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détachés les uns des autres. Ces couches font horizontales
, & quelquefois verticales ; elles lotit
toutes de nature, calcaire : le quartz Si le criflal de
roche y font, fort rares. Le revers feptentrional eft
couvert de bois, & préfente des forêts d'érables,
de hetres & de pins.-On voit de grands blocs de
rochers qui ont été détachés de la maffe totale :
^ ^ ,9 ^ s-uns, en roulant dans les valions, font
reües a mi-chemin ; d'autrts , tenant encore à la
montagne, n attendent qu une dernière impulfion
pour fe précipiter dans les,bas-fonds. Les eaux
pluviales qui pénètrent à travers les fentes des
couches pierreufes, diffolvent lentement le gluten
qui les unit, & cauferont tôt ou tard leur chute.
Le terrain de la vallée de Taurenc & de Seranon
, jM w W l l ce*u‘ Taurenc le feroit encore
.plus 11 1 on pouvoit le mettre à l'abri des eaux pluviales
& des ruiffeaux qui l'inondent très-fouvent.
La vallée,de Roure,dans le diocèfe de Fréjus,
eft voifine de celle de Taurenc ; elle eft terminée
par le chateau de Seranon, bâti fur un ro c , dioù
naît , un peu plus haut, la. rivière d'Artabi, qui
coule vers l'oueft, paffe par Comps & Trigance,
oü elle reçoit la rivière de Jabron , & va groflir
a fon tourles eaux du Verdon. La vallée d'Andon,
plus méridionale que celle de Taurenc , vient fe
joindre à celle de-Caille-. Les prairies de Caille
font entourées de montagnes : les eaux pluviales
Viennent s’y rendre & y forment un grand baffin ,
11 j 6 - rai?r a travers les montagnes du fud .
elles donnent naiffance à piufîeurs ruiffeaux , &
notamment a une branche de la rivière de Siagne,
qui fepare le territoire de Saint-,Vallier d’avec
celui d Efcragnolle | & va fe jeter, dans les deux
branches réunies qui viennent du côté de Mons.
il y a une grote garnie de ftala&ites dans une
montagne vis-à-vis du village de. Caille : fon
entree ell très-difficile. Mais dès qu’on a pénétré
dans 1 intérieur , on eft furpris de fon élévation ,
de fa vafte enceinte & de la quantité de belles fta-
laêLtes attachées à la voûte, bien différentes, par 1
n’U!rt'ran^>arencej i ce^es jU forment dans les uiheres. La vallée de Caille communiqué' avec
celle de Seranon, qui eft féparée de celle de Roure
par une chaîne de montagnes parallèles aux montagnes
de la Roque j elles vont toujours en s’abaif-
fant du côté de l’eft.
Les hameaux d’EfcragnoîIe, le village de Saint-
V a llier, au deffus de Graffe, ont des polïtions
fort favorables i la végétation. Le climat en eft
n tempéré, <quJii permet aux habitans d’y cultiver
la vigne & l’olivier, tandis que les montagnes qui
environnent les petites vallées ne produifent que
du ble. La vallée de Seranon eft bornée par la
plaine de Feniers , qui communique par une
gorge fituee entre deux hautes montagnes qui
A>nt les plus élevées des fous-alpines , quoiqu’elles
loient les dernières de ces contrées. C'eft ce qui
ep rend le climat beaucoup plus froid que celui j
dpnt nous venons de parler.
La montagne de Lachen, qui commence à la
Roque & a ,1a Baftide , a plus de fix cents toifes
d élévation au deffus de la mer. Sa pente, du côté
du couchant, en eft rude: on y monte avec un peu
plus de facilité du côté du midi. Sa partie fepten-
trionale eft couverte de bois de pins & de lapins,
a l'ombre defquels végètent quantité de plantes
alpines, comme la gentiane, l'angélique , la véronique.
Lachen. fe prolonge par une chaîne qui
va en s abaiiïant du coté du levant jufqu’au deflous
d Efcragnolle & de Saint-Vallier, après quoi on
ne trouve plus que des coteaux qui rempliffent
les intervalles des plaines jufqu'à la mer, & qui
prefentent des fonds convenables à la végétation
de la vigne & de l’oliyier. Le fommet de Lachen
forme une efpèce de cône couvert de gazon : il
s'y trouve une fourcequi n'eft furmontée d'aucune
montagne, Les pierres numifmales & lenticulaires
font communes à Lachen : les plantes de, cette
montagne ont beaucoup de rapport avec celles
qui végètent plus haut dans les-Alpes. S3 pofition
& fa forêt leur fourniflènt i peu près le, même
climat & le mêthè fol. Comme cette montagne
n'eft couverte d'arbres que dans fa partie fepten-
(rionale, phénomène dont nous donnerons par la
fuite la caufe.,.les plantes s 'y trouvent en petite
quantité : outre cela on jsj trouve, du côté du
midi, que de petits arbuftès, comme le néflier,
les grofeilliers épineux, S£ Iorfqu'on eft parvenu
au fommet „on rencontrède petits gazons & des
fraifiers ftériles. Les gazons qui font fur la cime,
font formés .par des chiendents, parTofeille des
Alpes & l'eufraife.
La montagne de BrouiSj qui coirrmence au
deffus de la Baftide , & s'étend jufqu'au-delà de
Bargème , eft inférieure de deux cents toifes à
celle de Lachen, qui en a cinq cents. Sa partie méridionale
eft encore pelée ; elle entoure la vallée
de la Roque avec les montagnes de Malai & de
Broyés qui lui font oppofées. La pierre calcaire
domine dans ces montagnes; le quartz y eft raré:
il y a en divers endroits des coquilles pétrifiées*
furtour vers leur bafe , de même que des cantons
de terre pourrie ou réduite en fchiftes : on y trouve
aufli des pierres numifmales & lenticulaires, fur-
tout à Lachen.
La montagne de Brouïs eft couverte fur fa partie
feptentrionale, d'uneïorêt confidérable de fapins;
elle s'étend après de deux lieues, &' eft fi épaiffe
en quelques endroits , qu'on a de la peine à y pénétrer.
Un botanifte s'y étant égaré, y paffa deux
jours 5e deux nuits , & faillit y mourir de peur
& de faim. . - r
Les plantes de cette montagne ont beaucoup
d analogie avec celles qui végètent plus haut dans
les Alpes. Sa pofition & fa forêt leur fourniffent
a peu près le même climat & le même fol.
I La vallée de Bargème & de la Roque eft traver-v
fee dans fa longueur par une éminence de trois o\%
quatre pieds de hauteur jçaf elle eft formée d’une
pierre coquîilière qui contient une quantité de
teftacées univalves & bivalves : on en détache
des coquille s d’huîtres& des ourfins pétrifiés, qui
font auffi répandus dans la plaine. La petite rivière
qui traverfe cette plaine tarit fou vent en é té ,
quoique par fa pofition elle dût contenir une plus
grande quantité d'eau.Toutes les rivières des montagnes
fous-alpines font à peu près dans le même
cas : ce font plutôt des ruiffeaux qui arrofent-c<.s
contrées. Les eaux pluviales & de neige enflent,
pendant quelque tems, les ruiffeaux & lés petites
rivières} mais leur terrain léger, maigre & graveleux
favorifant l’évaporation, tout le pays éprouve
bientôt une féchereffe égale à celle des contrées
méridionales montueufes. Plus on defcend à'l’eft,
plus les montagnes s’abaiffent, plus les pétrifications
des coquilles qui farciffent les rochers font
nombreufes} telles font les grandes cornes d’am-
nton, les huitres, les cames, &c. Comme les vallées
s’élargiffent, les montagnes laiffent entr’elles
un plus grand intervalle.
Les montagnes fous-alpines s’étendent depuis
la terre d’Efclapon jufqu’ à Mons, & bien loin au-
delà vers le couchant, en abaiffant graduellement
leur fommet & dégénérant en coteaux qui bornent
les terres de Calian, de Seillans, de Bargemon &
d’Aups. Tel eft l’état dé. la partie montueufe de
la Provence , qui la fépare à l’eft des côtes maritimes.
Ceux qui ne connoiffent la Provence que par
fa latitude, 'ou qui n’ont parcouru que fa partie
moyenne, s’imaginent que fon climat eft.doux &
tempéré, que rien n’eft plus agréable que la pofî-
tion des villes qui font fituées fur les bords de la
mer & dans des plaines fertiles & riantes} que les
montagnes dont ces plaines font coupées en quelques
endroits, y tempèrent les.chaleurs de l’é té ,
& lui procurent plutôt un zéphyr & des pluies
douces qui rafraîchiffent l’air , qu’elles n’occa-
lionnent des vents froids. Cependant fi l’on fuit
toutes les caufes qui peuvent contribuer à l’irrégularité
de la température dans un grand nombre
de contrées, on fe détrompera aifément. C e qui
achèvera de le faire, c'eft la defcription des.mon-
tagnes fous-alpines que nous venons de faire.
L’étendue de ces montagnes, qui font au moins
le tiers de la Provence, doit influer, comme nous
venons de le dire, fur fon climat en général, 8c
fur la fan té de fes habitans. Il convient d’ailleurs
a lèur bien-être & à leur aifance, qu’ il y ait une
correfpondance fort animée entre les habitans des
montagnes & ceux dii plat-pays ; de telle fhrte
que les premiers foierrt fixés dans les régions froides
où ils font accoutumés dès l’enfance, qu’ ils
s’y occupent à défricher les terrains ftériles , à
exploiter les mines que nous avons indiquées,
fans être tentés de paner l’hiver dans des contrées
plus méridionales,& chaudes, où leur tempérament
dégénère peu à peu & s’àffoibiit à la longue.
Le montagnard, ft robufte autrefois , ftpaçient
dans fes travaux, fi induftrieux même dans la culture
des terres, n’eft plus le même aujourd'hui.
C ’eft le contraire aux montagnes alpines, que l’habitation
continuelle des hommes & des troupeaux
améliorent chaque jour} & quoique le luxe y aie
pénétré également, la mifère ne s'y fait pas fentir
comme dans les fous-alpines, où l’on jouit de la
; plus grande aifance. 11 y a dans cette dernière
région- des villages fi pauvres, qu’on ne doit pas
être furpris de les voir inhabités pendant la plus
grande partie de l’année. C ’eft à une adminiftra-'
tion paternelle 8c libérale à trouver les vrais
moyens d’améliorer ces régions froides 8c ftériies
en y fixant des habitans & des cultivateurs; ce'.
qui en changeroit peu à peu la fa c e , 8c rendroit
ces contrées feptentrionales de la Provence pref-
qu’auffi floriffantes que lés méridionales. ( f^oye^
' l’article Abri , où nous avons fait connoître les
avantages qu'offrent aux cultivateurs les environs
d’Hières & de Graffè pour l’éducation des orangers
en pleine terre. )
Alpines ( Montagnes) . Nous confidérerons ici
ces montagnes fous le rapport des végétaux qui
y croiffent en différens pays. On fait que , parmi
ces végétaux , un grand nombre fe plaît dans les
climats tempérés ; que les uns veulent la zone tor--
rid e , les autres les régions J es plus froides des
zones glaciales; & qu'au milieu de ces pofîtions
variées, les contrées qui renferment les différens
traëtus de montagnes alpines, préfentent Un grand
nombre de ces efpèces. Si le froid y domine, on
y éprouve des changemens de température inconnues
dans les pays des grandes plaine?ou des collines,
même dans ceux des montagnes moyennes.
En hiver le foleil brille quelquefois fur leurs fom-
mets, tandis que nos plaines font couvertes de
brouillards 8c de brumes épaiffes & froides. Dans
l'été ces hautes montagnes, après avoir éprouvé
des chaleurs très-fortes dans leurs vallées pendant
le jou r, font expofées pendant la nuit à des retours
de froids plus bu moins rigoureux.
D’un autre cô té , fi le froid des montagnes alpines
eft long & plus confidérable que celui des
plaines ou des plats-pays, les neiges qui font
amoncelées fur leurs cimes élevées, maintiennent
les plantes 8c leurs femences dans une douce température,
8c nous voyons outre cela fous la neige,
les lichens & les moufles fervir de couvertures
aux racines de ces mêmes plantes. .
Pendant la canicule, la vivacité des rayons du
foleil y eft d’autant plus violente, que leur adtion
y eft moins interrompue, & qu'elle s’y trouve
fou vent concentrée par les différens rochers qui
la reçoivent, la répercutent & la confervent ;
(mais il faut avouer que, rnàlgré'Ia férénité dont
on jouit quelquefois fur les montagnes alpines,
on ne peut fe flatter d’en jouir conftamment. Une
vapeur épaiffe, un brouillard humide, précédés
J par certains vents 8c pouffés par eux , viennent