
du1 Commet de Fairhead. Les rochers calcaires de
cette île , qui font recouverts par des matières
volcaniques d’une couleur très-foncée, ont un
afpeét fort remarquable. A l’oueft on obferve de
grandes maffes de ces bancs qui répondent parfaitement
à ceux de la côte d‘Antrim , autant par
leur organifationj que par leur niveau; ils font
également couverts par des lits de bafaltes. A l’eft,
ces mêmes rochers fe perdent dans la mer, mais
ils font remplacés par des matières volcaniques,
dont l'arrangement eft fort curieux, & figuré fur
notre carte : ils forment la partie orientale de
rîle . La grande conformité que Tou obferve entre
les bancs calcaires de l’ île & fes bafaltes, avec les
bancs calcaires & les bafaltes de la côte d’Antrim,
fait naturellement naître l’idée que ces deux côtes
ont fait partie d'un ancien tout. C ’eft probablement
à un même ordre de chofes qu'il faut
attribuer leur formation primitive, & aüx mêmes
accidens des feux fouterrains & de la mer qu'on
doit Lurs dérangemens. C'eft enfin furtout à l’action
longue & continuée de l'Océan, que leur réparation
totale eft due.
Si l'on obferve une reffemblance frappante fur
les croupes de ces côtes correfpondantes, il faut
avouer qu’elle n’eft pas moins grande lorfqu’on
examine attentivement les différentes productions
naturelles qui fe trouvent dans l’intérieur des terres
du continent & de l'île. La côte orientale de
Bally-Caftle , par exemple., préfente des maffes
très-diftin&es de pierres de fable ou de grès, de
charbon de terre & de mines de fer. Les mêmes
fubftahces fe retrouvent exactement dans l'île de
Raghery, 8c les enveloppes qui les accompagnent,
prouvent que ce font les mêmes filons qui les accompagnent.
Il me femble qu'on peut conclure-de tous ces
apperçns, que toute la côte d'Antrim a fubi fuc-
ceftivement des changemens très-fenfibles, & que
les promontoires qui maintenant bravent l’impé-
tuofité des vagues, & dont nous donnerons par la
fuite une defcription raifonnée, ont conlèrvé ,
malgré cela, les monumens les plus curieux & les
plus propres à nous attefter l’hiftoire de toutes les
révolutions que cette côte intéreffante a éprouvées.
Nous nous étendrons au reite fur la confti-
tution générale de l ’île de Raghery à fon article ;
c'eft pourquoi nous y renvoyons. L'île de Raghery
eft un de çes monumens qui nous préfentènt un af-
femblage des dépôts de la mer & des produits des
feux fouterrains, lequel s'y trouve confervé dans
un beau rapprochement, au milieu de la deftruc-
tion journalière de l'Océan : c ’eft cette deftru&ion
qui a dégagé ces maffescurieufes des matières fco-
rifiées & cuites qui les recouvroiènt. Nous y remar-
uons enfin des croupes qui offrent les extrémités
es courans de laves & des couronnemens dé prifmes,
dont les formes font plus ou moins décidées.
Je vois ces détails dans les eftampes de madame
Prury* Je n'ai pu les emprunter„des naiuraiijiss anV
gîais, qui ne fe font attachésqu’à décrire les prifmes
de la chauffée des Géans, ôc.leurs articulations lin-
gulières : ils n’ont donné aucune attention aux cir-
conftances qui les environnoient, telles que font
les matières qui leur fervent de bafes, la forme des
montagnes au pied defquelles ces prifmes fe trouvent,
& dont le fommet eft un cône tronqué y la nature des
blocs de laves en défordre qui recouvrent les croupes
& les bords de la plage; enfin, la.diftribution
générale des matières fcorifiées ou non, le long
des côtes de la mer. Ces obfervations rapprochées
pouvoient feules conduire à des réfultats intéref-
fans, & elles n'ont pas été faites : ce n'étoit cependant
que d'après la dilcuflion de tous ces objets
qu'on pouvoit fe flatter de parvenir à connoïtre
la véritable origine de ces maffes curieufes, ainfî
que leur conformité avec celles de prifmes fem-
blables, fi multipliées en Auvergne.
Ce plan de recherches, s’il étoît exécuté, fe-
roit découvrir toute l’étendue qu'occupent les
produits du feu autour de la chauffée des Géans,
ainli que les différentes variétés des prifmes. On
en a déjà obferve plufieurs malfifs en quelques em
droits fitués, foit dans l'intérieur des terres, foit
le long des côtes de la mer : on a trouvé, par
exemple, des prifmes de bafalte à quatorze milles
anglais de la chauffée des Géans & au fud de
Bally-Caftle. Ce font des affemblages de colonnes
polygones, formées par des articulations qui ne
font pas concaves & convexes comme.celles de
la chauffée des Géans, mais qui, femblables à des
tronçons prifmatiques, s’ajoutent les uns fur les
autres dans la longueur des prifmes, & fe joignent
par des fur faces planes ou perpendiculaires, ou
inclinées à leurs axes.
Quant aux maffes prifmatiques qui font diftri-
buees le long des côtes de la mer, on en a remarqué
plufieurs. On en voit,à MagUUgan, dans la
péninfule de Donfevery ,• à Ballingtoy, à Fairhead,
& même jufaue dans la baie de Carrikfargus. Tout
ce trajet prefente une étendue d'environ vingt
lieues marines de côtes, couvertes probablement
de matières fondues, parmi lefquelles fe’trouvent
dés bafaltes prifmatiques. Il y a grande apparence
que le fond de la nier, dans le détroit qui fépare
les côtes de l'Irlande & de l'Ecoffe, en face de la
chauffée des Géans, eft tapiffé par une croûte de
matières fondues; car plusieurs refeifsque la mer
y découvre en baffes eaux, font des affemblages
ds prifmes : on trouvé même fur les côtes d’Ecoflè
oppofées, des falaifes toutes compofées-de rideaux
de prifmes, qui font des produits du feu, corref-
pondans à ceux de l'Irlande, & en dernier lieu
MJ Bancks a obferve que la petite île de Stafa ,
voifirie de l’île de Mula, une des îles de l’Queft.,
fituée à trente lieues au nord de la chauffée des
Géans, n’étoii; qu’un maffif de prifmes qui, dans
certaines parties, avoient des courbures fînguliè-
res. Ainfi ce canton incendié, le plus célèbre par
fes prifmes., fera de même très-reçommandable
par
par fon étendue, &c. (Voye% dans notre Atlas, la
carte que nous avons empruntée du Voyage de
M. Hamilton à la côte du comté d'Antrim, où font
indiqués plufieurs maffifs de bafalte , & les notes
que nous avons jointes à cette carte.)
Notes relatives a la carte des côtes feptentrionales
du comté <£Antrim , par jM. W. Hamilton.
L’échelle de cette carte eft d'un pouce anglais
par mille ; mais l ’auteur ne dit nulle part s’il parle
dé milles 4 'Angleterre, de 691 , ou de ceux d'Irlande,
de 60 au degré, & en général les diftances
qu'il énonce, s'accordent peu avec celles que donnent
les cartes ordinaires.
Les lignes ponctuées, le long des côtes, marquent
la pierre calcaire ( limeftone ) ; une fieche indique
la dire&ion des marées, & les chiffres romains
l’heure de la pleine mer.
De petits cercles (008) défîgnent les prifmes
de bafalte.
Obfervations générales.
Les côtes, prefque partout fort efearpées ou
coupées à p ic , font formées d'un banc de pierre
calcaire, compofé de couches à peu près horizontales,
& furmonté de bafaltes.
Ce banc calcaire règne depuis le golfe de Lame
ÇLougk-Lame) , dans le midi du comté d’Antrim ,
jufqu'à celui de Foyle (Lough-Foyle ) , dans le comté
de Londonderry. M. Hamilton ajoute à ces délimitations
, une étendue de quarante m ille smais
fuivant les cartes, prefque le double en milles
anglais.
Il donne le nom de pierre de craie ('chalky-ftone)
à cette pierre calcaire qui renferme quelques bé-
lemnites & autres corps marins, avec beaucoup
de pierres à fufil, telles qu’on les trouve ordinairement
dans la craie. Il paroît en effet que c’ eft
une craie durcie, à en juger par les échantillons
que j’en ai vus.
La pierre a fufil fe trouve Quelquefois engagée
dans la partie des prifmes de bafalte qui repofent
fui‘ le banc calcaire; elle eft alors opaque & altérée
dans fa couleur, dit M. Hamilton. Je l’ai trouvée
telle, en effet, dans les échantillons que j’ai
eu pareillement occafion de voir : fa couleur étoit
d’un blanc-terne, 8c un morceau creuxrenfermoit
dans fa cavité une poudre blanche, rude au toucher,
happant à la langue, prefque point calcaire,
&: paroiffant de la même nature que la croûte qui
adhère ordinairement à la furface des ftlex.
M. Hamilton obferve que le banc calcaire ne
con.ferve pas partout la même hauteur 5 qu’ il s’ a-
baiffe régulièrement dans le vôifînage des prifmes
de bafalte, & que , fous les prifmes mêmes, il dif-
paroït entièrement : c’eft ce qu’on peut voir dans
fa carte.
D ’autres obfervations plus particulières,, éparfes
Gêograpkie-Phyfique. Tqme IL
dans fon ouvrage, feront rangées ici félon les lieux
dénommés dans cette carte, en fuivant l^côte de
l’eft à l’oueft,
Fair-Head.
C e cap ( le Robogdium promontorium de Ptolé**
mée, félon M. Hamilton) eft à l'extrémité occidentale
d’une longue côte toute calcaire : fa hauteur
eft de plus de quatre cents pieds au deffus de
la mer, qui le bat conftamment avéc furie. C ’eft
une maffe de gros prifmes, dont quelques-uns ont
plus de cinq pieds de diamètre, d’un bafalte greffier,
avec peu d’ articulations : une partie de cette
maffe repofe fur la pierre de fable; elle forme partout
un précipice, dont le fond eft un amas im~,
menfe de débris , & il n'y a prefqu’aucune trace
de végétation.
Collieries.
Mines de charbon, ouvertes fur l’efcarpement
de la c ô te , peu exploitées à caufe de la violence
de la mer ,quoiqued'anciennes galeries annoncent
qu'elles l'ont été en des tems antérieurs aux docu-
mens hiftoriques.
Cette côte orientale de la baie deBally-Cafile eft;
compoféé de fehifte bitumineux, de mines de fer
& de grès. Le charbon fe trouve entre deux couches
de cette dernière pierre : il plonge vers le
fud ; mais du côté du nord , on croit qu’il s’étend
jufqu’à l’île de Raghery.
Raghery.
Cette île eft nommée Rathlin fur les cartes.
M. Hamilton , qui n’en fait pas la remarque ,
trouve une telle reffemblance entre fes côtes tic
celles de la baie de Bally-Caftle, qu’ii regarde comme
inconteftable qu’elle en ait été;détachée. Le
fond de fa baie eft une argile de bonne tenue. La
petite vue gravée fur la carte eft celle du cap de
Doon (Doon-Point) , dans la partie orientale de
l’île. Près de là ; la côte vis-à-vis des mines de
charbon eft d’une pierre calcaire particulière, dure
& bleuâtre, qui, dans l’intérieur du pays, devient
blanche & tendre, & plus loin eft une forte de
grès calcaire : dans ces divers états elle donne une
lumière phofphorique fur les charbons arderis,
fans exhaler cependant aucune odeur.
La partie occidentale de l’île eft plus montueufe
que celle de l’eft , mais il ne paroît pas que l’auteur
l’ait vifitée avec foin, f
Marées.
M. Hamilton remarque furtout l’irrégularité &
la violence des marées dans ces mers : le flux, venant
de l’oueft, amène une maffe d’eau très-con-
* üdérable, que la pointe de l’île partage ei\ deux
R ï i r