait point de
dépôts, parce qu'il eft fouvent torrentiel. On voit
avec intérêt les maffes de brafier qui tapifïent les
bords de fon canal. Au-delà on fuit, a mi-cote,
des montagnes du fécond ordre, & 1 on rencontre
quelques ruiffeaux qui s'échappent de leurs croupes,
& dont les fources font vifiblement au deffus
d’un banc d'argile.
Le F ier, fimple torrent, fe préfente fous le
pont qu’on traverfe avant d’arriver a la petite ville
d‘Annecy. La croupe que m’a offerte cette rivière
en avant du pont, eft entièrement couverte de
terres, & au bas on remarque les limites d'une
plaine_, ouvrage de ce torrent, & couverte de
cailloux roulés fort nombreux. Enfuite on defcend'
en fuivant les croupes efcarpées correfpondantes
aux premières.
Aux deux côtes du pont on voit le grès ou brafier
à couches horizontales, verticales & inclinées.
On peut contempler d,e ce point de vue une
large plaine fluviale , avec double & triple bord
de réaction de l’eau courante; à quoi on peut
joindre un plan incliné, & une arête qui aboutit
au débouché de la rivière, laquelle ferpente dans
un lit qui femble avoir appartenu à un ancien lac.
D’après ce que nous avons dit , nous obEerverrons
qu’ avant & après le pont il y a , fur le .grès
ou brafier, un dépôt fort uni en plaine torrentielle,
compofé de cailloux roulés calcaires. Cette
plaine va fe rendre à Annecy y qui en occupe une
grande partie, laquelle domine très-peu le baffin
du lac.
Ce la c , engagé dans des gorges de montagnes
efcarpées à l’ eft & au fud, a trois lieues de longueur.
Il a deux émiffaires ou canaux de décharge,
par lefquels il forme une ceinture autour d'une
partie de la ville, & coule dans la plaine fluviale
du Fier. Le trop plein du lac eft lëa.u qui coule
dans ces deux canaux .par des ondes qui fe fuçcè-
dent fort lentement. • .
La rivière latérale du Fier me paroît avoir contribué
à lui former une digue , & l’ a cpnftitué Uç.
On voit bien que la plaine torrentielle eft le réfui-
tat de la réfiftance de l’eau de la rivière & de fes
dépôts, & qui l’ a emporté fur.la maffe des eaux
qui creufoient des vallées entre les montagnes qui
ceignent le baffin du lac.
On voit des pins fur les croupes des montagnes
du fécond ordre , qui régnent depuis la Caille
M m ra m 2.