
l’Etna, au moins des maffes de montagnes énormes
ui font dans lés environs de Syracufe. Du tems
es Romains ces eaux étoient bonnes à boire, &
cette fontaine étoit poiffonneufe.
ARETHUS A l a c u s . Ce lac mérite d’être noté,
parce qu’ il fe trouve fur un des embranchemens
des fources du T ig re , immédiatement au deffus de
l’ouverture fouterraine par laquelle ce fleuve s eft
fait jour à travers le mont Taurus, qui forme une
enceinte remarquable dans cette contrée. ( Voye£
la carte du cours de l'Euphrate & du Tigre, par Dan-
ville y 1779.)
AREZZO eft une ville de huit mille âmes,
fituée à dix-huit lieues fud-eft de Florence, dans
une belle plaine & fur-une petite éminence, qui
en rend la vue fort agréable. Des campagnes fertiles
en productions diverfes étalent de toutes
parts leurs richeffes bienfaifantes, & la proximité
de trois fleuves , la Chiana , I'Arno & le Cerfone*
ajoute aux avantages de fa fituation naturelle.
Les environs d'Are^o préfentent des objets dignes
de la curioftté du voyageur qui les parcourt.
- On remarque entr’autres les moffètes de Laterina,
qui fe trouvent à trois lieues de cette v ille, vers
l’occident, ou du côté de Florence-, elles font
dans un endroit appelé Bagnaccio. Vis-à-vis de
Laterina , de l’autre côté de Y Arno, on refpire des
vapeurs fu'fureufes fi pénétrantes, que les animaux
y font fouvent fuffoqués en paffant près de
là : c’en au point que les payfans s’ en fervent pour
faire la chaffe, en forçant les bêtes fauves à s’y
-rendre. Il s’y trouve aufli des eaux minérales trës-
limpides, mais qui ont un petit goût d’ acidité,
& qui dépofent fur les pierres une teinte ferru-
gineufe.
A huit lieues au nord d’Are^o, & à quinze à
Torient de Florence, on trouve le fameux hermitage
de Camaldoli, & près de là des .montagnes
de douze à treize cents toifes, d’où l’on a la vue
des deux mers.
M. de la Condamine a entendu en effet des per-
fonfies du côté de Lorette , qui lui ont affuré ,
comme témoins oculaires, qu’ il y a pîufieurs
pointes de l’ Apennin, fur la frontière de l’Etat
eccléfiafticme, de la Tofcane & du duché de Mq-
dène, d’où l’on apperçoit les deux mers qui bornent
l’Italie au levant & au couchant ; entr’autres',
d it-il, d'un fommet voifin de Borgo-San-Sepolcro ;
du couvent des Camaldules, entre Vallombrofo &
Bagno, fur la frontière de l’Etat eccléfiaftique &
Ae la Tofcane 5 enfin, du mont Cimone y près de
Seftola. M. de la Condamine obférve-qu’en plaçant
fur l’un de ces fommets un fîgnal qui fe 'verrok
tout à la fois des montagnes de Gênes & de
celles de l’ Iftrie, on pourroit mefurer un arc de la
terre de cinq degrés en longitude ? ceiqui feroit
une.chofe très-inté reliante pour mieux connaître
fa figure*...
ARGA , rivière d’Èfpagne, qui paffe à Pampe-
• lune , & fe jette dans l’Ebre. Il me paroît intéref-
fant, à l’occafion de cette petite rivière, de faire
connoître les différentes particularités du grand
baflin dont elle fait partie, & furcout les environs
de Pampelune.
Cette v ille, vue du côté de la rivière, paroît
fituée fur une petite éminence , au milieu d’une
plaine bordée de montagnes qui tiennent aux Pyrénées.
Tout près de la v ille, du côté du nord,
on ne trouve plus de pierres arrondies & roulées;
mais en s’éloignant à une certaine diftance^ on
rencontre des grès arrondis ; ils font dans un vallon
formé avec le tems par un petit ruiffeau.
Gn voit diftin&ement, fuivant M. Bowles, dans
la plaine au nord de Pampelune, les effets de la
décompofition fucceflîve de la pierre calcaire ; car
dans une ouverture prefque verticale, & de plus
de cent pieds de hauteur, formée par la petite
rivière qui en débouche, on apperçoit une terre
que l’on prendroit au premier coup d’oe il, & fur-
tout au xaél, pour de l’argile, & qui in’en eft cependant
p a s c ’eft plutôt une terre calcaire, mêlée
d’une très-petite quantité d’argile. Cette terre
bleuâtre fe trouve aufli près de Pampelune, mais
elle, y eft plus dure : il y a même un coteau où elle
l ’eft au point, qu’on peut la confidérer comme
étant dans l’état pierreux. , '
En s’approchant de l’Ebre, on trouve fuccefli-
vement des pierres roulées dans une belle plaine
de deux lieues & demie d’étendue , des terres
cultivées, des montagnes de rochers calcaires pelés
; enfuite une belle plaine de cinq lieues , ou
font, i° . des oliviers, 2°. des vignes, $°. des
champs remplis de blé & d’orge, 40. •& même des
terres prefqu’ incultes.
Sur le hau t d ’ une ch a în e d e m o n ta gn e s q u i court
d e l ’ o u e ft à l ’e ft e n v iro n d eu x l ie u e s , e ft un petit
v illa g e a p p e lé Valtieray & fu r la c ô t e o ù eft fitué
c e v i l l a g e , il fe t r o u v e u n e min e d e fe t g em m e ,
q u i fe m o n tr e même h o r s d e te r r e . ( Voye^ l'article
V a l t i e r a , o ù j ’ eJcpofe to u t c e q u i peut
c o n c e rn e r c e t t e mine c u r ie u fe .) -
APvGELÈS, ville du département des Hautes-
Pyrenées. Il y.a pies d'Argeles des couches d’ar-
doife grife, argileufe , & au fud des couches verticales
de pierres calcaires.
ARGELOUSE, village du département des
Landes. 11 y a dans cette commune une fabrique
de poterie & de vaiffelle de terre; ce qui annonce
dans le voifinage un amas de terre argileufe.
ARG EN C E ,. bourg du département du Calvados
, fur la Muancé Les habitans cultivent un
vignoble affez confidérable, qui produir du vin
blanc, dont le prix eft ordinairement le même
que celui du cidre. Nous faifons ici mention de
cett-e culture, parce que ce .territoire èft fort
éloigné
éloigné de la limite ordinaire & générale des
vignes.
AR G EN T AN , ville du département de l’Orne,
qui m’a paru être le centre d’une ancienne contrée
de la Normandie, où fe trouvent difperfés les
maflîfs de l’ancienne terre graniteufe, peu apparente
, & recouverte par des dépôts propres à la
nouvelle terre, outre cela offrant des maflîfs de
grès ou rocs v ifs , qui ont pris prefque partout la
forme rhomboïdale, & furtout à la Brêche-au-Dia-
ble, qui fe trouve dans le voifinage de Falaife. Je
puis ajouter le beau rocher compofé d’une fem-
blable matière, & qui préfente les mêmes formes
au milieu de la place publique de cette ville.
En décrivant tous ces objets comme je les ai
obfervés, je me fuis furtout propofé de faire
connoître la conftitution pbyfique du département
de l’Orne, dans la vue d’oppofer un travail rédigé
fur les principes de la Géographie-Phyfique , aux
Mémoires qu’on multiplie chaque jour fous le
nom de Statijlique , qui jufqu a préfent ne me
paroît avoir aucun principe folide & raifonné.
Je pourrais commencer par ce qui concerne
les environs de Laigle, la defcription des différentes
contrées qui doivent accompagner celle
d'Argentan , laquelle occupe à peu près le centre
du département de l’Orne ; mais comme j’en ai
fait un article particulier, j’ y renvoie parce qu’il
remplit entièrement mes vues. Je continuerai donc
à faire connoître ce que m’a préfenté la route de
Laigle au Meferaut. On y trouve de nombreux
filex, du fable ferrugineux , & des débris de filex
mêlés à une terre limoneufe fort abondante. A
une certaine profondeur réfide le filex au,milieu
d’un fable argileux, rougeâtre, & plus bas encore
eft un lit de marne farci de peignes & d’autres
corps marins un peu filifiés & enveloppés
d’ une croûte marneùfe : on y trouve aufli des huîtres
aplaties par la bafe, & des madrépores bran-
chus .& à réfeaux. Nous avons pu faire l’examen
de ce s couches & de ces fofliles avant de def-
cendre au Melleraut. On fait ufage de la marne
dans toutes les cultures de ce trajet : j’ai remarqué
d’ailleurs qu’on laboure en petits filions élevés
fur i'ados. Les champs font fort peuplés de pommiers
à cidre, furtout aux environs des habitations.
A Melleraut, nous avons obfervé des couches
allez épaiffes d’ammites, qui régnent à la furface de
la terre ; elles ont environ quinze pieds d’épaiffeuf.
Nous avons remarqué parmi ces couches, des lits
de pierres lamelleufes , qui ne renferment aucun
veftige d’ammites ; ce qui prouve que ce n’eft pas
la feule infiltration de l’eau pluviale qui organife
les ammites ; car on v o it , dans ces couches , des
débris de viffes, de madrépores branchus & à réfeaux
étoilés, des débris d’étoiles de tçutes formes,
de. toutes groffeurs; enfin des entroques. On dif-
tingue, dans les débris d’étoiles , les apophyfes
Géographie-Thymique. Tome II,
des attaches Se les formes des offeîets, qui font
très-reconnoiffables ; quelques-uns offrent même ,
dans leurs caffures, des lames fpathiques brillantes :
c ’eft le caractère des étoiles marines. Dans d’autres,
l’infiltration a tout détruit, & l’on n’y voit qu’une
criftallifation mate; quelques-uns font recouverts
d’une certaine croûte pierreufe. Des maffes de
madrépores étoilés font aufli recouvertes de James
femblables à celles des ftalaétires, mais les offeîets
d’étoiles font fi bien confervés, fi reconnoiffables,
qu’il n’y a pas moyen de s’y méprendre. Tous ces
rofliles font liés par une criftallifation qui eft détruite
ou déformée dans les premières couches,
& qui fubfifte encore dans les couches plus profondes.
L’exiftence de cet amas de fofliles par familles
d’étoiles & de madrépores confirme ma
théorie fur les amas dont j’ai vu les correfpondans
dans ceux du Havre & des environs de Caen.
Je diftingue ces ammites , ces pifolythes , des
pierres à couches concentriques formées dans les
eaux chaudes.
Le chemin de Laigle au Melleraut m’ a paru
mal pris. Il eft tracé à cheval fur les croupes des
vallons ; il auroit fallu le diriger fur le bas des
croupes où fe trouvent des matériaux aufli abon-
dans que dans le milieu des vallons , & où le terrain
offre moins d’inégalités ; l’ on auroit pour
lors arrondi les alignemens le long des croupes.
A une certaine profondeur au deffous des lits
d’ammites dont nous avons préfenté les détails,
on trouve des couches bien diftinétes des pierres
à grain fin. La feptième'Sc huitième couche eft
perfeméê de filex bizarres,. où les madrépores à
tuyaux fontdeflînés par des filifications bien nettes
& bien précifes. La furface du terrain eft com-
pofée de pierres délitées, à fix, huit ou neuf pieds,
pendant que celle des bancs où fe trouvent les
filex, eft franche & d’un grain bien fondu. Vers
le Melleraut on trouve, des herbages & beaucoup
de boeufs à l ’engrais, & des fources fréquentes le
long des croupes du vallon au milieu duquel eft
fitué jle Melleraut. G’eft dans cette contrée que
font diftribuées les diverfes vallées qui donnent
naiffance à la rivière de Don.
De Melleraut à Séez on trouve des terres ar-
gilo-calcaires très-profondes, & des bancs de
pierres calcaires qui leur fervent de bafes affez
folides , & qui fe montrent fur les croupes des
vallées. Vers Montrond on découvre des maffes &
buttes de grès ou rocs vifs qui s’annoncent fous des
formes trapézoïdales fort remarquables, & avec
des faces fort unies. 11 paroît que ces maffes font
infiltrées. C ’ eft là que les herbages continuent,
ainfi que les petits filions élevés fur l ’ados ,
que l’on Commencé à cultiver avec les boeufs.
De Montrond à Séez on trouve une large plaine,
à l’eft de laquelle règne une rangée de collines où
l’Orne a fa fource. Il y a aufli, au nord, pîufieurs
buttes arrondies, dont le fond eft de rocher ou de
roc v if: leur arrondiffement pareît tenir au point
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