
querai aucune des rivières qui fe jettent dans le
golfe de Triefie : le Tagliamento, l’Adige, le Pô
& les rivières du Bolonois fourniffent la principale
maffe des eaux que ce golfe reçoit de la terre-
ferme.
AD V EN T ICE S {terres végétales).
Le globe eft couvert, dans la plus grande partie
4e fa furface, de certaines couches fuperficielies,
au milieu defquelles les végétaux croiflent, ou
naturellement, ou par le fecours de la culture. Je
nomme ces matières fi différentes, & par leur nature,
& par leurs qualités, Terres végétales.
Qn s’eft beaucoup exercé à claftlfier les fubftan-
ces qui compofent les terres végétales 3 & à les réduire
à certaines efpèces qu’on pût défigner par
des caractères précis 5 mais jufqu a préfent on n’a
tien donné de fatisfaifant, rien qui pût guider en
même tems le cultivateur & le naturalifte. La
principale caufe de ces claflifications incomplètes
vient de ce que l'on n’eft pas remonté julqu’à l'origine
de chaque efpèce de terre en particulier. Ces
confédérations font cependant les feules capables
de faire démêler leurs principes primitifs, foit
avant leurs.altérations, foit avant leurs mélanges,
& par confisquent à ramener ces fubftances à la
diftribution primitive qu’en avoir fait la Nature
, d’après les différens mixtes dont ces terres
pou voient être une defhuétion ou une décompo-
fïtion.
La terre végétale effectivement eft due à plu-
fieurs caufes : ou bien elle eft naturelle au fol
quelle recouvre, ou bien elle eft étrangère, ayant
été transportée, par différens moyens, des contrées
voifines plus ou moins éloignées. Si elle eft
naturelle au fo l, elle eft certainement le produit
de la décompolîtion des pierres, ou du délireraient
des terres elles-mêmes 3 fi elleeft étrangère pu ad'-
ventice, on verra facilement les trajets qu’elle a
parcourus. C ’eft en obfervant, d’après ces diftinc-
tions, les différentes contrées.qui nous offrent les
terres végétales, que nous trouverons les moyens
de déterminer leur origine & leur nature-
La nouvelle & la moyenne terre nous offriront
d’abord, dans la première claffe, des argiles, des
marnes argileufes & des marnes calcaires, des
craies, des détritus de coquilles., & des fables,
ou quartzeux,. ou fpathiques.
Les argiles fe trouvent en lits jnterpofés au milieu
des couches ou bancs de pierres calcaires 5 il
en eft de même des marnes argileuCes, des marnes
calcaires : il n’eft donc pas étonnant que quelque-
fois-xes lits foient à découvert, ou fur les croupes
des vallées, ou bien à la fuperficie,des plaines, Ôc
ue l’eau pluviale en produifele mélange ou la
ifperfiûn. Les terres calcaires ou fabulo^calcaires
font de même le produit des couches de pierres
calcaires qui fe délitent par l’aCtion fiicceftîve de
l’humidité & de la féchereflfe.JQn peut fuivre aifé-
ment les progrès de cette décompofirion, qui a
lieu dans tous lés cas où les pierres calcaires ne
font pas trop folidement infiltrées.
Je pourrois remonter jufqu’à l’ancienne terre
graniteufe pour montrer la production des terres
végétales, débris des granits, des talcites & des
fchiftes, mais je fupprime tous ces détails pour
paffer à ce qui concerne particuliérement les terres
végétales adventices, dont nous nous occupons dans
cet article.
Il èlt vifible d’abord que cette terre, étrangère
au fo l, y a été amenée à la fuite de deux grands
ordres d’événemens 5 d’abord par les eaux. torrentielles
qui ont couvert la furface des plaines
de la nouvelle terre par- des convois de matériaux
enlevés à l’ancienne, enfuite par les eaux jluvio-
torrentielles qui ont inondé les bords élevés des
rivières, de la nouvelle terre & de la moyenne,
ainfi que leurs plaines fluviales, de fables, deva-
fes & de différens principes terreux.
Une des circonliances qui a le plus contribué
aux tranfports & aux dépôts des terres végétales
adventices , ce font les invafions de l’Océan dans
les vallées-golfes , & à .la fuite de ces invafions, les
tranfports des matières détachées de l’ancienne
terre qui fervoit de bords au golfe, & dépofées
plus .ou moins abondamment dans ces golfes :
maintenant ç’ eft à la fuite des retraites de la mer,
que ces matières fe font retrouvées à la fuperficie
des plaines fluviales élevées, & en même tems fur
celle des plaines fluviales baffes. Je pourrois indiquer
ces différens amas dans la vallée du Rhône.
F 'o y e i V a l l e e -G o l f e .
D'ailleurs, les eaux torrentielles ont produit
fur les terres végétales adventices un effet très-
remarquable 3 c'eft le tranfporc des terres qui fe
délaient facilement dans l’eau, & dont les eaux
courantes fe font, chargées allez abondamment.
En conféquence, les tranfports des fubftances ter-
reufes fe font faits à des diftançes confidérables ,
parce que l’eau des rivières, dans les crues, refte
trouble pendant long-tems, quoiqu’elle parcoure
un ajflfez. long trajet. Outre cela, les eaux pluviales
qui tombent fur les pays calcaires, font beaucoup
plus de ces enlévemens, que les eaux qui tombent
& circulent à la furface des pays de l’ancienne
terre, parce que la terre-végétale n’eft quun débris
de granit qui n’eft pas beaucoup foluble dansl'eau.
Dans les pays de pierres de fable ou brafier3 dans
les contrées où les terres font colorées par le fe r ,
les eaux entraînent Beaucoup de fables & d’oçi'e 3
enfin, dans les pays de ichiftes^les eaux pluviales,
délayanr aifément des argiles noirâtres, dépofenc
des vafes qui ont la même couleur.
D'après ces données, j’ ai reconnu partout les
produits de cés différens déplacernens opérés par
les eaux des rivières, furtout après avoir fait
l ’examen des contrées qu'elles ont lavées dans les
parties fupérieures f de leurs, cours 5 car Fétude
d’une partie doit être faite toujours relativement
à ce qui s’obferve dans l'autre, &,dans ces obfervarions
il me paroît néceffaire de comparer les
déblais aux remblais. Ces rëfultats fe rencontrent
le long de l’Appennin, depuis l’embouchure du
Tanaro jufqu’ à celle du Reno. On y trouve deux
fortes de remblais 3 d’abord ceux qui ont été
formés par les matériaux entraînés dans le baflin
de la mer, & organifés par elle en couches horizontales
: ce font les dernières couches formées
dans la vallée-golfe du Pô 3 enfuite ceux qui ont
été dépofés par les torrens dans toutes leurs vallées
aàuelles, & où l’on trouve de grands amas d e '
terres végétales adventices. Ce que je dis de la
Lombardie & de la grande vallée-golfe du Pô
peut être appliqué à plufieurs vallées femblables
que je pourrois indiquer en France 3 telles foht
les vallées du Rhône, de la Loire, de l’Ailier,
de la Dordogne, de la Garonne & même de la
Seine.
Ainfi l’on fe convaincra facilement, par les ré-
fultats de toutes ces obfervations, que les terres
végétales adventices font toutes les fubftances ter- ■
reufes qui font produites par la décompofition des
maffifs & des couches, & tranfportées fur des
fonds qui leur font étrangers : elles fe trouvent,
comme on a v u , dans différentes polirions 3 les
mies, & les plus communes, dans les plaines fluviales
de "plufieurs vallées, & viennent toutes
d’amont : aufli eft-il facile de retrouver leur ancien
giflèment, le lieu de leur formation primitive
, & de fuivre même quant à préfent les progrès
de leurs tranfports. Je puis indiquer ici les
plaines fluviales des grandes rivières où ces matériaux
réfident après avoir été dépofés fur les fonds
de cuve & même fur les plans inclinés des vallées*
Une femblable difpofition fe remarque dans
les vallons des rivières du fécond, ordre, où ces
terres végétales adventices font dift ri buées de la
même manière à peu près, & par de femblables
eaux courantes.
Ailleurs, j’ai vu ces terres végétales adventices
difperfées fur les fommiets plats des collines : cet
arrangement m’a d’abord frappé, & une étude
fuivie de ces différens fols m’a convaincu qu’ elles
étoient originaires de l’ancienne terre, & furtout
des parties de l’ancienne terre, qui avoient iérvi
de bords à la mer : les eaux circulant à la fur-
face de l ’ancienne terre , ayant entraîné ces
matières, les ont-dépofées à la fuperficie de la
nouvelle terre, dans lès premiers tems de fa découverte,
par la retraite des eaux de la mer 3 &
comme, dans ces contrées nouvelles, il n’y avoit
point encore de vallées, toutes les eaux formoient
des nappes difperfées qui parcouroient la furface
des terrains, lefquels, par la fuite des tems, font,
devenus des collines à mefure que les vallées fe
font approfondies. C ’eft ainfi que les fommets
plats des collines du Périgord font recouverts
de matières fournies par l’ancienne terre du Li-
moufin, où je les ai reconnues. Les fables, les
argiles, les cailloux roulés font des débris ' de
granits roulés par les vagues de l’ ancienne mer,
le long de fes bords, & enfuite dépofés fur les
fommets des collines. Ces terres végétales font
d’un mauvais produit^parce que ce font des fables
fecs & arides, ou des argiles courtes, ocreufes
compares : en forte que les feules terres végétales
d’une certaine fertilité en Périgord font les terres
végétales natives, produites par la decompofitiofi
des pierres du maflif de la nouvelle terre opéré©
pendant & après le travail de l’eau pluviale, laquelle
en a creuféJes vallées.
Je trouve ces mêmes dépôts dans l’Angoumois
&dans le Poitou, par une fuite des mêmes événe-
mens. Il eft vifible que ces dépôts n’ont pas été
formés dans le baflin de la mer, mais apres fa retraite,
& par les eaux torrentielles : la difpofition
des dépôts prouve & établit ces circonftances
d ’un manière inconteftable.
En rapprochant toutes les circonftances où fe
trouvent les terres végétales adventices, on verra
que ces fubftances peuvent être rapportées à plufieurs
époques & à plufieurs natures de matériaux.
C ’ eft fur ces deux caractères qu’on doit en
faire l’examen & en déterminer la nomenclature.
i° . Je vois qu’il y a eu des déplacernens de matériaux
, faits pendant le féjour de la mer, & formés
en dépôts dans fon baflin : ces dépôts pour lors
occupent la fuperficie de grandes parties de nos
continens, & furtout celles qui ont fait partie des
anciens bords de la mer 3 c ’eft ce que je nomme
dépôts littoraux. Je les trouve, comme je l ’ai remarqué
ci-deflus, dans les vallées-golfes, & particuliérement
dans celle de l’Adour. Voye% cet
article, où toutes ces confidérations font bien développées
, vu l’avantage que m’a offert la iifière
du pays adjacent des Pyrénées.
2°. Il y a eu des déplacernens de terres faits
par les eaux courantes de l’ancienne terre, qui les
ont tranfportées à la furface de la nouvelle dans
les premiers tems de la retraite de la mer : auffi
i ces terres occupent les fommets des collines de
cette nouvelle terre, les plaines hautes , &c.
3P. Il y a eu des déplacernens de terres opérés
depuis la retraite de la mer, tant des débris de
l’ancienne terre, que de ceux de la nouvelle, qui
ont été voirurés à la furface de l’une & l’autre
terre, enfin dépofés dans les plaines hautes &
baffes, & dans les fonds de cuve des vallées &
vallons de tous les ordres. Ainfi les terres végétales
adventices qui appartiennent à cette époque,
laquelle fe continue même à préfent, fe retrouvent
dans les vallées, dans les plaines fluviales,
mais non dans les plaines hautes.
Si nous examinons maintenant ces terres, quant
à leur nature & à leur production, nous y trouverons
des variétés très^-remarquables. Ainfi les
débris des granits où dominent les fables quartzeux
, font de mauvais fols 3 mais aufli lorfque les
débris du feldfpath ou de quelques principes argileux
fe trouvent mêlés aux premières fubftances,