
■ Secondes considérations fur le fol de VAngoumois.
En fartant de Poitiers & aux environs dé Vi-
vonne, là pierre eft d’ uri grain affez Ferré, en
Conféquence les réparations des'couches font très-'
nettês & très-rmiltjpliées.!
A mefure qu’ôn avance vers le midi St qu’on
monte , on trouve que la partie élevée de Y Angoumois
a l’air' d’ offrir d’anciens dépôts. C ’eft le
même fyftème jufqit’à Couhé & au-delà. Avant
d’arriver à Ruffec,' o'n-rencontre une bande de
terrain qui femble dominer au deffus du fol ordinaire,
compofé de couches calcaires. G ’eft un fable
fouge, qui renférme dé la miné de fe r , & qui
recouvre les bancs calcàfrés du fol primitif. On
retrouve une fembîable bande fuperncièllê à une
certaine dittance de Ruffec au midi St avant la
Trëmblaye, & il y a parmi lès fables une grande
quantité de quartz roulés.
Entonnoirs fort nombreux ô* abforxbant les eaux
, pluviales.
Dans les environs* de Ruffec St de Verteuil on
trouve beaucoup d’entonnoirs ou. les eaux pluviales
fe perdent : il y en a furtout un grand nombre
entre la forge de Ruffec & Ruffec, & fur ie
chemin de Verteuil à Champagne-Mouton. QU en
rencontre dé longs & d’arrondis. Leur formation
paroît être la fuite d’un affaiffèment apparent , en
çonféquence de l’enlèvement intérieur des premières
couches des marnes & des argiles qui fau-
t;enoient les bancs de pierres fuperficiels. Les eaux
pluviales ont arrondi ou alo.ngé les croupes en fe
rendant au centra des entonnoirs, vers lequel les
pentes en déterminent la marche.. Ges entonnoirs
ne font jamais remplis d’eau; j cependant ils font
cultivés jufqu’au fond.
Des vallons fecs & de leurs croupes.
Il y a beaucoup de vallons fecs dans ces cantons.
L’on y obferve leurs premières ébauches, à
l’origine des vallées approfondies * avec les finuo-
fités de leurs croupes, & dés pèntes variées &
graduées en différens fens._
Les vallons fecs font mbftis créufés que les vallons
auxquels ils aboutiffenty St qui, là plupart du
tems, font abreuvés. Cès vallons fecs offrent des
amas de terres & dé petites pierres à leur confluence
avec les vallons abreuvés. Il eft vifiblequé
les eaux pluviales, qui n’y coulent que par accès,
Ont dépoté ces matériaux, fur là fi h de. chaque
accès , à mefure qu’ elles diminuoient de force &
de volume. J <-
Qüancf ces vallons font parvérfus, à la fuite de
l’approfondiffement, au deffous du niveau dé la
couche qui tient'l’ eau, on !ÿ voit. 'des fources.
D ’Ezecque à Verteuil on obferve dés excavations
qui font au deffous du niveau d’eaii d’un vallon : elles
ont toujours de l’eau j mais d’autres vallons voi-
fxhs ne laiffent épancher abondamment ces eaux,
ainfi qu'un puits oui eft au fond d'un vallon, qu’au-’
tant qu'elles s’élèvent à une certaine hauteur.
Après les pluies d’ora'ge, ou dans le milieu de
l’hiver, l'eau abondante fait déborder ces réfer-
voirs, & former un ruiffeau qui eft à fec l’ é té ,
parce que te fond fur lequel il coule, eft très-peu
approfondi. Il eft yifiblé que, fi ce vallon eût été
plus approfondi, il auroit reçu une eau courante
continuelle. Voilà une théorie bien fimple fur les
écoulemens des fources dans la nouvelle terre de,
Y Angoumois , St dans celles du département de
l’Aiîbêy fürtout aux environs deBar-fur-Aube.
Ges vallons fecs ont des formes qui varient fui-
vant la difpofition du terrain au milieu duquel ils
ont été créufés-.
Si Ce font des vallons de croupes, ils ont le plus
fouvent la forme d’une portion de cône rehverfé
St coupé par un plan qui paffe par l’axe. Quelquefois
le cône évidé s’alonge jùfqu’à la plaine, Couvent
il refte tronqué 5 & dans .ces deux cas; ces
vallons different, quant à leur forme, des vallons
ordinaires, car la partie approfondie, au lieu d’aller
en s’évafant, va en fe retréciffant. L ’origine du
vallon eft le bord d’ un entonnoir, qui préfente unè
portion quelconque de la circonférence de la bafe
du cpne. Je puis citer lès vallons de croupes de la
Kbche-Gûyon en Normandie, & de femblables
vallons dans le voifinage de Sens i au milieu de
la craie. . " .
Dans l ’ancienne terre, les vallons de croupes,
quoique très-élevés, font évafés de même, à leur
partie fupérieiire, comme à la Roche-Guyon : en
cela l’eau agit fur les granits comme fur la craie.
Il paroît que ces formes, font générales lorfque la
pente des croupes eft de quarante-cinq degrés St
plus, car alors l’eau circulé lèhtemènt St par un
mouvement ralenti.
Les couches calcaires font fort nettes St bien
fiiivies depuis la Tremblaye jufqu’à Manfley parce
que le grain eft fin, & que le principe terreux eft
diftribué très-réguliërëment entre les lits. Les fen-.
tes verticales ont auffi des faces très-unies, fuivant
la'fineffe du grain. Il y a'quelques fentes dànsTé-
paîffeur des couches, mais ces fentes font moins
nettes & moins ouvertes que l^s verticales, &
paroiffent d’une autre époque fi elles Ébnr dues
entièrement à l’effet de la defficcation ; çe qui n’èft
pâ$ kifé à déterminer.
Depuis Manfle jufqu’au plateau d’Angoulême,
le principe terreux qui fert à la fépar^tion des
couches paroît bien à découvert, St présente des
couches bien diftinétes, furtout dans les parties
où il eft le plus abondant.. -
D’ailleurs, les’terres végétales ont une épaiffeur
qui eft en rai fon de cette diftinétion des couches,
St paroiffent en grande partie avoir été fournies
plutôt par les intervalles terreux St voifins de \x
furface de la terre &• mis à découvert, que par la |j
décompofition.des pierres, quoiqu’elle y ait contribué
d’une manière fort fenfible ; car dans ce
cas les terres végétales annoncent tous ces mélanges.
J’ai revu les caps terreftres d’Angouleme,
d’Anguienne, des Eaux-Çlaires , de la Charrau,
.de la Bohême, enfin du Rouler St de tout ce qui
prouve les limites de l’ ofcillation de la Charente,
& fon détour en fens contraire.
Les mafftfs de ces caps offrent des couches fort
épaiffes, qui font quelquefois diftin&es , d’une
manière fort apparente , par l’interpofition des
intervalles terreux j elles ceffent de l’être enfuite;
par leur difparition , mais les carriers favent, par
expérience, que les bancs fe féparent aux moindres
efforts, St font fuivis dans la dire&ion des
premières lignes. C ’eft d’après ce fyftème qu’ ils
lèvent les blocs, St qu’ ils les-détachent des maffes:
inférieures. Lorfque les pierres font dures 8t infiltrées,
elles ne fe prêtent pas facilement à ce;
délitage, & les blocs détachés fur la bordure ,
fupérieure des cfoupes paroiffent former égale- i
ment.un féul toutcdans la maffe, qui-peut bien avoir :
dix à douze pieds d’épaiffeur. Il eft vrai qu’ il-
s’opère fouvent de ces feparations.au moyen dès
intervalles terreux qui reparoiffent pour lors.
On trouve des fentes verticales plus fréquentes
& plus nettes dans-les couches de pierres dures
& infiltrées, que dans les tendres qu’on taille par
-le moyen delà fcie.
Toutes ces couches, tous ces bancs'de'pierres
tendres, font vifiblement formés par les débris de
coquilles de l’amas particulier à Y Angoumois. Il y
■ a des parties où ces coquilles font confervées au
tiers de la maffe -totale des caps dont l’examen
nous occupe maintenant.
Je le répète : la terre végétale de cette contrée
paroît dépendre beaucoup, quant à fa nature & à
fon abondance , de la quantité que peuvent en'
fournir les intervalles terreux.
Pour .peu que la fubftance terreufe fe trouve,
en -certaine proportion, avec lès débris des coquilles
propres à l ’Angoumôis, alors les pierres, de
taille font fi gélices ou fi tendres, qu’on eft obligé
d’en abattre une partie en les taillant.
Dans les cos ou pierres à grain fin, il n’v a pas
de" ces mélanges terreux fur les deux faces des lits,
qui pour lors font très-nettes & très-unies. ^
Iles ierrejlres.i '
Je n’ai guère vu de ces îles en Angoumois, quoi- •
que les fommets des collines m’aient offert beau-1
coup d’ arêtes alongées. Les îles terreftres dépendent
de l’état des couches horizontales fuper-
ficielles, fufceptibles, ainfi que leurs bafes, d’ê t r e ,
détruites parles eaux courantes qui les envelop1-
pent. Je crois devoir- citer comme telle la bute de
Chaffeneuil, environnée par une partie de îa ri -
vi.èré de .Ç biffe ne uil à l’eft .&i an midi, & au nord
& à l’oueft par l’affluente dé Mary. i
J’ai vifité le plateau qui domine le çap voifin
du village de chez GàHand, dans un endroit où fe
faifojt la fouille d’une carrière de .pierres de taille.
J’y obfervai des rognons de pierres tiès-fuiyis,
dont les limites étoient arrondies, & renfermoient
des maffes primitivement carrées- J’y vis des faces
inclinées, qui paroiffoient recouvertes :par des intervalles
terreux, conime tous les contours infiniment
variés des rognons pierreux. Deffus
deffous ces bancs organifés ainfi il y a deux couches
feuiUetéesj outre cela op diftingue aifément,
dans les rognons , l,es.débris des coquillages orto-
cérati.tes, dont quelqpes-uns/même font cpnfervés
prefq.ue dans leur entier,. . , ■ V
La carrière ,de-l’ile eft ftir la partie éleyée de la
face.d’une ,coîtine, dont le fommet eft; a.u niveau
du plateau d’Arigoulême. On trouve à la furface
du fol quelques couches diftin.guées par des inte.r-
yaljes terreux , dont une partie fe,débite en moë-
lon. Les autres, qui fuivent jufqu’à une profondeur
de quinze à vingt pieds, font d’une pierre
fort faine & tendre;, qui fè -lève pat bancs peu
diftinébs, mais qui fe iepare .au moindre eiforr.
Outre çelg, ces bancs font interrompus, fur leur
longueur & leur largeur, par des fentes verticales
plus ou moins fuivies & plus ou moins nettes. Les
interyallesterreux qui féparent les-bancs, font pe,u
fenftbies au milieu de la carrière^
Collines xde i Angoumois.
Les collines de Y,Angoumois ont prefque toutes
la même hauteur, parce que les vallées qui. les on t
détachées du f o l , ont à peu près la même profondeur,
furtout le long ;de La Charente, de la
Drone, de la Tou.vrp, de la Tardouère, du Ban-
diat, de la Bonnieure, à quoi je crois qu’on peut
ajouter l’Anguienne, les Eaux-Claires, la Char-
rau , Ja Nouère &>la Bohême. Ges collines font
compofées de, couches horizontales affez épaiffes,
ôr diftioguéès .les.unes des autres ,fo i t par la variété
des matières qui les forment , foie par un
•petit intervalle .terreux qui les fépare lorfque les
fubftances qui les compofent, font de même, nature.
Qùelquesruns desfcantons de cette province offrent
:des couches de pierres d ’un grain fin & ferré , où
-l’on ;ne rencontre que par hafard d.es débris de
coquiftes-nurines. D’autres, au contraire, n’of-
; frent que, des débris de coquillages plus ou moins
comminués,, St d’ünefarnille d é c o quilles par:ti-
culièrés s Y Angoumois St au Périgord.
Comme.dans les uns St [es autres cantons.les
fubftances pierreufes dominent à la furface du fp l,
il eft généralement fec St brûlant. On y trouve
prefque partout des couches de moelons & des
^maffes. inifeenfes de pierres .de taille propres à
toutes fortes de conftmêlions, Cette diftribution
edes pierres par lits fuiv is .& horizontaux n’eft pas