les Efpagtiols font à très-peu près antipodes des
Zélandois.
Les femmes n’ont pas beaucoup de délicateffe
dans les traitsj néanmoins-leur voix eft d’une grande
douceur : c’elt par-là qu’on les diitingue des hommes,
leurs habillemens étant les mêmes. Comme
les femmes des autres pays, elles ont plus de gaîté,
d'enjoûment 8c de vivacité que les hommes. Les.
Zélandois ont les cheveux & la barbe noirs j leurs
dents font blanches 8c régulièrement placées j ils
j&uiifent d’une fanté robulte, & il y en a de fort
âgés. Leur principale nourriture elt de poiffon,
qu’ils ne peuvent fe procurer que fur les côtes ,
lefquelles ne leur en fourniflènt en abondance que
pendant un certain tems : ils n’ont ni cochons, ni
chèvres, ni volailles, 8c ils ne fa vent pas prendre
les oifeaux en allez grand nombre pour fe nourrir.
Excepté les chiens, qu’ils mangent, ils n’ont pas
d’autre nourriture que la racine de fougère, les ;
ignames 8c les patates : ils font auffi décens & mo-
deftes que les infulaires de la nier du Sud font
voluptueux & indécens ; mais ils,ne font pas aufii
propres, parce que, ne vivant pas dans un climat
aufli chaud;,- ils ne fe baignent pas.
, Leur habillement eft au premier coup d ’oeil
tout-à-fait bizarre> il eft compofé de feuilles
d’une efpèce de glaïeul, qui, étant coupées en
trois bandes, font entrelacées les unes dans les
autres, 8c forment une forte d’étoffe qui tient le
milieu entre le réfeau 8c le drap. Les bouts des
feuilles s’élèvent en faillie comme de la peluche
ou comme les nattes de nos efcaliers. Deux pièces
de cette étoffe font un’habillement complet : i'uoe
eft attachée fur les épaules avec un cordon, &
pend jufqu’aux genoux j au bout de ce cordon eft
une aiguille d’os,- qui joint enfemble les deux
parties de ce vêtement > l'autre pièce eft envelopr
pée autour de la ceinture, & pend prefqu’ à terre.
Les hommes ne portent que dans certaines occa-
fions cet habit de deffous, ils ont une ceinture, à
laquelle pend une petite corde deftinée à un ufage
très-fingulier. Les infulaires de la mer du Sud le
fendent le prépuce pour l’empêcher de couvrir le
gland. Les Zélandois ramènent au ' contraire le
prépuce fur le gland, & , afin de l’empêcher de
fe retirer, ils en nouent l’extrémité avec le cordon
attaché à leur ceinture, 8c le gland eft la feule
partie de leur corps qu’ils montrent avec le plus,
de répugnance 8c de honte. Cet ufage maintient
cette partie fenfible & fraîche plus long-tems.
Au nord de la NouveUe-Zelande il y a des plantations
d’ ignames, de pommes de terre & de cocos.
On n’a pas remarqué de pareilles plantations
au fud ; ce qui fait croire que les habitans de cette
partie du fud ne doivent vivre que de racines de
fougère 8c de poiffons, comme nous l ’avons ob -:
fervé ci-devant. 11 paroît qu’ils n’ont pas d’autre
boilfon que de l'eau, & qu’ ils jouiiTcnt fans interruption
aune bonne fanté. On' n en a pas vu un
feul qui fût affeété de quelque maladie , Si parmi
ceux qui étoient entièrement nus, on n*a pas ap-.
perçu qu’aucun eût la plus légère éruption fur la,
peau, ni aucune trace de pullules ou de boutons ;
ils ont d’ailleurs un grand nombre de vieillards
parmi éux , dont aucun n’eft décrépit.
Ils paroiffent faire moins de cas des femmes que
les infulaires de la mer du Sud j cependant ils man-r
gent avec elles, 8c les Qcaïtiens mangent toujours
feuls. Mais les reffemblances qu’on trouve entre
ce pays 8c les îles de la mer du Sud, relativement
aux autres ufages, font une forte preuve que tous
ces infulaires ont la même origine. La conformité
du langage paroît établir ce,fait d’une manière
inconteliable, car les Otaïtiens fe font parfaitement
entendre des Zélandois. Il paroît effectivement
que ces peuples ne viennent pas de l’Amérique
, fituée à l’eft de ces contrées, & l’on eft
autorifé à le conclure par les rapports du langage:
de ces îles Sc de celles de la mer du Sud avec le s .
| langues des Indiens méridionaux j car la langue
| des habitans dê l ’Archipel indien a quelque conformité
avec celles de tous cesdnfulaires. Cependant
il faut en excepter la Nouvelle-Hollande ,.
dont la langue eft abfolument différente, quoiqu’elle
foit la plus voifine à l’oueft de la Nouvelle-
Zélande.
Aucun des habitans de la Nouvelle-Hollande ne
porte le moindre vêtement : ils parloient un langage
fi rude & fi-défagréable, qu’un habitant
d’Otaïti n’y entendoiç pas un feul mot. Ces hommes
de la Nouvelle-Hollande paroiffent hardis j
ils font tous armés de lances, .& femblent fort'
occupés de la pêche : leurs lances .font de la Ion- ,
gueur de fix à quinze pieds;, avec quatre bran-.
ches, dont chacune eft très-pointue,' & armée,
d’un os de poiffon. En général,ils paroiffent d’un
naturel fort fauvage, puifqu’on ne peut jamais les
engager à fe laiffer approcher, excepté dans les
environs de la rivière d’Endeavour, où l’on eft
parvenu à les,voir de près pour la première fois.;
Ceux-ci étoient armés de javelines & de lances,
8c avoient les membres d’une petiteffe remarqua-
_ble > ils étoient cependant d’une taille ordinaire
pour la hauteur : leur peau étoit couleur de fuie
ou de chocolat foncé : leurs cheveux étoient noirs
fans être laineux, mais coupés courts : les uns les
avoient iilfes, & les autres bouclés. Les traits de
leur vifage n’étoient pas défagréables j ils avoient
les yeux très-vifs , les dénis blanches & bien rangées
, La voix douce & harmonieufe, 8c répétoient
quelques mots qu’on leur faifoit prononcer avec
facilicé. .Tous ont un trou fait à travers le cartilage
qui fépare les deux narines, dans lequel ils
mettent un os d’ oifeau qui a près de la grolfeur
d’un doigt, &, de cinq ou fix pouces de longueur j
ils ont auffi des trous à leurs oreilles, quoiqu’ils ne
portent point de pendans : peut-être' y en mettent
ils que l’on n’ a pas vus. Dans la fuite on s’eft
apperçu que leur peau n’étoit pas auffi brune
qu’elle l’avoit paru d’abord : ce que l'on avoit pris.
pour
pour leur teint naturel n’étoit que l ’effet de la
pouffière ou de la fumée, au milieu de laquelle
ils font peut-être obligés de dormir, malgré la
chaleur du climat, pour fe préferverdes moufqui-
te s , infeéfes très-incommodes : ils font entièrement
nus, & paroiffent être d’une a&ivité 8c d’une
agilité extrêmes.
Au refte, la Nouvelle-Hollande eft beaucoup
plus grande qu’aucune autre contrée du monde
connu, qui ne porte pas le riom de continent. La
longueur de la côte que M. Cook a reconnue1, réduite
en ligne droite, ne comprend pas moins de
vingt fept degrés ; de forte que la furface que cette
cote renferme, doit être beaucoup plus grande
que celle de toute l’Europe.
Lès habitans de cette vafte terre ne paroiffent
pas nombreux : les hommes & les femmes y font
entièrement nus. On n’a apperçu fur leur corps
aucune trace de maladie, aucune plaie, mais feulement
de grandes cicatrices en lignes irrégulière
s , qui fembloient être les fuites des bleffures ;
qu’ils fe font eux-mêmes avec un inftrument obtus.
On n’a rien vu dans tout le pays, qüi reffem- j
blât à un village. Leurs maifons , fi toutefois on '
peut leur donner ce nom , font faites avec moins 1
d’induftrie que celles de tous les autres peuples j
de la mer du Sud, excepté celles des habitans de j
la terre de Feu. Cés habitations n’ont que la hauteur
qu’il faut pour qu’un homme puiffe fe tenir
debout j mais elles ne font pas affez larges pour
qu’il puiffe s’y étendre de fa longueur dans aucun
fehs : elles font conftruites en forme de four, avec
des baguettes flexibles,1'à peu près auili greffes
que le pouce. Ils enfoncent les deux extrémités de
ces baguettes dans la terre, & ils les recouvrent
enfuite avec des feuilles de palmier & de grands
morceaux d’écorce. La porte n’eft qu’une ouverture
oppofée à l’endroit où l’on fait le feu. llsffe ;
couchent fous ces réduits en fe repliant le corps
en rond, de manière que les talons de l'un touchent
la tête de l ’autre. Dan& cette pofîtian forcée,
une des huttes contient trois ou quatre per-
forrnes. En avançanc au nord, le climat devient
plus chaud, & les cabanies fe conftruifent plus .
minces. Une hórde-errante conftruit les cabanes ■
dans les endroits où elle trouve fa fubfiftancepour ,
un tems, & elle les abandonneiorfqu’elle ne peut
plus y vivre. Dans les endroits où ils ne'fontjréfî-
dans que pour une nuit ou deux, ils couchent
fous les buiffons ou dans l’herbe , qui a communément
près de deux pieds de hauteur.
r Us fe nourriffent principalement de poiffon ; ils
tuent quelquefois de groffes gerboifes. & même
des oifeaux, & font griller leur chair fur des charbons
ou la font cuire dans un trou, fur dès pierres I
chaudes, comme les infulaires de la mer du Sud. !
■ AUTEUIL , village du département de k Seine, {
arrondiffement de Saint-Denis. Il eft luué ku pied
du plan incliné de-la Meute 4..& de Paffy àSèvïes.
Géographie-Phyfique. Tome I I .
(On y trouve un dépôt confidérable de l'ancienne
rivière , compofé de débris de fiiex, de grès &
de meulières peu ufés 8c peu dégroffis, mêlés de
graviers plats 8c calcaires, plus ufés 8c po-lis :
ceux-ci ont été entraînés des parties fupérieures
des deux vallées de la Seine 8c de la Marne, au
lieu que les débris de fiiex 8c de meulières ne font
venus que des bordures élevées des croupes qui
dominent cette plaine. Ces dépôts torrentio-flu-
vials s’étendent jufqu'au canal de la Seine, fur
une épaiffeur d’environ douze pieds, à partir du
niveau du fol fur lequel Auteuil & les jardins qui
fe trouvent dans l’intervalle du Point-du-Jour font
établis.
Si l ’on parcourt la fuperficie du plan incliné
dont j’ai parle, on rencontre trois rangs de dégradations
marquées, qui font autant de veftiges
des fejours qu’a faits dans ces lieux la rivière, à
mefure qu’elle abandonnnoit ce plan incliné ror-
rentio-fl.ivial. Ainfi, relativement à la pofitioir
d‘Auteuil, il m’a paru qu’ il y avoit deux objets
ttès-im porta ns à difeuter. Le premier confifte dans
la forme du terrain, tant du village que du territoire,
limité d’up côté par celui de Boulogne, 8c
de l ’autre par les vignes, les prairies 8c le canal
de la Seine.
Je rappellerai donc ici les dégradations du fo l,
qui régnent depuis Paffy 8c la Meute, jufqu'à la
rivière 8c le pont de Sèvres > dégradations mar-
: quées d’abord par la pente du bois de Boulogne 8c
du quartier des vignes d’Auteuilt enfuite par trois
reffauts qui annoncent les déplacemens fucceffifs
| de l ’ancien lit de la Seine r 8c qui font parallèles
! entr’eux 8c au canal aétuei de la rivière.
Le fécond objet eft la compofïtion du fol de
tout le prolongement du plan incliné, ainfî que la
nature des terres 8c des pierres, tous matériaux
adventices dans cette contrée,, 8c dépofés par la
rivière daris fa marche * depuis la partie fupérieure
du pian incliné jufqu’au canal a&uel, 8c dans la
fucceffion de fes différens lits < qu'elle a occupés
pendant toute la durée de ce détour 8c de cette
ofcillation fort étendue.
Par plufieurs fouilles qu’on a faites dans la
plaine comprife entre Auteuil 8c la Seine , foit à
l’e ft, foit au midi, il eft conftaté que le fond de
cette plaine eft un maffif de craie couvert des dépôts
de la rivière, dont nous avons parlé, 8c que
cette rivière n’a pu lès former qu'en ofcillant fur
toute cette fuperficie, à mefuré quelle creufoit
fa vallée j que cés matériaux dépofés font les-causes
naturelles' déTon détour, j car on reconnoît ai-
fément que Tancien-canal s’eft porté fur tous les
points de k pente, qu’on peut fuivre depuis U
Meute jufcpi’à la rivière aéluelle, par des lignes
parallèles à?peu près âu cours acluél , dqnt les traces
font, comme nous l’avons d it , marquées par
dès chutes encore vifibles dans l’étendue de la
plaine. Amft donc, fur cëtte bafede craie fe trouve
\ flans la plaine une épaiffèux d’environ douze pied«