
chacune des productions qui s*y rencontrent. '
( Voyei Bassins de culture & ceux des grandes
8c petites rivières, à leurs différens articles:
tels font les articles du Rhône, de la Garonne ,
de la Loire , de la Seine , & c . & de leurs latérales
, conlïdérées relativement à la culture. )
A bris anciens. Comme les abris dépendent
furtout des formes du terrain 8c des inégalités de la
furface de la terre, & que ces formes font fujètes
à être altérées de telle forte qu’ alors les influences
en font détruites-, il n’eft pas étonnant que certaines
productions aient difparu des contrées anciennement
abritées très-favorablement. C ’eft peut-être
par une cause femblable, que l’on trouve des chapelles
de Notre-Dame-des- lignes dans des réduits
de montagnes élevé es, où Ton obtient maintenant,
avec peine, les fruits les plus communs ;
c ’eft par cette même deftruCtion de“s formes des
terrains favorables aux abris, & aux époques où
les cultivateurs fe font établis dans les montagnes
| que les productions ont abandonné ceitai-
nes régions , certaines hauteurs, pour gagner les
croupes fituées à des niveaux moyens, enfuite les
Îdateaux inférieurs & les vallées les plus baffes &
es plus profondes de ces contrées expofées à
ces révolutions. C ’est aufli par une fuite des re-
froidiffemens de ces contrées, que les cultures de
quelques arbres fruitiers ont quitté les parties fu-
périeures de plufiedrs vallées , & ne fe montrent
plus que dans les régions abritées par des montai
gnes élevées, & qui ne fe terminent qu’ à des débouches
étroits dans des plaines baffes 8c échauffées
par les rayons du foleil.
Toutes ces confidérations fur les abris anciens 1
remontent aux époques les plus reculées de l’habitation
de certaines contrées, ou même aux tems :
qui ont précédé ces habitations. Ici je difcuterai,
non - feulement ce qui peut avoir conftitué les
abris, mais encore j’expoferai les preuves qui fob-
fiftent encore de leur première exiftence. Je citerai
, à cette occafion, les bois fofliles du Mont-de-
Lens, que l’on a découverts depuis peu dans une
tourbière, laquelle nous femble être remplacement
naturel où ces arbres ont pris naiffance &
tout leur accroiffement : outre cela j’ en délignerai
de pareils, enfevelis dans les réduits enfoncés
des moncagnes du Devolçy & du Gapençois.
C e qui mérite le plus d’être remarqué, c ’eft que
tous ces bois fofliles occupent des lieux dans le
voifinage defquels l’on n’en voit plus de fembla-
bleS efpèces végéter, mais feulement à dix-neuf
cents ou deux mille mètres au deffous de ces lé gions.
Cependant les bois aCtuels du Mont-Genèvre
près de Briançon végètent aujourd’hui à deux
mille 8c même deux mille trois cents mètres au
deffus du niveau de la mer ; ce qui explique pourquoi
les bois du Mont-de-Lens ont pu prendre
naiffance, végéter & croître autrefois à deux
mille cinq cents mètres.v Il n’eft queftion que
de rétablir aux environs du Mont-de-Lens les
formes des terrains qui offroient des abris aux
forêts anciennes, & favorifoient leur végétation
-dans toutes les circonftances que nous obfervons
aux environs de Briançon & du Mont-Genèvre.
Je puis citer encore, à l’appui de cette opinion ,
un fait où tout fe préfente avec les circonftances
les plus propres à le faire ranger fous la théorie
des anciens abris. Aux environs de laBerarde, a
deux myriamètres du Mont-de-Lens, vis-à-vis les
fources de la Romanche • dans une gorge entourée
de glaciers, fe trouve, fous un abri, un bouquet
de bois de pin ( pinus filveftris, L), & à deux inille.
fept cents mètres d*élévation au deffus du niveau
de la mer. On voit par-là que la végétation des
bois a lieu maintenant à un niveau de deux cent
vingt mètres plus élevé que le plateau des bois
fofliles du Mont-de-Lens, Ces faits, bien appréciés,
prouvent inconteftablement que bdeftruc-
tion de certaines formes desfommets environnans
a foffi pour déterminer les végétaux qui fe trou-
voient dans les contrées voifines du Mont-de-
Lens , à defcendre à un niveau inférieur de neuf
cents mètres dans la couche de l’atmofphère, où
ils végétoientà certaines époques anciennes. Pour
admettre ces changemens, il n’eft queftion que de
fuppofer les deftruCtions d’un grand nombre de
fommets, d’autant plus faciles à démolir, qu’ils
étoient plus élevés. O r , ceci eft aifé à concevoir
. lorfqu’on fuit la marche des eaux, qui dans ces
contrées continue encore des ravages, 8c d’après
l’infpeCtion defquels on peut juger de ceux qui
régnoient dans les tems anciens. Il fuffit d’obfer-
ver toutes les montagnes du ci-devant Dauphiné,
d’après les principes qui peuvent nous diriger
dans l’étude des abris, pour ne pas méconnoïtre
dans ces révolutions, les mouvèmens des eaux
courantes 8c torrentielles.
Deux moyens puiffans ont donc pu refroidir les
environs du Mont-de-Lens, & ce qui doit nous
en affurer, c’ eft que nous les voyons fans ceffe en
activité fous nos yeux. Le premier eft la diminution
des montagnes ou , ce qui eft la même chofe,
l’abaiffement de leurs cimes, l’approfondiffement
& l ’éyafement des vallées qui les environnent,
ainfi que des gorgés qui les entourent. Le fécond
eft la deftruCtion des forêts q ui, en arrêtant les
vents, procuroient des abris aux plantes & aux
| arbres. s /
Actuellement les forêts des environs de Grenoble
, comme dans la plupart des cantons de la
Suiffe & des Alpes, ceffent de croître à une ligne
horizontale, prife depuis mille fept cents jufqu a
deux mille mètres, tandis qu’ à Briançon les forêts
régnent encore à deux mille trois cents mètres,
e ’eft-à-dire, à quatre cents mètres plus haut.
Il eft vîfible que les cimes couvertes de forêts, aux
environs de Grenoble, font très-ifolées, ainfi que
les plaines beaucoup plus baffes, puifqu’elles ne
font qu*à deux cent foixante-dix mètres au deffus
dû niveau de la mer. Ainfi les fîtes. & les abris inté-
reflans qui fe trouvent dans ces plaines, ne contredirent
point les premières -confidérations que
nous avons fait envifager fur l’état de température
des cimes ifolées.
On voit donc que la dégradation des montagnes
8c l’aminciflement de leurs cimes, par le quel
on-diminue l’ étendue des plateaux qui fe
trouvoient dans les régions des montagnes de
Lens, -ont pu détruire leur température primitive
, 8c que c’eft à cette caufe qu’on doit naturellement
imputer le refroidiffement général de
cette centrée.
Une fécondé caufe à laquelle les hommes ont
coopéré, eft la deftruCtion des bois; car on fait
que ce font les forêts qui s’oppofent à l’aCtion des
vents froids, mais encore aux ravages des eaux
courantes torrentielles, lefquelles, fans leurs fe-
.cours, dépouillent les fommets des montagnes des
terres végétales qui les couvrent, 8c où croiffent
certaines efpèces de végétaux.
Des forêts placées dans le voifinage des montagnes
de Lens ou même fur leurs cimes, bri-
foient les courans d’air froid, & formoient des
abris précieux q ui, en protégeant les jeunes arbres,
en favorifoient la végétation & Je développement.
Mais ces avantages ont difparu dès que
les hommes & les troupeaux font devenus les
fléaux deftruCteurs des forêts, furtout de celles
qui fe trouvoient dans des difpofitions où la végétation
n’avoit lieu que pendant trois mois de P année. A mefure que les forêts ont été dégradées,
les glaciers voifins fe font agrandis, leurs embran-
chemens ont gagné les premières vallées, & c .
ainfi les maflifs de glaces ont augmenté en même
proportion que les forêts ont diminué.
On trouve aux environs de Grenoble des preuves
bien frappantes des effets que de fréquens
abris, produits par les arbres & les rochers efcar-
pés, procurent aux végétaux de differentes efpèces.
Il n’eft pas rare de voir l’ifère charier des
glaçons au pied des montagnes de Nairon , de
Rabot & de Tronche , en h iv e r , pendant que
l’amandier fleurit fur ces montagnes, & que le
thérébinthe, le capillaire & l’ alaterne y végètent
fpontanément au pied des rochers. Le thermomètre
alors eft d’ un côté à 8 ou io degrés au deffous
du terme de la glace, tandis qu’il fe trouve à 4
ou y degrés au deffus de ce terme à un kilomètre
de diftance fut les montagnes voifines,
La dégradation des montagnes compofées de
fchfftes & la dévaftation des bois font donc vi-
fiblement les deux caufes les plus marquées qui
ont éloigné les bois des montagnes de Lens, de
telle forte que les arbres ne peuvent plus végéter
aujourd’hui qu’à deux kilomètres plus bas que
dans les premiers tems.
Au relie , ce phénomène n’eft pas particulier à
ces montagnes j ç^ï i\ çjj beaucoup de femblables
dans les Alpes , dans les Pyrénées Zc dans
d’autres contrées montueufes où les forêts ont difparu
par des caufes aufli aCtives, 8c qui fe font
rencontrées dans dépareilles circonftances. Enpré-
fentant Us faits précédens aux naturaliftes, je
leur ouvre une carrière où de pareilles obferva-
tions leur fourniront des analogies intéreffantes.
ABSORBANS( C a n to n s ) . Ce font des parties
plus ou moins étendues de la fuperficie du globe ,
où les eaux courantes fe perdent dans les entrailles
de la terre. Quelquefois ces eaux courantes
font des rivières ; plus fouvent ce font de Amples
ruiffeaux ou de petits filets d’eau qui font abfor-
bés dans des trous ou entonnoirs formés par l’af-
faiffement de certaines couches fuperficielles, ou
dans des fonds de cuve de vallons fort épais, ou
enfin au milieu des amas de fable terreux, accumulés
par les torrens. Ici les rivières ou les ruiffeaux
, après un cours libre plus -ou moins long ,
fe perdent 8c ne repaioiffent plus, ou feulement
ne reparoiffent que par des fources. Là les rivières
fe perdent en laiffant leur lit à fec ; mais p
après une interruption plus ou moins confidé-
rable, elles fe montrent de nouveau pour couler
comme auparavant à plein canal.'
Quelques-unes de ces rivières, même confidé-
rables , difparoiffent deffous des chaînes de montagnes,
& reparoiffent au-delà, en tout ou en
partie , pour continuer leurs cours : c’eft d’après
l’examen que j’ai eu lieu de faire de femblables
difparutions & réapparutions des rivières, que j’ai
cru reconnoître la marche de la Nature dans la
formation des yonts naturels, f V oye[ cet article. )
D’ailleurs, l ’étude de toutes ces divifions 8c
fubdivifions des eaux courantes m’ a paru, en
général, d’une grande importance, pour être inf-
truit fur tout ce qui concerne la circulation des
eaux pluviales au milieu des couches fuperficielles
du globe , & en même tems fur la conftitution
des différens fols qui contribuent à nous montrer
ces divers phénomènes. Effectivement, lorfqu’ on
a bien examiné avec attention certaines contrées
abforbantes, d’une certaine étendue, on fent
aifément que cette connoiffance nous éclaire fur
toutes les autres, où la même diftribution des
eaux, les mêmes caractères des fo ls, & furtout
les mêmes diftinCtions des maffifs fe remarquent.
On ne peut fe diflimuler qu’ un de ces caractères
les plus frappans ne foit d’abforber les eaux courantes
par plufieurs iffues remarquables.
C ’eft dans ces vues que je me fois occupé à
former une lifte générale des ruiffeaux 8c des rivières
qui fe perdent, foit en France , foit dans
les pays étrangers. Je préfente donc ici le réfultat
du dépouillement exaCt des Nc*. de la carte de
France , joint à mes propres obfervàtions , ainfi
que celui des notes que j’ ai pu tirer de différentes
cartes de Danville & d’ autres géographes. Le dé-
i nombrement de ce que les planches de la carte de