
£né. Ce font les bords des fentes qui divifent les
•rognons contigus, & fur les coupures verticales
des lits on diftingue encore plus nettement les
compartimens produits par les lignes d’attouche-i
ment des rognons les uns contre les autres., pré-
eifément comme nous l'avons dit à l'égard des
rognons de tufo. ( Voye^ T u f o . ) Dans les fentes
fort étroites & ferrées qui divifent les rognons
<Y.argile, on trouve très-fouvent des lames de
gypfè, de pierre fpéculaire & de félénite. Dans le
voifînage de Monte-Eofcoli » on en voit des lames
fort minces, compofées elles-mêmes de criftaux
fous forme lenticulaire , qui fe réduifent en pouf-
itère blanche comme celles des marbres blancs
broyés.
Il paroît clairement que les couches d * argile
doivent leur ftru&ure & leur formation aux mêmes
caufes qui ont concouru à celles des couches de
tufo. Au r'tfte, il eft vraifemblable que Y argile,
dans ces différens états,a reçu un certain degré
de pétrification, cependant un peu plus foible que
celui qui a infiltré les couches de tufo. La croûte
de teinte jaunâtre a été dépofée, par quelque principe
ferrugineux, poftérieurement à la formation
des rognons, ; elle n'a été appliquée fur les faces
de ces rognons que lorfqu ils ont eu pris leurs
dimenfions > car. cette couleur eft beaucoup plus -■
chargée vers les bords des faces, & elle s’éclaircit
à mefure qu'elle s’étend vers le centre. Ceci-eft
très-remarquable, furtout dans les couches qu'on
peut obferver fur les croupes des vallées qui avoî-
iinent le moulin de Piccïoli. Au refte, les couches
d'argile préfentent partout les mêmes cara&ëres.,
2 Toiano , a Morrona , a Laiaczco, a Spedaletto , a
Moie, à Ifal-d’Efa, à Cerialdà, à CaftelFiorentina.
Du point de vue:de Toiano , Targioni a fait une
obfervation intéreffance ; c'eft qu'en tirant une
ligne par le méridien de cet endroit, elle coupe
les collines du Fal-d‘Efa & du Val-fEra en deux
parties, de manière que la portion qui eft à l'oueft,
eft ptefque toute entière formée de tufo ; auffi
cette contrée eft-elle** très-fertile en grains & en
fruits-, au lieu que la partie qui eft à l’orient de la
même ligne, eft toute compofée & argile, & préfente
l’afpeâ d’une grande plaine de cendres pref-
qu’entiérement dénuee d habitations & de cultures.
fa conflitution de l argile, en tant-quelle contribue a
la fertilité.
Vargile eft une terre commune & univerfelle-
ment répandue fur le Globe , tant à fa fuperficie
par mafles irrégulières , que dans l'intérieur en
couches fuivies. On peut conclure fon utilité de
fon univerfalité. Ses avantages font de procurer
la circulation des eaux fur le Globe terreftre , &
de nourrir par-là <tout le genre végétal. Ses .ufages
particuliers font de fervir aux befoins domeftiques
des ménages.-
On croit que le mot argile vient d’ cfyyaV, blanc;
mais on n’eft pas également d’accord îur l’origine
de cette terre. Quelques-uns penfent qu’elle eft
faélice, & qu’elle tire fon origine de l'humus, qui
eft le débris des végétaux. Cependant Y argile ne
renferme aucun principe qui puifte être rapporté
aux végétaux où aux animaux 5 .& d’ailleurs, il y
a une grande différence entre l'humus & Y argile.
Enfin, lorfqu’on confidère la quantité qu’on en
trouve, & même à des profondeurs confidérables,
on ne peut guère foutenir cette hypothèfe.
Ludwig prétend que Yargile eft le réfultat des
lubftances calcaires réduites en poulïière par ie
mouvement des eaux falées, & qui ont été unies
par l'intermède d'une fubftance. glutineufe. Cependant
il n’a point vu que les argiles fe formaient
de nouveau fur lés bords de la mer , ni qu’elles
contînffent des principes calcaires.
M. de Buffon tire l’origine de Yargile du fable ,
& Boyle avoit eu cette idée avant lui. Ils penfent
l’un & l’autre que le fable fe décompofe par l’action
de l’air, & que de là fe forme Yargile. Mais
on demanderoit pourquoi les déferts d'Afrique y
; couverts de fables, ne nous offrent pas les réful-
tats de ce changement? Les couches alternatives
ne peuvent s’expliquer dans cette hypothèfe.
[ Enfin, quelques-uns penfent que Vargile eft un
• fédiment marin. Pour nous, nous ferions portés à
croireque Yargile eft. une terre primitive, & qu’elle
n’eft pas l’effet d’un travail particulier , i°. parce
qu’elle eft abondante ; 20. parce qu’elle a des propriétés
particulières ; 3’ . par fes ufages, qui font
tels que le Globe ne pourroit fubfifter comme il
eft fans fon influence générale.
Vargile eft une terre graffe au toucher, douce,
épaiffe, du&ile> prenant l’eau. La principale propriété
qui la fait contribuer à la fertilité, eft de
contenir l’eau & de fe réduire en une pâte ductile,
qui obéit à la: main. L’eau ne la quitte que
par l'évaporation ; elle ne la traverfe pas ; auffi
■ conferve-t-elle l’eau dans les couches profondès,
& il n’y a de fources que là où fe trouve Yargile.
De là on conclud que les végétaux qui vivent
de l’air & de l’eau, tirent leur principal aliment
de Yargile, qui la retient & s’en pénètre : de là
les végétaux peuvent croître au milieu des féche-
refles ; ainfi les terres fortes produifent dans les
étés fecs.
L’union intime qu’a Yargile avec l'eau, forme
cette duétilité & cette ténacité qui ne font point
l’effet d’aucune matière gélatineufe, qu’on n’a pu
démontrer par aucune expérience, car le gluten
ne peut être qu’ une fubftance inflammable qui fe
: détruit par le feu ; ce qui changeait la nature de
Yargile.
Il n’y a auffi aucune fubftance faline : toutes fes
propriétés font à elle 5 mais Yargile n’en eft pas
moins mtopre à la culture, & moins propre à atti-
rir l’eau , qui ne fe mêle pas avec des matières
jl gc affes, - ■ r ■ 'j .
Une des propriétés de Yargile eft de fe fécher
à l’air & au feu, & de s’y durcir 5 cela vient de
l’altération mutuelle des parties entr’eJles & avec
l’eau. Quelques argiles fe durcjffent fortement au
feu & s’y fondent , mais elles ne font pas pures
pour lors.
L’endurciflement de Yargile forme une croûte
qui conferve l’eau dans la couche inférieure , &
qui en empêche l’évaporation & met à couvert
les végétaux.
Ainfi Yargile ne contribue pas, par fa fubftance,
à la fertilité , parce qu’elle n’eft pas foluble dans
l’eau.
Mais elle y contribue en fixant l’eau & les vapeurs,
en les confervant, en retenant les principes
des fumiers, & en préfervant les racines des végétaux
du froid, qui ne pénètre pas aifément dans
les glèbes compofés de parties fortement adhérentes.
Mais elle a des défavantages : fa dureté fait que
les racines ne peuvent s’y étendre aifément, qu’elles
n’en tirent pas leur nourriture comme dans les
terres meubles.
Sa culture eft difficile : il ne faut pas la retourner
trop humide, parce qu’elle fe lève en groffes
mottes ; il ne faut pas la cultiver trop fèche, parce
qu’elle eft intraitable.
Au refte, ces avantages & ces défavantages font
dépendans de fes différens états de pureté. A mefure
qu’elle fe trouve mêlée avec d’autres terres,
fes avantages ou fes défavantages augmentent ou
diminuent. Il faut donc remédier aux inconvé-
niens, fans détruire les avantages, par les fables,
par les fumiers, par les autres terres, qui l’ouvrent
fans la rendre trop perméable à l’eau.
A r g il e s . Dans plufîeurs endroits du Dauphiné,
où les argiles font expofées à l ’air, elles
fe couvrent d’une efflorefcence faline , blanche &
vitriolique, Ôc fi on les lave on obtient de ces
efpèces.de leflîves, très-communément un vitriol
martial en beaux criftaux. Cependant, fi l'on en
croit dès expériences dont M. Boulduc a confi-
gné les ré fui tats dans les Mémoires de VAcadémie
royale des Sciences pouf l’année 172.7 j il paroît que
ces argiles renferment quelquefois du-Tel de Glauber*
M. de Reffbns préfenra un- fel fembl’able,
qu’il affura venir des environs de Grenoble. Voici
ce qui donna lieu à cette decouverte V des mi-1
neurs s’étant avifés dé travailler de nouveau dans
des galeries qu’on avoit creufées pour chercher
des mines, y-rencontrèrent1, au lieu de minerai,
un fel qu’ils prirènt pour du falpêtre. M. Boulduc
prouve que c’eft du vrai fel de Glauber, c’eft-a-
diré, un fel compofé-d?acide vitriolique uni à la
bafe du fel marin ; il en a la forme : fés criftaux
*>nt la même conformation, & , futvant M Boul-
®uc , ce fel naturel pourroit être employé en médecine*
auffi utilement que celui qui fe compofe
artificiellement. ( Voye1 Sel de Glauber fossile.
)
Confédérations fur les différentes touches & amas
d’argile , telles qu elles font employées dans differentes
fabriques.
L’argile la plus abondante & la plus commune
eft celle qu’on défigne ordinairement fous le nom
de glaife. Elle fe rencontre dans beaucoup de pays*
où elle forme des couches fort épaifles & d’une
étendue très-confidérable. Elles repofent fur d’autres
couches fecondaires, & qui font recouvertes
quelquefois par des bancs de pierres calcaires co-
quillières. Effectivement, le plus fouvent les couches
qui leur font fuperpofées, font des lits de
fables.
Outre Y argile commune, vulgairement appelée
glaife, comme nous l’avons dit, il y a une multitude
d’amas plus ou moins confidérables d’argiles »
qui different1 entr’elles , foit par les proportions
des terres dont elles font compofées , foit par le
mode de leur aggrégation , foit par d’autres modifications
locales , qui changent leurs propriétés
ufuelles.
Quelques-unes de ces argiles font de tranfport y
d’autres font dans leur lieu natal, & proviennent
de la décompofition fucceflive-de certaines pierres.
Nous allons parcourir maintenant tous ces diffé-
rens amas.
Nous mettrons à la tête les produits de la def-
truCtion des granits de plufieurs contrées de la
France, où le feldfpatn fe réduit en argile fous
le nom de kaolin. Il en eft de même de certaines
fubftances qui entrent dans la compofition des
granits verdâtres, &c. du- Limofîn , de l’Auvergne
> du Gévaudan, des Cévennes, des Vofges*
& qui,, outre des débris fabloneux, nous ont donné
de grandes quanti tés argiles mêlées à ces fables.
Argile 3 terre d potier.
Ce que l’on-nomme terre a potier n^èft guère qué
Yargile commune, à laquelle on mêle une cènaine
quantité de fable pour lui donner un liant «qui
conferve les pièces de poterie^ foit pendant leur
deffîccation , foit pendant leur cuiflon. Ces mélanges
fabloneux contribuent auffi à donne,r plus
de- foliditê aux tuiles * aux briques & aux carreaux.
Les -glaifes- qui renferment une jufte proportion
de chaux,, de fable, forment ce que Fou
nommé poterie de grèr. On ttouve en Normandie
& en Picardie des argiles qui par leur cuiflon donnent
ces efpëces dé'poteries. La France eft riche
en ces fortes üargiles. Les plus connues font celles
dèMatibeuge dans le Raina ut j elles font d’uo
gris-blanc , & donnent lit poterie^connue fous le
nom-de grèr-fin de Flandre. *
V argile de Savigniesfi quàt re lieues de Beau vais,