
La culture, qui a commencé à -reparoître à !
moitié chemin de la première.polie, a offert quelques
vignes ; mais elles s’augmentent dans la plaine
fluviale, laquelle prêtente des pentes favorables à
l’aétion de la chaleur : les ceps font foutenus fur
des piques ou grands écbalas, rangés à une grande
diftance les uns des autres Ce fyftème de treillage
ne porte point d’ombrage aux grains, qui rem-
p liftent les intervalles. Les châtaigniers reparoif-
fcnt fur les fommités, mais il n’y en a point dans
les plaines. En dcfctndant à Florence, on trouve-
des oliviers. Au refte, dans le retour j’aurai foin
de reproduire des détails qui m’ont échappé dans
Je premier examen. Avant de le prelènter ic i, je
vais parcourir les environs de Florence &: de
Sienne, qui peuvent offrir quelques dépendances
intéreflantes de Y Apennin.
Tous les volcans fitués à quelque diftance des
Apenninst depuis Naples jufqu’à Florence, ont fait
dire à M. delà Condamine (Mémoires de V Académie
des fciences , année 1757 ) , qu’il regardoit YA-
pennin comme une chaîne de volcans, femblable à
celle de la Cordelière du Pérou 8c du Chili. Je ne
crois pas qu’on doive prendre cette affertion à la
lettre , car le centre dé Y Apennin 3 comme nous
l ’avons dit & comme nous le prouverons par la
fuite, eft conftamment calcaire : il n’y a guère de
matières volcaniques que dans les collines détachées
de cette chaîne , & non dans Y Apennin lui-
même.
Les collines calcaires, marneufes & fabloneu-
Fes, qui renferment des coquilles de mer, 8c par
conféquent dépofées par la mer, collines qu’on
voit à Rome & aux environs, n’étant qu’à une
petite diftance, & féparéesfeulement par .un vallon
couvert de cendre volcanique de la chaîne des
Apennins calcaires, il eft permis de croire que les
•montagnes calcaires fe prolongent entre Rome &
T iv o li, fous les produits volcaniques, & quelles
ireparoiffent à Rome.
• Il fuit de cette obfervàtion, que les volcans de
l ’État ecdéfiaftique fe font fait jour à travers les
montagnes calcaires, ou peut-être encore mieux
que ces produits volcaniques anciens ont été recouverts
par les dépôts de l’Océan, qui a enfeveli
les produits du feu fous des dépôts fort épais, tels
qu’ on en^voft à Radicofani.
A l’exception d’un petit nombre de collines
calcaires, les environs de Rome font volcaniques
& couverts de cendres d’un brun-jaunâtre,géné-,
'râlement pulvérulentes & peu liées enfemble.
Le trajet de Rome à Sienne eft intéreffant pour
un natutalifte obfervateur. Les collines volcaniques
reparôiffent après \e Ponte- Molle. Depuis
Viterbe juteu’ à Monte-Fzafcone pépérino alterne
avec les collines de cendres jaunes : de Monte-Fiaf-
çone à Acqua-P endente on trouve de la lave grife,
dure & compacte, avec des grains de fchorl tranf-
-parens, noirs & verts. En fortant d’ AcquarP'endente
pour aller à Radicofani, oa dqfcend une montagne.
compofée de laves , & l’on arrive dans le valloa
de la Paglia, où fe trouvent des collines dépofées
par les eaux, 8c formées de couches de marnes
grifes 8c bleues, & remplies d’une quantité de
Iragmens de pierres à chaux grifes, roulées & non
dépofées par couches.'La haute montagne de Radicofani
a pour bafe un rocher volcanique, environné
de tous côtés de la marne dont on vient de
parler. On peut obferver dans le centre de cette
montagne, non-'feulement des laves fans- figure
déterminée, mais encore des bafaltes prifmatiqu.as
d’une forme afiëz régulière. Plufieurs naturahftes
ont cherché le cratère pu centre d’éruption du feu
qui a fondu toutes ces.matières enfeveii.es fous les
couches de marnes j mais j’ai explique les circonf-
tances qui les ont fait difparoîcre dans le baffin de
la mer, à mefure que l ’Océan couvroit paries dépôts
tous les produits du feu. ( Voye{ É p o q u e s
DES VO L C AN S . )
DepuisAcqua-Pendentejufqu’àSienne,leterraïn
eft formé de collines marneufes qui recouvrent,
du moins près de Radicofani, des matières volcaniques,
fur lefquelles, comme je l’ai déjà die,
cette marne a été dépofée, furtout par la mer,
comme le prouve le grand nombre de coquilles
que ces collines renferment : témoins celles des
environs de San - Quirico :8c de Sienne. Outre
cela, Sienne eft bâtie fur une colline de marne,
qui renferme des morceaux de pierres calcaires
roulés.
Depuis Staggia jufqu’à Poggibonfi 8c Tavernelle>
on voit la pierre calcaire au delîous des colline*
de fable , & au deffus il y a quelquefois du trayer-
tino , que les eaux qui découlent des Apennins par-
defîus ces collines y ont dépolë à des époques allez
reculées. On y trouve aullï des fuites de coliines
marneufes-entièrement découvertes, formées de
marne molle ou endurcie, d’un grand nombre de
pierres calcaires roulées, grifes ou jaunâtres j enfin,
de plufieurs efpèces de coquilles marines.
Quelques-uns de ces morceaux font percés par les
pholades, d’autres enfin traverfés par des veines
de pierres à fufil. Tous ces phénomènes m’ont
toujours paru annoncer dans, cette contrée les
bords de la mer, .qui venoit y former des dépôts
confidérables le long de la chaîne de YApennin ,
fort peu éloignée, 8c dont les flots ont arrondi &
roulé beaucoup de ces fragmens calcaires que les
eaux courantes des rivières différentes en déta-
.choient.
Derrière le Tavcrnellc jufqu’à quelques milles
de Florence, le terrain continue à offrir des collines
de fable & de marne, qui renferment conftamment
des coquilles 8c des pierres calcaires roulées,
& en quelques endroits des montagnes peu élevées
de pierres calcaires à grain fin.
A quelques milles de Florence on découvre tout
à coup, des.deux côtés de la rivière de Grève, du
fehifte argileux qui sfenfonce du côté de Florence,
paffe fous le fond de la Vallée de l’Arno, & de jà
s’étend fans doute fous les Apennins. Ce fehiftè j
argileux eft entièrement pur dans la plus grande
profondeur où l’on peut le reconnoître ; mats plus
il eft rapproché de la fuperficie du terrain , plus il
eft mêlé de mica ; de-forte que les couches fupé-
rieures ne font plus du fehifte, mais du macigno j
ou une pierre micacée compacte, dont il fe trouve
une carrière à Mortte-Buoni, fur le grand chemin. |
Pjus près de Florence, par conféquent au def- {
fus du fehifte argileux qui s’eft jeté dans La profon- j
deur, on trouve, jufqu a cètte ville, des montagnes
calcaires grifes.
Pour continuer, à fuivre les montagnes & le fol
des environs de Florence, je me fuis attaché aux
diverfes natures de pierres qu’on emploie dans
cette grande ville , foie pour la c.onftruction, foît
pour le.pavé & les ornemens de l’intérieur des
maifons, & j’ en ai vifité les carrières.
La première donne la pierre de macigno, qui eft
une efpèce de fehifte à bafe argiieufe \ & mêlé de
beaucoup de mica 8c d’un peu de fubftance calcaire.
Il y a du macigno de deux Couleurs : l ’ùn 3
nommé pietra bigla, eft d’un jaune-grifâtre; l’autre,
pietra ferena. On emploie la pietra bigia pour
l’extérieur des maifons, & la pietra ferena dans
l’intérieur.
La fécondé forte de pierre eft la pietra forte ,
pi:rre calcaire marneufe, bleuâtre ou d’un gris-
jaunâtre, à grain fin & ferré, & qui fert de pavé j
eile eft communément difpofée par couches horizontales
, fituées les unes fur les autres. Ces couches
font féparées par des lits d’argile durcie,
qu’on nomme bardtlloni : il y a encore entre ces
couches de petites veines de fpath calcaire, dont
l i pietra forte m’a paru pénétrée ou infiltrée j ce
qui contribue à fa dureté. Quelques morceaux de
pietra forte font remplis de mica fin ; ce qui prouve
le rapport de ces pierres avec le macigno,
Toutes les montagnes voifîries de Florence font
argileufes immédiatement au delîous de la terre
végétale, & dans une plus grande profondeur il y
a du fehifte argileux pur, qui s’enfonce fous les
montagnes calcaires, lefquelles appartiennent à la
chaîne intérieure de Y Apennin.
La troifième forte de pierre eft la pietra arena-
ria3 qu’ on tire de Boboli i il y a de la pietra forte
au deffus 8c au deffous de cette pierre de fable ;
ds manière que cette colline ne diffère des col-’
lines voifines de Florence, que par cette couche
de fable.
La quatrième forte de pierre, dont la carrière
fe trouve à une certaine diftance'de Florence, eft ?
le gabbro ou la ferpentine. Il eft vrai femblable que j
cegabbro d'Impruneta eft pofé fur une bafecâlcaire.
On olyferve dans les fentes perpendiculaires 8c in-
c)Mi/es du gabbro dlhnpruneta :
1 °* De la terre ollaire blanche ;
2o> La même terre de couleur vertes
3 1 De la pierre ollaire ©uferpentine compàéte-
blanche j, ' ;
40. De la pierre ollaire verte & blanche ;
50. De la pierre ollaire filamenteufe, à grofTls
■ ftries.
On trouve aufti dans les montagnes de gabbro
d’Impruneta des couches horizontales degranitone,
compcfé de fpath dur blanc,.de mica cubique verdâtre,
argenté, & d è terre de ferpentine verte.
D’après tous ces détails, on peut être en état
de comprendre ladefcription qu’on trouve ici de
Y Apennin dans les deux traversées que j’ai fui vies-
fucceffivement de cette chaîne, foit de Boulogne
à Florence, foit de Florence à Boulogne. Je pour-
rois encore y joindre une pareille delcription de
. la même chaîne de Rome à Ancône, 8c qu’on peut
1 çonfulter à l’article A ncône.
Quatrième trader fée de l'Apennin. Retour de Florence
a Boulogne.
De Florence à Boulogne on monte jufqu’ à
Monte- Trdverfo 8c Pietra-Mala, qui font à peu près^
à moitié chemin : de là on fuit une certaine étendue
en plate-forme, 8c puis on defeend jufqu'à
Boulogne.
11 y a près de Florence, conime nous l'avons vu 3
des collines, & enfuite des montagnes de fehifte
argileux mi%acé, airefi que de macigno , mêlé de
marnes 5 mais à une plus grande élévation , la
pierre calcaire grife des Apennins eft placée au
deffus par couches confidérables, & de tems err
teins féparée par de petites couches de marnes argileufes.
Toutes ces couches argileufes, micacées
& marneufes, qui font au pied des Apennins du
côté de Florence , ainfi que les couches calcaires
qui forment la nulle principale de cette chaîne,
font inclinées du fud-eft au nord-oueft , c’eft-à-
dire qu’elles font élevées du côté de Florence ,
8c qu’elles s’enfoncent vers Boulogne.
On nê peut pas douter que, dans les premiers
tems, elles n’ nient été horizontales, 8c que quel-1
qu’accident n’ ait contribué à leur déplacement j-
mais je ne puis croire qu’ un effet aufti étendu feir
dû aux éruptions du Monte-Trcverfo qui fe trouve
dans ces contrées , & qiii les amoit élevées vers
: le midi en les laiffant affaiffer du côté du nord ,
après que les matières inflammables, fur lefquelles'
ces couches éfoient poféès, eurent été confirmées
; par le feu, 8c qu’elles aient alimenté les feux de cè;
Volcan : j’ai même beaucoup de doute fur foh ëxif-
f tence, & encore plus fur les effets qu’ en lui attri-'
j bue dans cette partie de Y Apennin,
J’ai toujours trouvé dans la pierre calcaire corn-1
paéï© grife de Y Apennin & des Alpes de différentes'
contrées, des pétrifications dont je regrette de-
n’avoir pas déterminé les familles : il'eft y rai que-
ces débris des corps marins n’y/ont pas en grande1
abondance , & que fouvent il faut les chercher ’
a'vee foin pour en faire la découverte. J‘ajoüt*e
i même que plufieurs couches calcaires dés Alpes
F font entiérêment dépourvues de.pétrifications .,:-