
très-facile à faire lorfque le terrain a une pente
douce, & qu’on peut difpofer d'un cours d'eau
ou d'une fontaine.
Je terminerai ce long article par un réfumé
très-fuccinCt de ce que l'on a expofé ici plus en
détail.
L'automne eft la vraie faifon favorable pour
la recherche des fources , parce que, comme
alors les eaux font baffes dans les couches de la
terre, on peut compter fur la permanence de
celles qu’on y découvre.
Après la dernière récolte des prés, ïl faut
vifiter tous les canaux, toutes les rigoles , les
nettoyer & les réparer : on les change même,
en rempliffant les anciennes des mêmes gazons ;
qu’on a levés pour faire les nouvelles.
Dès que la pointe de l'herbe eft fèché après
chaque coupe, il faut mettre de l'eau dans la
prairie.
Tous les mois il faut changer le cours de l ’eau
cinq ou fïx jours, fuivant l'abondance de l'eau
& l'abondance du terrain.
En automne, il faut donner de forts arrofe-
mens , & ne pas perdre d'eau 5 arracher les
moufles , & les portions prêtes à être femées.
doivent l’être alors. Dans les beaux jours d'hiver
, il convient aufli d'achever les ouvrages
négligés ; ainfî l'on tranfporte les fumiers fur les
bords du canal de détente, du réfervoir ou de
l’étang. Les bonnes eaux doivent furtout être
répandues fur les prés dans cetté faifon, & l'on
détourne les eaux médiocres,
C ’eft aufli au printems , comme dans l'hiv er,
qu’on charie les eaux des égouts , qu’on délaie
les fumiers mis dans les étangs ou à leur iffue- j
qu’on arrofe, excepté qu’on donne une plus
grande étendue à la diftribution des eaux ; qu'on
nettoie les prairies avec les rateaux de bois &
la pelle, & qu'on détruit les taupinières 5 enfin ,
qu'on arr-ache les mauvaifes herbes. Et à mefure
que la faifon avance ; on donne une plus grande
étendue encore à l’irrigation, afin que tout ce
qui a befoin d’eau en reçoive, & en fuffifante
quantité ; mais dès que les plantes entrent en
fleurs, il faut détourner les eaux , parce que ce
qui en refte dans le fo l, fuffit pour achever le
degré de maturité jufqu’à la récolte', & on les
remet , comme nous l’avons dit, quand la pointe
de l’herbe eft fèche. On les change ordinairement
le foir, quelquefois le matin avant la ro-
fé e , ou après qu’elle eft diflipée.
On ne change poiqt les eaux quand le vent du
nord règne : pendant les pluies froides, on doit
arrofer autant de terrain qu’ on peut avec de
bonnes eaux, & écarter les médiocres ; avec
' ces eaux on prévient lès mauvais effets des pluies'
froides. C ’ eft pour la même raifon qu'on dé-'
tourne les eaux à la fonte des neiges, & même
Jorfqu’on eft menacé de gelées blanches.
Tous ces divers réfultats d’ une longue expé-.
rience prouvent dans quelles circonftances l’eau
fert ou nuit à la végétation des plantes , en
procuré l’accroiffement & l’abondance , ainfî que
la bonne qualité ; car ce font toutes ces vues
qui occupent les fermiers dans les opérations des
arroieméns que je viens de décrire. Rien ffeft
minutieux , lorfqu’il eft queftion de fuivre la Nature,
& que tant de circonftances y concourent.
C ’eft furtout l’examen des différens terrains
qu'il importe de foigner davantage ; ce font les
mêmes objets qu’ il faut étudier avec le plus
grand foin, loifqu’on veut parvenir à fe procurer
les meilleures eaux, & fbuvent les plus abondantes.
Noùs expoferons par la fuite , dans les articles
de la circulation de Veau au milieu des différens
maflifs de la terre, ces circonftancesv, ainfî que
dans celui de Y ancienne terre , qui eft fi favorable
aux arrofemens , & furtout à celui des prairies.
C ’eft parce que je me propofe de remonter
à tous ces principes , que j’ai cru devoir rapprocher
tous les réfultats qui fe retrouvent dans cet
article, & auxquels toute cette théorie de la
circulation de l’eau donne du corps , de la con-
fiftance & un certain enfemble qui lie tous ces
faits, qui fans cela feroient ifolés.
ABRI. La Géographie-Phyfique, occupée de
l’examen & de la defcription des différentes formes
de terrain qu’on obferve à la furface de la
terre, doit, par une conféquence naturelle , faire
connoître avec foin les fecours que l’induftrie
des cultivateurs a fu tirer de ces formes. C ’eft:
dans ces vues que je vais expofer ici ce qui concerne
les abris, relativement aux produits de la
culture. Il fera facile de failïr, d’après ces con-
fidérations, la liaifon de ce que je dirai à ce
fujet, avec mon objet principal, ainfî que les
limites des difcuflions auxquelles je ferai obligé
de me livrer dans les articles où. je traiterai des
abris'. On y verra l’expofition des différentes
caûfes qui ont donné, naiflance aux formes de
terrain les plus propres aux abris 3 avec la com-
:paraifon des productions qu’on en obtient. Car
la Géographie-Phyfique nous montrant les expo-
fîtions favorables des bajfms, de leurs enceintes
& de toutes les pentes environnantes, nous éclairera
fur ces objets de manière à écarter tous les
choix vagues & indéterminés des terrains, auxquels
fe font livrés des cultivateurs ignorans ou
peu inftruits.
D’après ces détails préliminaires fur les abris„
il eft évident que j’ entends par ce mot, les différentes
fituations’des croupes des collines ou des
montagnes, ainfî que les fyftèmes des pentes variées
qui produifent 8c entretiennent terrains degrés
de température dans des baflîns plus ou
moins étendus; température telle que lés cultures
qu’ on y fait y font garanties, à un certain point»
des vents du nord & de toutes les intempéries
des faifon* , qui s’ oppofent partout ailleurs au développement
des productions, & furtout à leur
maturité parfaite. C ’eft fous la fauve-garde de ces
abris que les habitans des diverses contrées de
la terre ont effayé plufieurs cultures, & ont varié
& étendu leurs récolte s. Ainfî, pour faire connoître
les effets particuliers des abris, relativement
aux productions connues lés plus importantes , je
décrirai les précieufes contrées qui m’ont offert
ces phénomènes, & où fe trouvent ces formes
de terrains, d’autant plus remarquables, qu’elles
m’ont préfenté une plus grande fuite variée de
ces abris.
La caiife phyfîque & véritablement déterminante
de I’introduétion des différens objets de
culture, eft non-feulement la fituation géographique
des contrées cultivées, mais furtout l’expofition
des terrains &TeurS formes : d’où il
réfulte , comme nous l’avons d it, que tout ce
qui concerne les abris 8c leur examen appartient
à la Géograpkie-Pkyfique, 8c qu’on ne peut en
difcuter les diverfes. circonftances convenablement,
qu’en s’attachant aux principes de cette
fciençe, C ’eft aufli d’après ces principes que je
déterminerai non-feulement les lieux propres à
certaines cultures, mais encore les limites qui
les cîrconfcrivent.
Lorfqu’ on parcourt dans ces vues les différens
baffms des rivières principales, on reconnoît ai-
fément que les afpeCts des terrains qui fervent
d’enceintes à ces Vallées, préfentent non-feule- \
ment des abris contre les vents froids, mais encore
des moyens dont la Nature fait ufage^affez
conftamment pour concentrer la chaleur du foleil
.& pour hâter la maturité des productions qu’on
confie à ces terrains.
Ainfî ce ne font pas feulement les pentes &
les c oupes abritées contre les vents froids qu’ il
importe de confidérer comme favorifant les effets
des abris , mais encore la réunion des contre-
pentes qui contribuent à la concentration de la
chaleur du foleil, & qui, fous ce fécond afpeCt,
méritent également l’attention des phyficiens,
comme le choix des cultivateurs.
On ne peut pas douter, d’après ces confédérations,
que les vallées de tous les ordres, fituéès
à toutes les latitudes, & particuliérement à tous
les degrés d’élévation au deffus du niveau de la
mer, ne foient plus ou moins favorables à l ’ex-
tenfion & à la propagation des diverfes productions
que les hommes ont répandues à la furface
de la terre ; que tous les lieux les moins propres
a ces cultures ne foient les fommets plats des
f ° i m£C- ° U ^6S vagues , qui ne font pas
échauffées à un certain degré par les'enceintes
de balüns approfondis, qui concentrent, comme
nous lavons dit ci-deffus, la chaleur des rayons
du foleil. Ainfî les mouvemens & le féjour de
la chaleur qui contribue à la maturité de nos
belles récoltes, ne fe trouve que dans les vallées
approfondies. C ’eft là que les pentes oppofées au
midi, à l’eft ou à l’oueft nous afliirent des récoltes
précieufes , pourvu que les terrains qui font
partie des vallées, contribuent à interrompre le
cours des vents froids, ou à les échauffer avant
qu’ils atteignent les croupes expofées au nord.
Telles font les principales circonftances qui concourent
aux progrès & à l’extenfion des cultures
favori fées-: par les abris ; de telle forte qu’étant
données à certaines vallées, il eft inconteftabls
quedes effets d’ une chaleur locale s’y feront fen-
tir, tant relativement à leur intenfité, qu’à leur
étendue au-delà des limites générales.
Ces nuances d’effets résultans de la concentration
d’ une chaleur plus ou moins confidérable •
dans les vallées , font furtout très-remarquables
en deux circonftances ; i° . dans les commence-
mens des vallées, & particuliérement dans les
S culs de-facs, où leur approfondiflement au pied
des montagnes élevées 8c froides produit un prolongement
de chaleur au-delà de certaines limites,
& recule celles des productions étrangères au
climat général (yoye£, à ce fujet, l’article QuÉ-
b r a d e ) ; 20. tant que les cultures fe trouvent,
concentrées dans les vallées, j’ y trouve les productions
bien établies, pendant qu’elles ne fe
montrent plus fur les fommets des collines dont
les croupes fervent d'enceintes à ces vallées. C ’eft
ainfî que, dans les vallées de la Marne, de l’Aube,
de la Seine, de la Loire, 8cc. on peut fuivre la
culture des vignes bien avant le terme ou au-delà
de celui ou elles ont disparu aux fommets des
collines qui les bordent à droite 8c à gauche.
Je vais plus loin,encore, 8c je remarque toutes
les modifications de la chaleur des abris dans les
valions latéraux ; modifications dont il m’a paru
pouvoir apprécier toutes les nuances d’après la
qualité même des productions.
En même tems que je me fuis attaché à fuivrô
les avantages des abris, il m’a paru également
important d’en déterminer les limites, convaincu
des avantages; de les faire connoître aux cultivateurs,
afin qu’ils y bornent leurs travaux. Il y a
plufieurs contrées, foit par leur fituation vers
les latitudes froides, foit par le voifinage de
certaines côtes de la mer , où les abris ne suffi-
fent plus à certaines productions , & alors il faut
avoir le courage de n’en pas tenter la culture.
Ce font ces raifons qui m’ont engagé à fuivre
les nuances & les gradations des bons effets des
abris. Cette étude m’a fouvent fervi à recueillir
les différens états de nos cultures, comme les réfultats
des expériences infinies qu’ont dû faire
les premiers habitans qui fe font établis dans certaines
provinces. Ce font les réfultats de la phy-
fique de nos ancêtres , 8c de la feule phyfîque qui
ait pu les occuper , même dans les tems d’ignorance.
Ces limites font-fi précieufes à fixer, que ceux