
biné des eaux torrentielles des bords des conti-
nens anciens avec celui des flots de l’ancienne
mer > & cette double vue fourniroit , de ces
phénomènes , un dehoûment oui auroit davantage,
& d ’y fatisfaire très-bien, 8c de pouvoir être
applicable aux circonftances préfentes, qui lui
donneroient une nouvelle force par ce rappro-
chement. ( Voye^ l'article A d ou R , oh toutes ces
ventes ont refit ungrand, développement , fondé fur les
faits & les obfervations. }
C i n q u i è m e c o n s i d é r a t i o n f u r l e s l i m i t e s d e
l 'a n c i e n n e & d e l a n o u v e l l e te r r e .
p Quand je parle de la limite de la nouvelle & de
Vancienne terre , je ne prétends pas que ce foient
deux maffes contiguës, 8c qui finiflent également.
Je regarde la nouvelle comme fe terminant à une
ligne que j’indique exactement, mais je confîdèrë
de plus que cette nouvelle terre à un même point
empêche de voir Y ancienne en la couvrant, & là
où je celle de voir Y ancienne terre j’affigne dans
ce^ même endroit fa limite, quoique ce ne foit
qu’ une limite d’apparence ; mais je lais bien que
c eft la bafe fur laquelle la nouvelle fe trouve établie
, qu’elle fe prolonge par-delïous bien au-delà
du point où je ne l’apperçois plus : mais quant à
ma manière de divifer le globe par grands maflifs ,
je puis oublier cette différence pour ne m’occuper
que de la partie fuperficielle qui s’offre à mes
recherches Si à mes obfervations.
S i x i è m e c o n s i d é r a t i o n f u r l e s d iff é r e n s n i v e a u x
d e [ a n c i e n n e & d e l à n o u v e l l e te r r e *
Il y a plufieurs confédérations à réunir pour faire
connoître les phénomènes les plus remarquables
qui s’offrent à nous dans le paffage de Y ancienne
à la nouvelle rem?, quant à la différence des formes
Sc des niveaux. L'ancienne terre préfente dans fon
état primitif ou bien à la fuite des altérations |>of-
térieures, des inégalités très-grandes à fa furface
dans lès parties où elle paroît à découvert, tant
à fon centre que fur fes bords. J’ajoute que de
femblables inégalités fe font remarquer le long
des parties qui font recouvertes par la nouvelle
terre.
Dès que, par une fuite d’obfervations bien rai-
fonnées , il eft conftaté que Y ancienne terre s’ offre
à nous à toutes fortes de niveaux, la mer, qui a
formé la nouvelle terre en fe répandant fur cette
bafe inégale, y a laiflé des dépôts qui fe trouvent
auffi à des niveaux différens j les maflifs de granits,,
qui compofôient l’enceinte des baflïns 8c des golfes
de cette ancienne mer, ont pu être couverts j
à moitié ou entièrement, fuivant l’abondance des
coquillages ou la hauteur des eaux. Par confé-
quent, après la retraite de la mer, il y aura eujdes
parties de granits qui ont paru à côté des dépôts
calcaires & en couches horizontales. D ’ailleurs,
r certaines parties de ces couches établies fur ces
granits, ayant été par la fuite entamées par les
eaux courantes, auront montré le granit à découvert,
8c leur fervant de bafe, & fouvent lié
à celui qui étoit à découvert, & qui fervoit de
bords à la mer.
Par conféquent une rivière qui traverfe les cantons
où l’ôn découvre ces phénomènes, & paffe
fuccèflivement fur le granit à découvert, enfuite
fur les couches horizontales peu épaiffes, aura
rencontré à une certaine profondeur les granits ,
puis enfin des couches horizontales très-profondes,
où la bafe ne paroiffoit à aucun niveau. En
parcourant la portion du canal de plufieurs fleuves
qui partent de l’ancienne terre, & qui fe répandent
dans la nàuvelle, on trouvera dans fon lit les alternatives
de Y ancienne 8c de la nouvelle terre.
En partant de ces faits, je crois devoir diftin-
guer Y ancienne terre bord de mer, d’avec Y ancienne
terre fond du baflin de la mer ou petite île dans la
mer : avec cette diftinétion tout s’éclaircit 8c fe
fimphfie, & fe réduit à l’ordre commun.
Je confîdèrë donc , comme maflifs de Y ancienne
terre3 ceux autour defquels vient fe terminer la
nouvelle , où je trouve des rivières qui ont entraîné
des dépôts littoraux, 8c enfin dans l’enceinte
defqüels fe trouve l’ancienne, couverte à
une profondeur plus ou moins confidérabte , ou
offrant des récifs ou bas-fonds, ou des îles vagues
& incertaines.
Lorfqu’on réfléchit fur la diftin&ion de Yancienne
& nouvelle terre, & fur les raifons de cette
diftinétion, on fe perfuade d’abord que la furface
de la nouvelle terre, qui forme différens contours
& diverfes configurations avec Y ancienne 3 e ft,
dans toute fon étendue, au deffous du niveau de
Y ancienne terre apparente j car quelle idée fe doit-
on former de ce rnaffif ? N’eft-ce pas une portion
de la furface de nos continens que les eaux de
l’ancienne mer n’ont pu couvrir, parce que fon
niveau la mettoit au deffus des vagues qui venaient
fe brifer contre fes bords ? La nouvelle terre, au
contraire, n'eft-elle pas le réfultat des dépôts formés
fur le fond de l’ancien baflin de la mer, qu’elle
a quitté depuis 8c laiffé à découvert, dépôts où
l’on retrouve les débris des animaux marins, mêlés
avec les produits des lavages extérieurs entraînés
dans la mer par les .eaux courantes qui circuloient
fur Y ancienne terre ?
Cette confidération fur l’ une & l’autre terre
m’a fait naître le defir de rechercher les limites de
l’ancien baflin de la mer fur notre continent. Les
obfervations de différens genres que j’ ai eu occa-
fîon de faire dans les courfes entreprifes à ce
deffein, n'ont pas peu contribué à me confirmer
dans la penfée que Yancienne terre apparente 8c
découverte eft toujours au deffus du niveau de la
nouvelle. Ainfi lorfque je paflois de Y ancienne terre
dans la nouvelle, j’appercevois le contrafte frappant
d ’une contrée couverte de mafles montueufes,
fillonnéô
fiHonnée de vallons étroits & profonds, 8c femés de
vaftes plaines qui offroient l’afpeél de grands baf-
fins, dont l’enceinte étoit formée par les collines
de la nouvelle, qui dominoient fenfîblement de
toutes parts. J'y remarquois en même tems des
rivières q u i, ayant leurs origines dans Yancienne
terre3 s’échappoiént, par un cours très-rapide, à -
travers les collines qui la bordoient, pour aller circuler
affez lentement, & d’une marche plu's pai-
fible, dans les vallons qu’ elles fe font creufés au
milieu des plaines de la nouvelle terre.
J'ai toujours remarqué une régularité confiante
dans tous les phénomènes, tant que j’ai porté mes
obfervations fur une petite étendue de la furface
du globe , 8c que je me fuis attaché à fuivre, par
exemple, les limites d'une maffe de Y ancienne terre,
8c à-comparer cette fuperficie aux plaines de la
nouvelle3ç\n\ l ’entouroient fur une largeur de vingt
à trente lieues. Les petites exceptions qui s’y ren-
controient, me paroifloient trouver un dénoû-
ment facile 8c naturel dans les circonftances locales,
& ne m’ont préfenté aucune de ces anomalies
qui pouvoient déranger cette belle harmonie.
Mais on ne trouve plus.cette correfpondance
de Y ancienne terre avec la nouvelle, relativement à
la différence de leur niveau, fi l’on parcourt une
grande étendue de la furface de la terre. Si l’ on
embraffe la France , par exemple, l’Italie ou l’Ef-
pagne, on trouve de grandes exceptions à cette
régularité.
Ainfi la Loire, après avoir pris fa fource dans
Y ancienne terre du Velay , avoir traverfé la nouvelle
par le Bourbonnois, le-Nivernois, l’Orléanois , la
Touraine, & c . regagne Y ancienne terre dans l’Anjou
8c la Bretagne. Toutes les rivières qui fe jettent
dans la Loire, comme le Cher, laVienne, & c .
ont de même leurs fources dans Y ancienne terre du
Limoufin , traverfent la nouvelle , & retrouvent
Y ancienne terre avec la Loire. Je pourrois indiquer
la même marche des eaux courantes à travers Y ancienne
8c la nouvelle terre, avant qu’ elles fe rendent
en Anjou 8c en Bretagne. Le Rhin, la Mofelle 8c
la Meiife offrent, fur des cours fort étendus, cette
même Angularité.
En conféquence de ces anomalies dans la correfpondance
des niveaux de Yancienne 8c de la
nouvelle terre, indiquées par la marche fucceflive
des eaux courantes, il faut prendre, relativement
à la difpofition refpeétive des deux maflifs dont
nous venons de parler, une idée différente de celle
que nous avons développée au commencement de
cet article, & la modifier fuivant les circonftances
que l ’obfervation nous a fait connoître.
Ainfi l’on ne peut douter un moment que certaines
parties de Yancienne terre de l’Anjou 8c de
la Bretagne que traverfe la Lo ire, ne foient au
deffoiis du niveau des contrées de la nouvelle terre ,
que ce fleuve a parcourues avant d’ atteindre la
Bretagne , 8c infiniment plus bas que ['ancienne
Géograpkie-Pkyfîque. Tome l l % '
terre du Limoufin, de la Marche 8c du V é la y , ou
la Loire & les rivières qui s’ y ;,et:ent à fa gauche,
prennent leur origine : d’où l’ on peut conclure
que certaines contrées de Yancienne terre ne font
pas abfoiument plus élevées que des parties de la
nouyelle, & furtout de celles qui lui fervent de
bafe.
Cependant le baflin de la nouvelle terre qui fe
trouve entre l’Auvergne, la Marche, le Limoufin
d’un côté , l’Anjou & la Bretagne de l’autre ,
paroît avoir été couvert & formé par la même mer,
dont la furface des eaux a dû être de niveau dans
toute fon étendue. Mais le fond ne s’étant pas
trouvé de niveau, les dépôts fur une côte ont dû
être plus élevés que fur une autre , & la marche
des eaux courantes a dû nous annoncer cette difpofition
après la retraite de la mer. Nous voyons
donc qu’en conféquence les dépôts de la mer fur
les côtes du Forez, de la'Limagne, de la Marche
& du Limoufin ont été plus élevés que fur celles
de l’Anjou & de la Bretagne. Ainfi la Loire &
l’Ailier, prenant leurs fources dans les Cévennes,
ont pu couler fur un plan incliné. C e qui paroît
fingulier d’abord, c’eft que Yancienne terre fe retrouve
fur ces dernières côtes; mais on ceffe d’en
être furpris lorfque l’on confîdèrë que ce maflïf
y eft très-peu profond, 8c qu’il fe trouve très-peu
! au deffous du niveau de la nouvelle terre, 8c beaucoup
au deffus de Yancienne , qui fert de bafe à la
nouvelle dans les contrées voifines de l’Anjou &
de la Bretagne. Les dépôts y font peu confidéra-
bles, parce que la mer étant peu profonde, les
coquillages n’ont pu y vivre 8c s’y multiplier de
manière à former de leurs débris des fédimens
d’une certaine épaiffeur ; en forte que la dégradation
des pluies a fuffi pour mettre à découvert
Yancienne terre de la Bretagne. On en trouve les
marques inconteftables au fud &,au nord de Nantes
, comme au deffus & au deffous de cette v ille ,
en fuivant le cours de la Loire.
Pour donner la folution de ces difficultés, je me
réfume, & je dis que l’eau de l ’ancienne mer a
recouvert le baflin intermédiaire, qui fe trouve
entre le Limoufin, la Marche, l ’Auvergne , le
Forez & la Bretagne, où elle s’eft étendue le long
des parties élevées de ces quatre premières provinces
, en circonfcrivant fes dépôts le long de ces
parties qui lui fervoient de bords. Elle y aura fait
des depots, qui auront diminué d’épaiffeur à me-
fure qu’elle aura recouvert les côtes de la Breta-
-gne que la Loire traverfe, 8c qui auront formé un
bas-rond. Les couches calcaires y auront été très-
minces, interrompues 8c fans fuite , quoique cette
partie fût inondée, parce qu’elle fe trouvoit au
deffous du niveau de la mer. Seulement la plage
étoit peu profonde, 8c les coquillages n’ont pu
s’y multiplier à tel point, qu’ils y aient formé
des bancs de dépôts auffi épais que dans les parties
du baflin plus profondes. Par la fuite de la
révolution qui a mis à fec tout le baflin de l ’aa-
S SS