
de Chabanois à Saumur, & les dépôts foufmarins
diffèrentauffibeaucoup, quant au niveau, dans ce
Voilà donc ce qui peut d’abord intéreffer dans
VAngoumois, relativement aux terres végétales &
au fol'qui les produit, & fur-tout au fol des bordures
des anciennes terres du Poitou & du Limo-
fin. Tous ces détails, préfentés avec précilïon &
bien conçus, peuvent jeter du jour lut les différentes
contrées de la France, fur 1 hiftoire naturelle
des dêpartemens qui préfenteront des phénomènes
parfaitement femblables 5 en lotte que ces
différens traits puiffent fervir de prototypes pour
former l’enfemble de la geographie-phylique delà
France. > . . , A
Je dois encore indiquer ici des depots tres-mte-
reffans, qui m’ont femble affujettis a la bordure
de l’ ancienne terre du Limoiin & du Bas-Poitou ;
car ces dépôts font des débris de 1 ancienne terre,
entraînés par les eaux courantes de ces île s, lel-
quels ont enfui te été diftr-ibues par lits & par bancs
par les eaux ilagnaptes de l’Océan fur les bords de
fon baffin, 8c qui fe trouvent mêlés avec lesdébris
des coquilles 8c des autres animaux matins. Voilà
des faits très-remarquables, dont 1-enfembîe8c le
rapprochement font très-précieux 8c très-propres
à faire connoître l’hiftoire naturelle de 1’ Ar.gou.mois
en général-, 8c en particulier celle de chaque département.
Il n’efi pas queftion Aeftatijüque_, mais
de réfultats conftans des opérations de la nature,
qui ne dépendent aucunement des établiffemens
humains, ni de révolutions produites par les paf-
fions-, 8cauffi mobiies-xju elles.
C ’eft encore en Angoumois que l’on .peut montre
r , avec plus d’avantage que partout ailleurs, les
différens progrès desucaufes qui ont couvert la fu-
perficie au fol dune certaine quantité de terres
végétales, confacrëes à la culture 8c à la production
des végétauxde 'toute efpèce. Cette confidé-
ration de ces caufes que nous offre ce département
eft très-frappante, 8c peut conduire à une théorie
générale fur cette matière , c’efl-à-dire, à des
principes fûts 8c certains, qu’on peut générahfer
facilement, 8c qui font propres à détruire les hy-
pothèfes abfurdes qui ont été imaginées à ce fujet.
On peut y faifir en même tems la diftinciion des
terres végétales natives 8c des terres végétales de tranf-
vort, c’eft-à-dire, de celles qui ont été formées
fur le fol par fa deffruétion & la décompofition
des bancs de la fuperfide, 8c de celles qui ont
été amenées d’ailleurs, car 1 on peut obferver
\e concours des agens qui les ont accumulées dans
certaines parties des plaines & vallées, comme
celui des agens qui ont dépouillé certains cantons
de ces mêmes terres.
On voit auffi, en parcourant cet mtereflant département
,-que la nature des terres végétales fuit
celles des couches fuperficrelles de pierres qui les
fourniffent. Les débris des pierres calcaires , des
argiles, des marnes 5 les mélanges de tous ces principes
, figurent dans tous les cantons ou fè trouvent
les couches calcaires, les lits d'argiles 8c de
marnes. Outre cela, l’abondance des terres végétales
, dans toutes ces circonftances , eft-en raifon
de la facilité avec laquelle s’opère la décompofi-
tion des pierres, foit calcaires, foit d autre nature,
ou la comminution des lits terreux, comme
la rareté des terres végétales eft en raifon de la
difficulté des délitemens 8c des comminutions :
ajoutez à cela la facilité qu’a l’eau pluviale de les
transporter ailleurs à melure qu’ elles peuvent fe
former. Voilà quels font les principes que I’ob-
fervation m’a fait connoîtrfe, 8c qui doivent avoir
leur application partout ailleurs j 8c ce font là les
vues qu’ il faut avoir- pour envifager un peu en
grand ces objets d’hiftoire naturelle. C'eft la le
vrai moyen de lier enfemble des détails q u i, fans
cette correfpondance, ne font rien, 8c qui jufqu à
préfent n’ont eu aucune valeur, ou ont été expo-
fés fans liaifon, comme fans ces rapprochemens
méthodiques qui donnent du corps aux obferva-
..tioïis.
Les vallées font encore une belle partie de l’hifi-
toire de la terre, que l‘Angoumois a-préientee à
mes obfervations avec toutes les configurations
des croupes, 8c dans L s différens degrés d’appro-
fondiffement, qui font dépendans de l’aélion des
eaux courantes torrentielles :. auffi j’en tracera*
l’hydrographie dans ces vues. ■ j
C ’eft à la fuite de ce travail des eaux, que l ’on
trouve un grand nombre à'entonnoirs qui abfor-
bent celles de plufieurs ruifleâux 8c de quelques
rivières ; ce qui a établi dans ceslieux une circulation
intérieure des eaux qui ne font pas perdues
entièrement, puifqu’elles font reftituées à la fur-
face par des fources plus ou moins abondantes,
qui on't leurs débouchés fur les limites des plateaux
abforbans, foit aux environs de la Rochefoucauld „
foit dans ceux de Ruffec 5 mais je donnerai par la
fuite à tous ces objets les développemens qu ils
méritent, 8c que les faits & les obfervations m'ont
mis en état d’ offrir avec des. détails intéreflans..
Les mines de fer fontauffi fort abondantes dans
les parties élevées de VAngoumois-, voifînes de la.
bordure de l ’ancienne terre du Poitou rcette fîtua-
tion fe retrouve auffi fur les parties élevées du.
même département qui côtoient l’ancienne terre
du Limofin. Ces dépôts méritent d’être notés ,,
ainfi que leur pofition relative aux lieux de la première
origine de cette fubftance minérale, qui eft
dans un-état limoneux. ■
Le grain des pierres calcaires, qui eft furtout
dépendant d'une manière très-remarquable des différens
amas de coquillages, eft un objet qu’ôn peut
étudier en Angoumois : c ’éft là que le paffage d un
amas à un autre peut fe fuivre, foit dans le fens
de l’épaiffeur des bancs & des lits, foit dans le
fens de leur allure & de leur prolongement; En
paffant de Ruffec à Verteuil, de Verteuil à A n goulême.,
d’Angoulême à la Rochefoucauld, h
nature varie ces objets avec tou« les caractères qui
peuvent fervir de bafe à des diftinaions vraiment
mftruéiives, £c concourir également à l’établrllement
de tous les principes que j’ai expofés dans
ces confidérations générales. ;
L'examen des vallées où coulent les rivières de
différens ordres, m’a occupé plufieurs années de
fuite. J'y-ai vu & décrit, par exemple, lès formes
des ofcillations 8c leur étendue croiffante dans la
Charente, depuis Givrai jufqu’à Angoulême , &
depuis Angoulême julqu’à Cognac, & c . J y ƒ1
reconnu que ces angles fai Hans & rentrans de
Bourguet 8c de Buffon fe réduifoient en dernière
analyfe à des plans inclinés , oppofés aux bords
efcarpés, également fuivis & réguliers. On y voit
que les angles failïans font des plans inclines, dont
la pente commence aux Commets des collines, 8c
defeend jufqu’ aux fonds de cuve des vadées & aux
dépôts qui les couvrent > que les angles rentrans
fe préfentent fenfiblement fous forme de bords
efcarpés, qui font exactement en face des plans
inclinés j qué les faces dès bords efcarpés fe réunifient
à des plans inclinés. Au refte, toutes ces
formes des croupes de la vallée de la Charente feront
décrites dans notre Atlas, qui renferme les
differentes planches où font figurées , non-feulement
les diverfes parties de la vallée de la Charente
, mais furtout les formes du terrain, qui environnent
le plateau 8c les collines d Angouleme,
au pied defquelles eft la limite de la plus grande
ofcillation des eaux de la Charente. Ces collines
oppofent un obftacle invincible, par lequel la marche
de ce fleuve a été arrêtée vers le midi, 8c déterminée
à l’ouelt vers le baffin de la mer, ou elle
court fans grandes ofcillations marquées. Au contraire,
ce même fleuve s’ eft trouvé obligé de
changer fa direction du nord au midi par la rencontre
des collines des environs de Givrai , ou les
ofcillations ont commencé à s’ établir, & à fe prolonger
par des progrès infenfibles ; phénomène
très-remarquable, 8c qui paroît la fuite de 1 augmentation
de la maffe des eaux courantes, ainfi
que celle des dépôts qui en ont favorifé les détours
8c l’étendue.
Proclamions & cultures de C Angoumois.
La beauté -du climat de l’Angoumois 8e la pureté
de l’air font des avantages qui en procurent beaucoup
d’autres. Les fruits y fonedéheieux, furtout
les pêches & les poires. Le* pêches font répandues
dans les vignes en pleine campagne, où elles croif-
fent fur des arbres qui ne font point entés, & fans
autre fecours que celui de la nature. Néanmoins
leur groffeur & leur qualité furprennent les plus
habiles iardiniers. La production des poiriers de
bon-chrétien n’eft pas moins etonnante > mais ils
diffèrent des pêchers 8c de$ pavis, en ce qu ils fe
plaifent principalement dans les jardins des villes ,
éù ils veulent encore être foignés par des mains
habiles. Les autres productions naturelles qui fervent
à la fubfiftance des habitans , doivent être
rangées, quant à leur bonté, dans la meme clafle.
tels font les poiffons d’eau douce 8c les vins blancs
furtout, qui font délicats 8c fpiritueux.
La température des faifons fe fuccède par degrés
infenfibles en Angoumois. Les fortes chaleurs
8c les grands froids y font fort rares : leur durée
n'eft même chaque année que d’environ trois semaines.
L’ automne eft ordinairement la plus belle
faifon. L’agréable température de ce departement
eft quelquefois interrompue, comme dans les environs,
par des ouragans affez violens. Les vents
d’eft & de fud-oueft y foufflent auffi, furtout pendant
l’hiver, avec une impétuofité extraordinaire.
Le printemseft trop fouvent la faifon la plus meurtrière
pour les productions de la campagne, & fes
longues fraîcheurs préjudicient alors aux vignes,
de manière à priver leurs cultivateurs de toute
récolte. .,
Le fol de VAngoumois eft finguliérement varie.
Les vignes, les terres labourables, les bois , les
prés, n’occupent pas des cantons déterminés dans
chaque commune : d’où il fuit qu on apperçoit
toutes les< productions entre-mêlées à l’infini dans
les campagnes, & au gré des gros & des petits
propriétaires. L’on n’y trouve point de montagnes
d’une certaine élévation, mais feulement des fuites
de collines, réparées par des plaines & des
vallons plus ou moins fertiles^ Les vallons font
ordinairement arrofés par des ruiffeaux ou des rivières
, dont les plus conlidérables font la Charente,
la Drôme, la T ou vre, laTardouère, le
Bandiat & la Bonnieure. Nous parlerons de chacune
d’elles dans des articles particuliers. Nous
regardons les vallons de ces rivières comme les
principaux de tous ceux qui renferment les eaux
courantes : les autres leur correfpondent, comme
latéraux 8c obliques à leur direétion. Ces derniers
prennent leur naiflfance dans des plaines élevées à
une diftanceplus ou moins grande, & ils augmentent
en largeur & en profondeur à mefure qu’ ils
approchent de leur confluence avec les premiers.
Les collines de VAngoumois ont prefque toutes
la même hauteur, relativement au vrai niveau de
la furface convexe de cette partie du globe j elles
font compofées de couches à peu près horizontales
, & parallèles aux plaines & à leur fond de
cuve , au deffiis duquel elles s’élèvent. On diftin-
guè facilement ces couches les unes des autres,
foit par la variété des matières qui'les compofent,
foit par un intervalle terreux qui les fépare & les
diftingue lorfque lès fubftances qui les forment,
font de même nature ; elles contiennent fouvent
des débris de coquillages 8c d’autres Corps marins
de diverfes efpëces , qui annoncent que cette province
a été couverte autrefois par les eaux de la
mer, 8c qu’elles y ont féjourné pendant long-tems.
Le fol de V Angoumois eft affez généralement calcaire
8c dépendant de la moyenne 8c de la nou-
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