
ront entre les deux peuples, affaibliront les préjugés
nationaux, achèveront d’établir la tolérance
religieufe, & préviendront pour l’avenir les occa-
fions de rupture.
L’expérience nous apprend que l’empire des
Etats - Unis s’étend progreflivement de Teft à
l ’oueft, & il eft probable qu’ il couvrira toute la
partie qui Fefte à occuper dans l’Amérique fepten-
trionale , de qui fera probablement habitée &
cultivée à melure qu’elle fe découvrira. C ’eft là
que les fciences & les arts des peuples civilifés
s'établiront. C ’eft là que la liberté civile & religieufe
fleurira, & l’on peut préfumer que le génie,
aidé des connoifiances de tous les fiècles , pourra
donner au plus vafte empire un gouvernement aufiî
parfait que le comporte la nature des chofes humaines.
Ce n’eft peut-être pas une vifion chimérique
que l’étabiiflement de plufieurs millions
d'Américains libres au-delà du Mifiifiipi, & pour
lors les riches & magnifiques contrées de l’Amérique
ne feront pas habitées par les fujets d’un
Monarque qui réfide à quinze cents lieues de
difiance.
Les gens les plus inftruits affirment que , dans
toute la Louifiane & la Floride occidentale, il n'y
a pas cent familles efpagnoles. La mafle des habi-
tans de ces pays eft compofée de Français, peu
liés avec les Efpagnols. Le refte de la population
eft formé d’ Américains émigrés, d’Ecoffais, d’Irlandais
, de Hollandais & d’Allemands. C ’étoit
ainfi du moins en 1791 > & .comme depuis ce moment
là l’émigration des Anglo-Américains vers
ces contrées a été continuelle, ils furpafferont
bientôt en nombre tous les autres colons.
La tyrannie du gouvernement efpagnol à la
Nouvelle - Orléans étoit bien propre à produire
une révolution j car le gouvernement y faifoit
les lois & les appliquoit à la volonté. Nous devons
efpérer, pour le bien de l’humanité, que Je
gouvernement français qui va lui fuccéder, changera
de fyftème. Ainfi, au lieu d’ un monopole
royal nous y verrons une liberté françaife entière.
Ainfi le monopole de la viande & des farines va
difparoître :’on modérera les droits fur le tabac,
ii décourageans pour le cultivateur } et dès-lors
aucune révolution ne fera plus à craindre fous un
gouvernement aufii favorable au peuple & à fon
jnduftrie.
C ’eft Ferdinand di Soto qui en 1J41 entra le
premier dans le Miffiflipi, & M. de la Salle le premier
Européen qui en 1682 reconnut la Louifiane.
Il defcendit le Miffiflipi, examina le pays voifin
des bouches du fleuve, puis retourna au Canada
d’où il étoit parti, de revint en France rendre
compte de fes découvertes.
Louis X IV , flatté par les efpérances des grands
fuccès qu’annonçoit le rapport de M. de la Salle,
créa une compagnie pour y former des établifle-
mens^ & donna à M. de la Salle le commandement
d’ une petite efcadjre 5 mais cette efeadre manqua
»es bouches du Miffiflipi de alla prendre terre à
cent lieues plus à l'oueft. On y effaya un établif-
fement, mais le climat étoit mal-fain 5 les Français
y périrent, 8e le chef de l’expédition fut afldfliné
par fes gens. Iberville, qui lui fuccéda, réuffit à
former quelques établiffemens dans l’ intérieur.
C rozat, qui vint après lu i, fe fit donner la Louifiane
en toute propriété par Louis XIV. A la mort
de ce Prince le don fut retiré, de la Louifiane fut
cultivée par les Français jufqu’en 1763, que le pays
fut cédé à l’Efpagne. Aujourd’hui 1802, la Louifiane
eft revenue à la France : nous reprendrons
tous ces détails aux articles Louisiane de Mis-
sissipi , & nous tâcherons de faire connoître
l’hiftoire naturelle de cette vafte contrée , de
l'hydrographie de fon fleuve.
VII. NOUVEAU-MEXIQUE. — CALIFORNIE.
Ces pays font bornés au nord par des terres
inconnues, à l’eft par la Louifiane, au fud par le
Vieux-Mexique ou la Nouvelle-Efpagne, de à
l’ oueft par la mer.
Comme ils font en grande partie fitués dans la
zone tempérée, leur climat eft très - agréable &
fufceptible d’un grand nombre de productions
utiles & de luxe. Dans la Californie on éprouve
néanmoins de grandes chaleurs en é té , particuliérement
vers la côte du grand Océan j mais dans
l’intérieur des terres le climat eft plus tempéré :
on y éprouve même un peu de froid en hiver.
Dans la prefqu’île on rencontre des plaines qui
offrent à leur fuperficie des mines de fel fort dur,
& aufli tranfparent que du criftal de roche. Cette
richefle territoriale j.fe trouvant réunie avec l’ abondance
de poiffons que la pêche'peut donner ,
forme une reffource dont l’induftrie des habitans
pourroit profiter avec avantage.
La Californie eft à l’oueft du Nouveau-Mexique,
traverfe Je tropique, & s’avance dans la zone torride
jufqu’ au cap Saint - Lucas. Sa largeur varie
depuis dix lieues jufqu’à quarante d’ une mer à
l’autre. Le climat en général eft très - chaud &
trè s -fe c : il s’y trouve beaucoup de mulets, de
chevaux, de bêtes à cornes., de chevreuils. Le
pays abonde aufli en gibier, foit quadrupèdes,
foit oifeaux. Le pays produit des olives ■ }des figues,
des raifins, du b lé , du maïs & toutes fortes de
légumes. On y pêche un grand nombre de poiffons
de mer, & furtout des fardines, même des baleines
, de furtout abondamment des perles.
Nous paffons maintenant à l’hydrographie du
Nouveau - Mexique : nous y trouvons d’abord
que les eaux courantes y font affujetties à deux
pentes principales : l’une, du nord au fu d , offre
un grand nombre de rivières. La première eft la
Brava, formée de trois embranchemens réunis
fous des angles fort aigus. Le premier raffemble
toutes les eaux de la Nouvelle-Bifcaye avec la rivière
de las Palmas. Le fécond, qui eft le plus
confidérable
confidérable de le plus long, fe prolonge jufqu au
4j-e, degré de latitude nord. Le troifièrpe enfin ,
qui eft la riviere des noix , s’étend jufqu aux pays
des Salines.
Après trois ou quatre rivières d’une moindre
étendue vient celle des Cavres , qui prend fa
fource aux environs de Santa-Fé.)
Ce fyftème d’eaux courantes fe termine après
les rivières de la Sablonnière de de la Moline par
celle de la Traulle, qui a trois embranchemens,
dont deux, comme celui de Brava, ont leur naif-
fance entre des chaînés de montagnes qui courent
du nord au fud.
L ’autre pente dont nous avons parlé renferme
deux fort grandes rivières, qui ont leur embouchure
commune à la pointe de la mer Vermeille.
Ce bras de mer reçoit fur fon bord oriental dix-
fept rivières, parmi lefquelles la plus cohfiderable,
celle de Mayo, a fa naiflance au milieu d'une contrée
où deux ruiffeaux fe réunifient de fe .perdent
dans un lac. (Voye^ la carte de Danville. Voye^
auffi Californie & Mexique.)
a n i m a u x .
L ’Amérique produit au moins la moitié des
quadrupèdes du Monde connu, de les Etats-Unis
en renferment environ un quart des diverfes efpèces.
C ’eft une obfervation générale, que tous ceux
qui font communs aux deux continens fe trouvent
dans les parties feptentrionales de tous deux } &
l’on a cru en conféquence qu’ ils avoient paffe de
l’un à l’autre. En comparant les individus de même
efpèce , on en trouve de parfaitement femblables,
& d’autres qui diffèrent par la taille, les formes
& les couleurs. Dans quelques cas 1 animal d Europe
eft plus grand, dans d’autres l’individu d À-
mérique a quelqu’avantage} de en général toutes
les efpèces, dont la dépouille eft fort recherchée,
ont dégénéré fenfiblement, quant a la groffeur, depuis
l’établifiement des Européens en Amérique.
Il n’eft aucune branche de l’hiftoire naturelle du
Nouveau-Monde fur laquelle on ait en Europe
des connoiflances plus incomplètes que celles des
quadrupèdes indigènes. L’incertitude des reniei-
gnemens, l’infuffi&nce des obfervations, ont fou-
vent été fuppléées par l'efprit fyftématique : on a
claffé les efpèces, préfumé les variétés , comparé
les individus des deux continens de lanuanière qui
convenoit le mieux à un fyftème que l ’obferva-
.tion détruit cependant chaque jour.
’ La lifte fuivante des quadrupèdes a été recueillie
avec foin , de peut être confédérée comme une
bafe fur laquelle on peut compter, jufqu’à ce que
-les naturaliftes difperfés dans les Etats-Unis aient
complété leurs obfervations.
Quadrupèdes.
Mammouth.
Hippopotame.
JBjfon.
GéographierPhyfique, Tome II.
Margay, (efpèce voifine de l’once).
Kincajou.
Weafel, ( belette).
Hermine.
Martin, (martre).
Mink.
Loutre.
Fisher, (pékan).•
Skunk , ( viverra putorius ) .
Caribou, (renne).
Moo fe , (élan).
Red-Deer, (c e r f) .
Fallou-Deer, (daim).
Roe , -(chevreuil).
Oppoflum, (farigue).
Vood- C huck, ( urfi vel mufteU fpecies) .
. Urchin, (urfon).
Hare, (lièvre d’Amérique), whabus de Jef-
ferfon.
Rabet, ( lapin d’Amérique ).
Racoon, ( raton ) , ùrfus lotor de Linnxus.
Fox-Squirrel, /(renard-écureuil).
Grey-Sqiiirrel, (écureuil gris).
Red-Squirrel, (écureuil rouge).
Striped-Squirrel, (jciurus firiatus).
Ours.
Wolverine, ( urfus lufeus) , carcajou, glouton.
Loup.
Renard.
Flying-Squirrel, (polatouche).
Chauve-fouçis.
Rat des champs.
Rat des bois.
Shrt w-Moufe, ( mufaraigne).
Taupe rouge.
Taupe noire.
Rat d’eau.
Caftor.
Catamount.
Cougar, ( efpèce voifine de la panthère).
Mountain-Cat, (pardalis de Linn.) , ocelot de
Buffo n.
Linx.
Mufquash, (caftor \ibethicus de Linnæus).
Morfe, (vache marjne).
. ^Seal.
Maniti.
Sapajou.
Sàgoin.
Le loup, le renard, la belette , l’hermine, la
loutre , l’écureüil volant ou polatouche , la cbau-
ve-fouris & le rat d’eau font les mêmes efpèces
en Amérique , que les animaux d’Europe de même
nom.
Le daim, le renard gris, le martin, la loutre,
l’ oppoflum, le wood-thuck, le lièvre, divers écureuils
de le caftor ont été apprivoisés 5 & en général
on a obfervé que les quadrupèdes d’Amérique
pe font pas d’un naturel aufli fauvage que
ceux de l’ancien continent.
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